Entre les gloussements des filles et les voix rauques des clients, tu veillais de loin au bon déroulement des choses, une cigarette brûlant au coin de tes lèvres. Le message de Zoé avait été clair, elle venait pour un enterrement de vie de garçon, quoi de plus sympathique en ces temps chaotiques. Quoi de mieux pour s’échapper de cette dure réalité quelques instants ? Tu avais tout particulièrement pris la peine de préparer avec soin une pièce spacieuse pour l’occasion. Sobrement décorée et accessoirisée, boissons et amuse-gueule. Pas besoin de trop en faire.
- Amber, Elena, June, Vicky. Approchez mes chéries. Tu les gratifies d’un sourire avant de reprendre la parole. C’est aujourd’hui que vient Zoé, je comme je vous l’avais dit l’autre jour. Vous vous occuperez donc d’eux, comme vous êtes les favorites. J’ai eu droit à des plaintes parce que vous n’étiez pas disponibles.
Des clients fidèles, sans aucun doute. Mais la demoiselle à la crinière bleue passait avant, surtout pour fêter ce genre de genre événements, ce n’était pas ce qui se faisait le plus ici. Habituellement, c’était toujours le même genre de chose, un homme sans femme, des personnes aux fantasmes trop particuliers pour oser demander à leur moitié, parfois quelques femmes passaient aussi. Le quotidien de ce bordel.
Dans un bruit sourd, la porte s’ouvrait, laissant place à Zoé. Un sourire au coin des lèvres, une main sur les hanches, dans l’autre ta cigarette qui touchait à sa fin. Tu la regardais déambuler dans le long couloir avant de te rejoindre. Tu écrasais le mégot dans un cendrier avant de la saluer.
- Salut ma belle. Tu te portes comme un charme, dis-moi.
Tu lances un clin d’œil en direction de ses amis qui l’accompagnait. De charmants hommes dans le lot. Sans trop tarder, tu te dirigeais vers la salle réservée tout en conversant. Quelques filles libres lançaient des sourires aguicheurs en riant doucement. Tu leurs faisait un petit signe pour qu’elle vous laisse. Une fois devant la porte, tu te retournais face à eux.
- Tout est prêt, installez-vous à votre aise.
Tu ouvrais les portes, dévoilant le contenu de la pièce et surtout les filles qui attendaient sagement à l’intérieur.
HRP:
Si je trouve un autre gif je changerais, j'ai cherché pendant 20 minutes, jpp là.
GASMASK
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E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Sam 4 Mar 2017 - 23:47
It's going too far.
Drôle de bande qui traversait le Bronx : un type aux yeux bandés et qui riait nerveusement, deux types hilares qui le tenaient pour l'aider à avancer, et une fille aux cheveux bleus qui guidait la troupe d'un air joyeux. Sans parler des compagnons translucides ! Tant de bonne humeur dans ce lieu pourri, c'était rare... mais en voyant la meneuse, les habitués haussaient les épaules : j'étais connue, moi et mon excentricité. Et cette fois, c'était mieux que tout : un enterrement de vie de vieux garçon ! Rien que ça ! Certains devaient être surpris de voir ce trio somme toute assez bien habillés, pas le genre à vivre dans ces quartiers malfamés, encore moins avec une dué aussi réputée. Normal : en temps normal, jamais j'aurais croisé ce futur marié, Tommy de son surnom. Mais, hé ! Si j'étais habituée aux situations conventionnelles, ça se saurait.
Un soir, alors que je trainais dans les rues du Bronx, une éros m'était tombée dessus. Pas de bol pour elle : elle avait pas le niveau, la pauvre. En quelques minutes, elle était au sol, ensanglantée, inconsciente. Son anima hurlait, mais était incapable de faire quoi que ce soit. Bon, et bien... J'allais faire le coup classique : je lui piquai son cœur, en laissant un mot la prévenant que si elle laissait tomber, elle n'aurait rien à craindre. Elle connaissait mon pouvoir, elle comprendra... Sauf que là, un type avait surgi du coin de la rue, en me hurlant de ne pas la tuer. J'avais bondi vers lui, prêt au second combat... mais il recula, terrifié. Il se pissa même dessus, mais au lieu de courir, il ravala sa terreur et se mit à genoux, alors que son anima lui criait de s'enfuir.
- Pitié, épargne-la ! Elle ne te fera rien, elle... - C'est une Eros, mon chou. Donne-moi une bonne raison de pas la saigner ici.
Je comptais déjà le faire, mais j'avais envie de jouer avec lui, curieuse. Et puis, c'était marrant de jouer les méchantes, parfois. Il détourna le regard et, d'une voix tremblante, bégaya
- Je... j'ai un peu d'argent. Pas ici, mais... J'ai un pouvoir, aussi, je...
Un pouvoir ? Ho, j'avais envie d'en savoir plus !
- Très bien... On la ramène chez moi, je la soigne, et tu me montres ça. Mais avant, j'vais juste lui piquer son cœur. T'inquiète, elle risque rien.
Pourquoi soigner une ennemie ? Bha. A la base, elle chassait des criminels, des types généralement néfastes. Elle pouvait pas savoir que j'étais plutôt sympa, et j'étais pas très rancunière. Puis le type était si mignon, à la protéger malgré sa trouille monstre ! Alors, nous allâmes chez moi.
Son pouvoir, c'était de dessiner les souvenirs. Vous pensiez fort à un événement, et il le choppait en mettant son front contre le vôtre, comme une photographie. Après, il faisait courir son crayon sur le papier, dessinant le tout le plus fidèlement possible. Il peignait aussi, parfois, mais là, il avait que son crayon. Et ni une, ni deux, il me dessina la maison de mon enfance. Ça le faisait plus ou moins vivre ; le hic, c'est que les gens aimaient pas trop l'idée de se faire fouiller la tête. C'était qu'une photographie, pour lui, mais ils le croyaient pas. Enfin... Il s'appelait Thomas, et elle, Lully. Il m'expliqua, plus à l'aise au bout d'un moment, qu'elle était sa copine. Il ignorait qu'elle était éros, jusqu'ici : elle ne lui avait rien dit sur son job. Forcément, vivre en massacrant des types, c'était pas super glamour... Mais il l'avait suivi, ce soir là, pour savoir ce qu'elle faisait. Puis elle m'avait attaqué, et...
J'étais rongée par la jalousie, au début. J'avais salement envie de les jarter dehors, ces tourtereaux, et les laisser à leur idylle loin de moi. Mon copain à moi... il avait pas eu ce courage. Cette tolérance. Mais bon... c'était con de leur en vouloir. Alors, j'l'avais soignée comme promis, et puis... Le temps qu'elle se rétablisse, ils squattaient chez moi, et on était devenu amis. Le temps avait passé, jusqu'à ce qu'ils décident de se marier. J'l'avais félicité quand il me l'avait annoncé... me forçant un peu. Je m'en voulais de penser à ça, mais j'avais l'impression de voir ce que j'avais perdu... Et puis, j'allais même pas être invitée à sa fête. J'étais une dué, hin.
Mais... j'me trompais, et de loin. Il me demanda d'être sa témoin ! "Normalement, ce sont des hommes, mais dans ce monde de fous, on est pas à ça près". Alors, émue comme tout, j'avais accepté. Et...
Maintenant, il fallait enterrer sa vie de vieux garçon, avec les deux autres témoins ! Tommy, en fait, c'était un type un peu innocent. Le genre qui cachait sa peur ou sa gêne derrière des blagues. Alors, j'avais décidé de le bousculer un peu... ♪
- On est bientôt arrivé ? Nan, c'est pas que je suis pas à l'aise au Bronx, la pire zone de non-droit, m'enfin, j'aime bien avoir les yeux libres... - T'inquiète, on arrive !
J'ouvris la porte, et...
- Salut ma belle. Tu te portes comme un charme, dis-moi. - Salut Erin ! Toi aussi, toujours aussi classe.
Je venais souvent ici. La première fois, j'accompagnais des potes ; et en attendant, j'étais resté dans le hall, à parler avec les filles. Et comme je les aimais bien, j'étais souvent revenue.
Un clin d'œil aux deux autres. Moins innocents que Tommy, m'enfin, pas habitué à ce genre d'endroits non plus. Ils faisaient les types assurés, mais ils étaient pas super à l'aise. Puis Lenny, lui, il avait l'habitude. Si ça se trouvait, il comprenait même pas ce qu'il se faisait ici.
- Tout est prêt, installez-vous à votre aise. - Allez, Zoé, j'ai bien compris que tu voulais me vendre à un marchand d'esclave. Mon corps est si irr- - Presque !
Je retirai le bandeau qui cachait les yeux de Tommy, et Erin ouvrit la porte.
- Bon enterremeeeeent !
Il ne fallut pas longtemps pour que son visage devienne cramoisi, laissant Lenny jubiler un :
- Tommy la tomate !
Puis il fila vers Elena :
- Hééé ! J'ai trouvé la réponse à ton énigme, Elie ! Le fils a trois ans !
Je le laissai aller, et refermai la porte derrière le fiancé. "Ils ont refermé derrière moi, ils ont eu peur que je recule"♪
- Allez, les gars ! Asseyez-le sur le fauteuil !
Moi, je ne pouvais pas le toucher. En quelques secondes, je me retrouverais avec son cœur en main ; je préférais le laisser à Lully. Il se laissa faire, cherchant à ne pas se montrer vexant envers les filles, mais incapable de cacher son malaise, comme s'il craignait qu'elles le dévorent tout cru. Ho, le but était pas de le forcer à l'infidélité ; elles ne feront que parler de façon coquine, et peut-être quelques caresses. De quoi le mettre mal à l'aise comme il le fallait.~
- Les règles du jeu sont simples, Tommy. Tu dois trouver leur nom à chacune. P'têt' qu'elles te le donneront... si elles le veulent. Un homme charmant comme toi saura trouver les mots pour les convaincre, n'est-ce pas ?
Et un sourire carnassier traversa mon visage. Elles avaient carte blanche : le but, c'était juste qu'il soit forcé de parler avec elle et les complimenter, pour avoir leur nom. Je me rapprochai d'Erin, et lui dis :
- Merci d'avoir accepté ! Ce pauvre Tommy m'en voudra pour le restant de ses jours, mais ça peut pas lui faire de mal. Qu'il apprenne un peu le jeu de la séduction, pour ne pas tomber dans les pièges des voleuses de mec plus tard et rester fidèle à sa Lully.
Un raisonnement un peu tordu, mais bon... ça pouvait pas lui faire de mal, au pire. Autant qu'il s'habitue à la tentation, non ? Le plus fidèle des hommes n'était pas à l'abri des dangers...
Tu riais légèrement à la remarque de Zoé. Elle avait le chic pour toujours répondre ce qui faisait plaisir. Tu t’étais bien entendue avec elle à force de la croiser quand elle accompagnait des amis, à rester dans les couloirs de ton établissement à attendre qu’ils finissent leurs affaires. Elle semblait pas si mauvaise que ça, contrairement aux dires. Tu observais les autres qui faisaient les fiers, mais dans le fond, tu le voyais qu’ils n’étaient pas si à l’aise que ça. Tu le sentais, tu connaissais presque trop bien les réactions des hommes à force de les voir défiler toute la sainte journée.
Tu te retenais d’éclater de rire quand le jeune homme pensait finir chez un marchand d’esclave, il ne semblait pas vraiment rassuré par les actes de Zoé. Il tombait des nu en voyant que non, il avait faux. Mais son teint s’empourprait quand il se rendait compte qu’il était dans un bordel. Un doux rire s’échappait de tes lèvres. Il restait une part d’innocence dans ce monde pourri jusqu’à la moelle, ça te touchait dans le fond. Parce que tu appréciais ces choses qui apportaient une touche positive ici-bas. Parce que ça te rappelait parfois le bon vieux temps, ça te berçait de douces illusions. Parce que tu trouvais ça touchant.
Tu laissais la demoiselle à la chevelure bleue leur dire de se mettre à l’aise mais surtout les règles de ce petit jeu qu’elle avait choisi de mettre en place. Un air amusé à la commissure des lèvres, ça ne restait pas bien méchant finalement. Ça n’était pas plus mal comme ça. Tu lui tapotais l’épaule en souriant.
- De rien chérie, toujours prête à te rendre service. Pauvre garçon, il est vraiment mignon et tu l’amènes ici. Tu riais légèrement. Mais j’ai pris spécialement les plus populaires pour ça. Je lui espère à sa promise, qu’il y tiendra comme la prunelle de ses yeux et qu’il n’y aura pas une pisseuse qui se mettra entre eux.
Tu t’allumais une cigarette, la glissant dans le coin de tes lèvres avant d’inhaler une bouffée de ce doux poison. Tu déglutissais en te perdant dans tes pensées, tu repensais à ton ex-fiancé qui s’était tiré alors que tu lui avais annoncé que tu ne pouvais procréer, son visage qui se décomposait, le dégoût qui remplaçait ses traits habituellement si doux. Quel salaud. C’est ce que tu espérais vraiment, du bonheur sur ce monde déchiré, parce que tu avais l’impression qu’il s’était envolé lors de l’arrivée de la Lune Rouge.
Tu observais rapidement l’une des filles se rapprocher de Tommy avec un sourire aguicheur. Vicky était prête à se prêté au jeu qui avait été mit en place. Tu reposais ton regard sur le plafond, expirant un mouton de fumée avant de replacer ta cigarette entre tes lèvres pulpeuses.
HRP:
Si c'est trop court ou si ça va pas, hésite pas à me le dire.
GASMASK
Invité
E. Zoé Lacroix
Doc
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Jeu 9 Mar 2017 - 16:35
It's going too far.
Je restais un peu en retrait, préférant parler avec Erin. J'avais tendance à être plutôt bavarde et prendre de la place, et c'était pas le moment pour ça. Et puis, il y avait les deux autres pour le soutien moral, et Lenny qui retenait Elena dans une conversation passionnée sur les différents fruits et leur goût.
- De rien chérie, toujours prête à te rendre service. Pauvre garçon, il est vraiment mignon et tu l’amènes ici.
J'eus un sourire un peu forcé. En fait, rien que voir mon Tommy dans ce lieu, aussi mal à l'aise, ça me titillait le cœur. C'était une des rares personnes que je connaissais en-dehors du Bronx et de ce qu'il impliquait. Un petit refuge de pureté, qui culpabilisait pour une insulte lâchée sous la colère et dont les soucis étaient simples, comme trouver un bon cadeau. Loin des types dont la survie était à acquérir chaque jour, et qui étaient prêts à tout pour… Mais c'était lui-même qui m'avait dit qu'il viendrait bien au Bronx. Pour voir ce lieu que traversait tant sa fiancée, ce pan -caché- de la société… alors, voilà, c'était sans doute un bon moyen de le faire. Donc, après y avoir longtemps réfléchi, j'avais pris le risque. J'espérais ne pas le regretter…
- Ouais. J'ai hésité à le faire, mais j'voulais partager ce p'tit joyaux d'innocence avec vous, avant que sa Lully ne se le garde pour toujours. - Mais j’ai pris spécialement les plus populaires pour ça. Je lui espère à sa promise, qu’il y tiendra comme la prunelle de ses yeux et qu’il n’y aura pas une pisseuse qui se mettra entre eux.
Je lui tirai la langue, comme une enfant :
- J'essayerai de pas lui sauter dessus ! Mais ne t'inquiète pas trop. Il est du genre fidèle, au point de risquer la prison -ou pire- juste pour voir une pote cinglée. Et sa Lully… c'est une éros. Elle va jamais lâcher sa proie, et celles qui essayeront ressembleront plus à grand chose. Si elle savait que je l'avais amené ici…
J'haussai les épaules, riant en imaginant sa réaction.
- Elle m'aime déjà pas beaucoup. Je suis une dué qui l'a sauvée, et elle est plutôt orgueilleuse. Elle a peur que je l'influence mal, que j'essaie de lui mettre le grappin dessus, ou que je le trahisse d'une manière ou d'une autre… Bha. Elle a raison de se méfier, puis au moins, elle essaye pas de me chopper ou de le retourner contre moi.
Je regardai Tommy, qui parlait avec les filles. Il n'était pas vraiment plus à l'aise, mais il le cachait mieux. Je me demandais s'il évitait d'utiliser les mêmes compliments qu'à sa douce ; ce serait bien possible. En tout cas, il n'en menait pas large, contrairement aux filles qui semblaient s'amuser…
Et puis, Lenny, qui jouait avec Faithfull et Elena à "suis-je une banane" : un papier collé sur le front avec un personnage connu, et des questions jusqu'à deviner. Bon, faute de fronts physiques, ils l'avaient placé devant eux, à la verticale, contre un petit support. D'un côté, trois types mal à l'aise, cernés par quelques prédatrices sensuelles… De l'autre, un lion, un requin et une femme demandant s'ils étaient d'une autre planète… Je me sentais presque sérieuse, à parler tranquillement avec Erin !
Il y avait cette étincelle dans ton regard, qui pétillait d’amusement. Amusée par ces jeunes hommes qui semblaient désemparés face aux demoiselles. Amusée de voir qu’ils avaient gardé une part de cette chose qui manque ici-bas. Même si la Lune Rouge avait changé bien des Hommes en animaux, il en restait qui n’avaient pas perdu les pieds, qui conservaient cette innocence, bien enfouie. Il te donnait un peu d’espoir, tu te disais qu’il n’y avait pas que des Hommes pourris cherchant à survire à tout prix. Ta cigarette se consumait entre tes doigts alors que tu t’étais perdue dans tes rêveries. Dans le fond, tu comprenais ce rictus qui se dessinait sur le visage de Zoé, c’était une petite perle parmi toutes les ordures que l’on trouvait désormais. « Je vais en profiter. C’est bien trop rare de nos jours. » Un sourire amusé à la commissure des lèvres. Zoé aussi avait cet impact positif sur toi, peut-être lorsqu’elle faisait ses mimiques semblables à une enfant. Tu n’avais pu t’empêcher de rire lorsqu’elle songeait à ce qu’aurait fait la promise de Tommy si elle apprenait qu’il était venu en ces lieux.
Comme des enfants, des rires de bon cœur.
Ton regard se posait sur le reste de ta cigarette qui avait fini par se consumer d’elle-même. Tant pis. Tu préférais écouter Doc expliquer sa relation conflictuelle avec la fiancée de Tommy. Ça n’était pas une enfant de cœur manifestement. Zoé était dans une situation délicate. « Je doute que tu lui fasses cela mêle si elle ne t’apprécie guère. Ou alors je te connaîtrais finalement très peu. Dans ce cas je serais très déçue de toi trésor. » Tu voyais mal la demoiselle jouer au bourreau des cœurs ou s’amuser à le trahir alors qu’elle semblait avoir de l’affection pour lui. Tu la voyais un peu comme toi, pas si mauvaise. Mais cette étiquette Dué disait le contraire, parce que vous vous dressez contre Maxwell ou parce que vos actes ne sont approuvés.
Et ce jusqu’au jour où il tombera.
Ton regard se posait sur les filles, qui gloussaient alors que les garçons étaient encore gênés, l’un d’eux osait à peine poser ses mains sur les charmantes femmes. Le futur marié essayait de moins montrer sa gêne, c’en était presque adorable. Quant à Elena, elle s’amusait avec les deux animas. Faithfull qui était si sérieux habituellement, faisait ressortir son côté enfantin quand Lenny était ici. Parce qu’il n’était pas encore un lion adulte, parce qu’il te ressemblait avant que tu ne changes à l’arrivée de la Lune Rouge. Tu souriais en les regardant, ils jouaient ici comme s’ils étaient dans un autre monde. Ils avaient complètement oublié les autres filles et Tommy. Les bras croisés sous la poitrine, tu restais dans un coin de la pièce, à te faire plus petite que tu ne l’étais déjà. « Le contraste net entre ces deux groupes me fait beaucoup rire. »
Erin avait la même réaction que moi face à Tommy : c'était comme un mioche innocent, qu'on regardait en soupirant sur cette pureté qu'on avait laissé tomber depuis longtemps. Avec cette pointe de tristesse, en sachant qu'il grandira aussi, apprendra, deviendra un autre tordu. D'ailleurs, j'avais craint que Lully en soit la cause : c'était une éros, plongée dans les sales coups. Mais en réfléchissant un peu, j'avais compris que c'était l'inverse. Si un type pouvait être épargné, dans ce monde pourri, ce ne pourrait être que parce qu'il était protégé… Je me rappelais encore de leur discussion, quand elle s'était remise : elle lui avait interdit de la suivre à nouveau, ou même de mettre les pieds dans le Bronx. Elle avait dû se faire une raison, mais pas de bon cœur, et elle me fusillait du regard quand je proposais d'aller faire un truc un peu limite. Si elle arrivait juste maintenant, et voyait son Tommy au milieu de ces femmes, me tuerait-elle par jalousie ou pour avoir ébréché son innocence ? Hi hi… j'avais pas trop envie de savoir.
- Je vais en profiter. C’est bien trop rare de nos jours.
Je souris en réponse. Lully allait devoir apprendre à partager, elle pouvait pas garder un tel trésor pour elle seule. C'était comme une lampe dans le noir : on était tous devenus nyctalopes, mais si on voyait jamais de lumière, on deviendrait vite fous. Enfin, encore plus. En fait, ça devait être aussi nouveau pour Tommy que pour les filles, comme situation, dans un sens opposé. Ça donnait un joli gris chaleureux !
Erin continua, réagissant à ma plaisanterie :
- Je doute que tu lui fasses cela même si elle ne t’apprécie guère. Ou alors je te connaîtrais finalement très peu. Dans ce cas je serais très déçue de toi trésor.
Je ris, et rétorquai :
- Hey, je suis la méchante sorcière dué, qui mange les cœurs des enfants. C'est tous mes fans que je décevrai, si je ne le brûle pas vif pour un sortilège obscur !
"Dué". Un nom que je portais avec indifférence, en fait. Je savais bien que je faisais des trucs pas légaux, puis ce nom sonnait un peu comme "liberté", à mes oreilles. Je pouvais faire tout ce que je voulais, je pourrais pas être pire ! Après, j'étais pas spécialement fière d'être dué, et je me sentais pas plus proche de ces derniers que des autres : je n'oubliais pas qu'une majorité de ces types ou filles étaient de vrais connards -et de vraies connasses-, prêts – et prêtes- à tuer des mioches pour une bière. Mais être associée à eux, et ma réputation en général, je m'en foutais pas mal, puis c'était marrant de croiser des éros. Yep, au final, ma situation me plaisait bien. Oh, j'étais pas fan du gouvernement, vachement tyrannique et pas forcément réglo, mais bon… C'était mieux que le bordel du début.
J'ajoutai malgré tout :
- J'essayerai de pas te décevoir, alors. Ça devient rare, la confiance, et pas pour rien.
Une des raisons pour laquelle j'essayais de ne plus m'attacher. Me faire jeter, ça allait bien une fois, hein… En fait, à part Lenny, je me méfiais d'un peu tout le monde. Même Erin. Même Tommy. Et si elle se rendait compte que le prix sur ma tête lui permettrait de donner à ses filles adorées une vie bien plus aisée ? Ou qu'on la menaçait de tous les tuer si elle ne me livrait pas ? Ou qu'elle se lassait de cette vie de bohème ? Et Tommy, si sa Lully le convainquait que je craignais ? S'il lui arrivait un truc ou qu'on lui racontait des salades sur moi, et qu'il devenait trop terrifié pour me revoir ? Qu'on le menaçait lui et sa fiancée, contre ma vie ? Ouais, ouais. C'était sale, de penser des trucs comme ça, c'était pas bien de pas faire confiance à ses potes, j'connaissais la chanson. Mais z'avez pas vécu en Enfer, au milieu de types en bout de vie et à moitié fou, un quartier où un mec un peu innocent passe pour un bijou de pureté. Si j'étais pas aussi prudente, et encore plus avec ma position riche et célèbre, je boufferais les… Nan, on a même plus ça ici. Disons que je boirais par les orbites la mauvaise bière vomie.
- Le contraste net entre ces deux groupes me fait beaucoup rire.
Dans mes pensées, je crus qu'elle parlait des filles et de Tommy -des dué et des sourgès. Presque par réflexe, je lâchai :
- 'faut bien une poubelle pour laisser le parc propre.
Une phrase que j'utilisais pas mal, quand on râlait sur les castes. Sans jamais préciser si j'étais sarcastique ou pas. C'était pas totalement faux, après tout... Même Erin ou moi, qui étions pas crapuleuses, on avait pas notre place en dehors du Bronx. On était des tordues, comme les autres ici. Suffisait de voir le p'tit groupe, au milieu de ces filles au tatouage jaune : c'était pas ici, leur place, gênés par un truc qu'un dué normal faisait comme on faisait ses courses de la semaine. Puis, une poubelle, ça puait, mais c'était plein de couleurs différentes et de trucs uniques. On s'y faisait.
Mais j'avais mal compris, je m'en rendis vite compte. Je me repris :
- Ho, pardon ! Ouais, c'est sûr, il y a plein d'animas différents, mais les nôtres sont des gros bébés mignons. Sans eux, on deviendrait folles. Et j'parle pas de la crise quand l'un meurt. J'ai déjà vu un type comme ça… Wow. Ça donne pas envie.
J'essayais un peu de noyer le poisson -en parlant de Lenny le requin-, je m'en rendis compte. En fait, j'm'en fichais de me faire traiter de déchet, mais c'était rude pour la pauvre Erin, et ses filles… Alors, je revins au sujet :
- Désolé, c'était une sale expression. J'sais bien que vous valez pas moins que les autres, que c'est juste un sale coup du sort… Vous faites pas de mal aux gens, au moins. Au contraire. Moi, j'mérite le tatouage et je vis bien avec, mais vous…
J'avais l'impression de m'enfoncer, et je me tus. Bien joué, Zoé, tu venais de rappeler à ton amie sa condition, alors qu'elle pouvait presque l'oublier en ce moment...
Tu riais de plus belle, à la réflexion de Zoé. Ça ne t’aurait guère étonnée si elle était comptée dans des histoires pour effrayer les enfants qui n’étaient pas sages. Mais ça, c’était probablement le cas pour tous les Dué, au vu du nombre de dérangés qui se terraient dans le Bronx. Ça ne serait pas une surprise si on pouvait entendre certains parents avertir leurs enfants dissidents que les Dué allaient venir s’il n’était pas plus sage. Ils avaient une image si négative, à cause de ces malades qui se fichaient de la vie des innocents et qui en jouaient. C’était eux les fautifs, eux qui répandaient cette mauvaise réputation. Tes actions n’étaient pas approuvées pour autant, mais tu n’allais pas jusqu’à prendre la vie de jeunes personnes qui n’avaient rien fait. Tu te contentais seulement de rayer les porcs sans honneur de la surface de ce monde pourri et te défendre si quelques Eros venaient roder dans le coin. « Ne t’inquiète pas chou, à moins que tu le cherches vraiment, tu ne me décevras pas. »
La confiance. Chose bien trop rare ici-bas.
Un grand sourire se dessinait sur tes lippes. Même si elle en avait le pouvoir de terroriser les autres, tu le voyais qu’elle avait bon fond. Tout comme Ananké, elle avait cette chose en elle qui faisait surface lorsque vous étiez ensemble. Tu avais sans doute un don pour attirer ces gens à toi, qui sait ? Elle n’était pas si mauvaise Zoé, elle faisait certes parti de cette caste de fous, mais elle n’était pas pourrie jusqu’à la moelle. Tu lui avais accordé ta confiance pour ça, parce qu’elle n’était pas comme tous les autres. Parce qu’elle aussi était là simplement pour ses actes qui n’étaient pas approuvés, rien de plus. « Dans un sens t’as pas tort. Faut bien que quelqu’un fasse le sale travail pour les autres. » Les Dué, c’était plus ou moins la poubelle des autres castes, les plus pourris de tous finissaient ici. Ils entachent parfois les autres, ils faisaient le sale boulot pour tous ceux qui n’osaient pas se rebeller. Pourtant dans cette benne, on y trouvait des choses intactes. Ceux qui étaient là par pur hasard, parce que leurs actes ne sont simplement pas légaux. Tu fronçais légèrement le nez en y songeant, c’était bien trop facile de mettre tout le monde dans le même sac. Tes traits s’adoucissaient lorsque ton vis-à-vis se mettait à parler de vos animas, elle avait raison, ils étaient bien trop mignons. Quand il le voulait, Faithfull te ressemblait, à cette Erin d’avant la Lune Rouge, cette Erin qui était souvent d’humeur joueuse et taquine. Il te passait du baume au cœur quand il venait se blottir contre toi pour demander des câlins. Un bisounours, voilà ce qu’il est quand il le veut. Tu avais une légère douleur dans la poitrine à l’imaginer disparaitre. Tu te retrouverais bien seule.
Zoé revenait sur le sujet des groupes en s’excusant auprès de toi et des filles. Tu posais une main sur son épaule, lui souriant chaleureusement. « Je ne suis pas offensée, ne t’inquiètes pas. Tu sais, je ne suis pas une belle personne non plus. J’ai fait des choses peu commodes aussi pour protéger les filles. » Tu riais doucement en y repensant. Tu songeais à tout ce que tu avais fait, tu te disais être gentille, pourtant ça ne t’avait pas empêché de faire du mal autour de toi, ce qui te valais le surnom de Sale garce. « Je le mérite un peu aussi, les raclures de fond de latrine, je leur ai refait le portrait. Voire bien plus, certes ils l’avaient bien cherché. C’est plutôt les filles ici qui ne méritent pas ce tatouage. » Tu reposais ton attention sur le groupe de filles qui semblait s'amuser avec les garçons, tu en riais doucement. Ils ne savaient vraiment plus où se mettre, ça t'amusais.
HRP:
Si c'est trop court ou si ça va pas, hésite pas à me le dire.
GASMASK
Invité
E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Sam 8 Avr 2017 - 15:38
It's going too far.
Elle ne fut pas vexée par ma remarque, et j'en fus soulagée. On subissait déjà assez d'insultes comme ça sans s'en jeter entre potes.
- Dans un sens t’as pas tort. Faut bien que quelqu’un fasse le sale travail pour les autres.
Là, par contre, j'avais pas vraiment compris de qui elle parlait. De Maxwell, qui faisait cette séparation ? Parce que nous, c'était pas vraiment du travail indispensable qu'on faisait. Encore, "son" job et celui de ses filles, il était peut-être nécessaire, mais c'était bien l'exception. Le reste, au mieux on tentait de survivre pour nous-mêmes sans trop de casse, au pire on vivait sur les os des autres dans scrupule. Chacun pour soi, quoi. Les cas sociaux incapables de s'intégrer dans une vraie société, à cause du contexte ou d'eux-mêmes… Si le Bronx disparaissait, les autres ne s'en porteraient que mieux, fallait bien le dire.
Ha, mais j'oubliais ! Il y avait aussi des dués par idéal ! Ceux qui combattaient le gouvernement. M'enfin, c'était plutôt rare, et j'étais même pas convaincue que c'était une bonne idée. Mon père m'avait répété qu'un mauvais ordre devait être combattu, mais le contexte était pas le même… et le Bronx me rendait pragmatique.
Bref, j'avais du mal à deviner si elle défendait le gouvernement Maxwell, ou nous. Mais j'étais pas sûre de vouloir lancer le débat : c'était un jour de fête, comme en témoignait la joyeuse couleur cramoisie sur le visage de Tommy. Même si, bon, ils s'en sortaient très bien sans nous deux.
- Je ne suis pas offensée, ne t’inquiètes pas. Tu sais, je ne suis pas une belle personne non plus. J’ai fait des choses peu commodes aussi pour protéger les filles. Je le mérite un peu aussi, les raclures de fond de latrine, je leur ai refait le portrait. Voire bien plus, certes ils l’avaient bien cherché.
J'haussai les épaules. Je m'en doutais bien, les seuls qui pourraient se vanter d'avoir une conscience claire dans ce quartier bouffaient la terre de l'intérieur : on pouvait pas survivre sans s'adapter un peu à l'ambiance. Au moins, elle, c'était pour défendre ses filles. La connaissant, elle devait avoir fait parfois un peu d'excès de zèle, mais bon… nul n'était parfait, et encore moins ici.
- Comme tu dis, ils le méritaient. Y a pas de justice ici, alors autant se la faire soi-même, faute de mieux. Surtout si c'est pour défendre des faibles, hein.
On nous assénait sans cesse, durant la formation militaire, que se faire justice était inacceptable, et semait le chaos sans rien résoudre. Mais ici, c'était pas l'armée, encore moins un pays civilisé : le chaos, on l'éliminerait pas avant un bon moment.
- C’est plutôt les filles ici qui ne méritent pas ce tatouage.
Je les regardai, en même temps que leur protectrice.
- Ouais. Avec un autre job, elles seraient des sourgê exemplaires.
Elles semblaient innocentes, presque autant que leurs clients d'un jour. Pourtant, elles devaient aussi avoir quelques squelettes dans le placard, et des traumatismes - leur métier, déjà. Mais ça, c'était le lot de tous, même les sourgê : elles étaient pas irrécupérables comme nous deux, avec plus d'argent, elles pourraient bien se réintégrer. Enfin, j'espérais… Erin y veillait.
Et moi… ne pourrais-je pas aider ? "Zoé, on peut pas donner à tout le monde". Ça, c'était Lenny : sous ses dehors d'enfant, il était plus pragmatique que moi. Et il avait pas tort. Ma fortune, aussi impressionnante était-elle, ne suffirait pas à alimenter pour une vie un centième du Bronx... Si je devenais prodigue, mon argent coulerait entre mes doigts, et c'est moi qui finirais à la rue.
Mais brusquement, j'eus une idée géniale ! Un truc qui allait nous faire gagner gros à toutes les deux ! Après tout, la principale limite à mon business, c'était la clientèle…
- Hey, ça te dirait, un sponsoring ? Je te file de quoi améliorer votre quotidien, et en échange, tu fais de la pub. Des trucs collés aux murs, parler de mes services dans des discussions, me signaler des clients potentiels… Et si tu en manques, je pourrai te renvoyer l'ascenseur.
C'était pas un truc que je proposerais facilement. Je pouvais difficilement vérifier avec quel zèle elle ferait sa part, à part les trucs placardés aux murs. J'avais l'habitude des types qui jouaient au plus fin, et elle aussi… Mais on parlait de confiance juste avant : elle était réciproque. Autant en profiter. D'ailleurs, Lenny ne râla même pas - ou il était trop concentré sur leur jeu ?
Je regardai l'autre groupe. Tiens… Tommy paraissait plus à l'aise. Et les filles, plus curieuses que joueuses. En fait, ils parlaient tranquillement, se racontant leur vie mutuelle ou des anecdotes. Ha, sacré lui… Il s'adaptait vite. Fallait dire que demander une éros en mariage, c'était une belle preuve qu'il était plus courageux qu'il n'en avait l'air, et qu'il aimait voir au-delà des apparences - métier ou tatouage. C'était le pote d'une sorcière bouffeuse d'organes, nan ?
Aider les plus faibles, c’était pas faux, ça a toujours été ta justice même si tu ne pouvais l’appliquer lorsque tu étais dans les rangs de la police. Mais ce monde, il n’est plus ce qu’il était. Maintenant il était cruel et sans pitié. Sans doute le mieux à faire dans ce monde où le plus fort l’emportait, dans ce monde où désormais c’était tuer où être tué. Où le plus faible se faisait bouffer sans pitié, écraser dans lui avoir laissé le temps de se défendre. Un sourire amère se dessinait sur tes lippes alors que Zoé disait qu’elles feraient des sougrê exemplaires, elle avait raison. Tes lèvres se pinçaient, tu repensais à la petite Chloé qui était partie il y a maintenant deux ans, pas une nouvelle d’elle, tu ne savais pas si elle avait pu s’échapper de l’enfer du Bronx sans y laisser sa vie, si elle avait pu trouver un travail décent. Peut-être t’avait-elle oubliée avec le temps, qu’elle ne voulait plus te revoir. Léger pincement au cœur. Tu n’en savais trop rien. « Certaines seraient de parfaites sougrê, si elles voulaient partir, je les laisserais partir avec quelques billets, prendre leur envol. Comme ma petite Chloé. » C’était ce que tu préférais pour elles, qu’elles puissent réintégrer la société correctement plutôt que rester à pourrir dans ce quartier malfamé.
Il y avait toujours cette appréhension, comme une mère lorsque son enfant quitte le domicile familial.
Appuyée contre le mur, les bras croisés sous ta poitrine, tu les regardais quelques instants. Dont Vicky qui semblait si vivante, amusée en présence des deux animas. De l’or cette fille, une perle. Bien trop pure pourtant elle faisait de son corps son outil de travail, elle ne s’en était jamais plainte, elle avait toujours le sourire aux lèvres. Une main se posait sur ton visage pour cacher ta mâchoire tremblante. Tu es parfois bien trop émotive Erin. La voix de Doc te ramenait à la réalité, cette dernière proposant une idée pour le moins intéressante. Malgré tes revenus plus que convenables grâce à la clientèle régulière et les pourboires qui pouvaient couler à flots selon les jours, son offre était pour le moins alléchante. « Trésor enfin, pour ce qui est de parler de tes services je serais sans aucun doute la meilleure. J’en parlerais avec mes clients les plus fidèles et les plus clean. Même si tu sais y faire avec les pauvres tâches. » Tu sortais une cigarette de ta poche pour la glisser entre tes lèvres. « J’ai pas envie que tu te retrouves avec ceux qui craignent trop. Bien évidemment je ferais aussi tout le reste. On pourrait en profiter toutes les deux de ça. » Tu allumais ta cigarette avant de prendre une bouffée de ce poison. Les oreilles de Faith' avaient légèrement frémit, sans doute suite au bruit du briquet, ou en réaction par rapport à leur jeu. Tu doutais qu’il ait entendu la conversation, il aurait remercié Zoé en frottant sa tête contre sa main. Tu suivais le regard de Zoé, qui regardait le futur marié et les filles. Finalement, ça n’avait plus rien à voir avec ce pour quoi ils étaient venus, mais qu’importait ? Tu riais en constant sa capacité d’adaptation tout simplement étonnante. Gentiment tu donnais un petit coup de coude à ton vis-à-vis. « Il est génial ce garçon ! Il parle normalement avec les filles de leurs vies, qui l’eut cru ? » Elles semblaient tout aussi amusée que Vicky à parler d’elles, des garçons, de tout et de rien. Tout cela avait pris une tournure presque bonne enfant.
Elle était d'accord avec moi, mais sa phrase exacte m'étonna. "Si" elles voulaient partir ? Elles restaient ici volontairement ? Mais, une fois le choc passé, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre. Là-bas, hors du Bronx, elles resteraient des putains dans la tête des gens, leur passé ressurgirait forcément tôt ou tard. Et quel Sourgê voudrait d'une femme ayant exercé un tel emploi ? Ho, certains, oui, mais ils seraient bien rares… Et puis, pire que le regard des gens, il n'était pas sûr que la garde passe l'éponge sur ce passif Dué. A l'inverse, ici, elles avaient leur famille, un toit, et une "mère" protectrice. Ceux qu'elles voyaient n'étaient pas vraiment en position de les mépriser, soit étant clients, soit traînant dans le quartier le plus louche de New-York. Bien sûr, ce n'était de loin pas le plus beau et heureux mode de vie, mais il y avait pire. Bien pire…
D'ailleurs, Erin accepta ma proposition : j'allais pouvoir les aider ! A vrai dire, j'étais plus heureuse par ce qu'elles allaient y gagner que par mon propre avantage. Pour une fois, je n'avais pas besoin d'étouffer mes sentiments pour le bien de mon business, et ça faisait un bien fou.
- Trésor enfin, pour ce qui est de parler de tes services je serais sans aucun doute la meilleure. J’en parlerais avec mes clients les plus fidèles et les plus clean. Même si tu sais y faire avec les pauvres tâches. J’ai pas envie que tu te retrouves avec ceux qui craignent trop.
J'haussai les épaules, et répondis :
- Non non, t'inquiète. J'ai l'habitude des crétins, ce sont eux mes clients les plus fidèles. Quand tu auras amoché les plus cons, tu pourras me les envoyer, par exemple !
Forcément, le gentil Sourgê venu chercher un peu de bon temps, c'était pas lui qui allait finir le plus souvent en pièces détachées. Les fouteurs de merde, les alcooliques, les jouteurs, c'étaient eux qui m'assuraient un revenu stable ! Après, c'était toujours plus gratifiant de sauver la vie d'un brave type que de remettre sur pied un connard… Il m'arrivait même de refuser de soigner les pires. C'était pas comme s'ils allaient pouvoir s'en plaindre à la garde, eh !
- Bien évidemment je ferais aussi tout le reste. On pourrait en profiter toutes les deux de ça. - All right, super mama ! On se mettra d'accord sur les détails un autre jour, si tu veux bien. Les bons comptes font les bons amis.
Elle était bien placée pour savoir qu'en affaires, les sentiments ne suffisaient pas. Un prix fixe et affiché évitait bien des problèmes et vexations, surtout dans son domaine.
Elle prit une cigarette, et je ne pus m'empêcher de grimacer un peu. C'était un peu con, comme réflexe : c'était triste à dire, mais c'était pas la cigarette qui allait radicalement faire baisser nos chances de survie. Entre les autres criminels, les pouvoirs incontrôlables, la garde, les Beasts et autres conneries… Je décidai de laisser ma conscience de médecin s'angoisser toute seule, et de ne pas la déranger. D'ailleurs, elle avait remarqué la même chose que toi, et se marrait
- Il est génial ce garçon ! Il parle normalement avec les filles de leurs vies, qui l’eut cru ?
Un p'tit mec plein de ressources. En un sens, le test était concluant : si une salope cherchait à le piquer à son épouse, elle se retrouvera vite à parler de sa couleur préférée, bonjour la séduction ! D'ailleurs, c'était peut-être bien pour ça qu'il avait su devenir proche de moi. Ma défense classique, jouer les séductrices, avait été impossible : déjà, il y aurait été totalement insensible, et ensuite, Lully m'aurait vite ouvert le bide. Tant pis ! J'avais du mal à le regretter, pour l'instant…
Le sujet dévia sur son pouvoir. Quand elles surent qu'ils pouvaient dessiner un fragment de leurs souvenirs, elles eurent toutes un temps d'hésitation. Essayer, c'était réveiller un passé parfois douloureux, et parfois si heureux que le présent en devenait sombre… Remémorer une famille qui serait peut-être rongée par la honte en voyant ce qu'elles étaient devenues… Mais l'une lui demanda de le faire pour elle, et les autres suivirent, encouragées. C'était foutu pour le jeu de séduction, mais c'était pas bien grave. De toute façon, il avait déjà tous les noms, manifestement. Alors, je proposai à Erin :
- Ça te dit de tenter le coup ? Il ne voit rien d'autre que l'image à laquelle tu penses, et il a un sacré coup de crayon ! Et si c'est personnel, il le gardera secret, bien sûr.
Je me demandais quelle vie elle avait eu, avant. Mais bon, c'était un peu comme dans les comics et autres histoires avec des bandes de gros bras : se confier, c'était montrer ses faiblesses, alors on ne le faisait qu'avec ses plus proches compagnons. Demander à quelqu'un son passé était très mal vu, et fouiner pour le découvrir, une véritable agression. Alors, je gardai ma curiosité pour moi, et la laissai réfléchir à la proposition.
Tu ignorais les raisons de ce geste, Zoé avait beau avoir plus d’argent que quiconque dans New-York, elle n’en avait jamais fait part aux habitants du Bronx. La misère était bien trop présente dans les rues de ce quartier insalubre pour qu’elle puisse à elle seule résoudre ce problème. Tu le savais, mais tu ne cherchais pas à avoir une explication, elle avait sans doute ses raisons, même si tu étais curieuse, désireuse de tout savoir, la question ne s’échappait pas, elle restait là, dans un coin de ta tête. « Ah ça, sans aucuns soucis, les plus cassés je pourrais te les envoyer. C’est pas un problème ça. » Il n’était pas rare de voir des idiots sortir avec des blessures de ton établissement quand ils jouaient aux plus malins avec toi. Tu ne corrigeais pas Zoé, parler plus en détails des conditions et des tarifs, pouvait attendre un peu. Le moment n’était pas le bienvenu alors que tout le monde semblait s’amuser sous vos yeux. Faithfull avait cet air enfantin, les yeux pétillants tout en remuant de la queue.
Les cœurs étaient en fête.
Les filles semblaient réticentes à l’idée de ressasser des souvenirs pour que le futur marié ne les redessine. Tu les connaissais toute très bien, tu comprenais qu’elles avaient peur de songer à tout ce qu’elles avaient pu subir. Zoé te proposait donc de participer. L’air intéressée, le jeune homme avait un pouvoir bien plus joli que le tien. Il ne pouvait que tous les bluffer avec ce talent que lui avait accordé la Lune Rouge. Alors que le tien ne servait qu’à blesser, menacer, marquer la chair. « Allons-y alors, ça attise ma curiosité. » Tu écrasais ta cigarette avant de te rapprocher de Tommy. Tu brassais tes souvenirs, balayant les plus dégradants. Il était hors de question qu’un jeune homme pleins d’innocence comme lui puisse voir ces moments où ta dignité avait été foulée du pied, souillée, quand tu avais perdue Maisie pour toujours. Et puis il y avait une journée qui te revenait en tête, quand tu étais bien plus jeune, alors que tu rentrais de l’école accompagnée de ta sœur. Vous aviez poussé la porte, votre père vous attendait, les mains dans le dos. Au début vous avez cru à une réprimande, jusqu’à ce qu’il ne montre ce qu’il tenait dans ses mains. Un chiot. Un petit carlin. Vous aviez toutes deux hurlé de joie avant de fondre en larme face au chiot, sans raison, vous avez pleuré en le prenant dans vos bras, en le caressant. Vous n’arriviez pas à vous arrêter, Maisie pleurait de plus belle en te voyant avec les yeux larmoyants. Votre père riait alors que votre mère essuyait vos larmes. Un large sourire se dessinait à la commissure de tes lèvres alors que tu chérissais ce souvenir.
C’était le bon vieux temps.
Tu regardais la mine de graphite noircir le papier. Zoé avait raison, son coup de crayon était pour le moins époustouflant, précis, il arrivait à tout représenter dans les moindres détails. Seuls les traits de ta sœur semblaient flous, comme si tu n’arrivais pas à t’en rappeler malgré toutes les photos que tu avais pu récupérer dans son appartement. Tu restais sans voix face à son travail, pour ne pas le déranger. Une vague d’émotion t’envahissait, les lèvres tremblantes. « On l’avait appelé Spark. Parce que c’était une vraie pile. » Sourire timide, les yeux embrumés. Tu te laissais aller au gré de tes sentiments Erin, c’était sans doute l’une des rares fois où la dué à la chevelure bleutée pouvait observer cette soudaine faiblesse. Mais tu n’arrivais à te contrôler face à l’exactitude de ce qu’il couchait sur le papier. « Je dois dire que tu m’impressionne Tommy. Je... » Tu en perdais tes mots. Tu déglutissais avant d’entrouvrir tes lèvres. « C’est vraiment beau. »
Après avoir accepté ma première demande sur ses ex-clients qui deviendraient les miens, elle réfléchit à ma proposition sur Tommy, et décida finalement :
- Allons-y alors, ça attise ma curiosité.
Je cachai mal mon sourire. "Ma curiosité"… c'était peut-être bien ce que j'avais dit aussi, quand il m'avait parlé de son pouvoir, et j'y avais sans doute même presque cru. Mais c'était plus que ça. J'étais bien placée pour le savoir, ayant essayé et essayant encore : ignorer son passé était impossible. On avait toujours cet espoir insensé de pouvoir y retourner, et comme on n'y arrivait pas, on se raccrochait à des mirages, à des miettes de ce que ce fut. Photo, souvenirs, connaissances…
C'était comme une drogue. On savait bien que ça faisait du bien sur le coup, et puis on retombait plus cruellement dans le présent. Mais on pouvait pas s'en empêcher, et p'têt' bien que sans ça, on tiendrait pas le coup. Alors on sautait sur les occasions, on brisait ses bonnes résolutions, et on se voilait les yeux pour un instant… Bon, pour ma part, ma situation n'était pas si moisie. Je m'amusais, j'étais riche, et je faisais à peu près ce que je voulais. Mais Erin, était-elle heureuse depuis la Lune Rouge ? Enfin. Même si le présent n'était pas douloureux pour moi, je m'étais juré de ne pas m'appesantir sur le passé pour qu'il le reste. Et quand Tommy m'avait proposé son pouvoir, j'avais réussi à ne pas demander un dessin de ma famille ou de mon ex. La maison de mon enfance, c'était un bon compromis, non ?
Tommy avait fini de dessiner la demande d'Erin, quelle qu'elle fut. Malgré ma curiosité dévorante, je me retins de regarder, par respect. Les filles hésitaient aussi, c'était amusant à voir : elles devaient mourir d'en apprendre plus sur cette figure d'autorité, tout en se retenant pour la même raison. Mais elle murmura :
- On l’avait appelé Spark. Parce que c’était une vraie pile.
Je pris cela comme une autorisation, et regardai le dessin. Deux enfants, et un chien… Je regardai Erin, et fut surprise : elle était émue. Mais genre, vraiment. Aïe… j'espérais qu'elle ne regretterait pas ce coup d'œil dans cette époque heureuse.
- Je dois dire que tu m’impressionne Tommy. Je... c’est vraiment beau.
J'hésitais entre approuver et me taire pour la laisser tranquille, mais Lenny – ils avaient laissé tomber leur jeu pour regarder – prit la décision pour moi :
- Ouais ! C'est un vrai artiste. La maison qu'il a faite pour Zoé, elle est tellement belle, on dirait un mirage !
Ça, c'était une pique pour moi. Comme d'habitude, Lenny m'avait tiré les oreilles, ce jour-là : il ne cessait de me répéter de laisser tomber le passé et de me tourner vers le présent. Il avait raison, et sans lui, je me serais peut-être laissée mourir après qu'Arthur m'ait plaquée…. mais il était parfois un poil extrême, nan ? Enfin, ça me touchait, il s'inquiétait pour moi – pensais-je.
Alors, vu que le moment était de toute façon brisé, je titillai Tommy, lui ébouriffant – rapidement – les cheveux :
- T'aimes bien jouer avec les règles, toi, hein ? - J'ai gagné à la loyale ! Voici June, Amber et Vicky. Et Elena, avec qui je n'ai pas encore eu le plaisir de parler.
Je fis mine de jauger ce qu'il disait, et répliquai :
- L'usage du pouvoir manquait de fair-play, canaille. Et vous, les filles, vous en pensez quoi ? Vous, les puceaux, je vous demande même pas, je suis sûre que vous étiez trop occupés à mater pour avoir suivi ce qu'il se passait.
Chez eux aussi, toute trace de malaise avait disparu : ils me jetèrent quelques insultes pour la forme en riant, puis laissèrent la parole aux filles. Voyons à quel point ce Don Juan au cœur pur avait su les toucher...