La soirée a été rude. Le casino a vécu aujourd’hui une période d’affluence assez particulière puisque le dernier tournoi de poker a été conclu par une victoire écrasante d’un agapè habitué des lieux. Certaines langues de vipères sont restées pour critiquer chacun des participants autour d’une machine à sous tandis que d’autres ont presque dû se faire renvoyer par la sécurité en accusant le gagnant de tricherie pure et dure. Les bourgeois ont beau parfois rester des pourritures, la tricherie n’a jamais été acceptée dans l’Orpheus. La patronne attitrée n’offrirait jamais des gains pariés sur la table à un homme qui n’assume pas ses chances de perdre. Elizabeth Kreine applique des règles qui doivent constamment être tenues au sein de ses murs ; auquel cas l’entrée au casino deviendrait interdite sans aucun retour toléré. Avec une certaine amertume, l’argent raflé par l’agapè lui est légalement attribué avant que celui-ci quitte la salle en un large sourire, un cigare coincé entre les dents. Certains clichés se laissaient entendre sur la caste la plus prestigieuse de New York et, très sincèrement, Lizzie pouvait en confirmer des tas rien qu’en observant chaque soir ses clients d’un œil averti.
Même après le tournoi, la soirée continue de battre son plein. Mademoiselle Kreine ne se gêne pas pour faire le tour des lieux accompagné de deux de ses gardes du corps afin de s’assurer que le confort de ses habitués est optimal et que les parties se déroulent sans accroc. Evidemment, elle entend les piaillements derrière son dos se stopper dès qu’elle se rend à proximité des personnes n’assumant jamais au grand jour la jalousie et la haine qu’ils peuvent ressentir envers la gérante à la réputation d’avare et de manipulatrice pour ses propres biens. À ce stade, Elizabeth ignorait tout bonnement ce genre de comportement qui devenait presque normal au sein d’un monde d’égoïstes – et elle avait déjà été comme ça un jour, elle aussi. Peut-être qu’un jour ces élitistes comprendront le vrai du faux et se créeront une vraie liberté hors des barreaux construits de dollars. Le plus important, c’était que les rouages de son business ne coincent pas. Sur ce point, elle ne pouvait s’en plaindre : le malheur, la crainte et la peur du changement d’environnement apportaient son lot de revenus ici en période de post-Lune Rouge. Loin de la pauvreté, elle pouvait stopper tout son commerce et vivre sans problèmes jusqu’à sa mort si tel était son désir. Evidemment, Mademoiselle Kreine ne veut aucunement se reposer sur ses lauriers pour la bonne raison qu’elle porte le même nom qu’un protecteur de la ville et que son casino arbore le symbole de la couronne ; sa couronne. Elle aimait observer, écouter, analyser ce qui l’entoure tout en demeurant muette comme une carpe – dommage que son anima soit une pie bavarde. Ce qui l’intéressait le plus dans son domaine restait sans hésiter ses contacts avec les Eros.
Eros, caste sans en être une – êtres humains voués à servir les plus grands. Elizabeth ne le voyait pas du même œil et appréciait leur demander de faire des rondes et de surveiller le bâtiment en échange de quelques informations croustillantes sur certains de ses clients, de ce qui se dit sur ceux à qui on sourit faussement ou même sur sa personne. Manhattan pouvait désormais se comparer à un immense réseau où chacun décide de capter le signal qu’il désire – autant se brancher sur les gentils mercenaires !
Un soir, un de ses plus fidèles contacts lui avait proposé de donner un travail à un certain être colérique malgré lui – ses excès de colère lui sont apparemment difficilement contrôlables et, malheureusement, il ne lui restait que ça à proposer. Sans trop réfléchir, Elizabeth avait accepté – son don pouvait demeurer utile si une situation critique persistait au sein du casino et, si jamais il faisait le pas de trop, facile pour elle de le licencier en un clin d’œil. Elle espérait juste qu’il ne casserait pas quoique ce soit lors de son premier jour… Effectivement il n’avait rien brisé – autre chose de bien plus critique s’était produit. Depuis cet instant, Lizzie avait tout entrepris pour éviter sa présence lorsqu’il travaillait à l’Orpheus. S’occuper des papiers administratifs, rester au second étage alors qu’il patrouille au premier – ses stratégies fonctionnaient plutôt bien. Malheureusement, rien ne demeurait parfait infiniment.
Lors de la fermeture du casino vers quatre heures, Elizabeth se rappelle d’avoir laissé son sac à main dans son bureau après avoir salué ses collègues. Frustrée, elle rouvre la porte arrière afin de le récupérer rapidement et tombe nez à nez avec ce fameux Eros blondinet sur le chemin du retour, au milieu des roulettes obscurcies par les larges lustres éteints et l’absence morbide de tous les clients nocturnes.
- « Ah. Matthew. »
Merde aurait pu (et aurait dû) être le premier mot émanant de sa bouche mais, par une once de politesse, Elizabeth le retient tout au fond de sa gorge. Sa maladresse, quant à elle, ne se fait pas prier pour se montrer : en avançant d’un pas, Lizzie se cogne contre une table et laisse s’étaler tout le contenu de son sac sur le sol.
- « Merde… »
Le juron finalement sorti, la patronne s’empresse de ranger avec frénésie toutes ses affaires personnelles avant que Matthew en fasse l’inventaire dans un petit tiroir au fond de son crâne. En un soupir, elle se relève et tend sa main en guise de bonjour avant de se rappeler que si elle le touchait, elle saurait directement ce qu’il doit penser de son cas à cet instant. Se ravisant aussitôt, sa main se transforme tout bonnement en un petit mouvement de gauche à droite, suivi d’un léger « bonsoir » presque inaudible.
- « Je… pensais que t’étais déjà parti. »
Le malaise s’installe. Sérieusement Elizabeth, ce gars a SEPT ans de moins que toi ! Qu’est-ce que t’avais dans la tête avec tes trois grammes d’alcool le mois dernier ?! Parce que, oui, leur rencontre se justifie tout bonnement par l’alcool et un verre de whisky en trop. Le pire, dans cette histoire, c’est que le blondinet ne connaît pas l’âge de la nouvelle cougar en face de lui. La concernée ne pouvait assumer une telle action sous prétexte qu’elle avait trop bu et que, surprise, personne ne voulait dormir seul cette nuit-là. Des tas de questions auraient pu se suivre après sa dernière phrase, comme « Comment tu vas depuis ? », « T’as toujours vingt-quatre ans ? » ou bien « T’es sûr de vouloir continuer à bosser ici ? » mais il demeurait judicieux de tout bonnement se taire et attendre que Matthew prenne à son tour la parole et brise la glace déjà aussi large qu’un iceberg – même celui du film Titanic ne pouvait se comparer à l’immense taille de celui installé entre les deux individus coincés dans ces retrouvailles gênantes lors de la fermeture du casino.
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Ven 19 Mai 2017 - 0:51
« Ce qui se passe au casino, reste au casino. »
☆ ★ ☆
S
érieusement. Les revenus distincts de son travail d'Eros et de sa gérance du bar, additionnés à ceux de Lamia ne suffisaient pas à faire tourner la baraque ? Quel mensonge. Son salaire mensuel, jamais fixe, couvrait toujours tout ses besoins, et Dieu savait que depuis la Lune Rouge, il mangeait plus que de raison. Le reste de son pognon passait en broutille sans importance, réussissant néanmoins à toujours payer sa part du loyer même si cela ne comprenait qu'une infime partie. Lui-même savait pertinemment qu'il ne pourrait jamais se payer un habitacle aussi luxueux tout seul, pas dans cette vie du moins. Cet arrangement financier faisait qu'il dormait mieux, même si il y avait des jours où la colocation ne lui aurait pas manquait... Tout cela pour dire qu'ils ne vivaient pas dans la misère, loin de là. Lamia, la sœur de ce dernier et Matthew faisaient partis d'un pourcentage de la population qui profitait encore pleinement du confort moderne, quand d'autres -et il en connaissait- devaient se contenter d'eau froide et s'éclairer à la bougie.
Alors oui, lorsque son mentor avait pris une bonne heure pour lui expliquer qu'en plus de ça, il fallait maintenant qu'il se coltine un boulot de nuit, Matthew n'avait pas voulu en savoir plus. Plusieurs disputes s'en suivirent par la suite, où le ton montait sacrément haut sans qu'ils n'en viennent jamais aux poings. Tout cela pour qu'au final, le rouquin obtienne toujours gain de cause sur lui. C'est ainsi que le barman qu'il était, était maintenant autorisé à échapper à ses courses poursuites de la journée pour mieux s'économiser le soir venu. Un job où il ne fallait pas trop réfléchir, juste user de la force pour jeter les mauvais bougres dehors et les empêchait de rentrer à nouveau. En plus de ça, la vigilance semblait assurée la plupart du temps par des Eros. Un bon point ? Lamia avait tenté de l'embobiner en lui assurant qu'il ne serait donc pas seul, comme un parent qui encouragerait son gamin peu rassuré le jour de la rentrée des classes. Et tout cela pour quoi au juste ? Obtenir des informations. Limite si Matthew n'aurait pas été plus ravi d'apprendre qu'il serait payé en cacahuète. Et puis. Finalement. Son paiement avait été tout autre. Son ainé s'était amusé à lui sous-entendre qu'il n'avait pas besoin de découcher pour exécuter la moindre de ses recommandations.
Le jeune homme avait par la suite appris que la Elizabeth Kreine que l'on décrivait était bien différente de la première impression qu'il en avait eu. Tout le monde a tendance à se relâcher un peu une fois un ou deux verres avalés, en tant que barman, il en savait quelque chose... De plus, elle n'avait pas été la seule fautive. Elle avait cette autorité naturelle, comme si elle avait servi dans l'armée, pour gérer un lieu où l'idée de manger l'autre pour se faire toujours plus d'argent était omniprésente. Clairement un endroit où il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds. Ainsi, il semblait normal de dégager une certaine froideur pour ne pas passer pour un bisounours, surtout à un âge aussi jeune. Mais était-il le seul à l'avoir compris ? N'étant pas de nature curieuse, Matthew n'avait même pas eu besoin de tendre l'oreille pour entendre, et ce plusieurs fois, la réputation qu’entretenait la maîtresse des lieux. Ce n'était pas ses oignons, mais même si ça ne le concernait aucunement, les rumeurs lui courraient toujours sur le système à la longue. Mais que pouvait-il y faire ? Il n'allait pas fracasser tout ceux qui avaient la langue bien trop pendue à la sortie du casino. Et à vrai dire, depuis ce jour là, l'Eros n'avait pas eu l'occasion de lui en reparler. Parce qu'il n'existait tout simplement plus aux yeux de la gérante, sauf en tant que membre de son personnel qu'elle se plaisait à embaucher dans une caste spécifique. Il avait beau être maladroit dans la plupart des choses qu'il entreprenait, il n'était pas non plus idiot au point de s'accrocher désespérément à une femme qui ne lui avait rien promis et qui continuait sa vie de manière indépendante.
* * *
Cela faisait une nuit de plus que Matthew passait à l'Orpheus, nuit qui se terminait vers les trois heures trente du matin. Il était fatigué mais il lui restait encore une sacrée trotte avant de retourner à Brooklyn. Il prenait toutefois le temps de s'en griller une avec un collègue, veillant bien à ce que les derniers clients foutent le camps plutôt que de revenir un quart d'heure plus tard pour se venger sur la devanture. Le blond écrasait son mégot à sa semelle avant de dire au revoir et de commencer sa marche nocturne. Sur son épaule, son chinchilla tentait de trouver une position confortable pour se reposer sans avoir à activer le moindre de ses muscles, faisant ainsi office d'épaulière en fourrure. En reportant son regard clair sur la boule de poil, Matthew cru durant un instant voir une ombre furtive se glisser par l'arrière du casino. En toute logique, son boulot s'arrêtait ici, les heures supp' ne faisant pas parti de ses activités préférés. Il soupirait néanmoins, résigné, avant de se décider à aller jeter un coup d’œil pour mieux trouver le sommeil ensuite. Il fut étonné de constater que la porte n'était pas fermée à clef et se glissait donc à l'intérieur du bâtiment. Sans toutes ses lumières, les lieux ne ressemblaient à rien d'autre qu'un entrepôt destiné aux machines à jeux désormais privées de courant. Sur son épaule, Blue avait eu un regain d'énergie en constatant leur détour peu rassurant, levant le nez pour tenter d'apercevoir le moindre mouvement suspect. Pour la forme, Matthew entamait une ronde discrète pour tenter d'attraper quelqu'un qui serait venu éventrer une machine qui lui avait pris tout ses jetons. Au moment où il voulu laisser tomber, envoyant un message pour prévenir que le local n'était pas fermé, tout en marchant vers la sortie, il se stoppait net face à celle qui n'avait rien d'une employée et encore moins d'un client vengeur.
Le monde cessait de tourner durant un instant à l'évocation de son prénom, quelque peu étonné que Kreine montre ouvertement qu'elle s'en souvenait après plus d'un mois de silence. Un bonsoir aurait suffit, feignant la fatigue de conscience mais visiblement, rien de tout cela. Ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir poser la question de savoir ce que l'autre faisait ici à cette heure ci. Il n'eut pas le temps d'en sortir une qu'un léger fracas se fit entendre, révélant les affaires de la jeune femme qui se renversaient au sol. L'Eros voulu l'aidait mais fut retenu au dernier par son anima qui lui défendait formellement de ne serait-ce que penser à toucher au contenu d'un sac à main féminin. Il restait donc planté là, les lèvres pincées, à faire croire qu'il n'avait rien remarqué, levant la tête vers les lustres éteints.
Lorsqu'ils se refirent face convenablement, ils cherchèrent à passer outre pour repartir sur de bonnes bases. À son tour et par réflexe, il tendit sa main. Mais d'une synchronisation commune avec sa jumelle, la retirait aussitôt, comme si un courant électrique les avait encouragé à ne pas s'effleurer. Mon Dieu, et si il lui avait broyé tout les os de la main en voulant la serrer ? Ils auraient fini aux urgences à quatre heure du matin et l'Agape n'aurait plus été capable de signer le moindre chèque. Encore maintenant, Matthew se demandait comment il avait fait pour étreindre la jeune fille et plus, sans qu'elle ne se retrouve en fauteuil roulant le lendemain. Cette simple pensée lui fit piquer un fard qui, il l'espérait grâce à cette obscurité, passerait complètement inaperçu. Par instinct, il fut dans l'obligation mentale de mettre une barrière entre eux en croisant les bras sur son torse, évitant soigneusement le regard améthyste de son employeuse.
« C'était dans mes plans. Je t'ai juste prise pour quelqu'un d'autre qui n'avait rien à faire ici. Désolé pour l'intrusion. »
Le mercenaire constatait avec retard qu'il avait repris le tutoiement de son interlocutrice, s'interrogeant si oui ou non, il avait eu raison de le faire. Qu'importe, il se rendait bien compte que l'ambiance était étrange et qu'il y avait plus important dans le cas présent, sans qu'il ne sache quoi, paradoxalement. Il se consolait en se disant qu'au moins, c'était réciproque. Si cela n'était pas la preuve que dans le milieu professionnel, il fallait bien avoir une carapace pour que les affaires continuent...
« S-Soit. Tu as l'air en forme. On ne se croise pas souvent. Les affaires j'imagine... Qui semblent aller bien. Tant mieux. »
De plus, Matthew n'était pas là tout les soirs. Et lorsqu'il était présent, il ne s'attendait pas à ce que la gérante en personne lui sorte le tapis rouge pour lui transmettre ses salutations. Il ne connaissait pas son emploi du temps et ne pouvait que deviner qu'elle s'occupait beaucoup paperasse, vu qu'il ne lui était jamais arrivé de la croiser entre deux tables de jeux.
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Sam 20 Mai 2017 - 16:51
ELIZABETH & MATTHEW
CE QUI SE PASSE AU CASINO RESTE AU CASINO.
Une gêne immédiate. Il fallait s’en douter. Elizabeth remarque immédiatement le même geste de recul lorsqu’ils allaient presque se saluer en se serrant la main – Il avait sûrement ses raisons de s’empêcher de faire un tel geste, lui aussi. Son pouvoir, la situation emplie de malaise ou bien tout simplement qu’il n’en avait aucune envie. Elle pouvait le comprendre : cela faisait au moins un bon mois qu’elle avait usé de toutes les techniques possibles pour l’éviter et ne pas avoir à le croiser à nouveau afin d’éviter ce genre de retrouvailles où chacun désirait fuir la queue entre les jambes. Malheureusement, il fallait que cela arrive un jour s’il continuait à travailler pour l’Orpheus et fuir n’était pas une solution véritablement saine. Matthew est jeune, svelte et encore perturbé par son pouvoir qu’il a du mal à contrôler, ce serait clairement détestable de faire comme si elle l’avait oublié en un instant alors qu’ils ont passé une soirée rien que tous les deux ; surtout qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il aurait pu s’inventer dans le crâne après avoir flirté avec la patronne du grand casino de Manhattan. Et puis, si elle persistait à agir ainsi, elle ne vaudrait pas mieux que toutes ces stupides rumeurs qui véhiculent à son sujet. Par chance, cette aventure entre Eros et Agapè n’est pas encore sortie de ces murs rougeâtres.
- « T’excuses pas, c’est normal. T’as entendu du bruit et t’as fait ton boulot. J’aurais dû prévenir que je retournais à l’intérieur de toute façon. »
Chacun se remet la faute comme deux petits enfants coupables. Crown, son anima, trouvait cela affreusement ridicule mais il songe bénéfique de se taire pour profiter de la scène, malheureusement sans pop corns. Après avoir ramassé toutes ses babioles et les avoir remise brusquement dans son sac, Elizabeth se redresse avec panache – quoique sans grande crédibilité. Un silence s’installe brusquement ; aucun des deux ne sait quoi dire après que Matthew lui ait lancé une phrase plutôt fermé. Oui, ses affaires vont bien… que dire de plus ? Qu’elle est riche et que tout ce qu’elle trouve à faire c’est se taper un petit jeune quand elle boit trop de whisky ? Whisky qui, en plus, est imbuvable. La jeune femme joue avec ses doigts, tic nerveux qui se remarque aisément, avant de tenter de faire perdurer la conversation :
- « Eh bien, oui, ça marche bien. Et puis je vois que toi tu continues à travailler ici… Enfin, pas que je ne veuille pas, ce n’est pas ce que je voulais insinuer. Euh, ce que je voulais dire c’est simplement que c’est cool si t’as du travail, quoi. »
Stupide. Elle ne pouvait se résumer qu’ainsi. Qu’est-ce que Matthew pouvait répondre à de tels blablas ? Pour combler le vide une fois de plus, Lizzie décide de se diriger vers la sortie, offrant un geste de la main à l’Eros afin qu’il la suive.
- « Viens, sortons d’ici. Ce sera déjà plus agréable que de rester dans cette prison de machines à sous. »
Elle ne supportait plus cette ambiance étouffante entre les jeux immobiles et le manque de lumière dans un si grand espace – de plus avec Matthew qui peut exploser n’importe quoi si quelque chose ne lui convient guère. Une fois sortie en premier et le blond en second, elle verrouille soigneusement la porte arrière après que toutes les portes aient étés bien closes à l’intérieur.
- « Bon, euh… Tu veux aller quelque part ? Pour discuter. Je vais pas t’ignorer toute ma vie, hein… Ce serait pas cool. Puis, euh… t’as peut-être des trucs à me dire. »
Sincèrement, elle priait pour qu’il réponde un simple « Non, je m’en vais, bye bye » mais la vie n’était JAMAIS aussi simple. Elle aussi aimerait tout de même éclaircir un peu la situation qui, jusqu’à maintenant, ne demeurait que sous le signe du malaise, de l’incompréhension et du théorique. Elle aurait bien accepté de lui proposer de s’isoler chez elle, mais des souvenirs sûrement encore plus gênants que la conversation actuelle ressurgiraient immédiatement. Hors de question de retourner tous les deux là-bas.
- « On peut aller dans un bar… Pas pour picoler cette fois, bien sûr. Haha. »
Quelle excellente idée pour enfoncer le couteau dans la plaie, Lizzie ! Matthew devait certainement la trouver pathétique – elle espérait ne pas le toucher durant la soirée afin de ne rien savoir de ses émotions ou de ses ressentis, sauf s’il le lui demandait pour faciliter la conversation. La dernière fois qu’ils se sont vus, leur contact lui avait permis de savoir que l’Eros se sentait particulièrement bien à ses côtés, bien qu’il ait été influencé par la joie de la boisson. Cette idée la rassurait quelque peu, or la sociabilité n’a jamais été son fort. Les seules relations qu’elle a partagées dans sa vie se sont toutes terminées par un échec ridicule, et cela faisait sincèrement un long moment qu’elle avait couché avec quelqu’un avant que cette soirée se déroule. Normalement, même soûle, Lizzie n’offrait jamais son corps par simple envie, complétée par des joues rouges et un hoquet insupportable. Il faut dire que tout le monde peut s’impressionner et s’étonner soi-même. Ne jamais dire jamais : cette phrase n’avait jamais sonné aussi vraie.
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Sam 20 Mai 2017 - 19:07
« Ce qui se passe au casino, reste au casino. »
☆ ★ ☆
P
our ne pas mentir, Matthew était plutôt rassuré que son interlocutrice ne l'ait pas repris à propos du tutoiement. Il n'était pas sans savoir que leurs rapports étaient déjà un peu froids pour en plus rajouté un obstacle de bienfaisance. Après, peut-être que lorsqu'il demanderait à d'autres Eros, tous ici parlaient familièrement avec la patronne pour justement, prouver qu'ils étaient une grande équipe dans la gérance et la sécurité du casino. Enfin, selon le genre d'Eros bien sûr, il ne fallait pas oublier qu'on avait affaire là à des mercenaires et que tous n'étaient pas motivés à rester juste pour les beaux yeux de Lamia. Le jeune homme se contentait donc d'un hochement de tête pour remercier la jeune femme de sa compréhension. Parce que oui, au fond, c'était la raison exacte, il n'aurait su mieux l'expliquer. À contrario qu'il n'aurait jamais songé à la suivre sans son consentement, attendant la fermeture pour mieux la coincer dans son propre établissement. Le genre de comportement typique qui le mettait hors de lui en réalisant que ce genre de raclure existait, voire, s'était multiplié avec tout ces évènements.
Sur son épaule, il entend un léger rire, dissimulé, et porte alors un regard curieux sur son anima, nullement dérangé par le silence qui a repris ses droits sur le lieu. Du regard, il l'interroge, ayant du mal à comprendre ce qui l'amusait autant tout en cherchant à le cacher. Il en vient parfois à penser que son chinchilla est défectueux... Tout deux s'arrêtent néanmoins, respectueux, pour reporter leur attention sur leur employeuse qui semble vouloir combler le vide. Matthew la sait gênée et finit par trouver ça mignon. Lui-même se savait beaucoup moins bavard, incapable de sortir autant de mot pour arriver au même résultat, se serait contenté d'une phrase bateau pour clore la conversations et fini, merci, au revoir. Il penchait légèrement la tête sur le côté, devinant qu'après ça, il faudrait qu'il la remercie pour avoir accepté son embauche, qu'importe si il faisait du bon ou du mauvais travail. Il se félicitait déjà assez de ne pas avoir cassé un seul verre appartenant à l'Orpheus, une sorte de mini-victoire sur lui-même. Enfin, il doutait que Kreine s'en rende réellement compte, vu qu'elle venait visiblement d'apprendre qu'il était toujours en fonction dans ses propres locaux. Rajouter à cela, qu'en vérité, il était barman et non videur, et donc cumulait en tout et pour tout trois jobs en même temps, n'aurait fait que donner une image vaniteuse de lui-même, aussi ne préférait-il pas en rajouter sur ce sujet là.
Matthew attendit que sa supérieure passe devant pour ainsi la suivre et fermer la marche. Pour lui qui bossait occasionnellement ici, le bruit et les lumières d'un tel lieu ne le dérangeait pas. Mais il pouvait comprendre qu'à la longue, même si l'établissement vous appartenez, demeurer ici plus qu'il ne le fallait pouvait être étouffant. Le blond comprenait en partie ce principe, ayant lui-même du mal à regarder trop longtemps de riches américains qui profitaient de leur surplus d'argent pour s'amuser. Tout le monde faisait ce qu'il voulait avec sa propre richesse, lui le premier, il ne blâmait personne, mais un certain sentiment d'injustice le gagnait souvent face aux parties de roulette qui faisaient beaucoup de bruit. Il soupirait doucement, se dépêchant de retourner sur le trottoir tandis que le casino fermait officiellement ses portes pour ce soir. Blue se gonflait un court instant, perturbée de devoir refaire face à la fraîcheur de l'extérieur maintenant qu'elle s'était habitué à l’atmosphère ambiante des locaux. L'Eros se retournait par la suite vers Elizabeth Kreine, se demandant si il se devait de la raccompagner avant de rentrer chez lui. Mais alors qu'il allait lui proposer, son raisonnement fut stoppé net. Il mit de côté le mal fou qu'elle avait à lui sortir le moindre mot, semblant vouloir éviter un sujet en sa présence. Pourtant, il décelait une envie de rester un peu plus longtemps avec lui malgré l'heure tardive, ce qui lui fit plaisir quelque part. Malgré tout, ses sourcils se fronçaient quelque peu, préférant avoir la confirmation d'une chose.
« Parce que tu m'ignorais jusque là ? »
Il avait bien entendu et ne pu qu'en déduire cette fatalité. Il tentait de se remémorer la dernière fois qu'il l'avait vu mais seul lui venait à l'esprit le moment d'un lendemain difficile, lorsqu'il avait terminé de se rhabiller pour lui faire un au revoir et renchaînait sur une journée de course poursuite. Était-ce la dernière fois où leurs regards s'étaient réellement croisés ? Peut-être bien, sa mémoire faisant parti de ses nombreux points faibles. Devait-il en déduire qu'il avait commis une tuile ce jour là ? Peut-être l'avait-il blessé sans s'en apercevoir ou casser un bibelot important ? L'alcool n'avait pas dû l'aider à s'en rendre compte mais il s'expliquait maintenant tout seul la raison d'un mois de silence qui, peut-être, n'était finalement pas lié au travail de gérante.
Matthew finit par se reprendre, ne désirant aucunement montrer qu'il pouvait être dérouté par de simples mots sans importance aucune. Il finit par sourire pour se donner contenance, l'adressant chaleureusement à la jeune femme en faisant un geste de la main pour l'inciter à ne pas prendre ce qu'il venait de dire au sérieux. C'est vrai après tout. Ce n'était pas la première personne à vouloir l'éviter après avoir cerné le personnage qu'il était. Que ce soit par son pouvoir ou par sa caste. Il n'avait pas à lui en vouloir. À vrai dire, il devrait simplement se montrer reconnaissant d'avoir encore le droit de revenir ici, il se devait de au moins le faire pour Lamia. De même que Kreine se montrait encore polie à son égard en lui proposant d'aller discuter ailleurs. Le barman se contentait donc de remuer négativement la tête, compréhensif.
« Ah. Bien sûr... Tu dois être fatiguée. Laisse moi te raccompagner chez toi, tout simplement. »
Là encore, il priait pour qu'elle le croit et ne le prenne pas pour un dangereux individu. Il avait lu quelque part que les femmes ne se sentaient jamais vraiment en sécurité lorsqu'elles étaient seules avec un homme qui n'était ni leur ami, ni leur frère, ni leur copain. Enfin... Il avait beau être maladroit, il avait encore un bon sens de l'orientation. Dans ses souvenirs, il lui semblait que la patronne n'habitait pas très loin de son affaire. Un détour de dix minutes n'était pas grand chose après tout, inutile de lui infliger plus. Aussitôt dit, Matthew sortait de cette impasse pour regagner la rue large, mal éclairée mais surtout déserte pour le moment. Son anima lui grognait quelques plaintes à l'oreille, peu enchanté de cette mauvaise direction à prendre avant de se réfugier dans le col de sa veste sombre, lui déclenchant une grimace d'inconfort. Lorsque ce chinchilla apprendrait qu'il n'avait la taille d'un hamster pour faire ce genre de truc... Les mains dans les poches, le jeune homme attendit que Elizabeth Kreine le rejoigne à sa hauteur, sinon, tout cela n'avait pas grand intérêt. Il se retint aussi de s'en fumer une, se ravisant grâce à l'idée que cette cigarette serait d'un certain réconfort sur le chemin du retour jusqu'à chez lui.
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Mer 24 Mai 2017 - 15:02
ELIZABETH & MATTHEW
CE QUI SE PASSE AU CASINO RESTE AU CASINO.
La réaction de Matthew l’étonne quelque peu. Elle pensait qu’il avait clairement deviné sa fuite et ses techniques pour le contrer et éviter de le croiser ; or, une certaine déception berçait la question qu’il venait de lui poser. Oui, Elizabeth l’ignorait tout bonnement pour ne pas créer trop de conflits dans cette relation nocturne qui, selon elle, pouvait leur porter préjudice. Elle tentait de trouver quelque chose afin de de se rattraper mais en vient à la conclusion que c’était inutile. Elle lui avait dit la vérité avec un peu de maladresse et c’était mieux ainsi. S’en vouloir trop longtemps n’était pas forcément très bon pour les nerfs, de toute façon.
- « Désolé. Je ne voulais pas t’ignorer parce que je ne t’apprécie pas ou quoi, j’espère que tu le prends pas mal. »
Au contraire, Matt était un brave garçon. Quelque peu agressif quand la situation ne lui sied pas, mais il faisait du bon travail semblait avoir une empathie que peu d’Eros pouvait se vanter d’avoir. Lizzie était plutôt contente d’avoir rencontré ce jeune homme – dommage qu’elle soit sacrément plus âgée. Bon, sept ans d’écart ce n’est pas la mer à boire. On le sait. Cependant, quand on a trente-et-un ans, on ne peut plus trop se permettre de tolérer ce genre de vrille ; surtout avec les rumeurs qui circulaient à son sujet, elle ne voulait pas qu’une nouvelle se répande. Une vraie en plus, cette fois.
Après ses propositions foireuses pour trouver un endroit où se poser, Matt lui propose simplement de la raccompagner. Le chemin était court mais suffisant pour tenter de briser la glace. Elizabeth accepte et, agrippée à son large sac en simili cuir, elle le rejoint alors qu’il l’attendait poliment pour ouvrir la marche à deux. Ses talons claquent sur le trottoir et les lumières des lampadaires et des buildings encore éveillés les éclairent dans la silencieuse nuit. Le silence se rompt uniquement par des bruits lointains, des rires venant d’un bar ou des agapè en vadrouille. Elizabeth s’arme de son tic nerveux et joue fébrilement avec ses doigts alors qu’aucun mot n’arrive à sortir de sa bouche. Il fallait trouver quelque chose avant d’arriver à son immeuble, n’importe quoi, sinon elle ne serait accablée que par des regrets. Se mordillant la lèvre, elle finit par sortir sèchement ce qui lui vient automatiquement par la tête après être passée par tous les chemins que son cerveau a à lui offrir :
- « J’aurais peut-être te dire mon âge, avant. »
Ca ouvrirait peut-être une conversation… mais pas forcément la plus joyeuse et amusante qui soit. Or, en sachant cela, il se raviserait probablement et arrêterait d’essayer de lui parler alors que, selon elle, il n’y avait rien d’intéressant à connaître de sa personne. Sans alcool, il ne lui aurait sûrement jamais adressé la parole comme ce soir-là où il avait été spécialement rassurant et agréable à ses côtés, surtout lorsqu’elle se plaignait de ses journées de boulot.
- « On a eu une très bonne soirée mais… je crois que tu réalises pas trop qu’on a un peu déconné. Enfin moi, surtout. J’ai trente-et-un ans, donc avoir une relation avec un Eros qui est plus jeune que sa patronne… Je ne voulais pas te mettre dans une situation aussi gênante, c’est vachement pas cool de ma part. L’alcool a un peu eu raison de moi et je n’ai pas grand monde qui vient m’aborder alors… je me suis un peu laissée aller. J’espère que tu ne m’en veux pas, c’est tout. »
Wow. Elle peut souffler un grand coup ; Lizzie a pu poser quelques mots sur ce qu’elle aurait voulu lui avouer depuis le début.
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Mer 24 Mai 2017 - 20:52
« Ce qui se passe au casino, reste au casino. »
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L
e jeune homme su qu'il avait visé juste au moment où il avait fini de poser sa question. Il n'y avait qu'à voir le visage de Elizabeth qui s'était trahi durant un instant avant d'assumer pleinement ses mots. C'est tout ce qu'il lui restait à faire après tout. Matthew ne raffolant pas vraiment de l'hypocrisie, il était d'avantage motivé à écouter des paroles blessantes plutôt qu'un mensonge qui prendrait de plus en plus de place dans leur relation. Il dû se forcer à continuer de marcher, même si la conversations l’intéressait vraiment et qu'il aurait été en mesure de s'arrêter pour concentrer toute son attention dessus. Cela faisait un moment maintenant qu'il ne craignait plus les rues à la nuit tombée, alors ce n'était pas ce détail qui aurait pu le gêner. Mais plutôt que de regarder devant lui, il baissait le regard sur la gérante du casino, ayant remarqué qu'il en saurait peut-être plus via ses mimiques qu'il commençait à connaître plutôt que par ses mots maladroits. À commencer par ses doigts dont elle ne sait que faire. Était-il si intimidant que ça ? La cause était peut-être horriblement gênante... À moins qu'elle ne réfléchisse à un bobard à lui sortir dans l'urgence ?
Sans vraiment faire attention, il commence à ralentir le pas, haussant un sourcil lorsque l'âge est abordé. Jusque là, il suit à peu près, même si il ne voit pas franchement ce que ça vient faire ici. Le blond songe peut-être au fait qu'il fait trop vieux, ou trop jeune. Des doutes jusque là inexistants s'installent en lui. Sait-elle qu'il a 24 ans ? Probablement, vu qu'elle a dû tout de même voir une fiche d'identité le concernant, ne pouvant pas enrôler n'importe qui dans son établissement. Alors sûrement le sien ? Matthew n'avait jamais songé à lui demander, son intonation aurait sûrement fait qu'elle l'aurait mal pris. Parce que passé un certain âge, on est pas sensé demander ça aux femmes, même si ces dernières respirent la fraîcheur de la jeunesse. Donc il ne peut se montrer que patient, suspendu aux lèvres d'Elizabeth Kreine qui savait faire durer le suspens. Et finalement, le début de la phrase sonne comme une rupture. Pas que Matthew se soit fait des plans sur la comète, mais ce ton un peu trop sérieux sur cet évènement d'il y a un mois n'annonce rien de bon. Oh mon Dieu. Est-ce qu'elle était enceinte ? Du coup, est-ce qu'ils étaient trop jeunes pour avoir un gamin ? La poitrine du blond commençait à s'accélérer en réalisant que l'alcool lui avait peut-être fait faire une énorme connerie sur ce coup là. Sans le vouloir, ses yeux clairs se posèrent sur le ventre de son interlocutrice, redoutant ce moment comme si un embryon d'alien allait en surgir. Il n'était pas prêt. Oh que non, il ne pouvait pas assumer ça maintenant, pas avec son pouvoir pourri et le fait qu'il vive encore en colocation.
« Hein ? 31 ans ? »
Matthew se stoppait soudainement au milieu du trottoir. Ses épaules, jusque là crispées, retombèrent mollement une fois toute cette tension évacuée. Cette Elizabeth était vraiment un ascenseur émotionnel à elle toute seule... L'expression de l’Éros fut la perplexité, comme si il ne croyait pas ce qu'on venait de lui dire. C'était la seule et unique raison qui faisait que Kreine l'avait évité jusque là ? Juste l'affaire de sept années ? Il eut du mal à se remettre de cette révélation tellement tout ça lui semblait dérisoire. Et le pire, c'est qu'il était maintenant persuadé que ce n'était pas un mensonge car son employeuse avait l'air on-ne-peut plus soulagée de cet aveu. Donc de son point de vue, si il suivait bien, c'était qu'elle s'excusait presque d'avoir été une pédophile ? Voire plutôt couguar... Et encore, Matthew n'avait pas non plus 19 ans, comme elle était encore loin de la quarantaine. Il pouvait comprendre que les femmes n'aimaient pas avoir un âge plus avancée que ceux avec qui elles sortaient, mais n'était-ce pas un poil exagéré ? Et pouvait-on aussi parler du fait qu'elle ne les faisait pas du tout ? Le jeune état tellement déboussolé qu'il ne savait pas par où commencer réellement...
« Euh... Lizzie ? Je m'en fous un peu de l'âge. Ça a bien fonctionné, le reste n'est pas important. »
Son interlocutrice lui parlait comme si elle l'avait violé, comme si il avait été tellement rond comme une queue de pelle pour ne pas avoir saisie le problème. Il était parfaitement au courant de ses agissements et refusait que, par prétexte qu'elle soit son ainée, Elizabeth se sente à ce point coupable d'un coup d'un soir. L'effet bénéfique fut que, en quelques secondes, Matthew se sentit plus léger de ne pas avoir commis la moindre bavure dans son moment d'alcoolémie qui aurait pu engendrer un problème embarrassant. De même que, sa patronne ne l'ignorait pour une raison x qui le concernait lui, son pouvoir envahissant ou son caractère pas facile. Non alors, rien de personnel. Et sur ce coup là, le blond ne pu s'empêchait de rire sans s'en priver, qu'importe si il était tard, dans une rue dans laquelle il ne valait mieux pas s'attarder. Son visage se détendit complètement, le rendant quelque peu méconnaissable. Il n'y avait donc rien qui clochait chez lui. Franchement, il s'était fait un sang d'encre pour sept malheureuses années ? Les soucis que pouvaient s'inventer les femmes finiraient par le tuer.
« Tu m'as fait flipper mine de rien ! »
Il lui fallu bien de longues secondes pour se calmer, réalisant soudain qu'il allait peut-être se manger un sac à la figure pour son immaturité de jeune garçon. Il aurait dû lui proposer de porter son sac, il s'en voulait maintenant, peut-être même allait-il amèrement le regretter. Et, oops, il avait affaire à sa patronne quand même et venait de rire à gorge déployée de ce qui l'avait tracassé durant trente jours. Peut-être que le vrai problème était le fait qu'il soit un Éros, une caste en quelque sorte inférieure aux Agapè, même si ça lui faisait mal de l'admettre. Si il avait su qu'un jour, le régime de Maxwell lui porterait préjudice... Le barman tentait de se mettre à la place de Kreine, bien que leur mode de vie soit radicalement opposé. Ce ne devait pas être très vendeur de dire qu'un Eros était passé dans votre lit face au gratin de la société ? Même si ça contredisait avec le fait qu'elle avance que personne ne vienne l'aborder. Il n'en croyait pas un mot. Matthew reprit sa marche pour revenir à ses côtés et reprendre la route, les mains dans les poches en ayant retrouvé son sérieux.