Narcisse est une engeance déterrée du néant là où Ananké est une entité qui renaît.


Un tourbillon d'émotions chaotiques qui s'enlisent sans fin. Ce monde dévasté n'est plus qu'une nuit sombre, enivrée dans une mélasse débordante. Et tu erres, Ananké. La jeune femme souriante et légère que tu fus un jour, insouciante et enthousiaste, elle n'existe plus. Elle aussi, elle erre finalement quelque part, attendant peut-être qu'un jour ce monde soit meilleur, qu'elle puisse à nouveau s'épanouir. Mais dans cette ambiance morbide, dans ces souvenirs défigurés, il n'est plus possible pour elle de vivre. Cette jeune femme impulsive qui rêvait de devenir quelqu'un, qui rêvait d'aider son prochain, elle n'est plus qu'un vaste souvenir, qu'une entité du passé qui espère encore en vain. Qui espère pouvoir survivre, mais ce monde n'est plus, impossible de faire machine arrière, elle se meurt pour renaître différemment.


Tu n'es pas une âme torturée, Ananké. Et tu n'es pas de ces personnes qui ne cherchent que la vengeance dans la haine. Ils ne voient plus que ceci, oubliant de vivre alors, oubliant que lorsque la vengeance est atteinte, la vie continue. Tu sais pourtant, oui tu sais que la vie s'ensuivra si tu survis à tout ceci. Si ton but actuel touche à sa fin, lentement de tes orbes bandés tu regarderas l'horizon en songeant à la suite. Quelque part, tu es prévoyante alors tu sais déjà où tes pas te mèneront ensuite. Ce n'est pas une fin en soi que d'atteindre un rêve, un but et tu ne le sais que trop bien. Ananké, tu es réfléchie avec des pieds sur Terre. Bien loin de la joyeuse enthousiaste enfant qui aimait se poser devant sa console. L'innocence est décédée depuis longtemps pour laisser place à une certaine distance. Séparer la réalité de ce qui nous ronge. Passé maître dans ce domaine, tu essayes tant bien que mal de faire la différence entre la violence et les lendemains.


Dans cet océan déstructuré au milieu des monstres de conte de fée, tu es la Mort qui s'abat. Tueuse à gages, tu inspires longuement avant de te salir les mains une énième fois. Il y a ce sentiment qui persiste, celui de revoir les visages. Ils défilent lorsque la nuit tombe enfin, que le sommeil t'emmène. Au milieu des cris, des pleurs, de la terreur, les traits réapparaissent comme si c'était hier. Pourtant Ananké, tu as appris à vivre avec cela, à forger ce masque impassible derrière ce sourire agréable. De la personne légère qui boit à la tueuse de sang-froid, il y a un monde. Un monde entre Ananké et Narcisse. Entre le soleil et la lune. Entre le chat et le chien. Elles sont toi, mais tu sais les différencier pour continuer d'avancer, de respirer. Comédienne, caméléon ou seulement saine d'esprit, tu es stable malgré les souvenirs avides. Malgré cette famille perdue, cet homme disparu. Cet amour sans fin qui régnait n'a plus nul part où aller. Accroche-toi Ananké, Narcisse prend le pas pour te tenir debout encore un peu.

{ Calme; Sereine; Double-tranchant; Mature; Posée; Réfléchie; Perfectionniste; Acharnée; Maniaque; Tourmentée au fond; Amicale; Sociable; Froide & impassible au premier abord; Sans scrupule; Sanglante; Téméraire; Pilier de bar; Têtue; Dominante en groupe; Préfère bosser seule; Double identité distincte -protection mentale-; Intelligente; Rusée; Semble parfois avoir trop d'empathie dans son travail; Résistante; Un poil colérique/vulgaire; Sang-froid; Mystérieuse; Réservée sur sa vie privée/son passé; Festive; Aime particulièrement Somnifère et le fait de le câliner; Joueuse; Mauvaise perdante; N'est pas foncièrement mauvaise, plutôt agréable en réalité; Instinct maternelle développé; Altruiste; Adore acheter des vêtements, se comporter en femme derrière ses mains sales; Ne craint pas les hybrides, ni même de passer une nuit avec l'un d'entre eux; Volage; etc...}

Jadis, dans un temps où la Lune Rouge n'était pas encore en ce bas monde, il y avait cette jeune femme. Du haut de sa robe blanche immaculée et derrière ses cheveux bruns, un fin sourire persistait jusqu'à s’agrandir grandement alors. Il suffisait d'une vision amicale, d'un membre important de sa famille, d'une personne chère dans sa vie pour que cette jeune fille s'émerveille, s'épanouisse simplement. La joie de vivre perlait ses pores, réjouissait les siens. Elle était saine, sereine et avançait vers l'avenir avec entrain. Au fond, il y avait ce rêve d'aider son prochain, de tendre la main, de faire le bien et rien ne semblait pouvoir détourner son chemin de tout ceci. Rien, même pas les jalousies qui s'enlisaient autour d'elle, dans son environnement précieux, cette bulle de stabilité. Elle était fière, se tenait droite en essayant vaguement de jouer un jeu. Celui de ne pas être touchée, de ne pas avoir peur. Pourtant c'est Adams qui réussissait toujours à rassurer son cœur fébrile. D'un simple mot, d'un simple geste, d'un simple regard ou d'un sourire amoureux. Il était un pilier si beau à voir et tous deux semblaient vivre heureux dans cet appartement luxueux. Des hauts et des bas, ils existaient bien entendu, mais cette vie était d'une normalité affligeante finalement. Une normalité qui n'existe plus.


Soudainement, subitement, elle est apparue. Sans crie égard au milieu d'une journée, d'une soirée ordinaire. D'un instant à l'autre, tout a viré au cauchemar. Un cauchemar sans bornes qui a réveillé des instincts primaires, animal et au milieu de cet enfer soudain, elle rentrait du travail. Heureuse et joyeuse comme à ton habitude, une bonne nouvelle était arrivée. Une promotion qu'elle attendait depuis for longtemps avec tant d'envie. Enfin elle était là, dans ses mains se trouvait cette preuve qu'elle avait hâte. Ô oui hâte de montrer à son mari. Trois ans qu'ils étaient mariés alors et l'idée d'un enfant perlait lentement, mais le travail avant tout, c'est ainsi qu'ils fonctionnaient naturellement. Pourtant, tout s'est si simplement terminé ce jour-là.


Elle avait peur, cette jeune femme joyeuse et amusée de tout. Une peur si grandissante alors que dans les rues qui dégénéraient, faiblement, difficilement elle avançait pour rejoindre son appartement. C'est devant les escaliers pour gravir l'immeuble qu'elle l'avait vu de ses yeux fébriles. Des hommes semblaient vouloir entrer en ces lieux, dans votre demeure, dans celles de vos voisins pour pilier ce qui pouvait encore l'être. Le chaos régnait alors que la luminosité rougeâtre lui donnait la nausée. Ce monde tournait à une catastrophe certaine, une catastrophe qui s'ensuivait rapidement.


L'odeur du sang, la peur. C'est si clairement que tu te souviens de tout ceci. Dans les méandres des ténèbres sous l'orbe rouge, tes orbes cherchent encore cette lueur de sûreté, cette lueur salvatrice qui aurait tant pu te sauver. Rien n'est arrivé cependant alors que lentement ton regard tombait sur lui. Son faciès détérioré par la violence, la froideur de son corps qui s'enlisait. La Mort qui marquait ses traits. Et les larmes alors qui coulaient si longuement le long de tes joues abîmées. Tu te souviens encore de cette soirée destructrice. Cette nuit où Ananké la jeune femme pleine d'espoir et joviale avait finalement disparu pour mourir lamentablement entre deux supplices pour sa vie. Alors que son corps se métamorphosait douloureusement pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, Narcisse prenait vie, se réveillait.


Maxwell est arrivé au pouvoir et étrangement le monde s'est calmé. Pourtant, oui pourtant tu n'as jamais cessé de songer que la vengeance devait arriver. Tu as longuement retravaillé les bases oubliées de tout ce que l'on t'avais un jour appris en matière d'arts martiaux et de défenses. Pour survivre, pour continuer de vivre finalement. Tu as choisi une vie de semi-liberté, un groupe que tu permettrais d'errer et d'agir librement. Acharnée, têtue et téméraire, ce pouvoir, ce don que la Lune Rouge t'offrait et que tu ne connaissais pas encore, tu as appris à l’appréhender. Au milieu d'une paix qui semblait être revenue, une paix illusoire à bien y songer, Ananké, tu as travaillé d'arrache-pied. Les limites de ce pouvoir, les limites de ton corps, les conséquences de cette nouvelle découverte, de cette nouvelle condition... Tant de choses à savoir pour te couronner de succès dans ta revanche.


Chasseuse, traquant ces hommes comme des animaux, c'est longuement que tu as couru après eux jusqu'à finalement n'en retrouver que deux sur cinq. C'est tremblante, fébrile, peu sûre de toi qui cette lame de couteau dans tes mains serais venue s'enfoncer dans leur trachée. Radicale, violente, la lame avait tranché brutalement leur chair. C'est ce jour-là que cet Éros t'avait vu, remarquée, qu'il t'avait offert le chemin jusqu'à eux. Trois ans maintenant. Oui, cela faisait déjà trois ans à présent et rien ne semble avoir changé depuis. Dans un quotidien monotone, tu continues de chasser, Ananké.