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Et nos regards se sont croisés - Crystal [0.0]
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Anonymous
Mer 22 Fév 2017 - 10:49
Le silence des ruines du Bronx calmait et inquiétait à la fois Ellen. Un effet à double-tranchant si vous voulez. C'était plus calme que la vie étouffante à Brooklyn, avec tout ce monde, ce bruit et ces odeurs. Mais ça lui rappelait aussi ces fameuses nuits qu'elle avait passées seule dans le noir. Terrifiée, à ne plus savoir quoi faire. A se repasser en boucle la mort de Matthew et le "reste". Pour tout cela, il avait un côté pesant, étouffant et très angoissant. La brune tentait de respirer lentement pour calmer son coeur qui battait la chamade à chaque fois qu'elle sortait "ici". L'adrénaline et l'excitation qui montent, en même temps que la peur et les fantômes du passé. De l'extérieur, elle restait pourtant un masque froid et impassible, comme si rien ne pouvait la perturber. Cette même expression d'indifférence qui ne laissait percer aucun sourire depuis trois ans.

S'il n'y avait pas eu les quelques gars avec qui elle devait travailler pour cette chasse à l'homme de la semaine, peut-être qu'elle aurait essayé de retrouver la tombe de Matthew, qu'ils avaient creusé à la va-vite avec Mitch et Juliet. Pour commémorer ? Oui, certainement. Au moins, mettre des fleurs pour ce pauvre Matthew. Fleurir ce qui avait déjà fané, tant bien que mal. Bientôt plus de trois ans maintenant que tout avait basculé. Elle s'y était habituée, tout compte fait.

Le bruit des bottes de la petite troupe perçait seule le silence pesant des rues en ruines.

"Ellen"

Et puis, il y avait Maximus. Elle l'entendait parfois dans sa tête, faiblement. Mais elle l'entendait. Et sa voix la poussait à aller plus loin, toujours plus. Il ne disait pas grand-chose de particulier, ni en beaucoup de mots. C'était limité à son prénom en général. Mais l'entendre lui donnait un sentiment particulier. Celui d'exister pour quelqu'un de très précis. "Ellen".

Les cailloux crissaient sous leurs bottes, pas un mot n'était échangé, de peur ou plutôt par précaution que le plan ne soit chamboulé. Un signe à l'avant. Ils s'immobilisèrent tous. Le chef de file se retourna, engoncé sous son casque et des drôles de lunettes que les motards utilisaient il y a longtemps :

-La piste est toute fraîche, on ne devrait plus être très loin. Apparemment, ça fait quelques semaines qu'il est dans cette planque, avec un peu de chance, on devrait pouvoir le coincer. Vous savez tous ce que vous avez à faire ? Alors, en position, messieurs.


Hochements de tête, regards en coin, et pouf, dispersion. Le retour du silence et de sa froideur. Le visage fermé, Ellen se plaça au coin d'un immeuble pour surveiller l'entrée pendant que ses camarades se plaçaient, prêts à intervenir. Le gaillard dont il fallait se débarrasser était pas très recommandable. Plusieurs meurtres à son actif et bien d'autres choses fort joyeuses, comme tous les gars qui peuplaient le Bronx en général. La jeune femme tapota nerveusement le flingue qu'elle traînait toujours en service. C'était pas vraiment sa spécialité, mais ça servait toujours à se défendre si besoin.

"Ellen"
-Hmm, quoi.

Qu'elle grogna, tout en continuant à fixer l'entrée sordide, juste cachée par un drap. Elle sentait la présence fantomatique du lynx lui caresser le dos doucement.

"Ellen, tu devrais te retourner"
-On suit ce connard depuis deux semaines Maximus, je peux pas le laisser s'échapper là. Il peut sortir à n'importe quel moment. Si c'est pas important, je te jure que ça va pas me faire vraiment plaisir.

Et elle se retourna avec exaspération. Pour croiser ses yeux et s'immobiliser avec un frémissement. Son coeur a raté un battement, son souffle s'est suspendu. Pour rependre un rythme plus affolé et ému. Et les émotions se mélangeaient entre malaise, incompréhension, une petite joie et reconnaissance. Ses traits à lui et ses traits à elle s'étaient certainement creusés, mais ils restaient reconnaissables. Elle avait peut-être un peu vieilli, s'était couverte de fatigue et ses pupilles s'étaient assombries. Mais elle n'aurait pas pu l'oublier en trois ans. Et quand leurs regards se sont croisés, Ellen s'est retrouvée aspirée par ce regard. Aspirée trois ans plus tôt. Et ça, c'était plutôt vertigineux.
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Crystal L. Zephaniah
Crusty the Pedo Krab
Crystal L. Zephaniah
Métier : sous-lieutenant - Garde Royale
Mutation : Augmentation de la température corporelle - Chauffage
Crusty the Pedo Krab
Jeu 23 Fév 2017 - 9:25

Crystal était en civil, dans le Bronx... quelle bêtise. Sa veste épaisse d'hiver, son pantalon de costume, ses chaussures de ville. Tout était trop clean pour convenir à la situation. Il détonnait dans ce milieu, mais il restait armé, l'arme froide contre son dos. Il s'était retrouvé là parce qu'il avait reconnu un dué en ville et il l'avait suivi, sur un coup de tête. Il était énervé de devoir toujours laisser ce travail aux Eros, il était lui aussi compétent, c'était aussi son travail d'attraper ces idiots. Malheureusement, il n'était pas préparé, il n'était pas en tenue et tout ça fit que le Dué sentit qu'on le suivait. Il fit tourner en rond Crystal avant de disparaître à un coin de rue. Aussi simplement que ça... jusqu'à soudain réapparaître/sortir d'une cachette derrière Crys, bien trop loin pour que l'Agape puisse se mettre à courir pour le rattraper quand il l'entendit. Le Dué avait filé avec son Anima. Crystal avait perdu son temps.

Agacé, il fit lentement un tour sur lui-même pour retrouver son chemin, mais s'arrêta nette. Dans cette ruelle, il y avait une silhouette. Poussé par la curiosité - et la lassitude, il s'approcha, son bras droit dans son dos, près de son arme.

Soudain, il s'arrêta. Le lynx, l'anima, il l'avait remarqué. Crystal fronça les sourcils, il lui disait quelque chose.

"Ellen."

Crystal s'arrêta de respirer.

"Ellen, tu devrais te retourner"
-On suit ce connard depuis deux semaines Maximus, je peux pas le laisser s'échapper là. Il peut sortir à n'importe quel moment. Si c'est pas important, je te jure que ça va pas me faire vraiment plaisir.

Elle se retourna.

-Il est déjà parti.

Les mots s'étaient échappés de la bouche de Crystal, tombant avec surprise de ses lèvres. Il ne s'était pas préparé à ça. La jeune femme face à lui, il ne l'avait pas reconnu de dos, mais de face, il n'y avait aucun doute. Ellen. Et Crystal, Crystal qui aimait tant ressentir des choses avait eu, un instant, son ventre noué par la surprise, le cœur dans la gorge à cause du manque. Oh, qu'elle lui avait manqué. Elle et sa peau, elle et ses yeux, elle et sa naïveté. Pourtant, la femme face à lui n'avait plus rien à voir avec ce qu'il avait apprécié chez l'adolescente - cassée. Il le sentait, là, cette posture qu'elle avait montrait plus la force que la peur, et même dans sa surprise elle semblait... capable. Où était sa fragilité ?

Crystal faisait face à l'évidence, la preuve qu'il avait bien fait de partir, qu'elle n'avait plus rien à lui donner. Mais il ne résista pas. Elle lui manquait, terriblement. La maladie du sauveur, en manque de cette place unique. Il voulait le voir dans ses yeux, il voulait qu'elle revienne à lui, qu'elle dépende de lui à nouveau.

Il fit un pas en avant, puis deux, le froid engourdissant ses doigts. Trop proche.

-Ellen.

Hyacinth sembla se figer un instant autour de sa jambe, comme s'il venait de remarquer ce qui se passait. La bêtise de son lié qui ne pouvait pas résister devant l'envie de retrouver ce qu'il avait perdu ; c'était pourtant lui qui était parti. Hyacinth observa le duo, puis finit par se remettre à flotter. Aucun commentaire. Y avait-il seulement quelque chose à dire ? Crystal se rendrait bien vite compte que l'adolescente avait laissé place à une femme et que ses blessures, elle en avait fait des forces - ou elle les avait très bien cachés.

Une envie malsaine monta dans la poitrine de Crystal, l'envie de toucher, d'abîmer, de reprendre. Il leva la main et effleura la joue d'Ellen, sa peau un peu trop chaude augmentant au contact. Il ne trembla pas au contact, son visage dépourvu de toute émotion et pourtant, pourtant c'était une évidence qu'il la dévorait des yeux.

-Tu as changé, la remarque fut lâchée comme une accusation, mais le sourire tendre qui l'accompagna, comme invraisemblable sur le visage lisse de Crystal, étalait le paradoxe.

Elle avait changé, mais il voulait savoir ce qui s'était passé pendant toutes ses années, connaître ses blessures, les exposer, les remettre à vif et ensuite, les admirer.

Il se tenait trop proche d'elle.
Et sa main caressante, si elle tentait de s'éloigner, deviendrait ferme. Juste pour la garder.
Crystal L. Zephaniah
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Anonymous
Jeu 23 Fév 2017 - 12:15
Il avait la main chaude, quand il effleura doucement sa joue. La même chaleur que quand il l'avait trouvée, brisée en morceaux dans des ruines dont elle ne se rappelait plus le lieu, non loin de la tombe de Matthew. C'était cette même chaleur humaine qui lui avait rendu le souffle, la vie, le regard un peu plus vif, bien qu'un peu égaré encore. Cette même chaleur étrange, ces gestes doux qui avaient fini par rendre la jeune femme mal à l'aise. Une douceur dont elle était dépendante, fut une époque. Besoin de se raccrocher à quelque chose, à quelqu'un, à n'importe quoi pour survivre. Et c'était tombé sur lui, Crystal. Aujourd'hui, tout était différent. Elle n'avait plus besoin de cette douceur. Elle avait simplement besoin de ses souvenirs, ses regrets et ses idéaux qui la mouvaient jusqu'aux tripes. Pour lui, Ellen avait un mélange de colère froide, d'incompréhension et de malaise, qui s'exprima par une simple, mais sèche salutation en retour. Un signe de tête bref pour le respect qu'elle devait envers un ancien sauveur :

-Crystal.

Crystal était là. Sous ses yeux. La même peau blanche, les mêmes traits fins à la beauté glacée et cette même froideur et raideur qui se retrouvait physiquement chez lui. Tout cela qui tranchait  avec ce qu'il était. Ou ce qu'Ellen avait cru percevoir de lui. Une douceur un peu morbide, ou plutôt un quelque chose de dérangeant qui l'avait un peu effrayée, quand elle avait recommencé à vivre plutôt. Quand elle avait réussi à se lever et à marcher, après des semaines, ou des mois, à être restée sur ce lit d'hôpital. Ellen se souvenait bien de ce jour. Elle ne pouvait pas l'oublier à vrai dire.

Il était venue la voir comme à son habitude. Il était le seul à venir lui rendre des visites dans sa chambre d'hôpital après tout. Le seul à avoir conscience de son existence, à la connaître ne serait-ce qu'un peu. Il n'avait rien dit, pas un mot. Simplement une caresse sur la joue, comme celle-là. Mais plus raide. Plus inquiétante. Plus menaçante. Puis, Crystal était parti. Et Ellen ne l'avait plus jamais revu. Jusqu'à aujourd'hui, du moins.

Elle le fixait de ses yeux bleus tirant sur le gris. La jeune femme ne comprenait toujours pas pourquoi il était parti d'un coup, comme ça. Elle avait eu mal. Elle avait souffert. Il lui avait manqué. Mais au final, elle avait réussi à s'en sortir. Sans lui. Elle était devenue forte et indépendante. Plus besoin de personne, se disait-elle. Mais le revoir après, trois ans, lui rappelait des souvenirs, douloureux, mais aussi nostalgiques et doux.

-Tu as changé.

La remarque avait filé, brève, quelque peu cinglante, mais il souriait. Un sourire étonnant, sur son masque d'impassibilité. Le même qu'Ellen arborait aujourd'hui, mais avec plus de douceur. Oui, elle avait changé. Heureusement, qu'elle avait changé.

-J'ai changé, oui. Mais ça ne m'a pas fait de mal, à vrai dire.

Sa voix était un peu sèche et acerbe. Elle était heureuse de le revoir malgré tout. Heureuse de le recroiser, même si c'était en plein service. Heureuse et triste en même temps, puisque trois ans les avait séparés, et qu'en trois ans il se passe beaucoup de choses. Comme Ellen chez les eros, et Crystal, on ne sait où. Elle n'osait lui demander de se retourner pour voir son tatou. Tout pouvait basculer avec cela. Ou non. Il y avait un fossé entre eux qui était peut-être infranchissable. Tout dépendait d'eux au final :

-J'ai un atelier de mécanique dans Brooklyn, à côté de mon activité de mercenaire., dit-elle, laconiquement.

Le Dué avait disparu de son esprit. De toute manière, il était parti à présent, et Crystal était arrivé. Elle se perdait intérieurement dans le passé, avec silence, tandis que ses yeux bleus restaient de marbre, à détailler chaque trait découpé au ciseau de Crystal. Non, il n'avait pas vraiment changé.

-Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ?

Il n'avait pas vraiment changé, mais elle avait quand même envie de savoir. Savoir un peu ce qu'il s'était passé. Et aussi, pourquoi. Pourquoi il était parti sans crier gare.

Elle avait soif de savoir. Elle avait soif d'une histoire qu'elle ne pouvait plus se raconter avec Juliet, Mitch ou Matthew.
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Crystal L. Zephaniah
Crusty the Pedo Krab
Crystal L. Zephaniah
Métier : sous-lieutenant - Garde Royale
Mutation : Augmentation de la température corporelle - Chauffage
Crusty the Pedo Krab
Sam 25 Fév 2017 - 9:39

Elle hocha la tête et prononça son prénom. Crystal eut envie de fermer les yeux, d'apprécier ce moment et d'à son tour retourner quelques années auparavant où avec la maladresse du débutant, il avait tenté de la garder auprès de lui. C'était une tentation, une jeune femme fragile qui ne l'attirait que parce qu'elle était brisé ; Crys savait qu'il appréciait les choses cassées - il en abîmait suffisamment pour savoir ça. Mais Ellen, elle ça avait été sa première tentative depuis la Lune. Il ne pensait pas qu'il recommencerait à vouloir autant. C'est difficile à décrire la violence avec laquelle il pouvait ressentir cette envie. Elle ne devait pas être si forte que ça si on comparait à celles d'autres gens, mais Crystal ne ressentait rien. Alors cette attirance pour ce corps marqué, ça l'avait pris au ventre, tordant tout et lui donnant envie d'en ressentir plus, beaucoup plus.

Il l'avait approché avec maladresse - froid, net, contrôlé, mais il savait qu'il avait été maladroit. Il avait profité d'elle, de son manque de réaction, de ses blessures. il s'était fait une place auprès d'elle qui lui réchauffait la poitrine. Il était le sauveur et elle était dépendante. Ça avait été agréable le temps que ça a duré. Pourtant, Crystal finit par se rendre compte qu'il avait raté quelque chose, qu'Ellen guérissait, reprenait des forces. La réalité lui était tombé dessus brusquement. Il ne se rappelait plus vraiment de ce qui s'était passé, mais un jour, il était parti de sa chambre pour ne plus jamais revenir, une frustration nouvelle au creux de son ventre, celle d'avoir gâché quelque chose qu'il aimait. Elle avait cessé d'être ce qu'il voulait, brutalement, et c'était de sa faute, c'était à lui de préserver tout ça. Il avait raté quelque chose.

C'était tous ces souvenirs, cette frustration passée, qui lui donnait envie. Ça lui manquait. Alors, naïvement, il espérait pouvoir retrouver la même chose avec cette adulte froide. Il pensait sincèrement, que c'était possible - mais c'était le désir qui parlait, celui qui susurrait doucement que bien sûr qu'il pouvait. La raison aurait été toute aussi froide que le jour où il était parti : il n'y avait plus rien à faire d'Ellen, elle ne lui convenait plus. Elle n'était même plus belle, regardez cette peau lisse, cette posture décidée, cette froideur dans son regard. Regardez-la être entière, saine, féminine, humaine. Elle ne convenait pas à ce qu'il voulait vraiment, elle en était même l'opposée et Crystal n'en était pas au point de construire de toute pièce ses désirs.

Pourtant, il y avait ces souvenirs et la solitude dans laquelle il vivait actuellement, et ceux-là brouillaient tout. Il se faisait avoir, comme un débutant. N'avait-il pas appris de cet échec ?

-J'ai changé, oui. Mais ça ne m'a pas fait de mal, à vrai dire.

Le sourire de Crystal fut bref. Il était un peu déçu, son visage froid s’accommodant de cette déception sans un changement. Ellen avait un ton dur, un peu sec, qui ne fit rien à Crystal, il avait quasiment le même. Ce petit paradoxe.

-J'ai un atelier de mécanique dans Brooklyn, à côté de mon activité de mercenaire, dit-elle, laconiquement.

Ce n'était pas ce qu'il voulait entendre.

-Et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ?

La question tomba sans réponse. Il était concentré sur elle, pas sur lui-même. Ça avait toujours été le cas et... oui, il n'avait pas changé, ou à peine. Il était froid, la peau chaude mais le visage manquant d'émotion, et il agissait toujours avec cette bizarrerie douce, cette obsession légère à ne s'occuper que d'elle.

Ses doigts remirent une mèche derrière l'oreille d'Ellen, les doigts un peu trop chaud. 40, 41°C peut-être. Il s'était encore rapproché, sans s'en rendre compte, envahissant l'espace sans pour autant sembler le faire pour l'intimider. Il faisait juste ce qu'il voulait.

-Mercenaire. C'était tout ce qu'il avait retenu, le mot paraissant sale dans sa bouche. Cela ne te va pas.

Il passa sa main derrière sa nuque, doux si elle ne bougeait pas, ferme si elle tentait de s'écarter.

-Pourquoi ?

Il sembla hésiter. Ce n'était pas la bonne question.

-Comment ?

Crystal L. Zephaniah
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Mer 5 Juil 2017 - 13:23
Ellen se retint de reculer ou de trembler à son approche. En elle-même, son coeur battait la chamade, et la peur infusait en partie à travers ses veines. La main de Crystal contre sa joue était chaude. Un peu trop chaude, même. Brûlant vive à l'intérieur, douce à l'extérieur. Son visage ne trahissait aucune émotion. Derrière la froideur apparente de son sauveur, elle sentait une sorte de colère bouillante, qu'il retenait à moitié. La jeune femme se sentait comme un chien qu'on réprimandait ou qu'on punissait, parce qu'il n'avait pas ce qu'il fallait, ou un âne qui n'irait pas sur le chemin qu'on lui avait désigné.

Il était proche d'elle. Trop, même. Il envahissait son cocon, sa zone de sécurité. Cet espace un peu sauvage où elle seule avait normalement le contrôle. La brune sentait les veines de son cou, de sa tête, taper furieusement sous l'angoisse et le malaise qui l'attrapait et l'arrachait peu à peu. Elle aurait voulu reculer et s'éloigner de Crystal. Parce qu'à cet instant même, elle se rendait peut-être compte d'à quel point il avait une attitude et un côté effrayant avec elle.

Proche, sans qu'ils ne le soient réellement.

Possessif, alors même qu'elle ne devrait rien lui devoir. Ah, si. Un brin de gratitude, mais cela s'arrêtait là. Et son sauvetage remontait à trois ans.

Alors, Ellen essaya de se calmer, elle serra les poings, son visage, ne pipa mot et ne cilla pas. Elle soutint son regard, avec sa même froideur qui ternissait ses yeux bleus et les transformait en glacier. Oui, voilà. Elle congèlerait Crystal par la vision. Elle neutraliserait sa chaleur à travers ses yeux. Elle le maintiendrait à distance par le regard. En lui montrant que non, elle n'avait pas peur. Ou plutôt, qu'elle n'avait plus peur.

Mercenaire. Le mot avait claqué entre ses dents et glissé sur sa langue. Comme s'il le crachait. Comme s'il venait de rejeter un mollard bien dérangeant qui lui serait resté au fond de la gorge. Ellen ne bougea pas d'un cil, ni ne frémit. Elle avait l'habitude, après tout. Les mercenaires n'étaient vus que comme des pingres, des salauds qui faisaient le sale boulot juste pour le fric. Des sales têtes brûlées qui foutraient le bordel s'ils ne s'étaient pas rangés à ce qu'ils faisaient de mieux, apparemment. Tuer.

Il passa sa main derrière sa nuque. Un frisson léger la parcourut, au contact de leurs deux peaux. Son toucher était à la fois doux et menaçant. Crystal la fixait toujours de ses deux yeux, avec cette même fascination qui l'avait inquiétée, trois ans plus tôt. Elle répliqua d'une voix laconique, encore, bien qu'un peu plus sèche et tranchante :

-On se recycle tous comme on peut, tu sais. Ce n'est plus le même monde qu'avant. Il continue de bouger, alors je bouge avec lui, pour ne pas me retrouver à la traîne. J'avais besoin d'argent pour faire tourner mon commerce. C'est plutôt bien payé, tu sais. Et un atelier de mécanicienne, ça ne rapporte pas forcément beaucoup.

Elle aurait pu rajouter qu'elle n'avait pas vraiment envie non plus de se retrouver totalement dans le système des castes. Qu'elle n'aimait pas cette hiérarchie, qu'elle souhaitait garder une part de liberté. Qu'elle voulait retrouver Mitch aussi. Et la tombe de Matthew, pour faire encore plus glauque. Qu'il était certainement quelque part dehors, là. Mais elle ne dit rien, comme à son habitude. Pour se protéger, pour ne pas ouvrir de faille. Elle sentait, d'une certaine manière, que Crystal pouvait passer de l'agneau au loup. Et elle n'était pas certaine de vouloir faire face au loup. Elle n'allait pas s'y soumettre, elle l'éviterait tout simplement.

-Tu es toujours dans la milice, j'imagine ?ajouta-t-elle, plus pour dégager la conversation d'elle-même, que réellement se renseigner sur ce qu'il devenait. Crystal était un aimant pour elle. Il l'avait attirée il y a trois ans, aujourd'hui, il la repoussait de la même manière. Avec une douceur violente et morbide.

Alors, la jeune femme attrapa doucement sa main sur sa nuque, adoucissant au passage les traits de son visage, et l'éclat perçant de ses yeux bleus, pour la dégager doucement. Elle rajouta en désignant d'un signe de tête le bâtiment, et les hommes que l'on pouvait voir se déplacer un peu plus loin, pour pénétrer à l'intérieur, les armes à la main :

-Tu m'excuseras, mais je suis en plein travail actuellement.

Ellen voulait s'enfuir, les jambes en avant, la respiration sifflante. S'éloigner le plus vite possible de lui. Mais elle sentait bien le côté prédateur que Crystal avait, à ce moment précis. Il lui semblait que si jamais elle faisait un seul mouvement brusque, le jeune homme la croquerait tout rond. Sa belle gueule, ses yeux noirs et profonds, sa carrure musclée et athlétique, presque digne d'un mannequin, ça ne lui suffisait pas pour abréger toute l'inquiétude qu'il inspirait à la mécanicienne.
HRP:
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