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il est grand temps de rallumer les étoiles — ft. hernando {1.2}
Camel
Lost
Camel
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Lost
Mar 4 Juil 2017 - 1:40
ft. hernando

Parfums de pluie ; rêves de morts.
Tu attends, fixe. Tes boucles ne sont que souvenirs, Camel. Tu attends, le regard un peu perdu. Perdu dans les couleurs du parterre de fleurs. Tu entends au loin les torrents de tristesse qui s’abattent du ciel ; jour de deuil pour beaucoup. Et pourtant, tu es là, tu sens les larmes qui ruissellent le long de ton corps ; tes vêtements te collent à la peau. Et il y a là ce vide.
Ce vide éternel ; celui dans lequel rien ne passe, celui dans lequel le silence et l’éternité s’entraînent dans une danse d’errances.
Étrangeté. Tu regardes ces fleurs, qui sourient malgré les douceurs grisâtres des cieux. Et, tu avances, tu attrapes un bouquet, ou peut-être une couronne, tu ne sais pas. Tu ne sais plus et les larmes de pluie bercent encore tes yeux, elles te sourient et te brouillent la vue. Tu attrapes ce qui est là, peu importe. Ce n’est peut-être pas si important ; ça n’est pas important. Il y a bien plus important que de choisir de simples fleurs bien trop ternes pour embellir une vie.
Mâchoire crispée.
Ta voix semble incertaine face au vendeur ; teint pâle. Peut-être que tu n’as jamais été aussi pâle, Camel.
Mort.
Vide. Et, au loin, la danse continue.
Et, au loin, les échos de pluie ne sont plus que ceux d’une absence.

Tu commences à marcher, lentement, doucement, à travers les rues, tes pieds ne semblent plus se soulever, mais peut-être se traîner derrière eux-mêmes, et ton regard n’est que danse ; et tes mains sont encore tremblantes de ces choses que tu ne peux qu’observer sans rien faire. Et, Camel, tu as ces sentiments, ceux de l’impuissance, ceux d’être condamné à vie, à regarder les choses que tu sembles apprécier, aimer, disparaître. Tu n’es pas sûr de comprendre ; tu ne comprends pas, tu le sais. Tu ne peux pas comprendre.
Sourire enfantin bercé par les rires de pluie.
Tu avances, comptant les pavés face à toi. Tu ne sais pas où tu pas, Camel. Tu n’as aucun lieu où aller ; aucun endroit où te recueillir, pas même un instant.
Mais tu ne devrais pas, tu ne devrais pas te laisser atteindre par cette absence, Camel. Tu as passé une vie à chercher à te cacher dans la foule, espérant que le silence laisserait les choses faires. Tu as passé une vie à être tranquille, à vivre, seul, peut-être. A ne pas montrer un quelconque lien, une lueur de tendresse dans le regard ; tu ne devrais pas.

Et là, voilà encore ces choses que tu repousses et qui restent accrocher sans que tu ne puisses rien faire, comme d’habitude ; comme d’habitude. Tu songes, peut-être.
Tu rêves, peut-être.
Et tu te demandes si tu ne ferais pas mieux de laisser les fleurs, là, au milieu de nulle part ; abandonnées, et tu sais déjà qu’elles y resteront, sans que personne n’y fasse attention. Tu sais qu’elles attendront, un long moment, avant de simplement s’éteindre d’une vie bien trop fragile. Alors, tu continues, doucereuse agonie qui résonne.

Tu sais où tu vas Camel ; tu l’as presque toujours su. Tu te caches derrière cette ignorance, derrière cet oubli. Tu te caches en disant que tu ne sais pas, plus, que ce n’est pas bien important, que tout ça n’est qu’un grain de sable, engrené dans l’immensité d’une vie, d’un destin, d’un univers sans fin. Tu te caches en pensant que rien tout est inchangeable, que l’ordre du monde n’a aucun raison de tourner comme il tourne, car il n’y a pas de raison, pas de sens, pas de logique, rien, rien rien.
Tu te caches derrière tes peurs en les justifiant par tes pensées, qui tournent, tournent et tournent, comme cette ritournelle que tu as entendue, là-bas, tels de lointains échos venus de souvenirs enfouis quelque part. Tu te caches, tu ne comprends pas, tu es encore un enfant, un vieil enfant qui a peur de tellement de choses, de souffrir.
Vide.

Doucement, tu t’en approches, de la cathédrale. Tu sais que c’est là que tu veux aller, que tu dois aller. Et au sol, il y a les dernières traces du sang que tu ne vois déjà plus ; imagination. Les larmes les ont déjà depuis bien longtemps effacées ; inexistence. Tu regardes cet être si sombre, si inquiétant, symbole de religion, qui surplombe la ville ; elle est là, inquiétante, menaçante. Plus menaçante que jamais ; tu entends presque les lueurs de la mort qui résonnent au loin. Et Camel, tu ne peux t’empêcher, quelques instants, de rester fixé, encore. Les yeux perdus dans le vague, inquiets ; la peur de quelque chose que tu ne verras pas.

Et te voilà, comme la première fois, à vouloir cacher ce tatouage qui marque ta peau. Mais personne n’est là pour te regarder Camel ; il n’y a personne pour fixer cette marque de honte qui leur sourit à tous, du haut de ta nuque, et qui les surplombe tous, comme si elle était fière d’être là.
Et, là-bas, il y a cet homme. Ta gorge se serre sans doute, Camel. Tu ne comprends pas ; car tu l’as bien vu. Tu l’as bien vu ; ce corps, sans vie, pantin de la mort ; de retour au départ. Tu cherches à comprendre, à imaginer, tu te demandes pourquoi.
Pourquoi est-ce qu’il est là ?
Pourquoi est-ce qu’il ne bouge pas ?
Il n’est pas mort ?

Et les questions tournent, encore, Camel. Elles virevoltent, elles s’entrechoquent et te crient d’avancer ; tu obéis.

L’instant d’après, tu es derrière lui, les fleurs à la main, presque gêné d’être là, presque gêné d’avoir ces boucles infernales qui te collent au front ; tu es trempé et lui aussi, sans aucun doute.
Et tu restes là, planté, le regard perdu sur cette silhouette qui semble à présent sans vie, inconnue, presque. Et tu n'oses pas t'approcher de plus, Camel.
Mais il est silencieux, aussi silencieux que les cieux.

Hernando ?



Camel
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A. Hernando de la Cruz
Horny Maxwell
A. Hernando de la Cruz
Métier : chef des gardes royaux
Mutation : nécromancien
Horny Maxwell
Mar 4 Juil 2017 - 23:43




IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES
E LUCEVAN LE STELLE
Hernando observe ses mains sans un mot. Poings serrés ; il ne sait pas pourquoi il reste ainsi ; planté. Cela fait des jours — des semaines peut-être, qu’il vient se recueillir, s’abstenir. S’abstenir d’hurler, de faire quelque chose qu’il aurait regretter. Il ne sait même pas pourquoi il vient ; contrôlé par une envie immodérée ; dompter par cet organe sacré. Palpitation endiablée ; sa gorge se sert sans qu’il ne puisse l’expliquer. Ses pas lourds l’amènent devant ce bâtiment sacré — teinté de souvenirs qu’il ne saurait expliciter. Perdu dans ses pensées il ne fait plus attention à rien ; ni à cet agapè qui vient de passer ; à ses pas précipités ; au ciel en train de se déchirer. Hurlement ; grognement ; grondement. Fissure dans cette voute cendrée ; perles salées qui glissent sur son masque immaculé. Larmes glacées qui n’ont pas de raison d’exister ; cette pluie entre dans ses os — entre dans son coeur. Il se sent geler ; statue de sel ; ange pleurer ; ange vengeur.

Il ne sait pas pourquoi il est là. Serait-ce cela le plus angoissant ; l’attente inexpliquée ? cette sensation à peine dissimulée d’un manque qu’on ne saurait combler ; d’un vide qui ne fait que s’amplifier à chacune de ses respirations hachées. Il ne sait pas — et le problème est bien là. Il ne sait pas ce qui lui est arrivé ; il ne sait pas si ce chérubin ; cet être divin qu’il s’est empressé de souillé a pu subsister. Il ne sait pas. Il ne sait rien. Il se sent impuissant ; comme si toutes ces années n’avaient servies à rien. Comme s’il n’était plus qu’un pantin qui ne servait à rien. Une marionnette brisée qu’on aurait jeté.
Maxwell lui a bien fait remarqué ; qu’il ne savait rien.
L’apparition de Damoclès lui a bien démontré ; qu’il ne savait rien.
L’absence de cet être qu’il ne saurait avouer lui a bien démontré ; qu’il ne savait rien.

Au final ils ont raison Hernando, tu ne sais rien.
Tu n’es rien. Qu’un grain de sable ; une poussière dans le grand schéma des choses. Tu n’es qu’un dommage collatéral ; quelque chose — pas même quelqu’un — que l’on oublie dès que tu n’es plus sur leur chemin. Toi qui te croyais au sommet, tu te rends compte que tu n’est qu’un insecte ; un cloporte ; que l’on hésite pas d’écraser pour atteindre un objectif donné.


Rire rauque ; rire brisé. Il secoue son être un instant avant de s’échouer au creux de ses espoirs oubliés. Oblitérés par le poids d’une certaine culpabilité. Par une certitude dont il n’arrive pas à se débarrasser. Une pensée — un fait, qui s’est logé au creux de ses pensées. Il se sent coupable ; coupable de son inefficacité. Coupable des faits qui se sont déroulés. Il se mort la lèvre et repense à ces quelques minutes ; à la rapidité à laquelle tout s’est développé ; écroulé ; juste avant qu’il ne pousse son dernier souffle pour se réveiller.

Ombre gigantesque dans ce ciel d’orage ; ombre aux ailes bordées d’éclairs. Le tonnerre roule alors que l’oiseau se pose prêt de son maître ; sur le cloché ainsi perché. Il observe de ses yeux furieux cet ersatz ; ce fantôme d’un être qui ne semble jamais avoir existé. Sa nuque craque ; la foudre vient de tomber. Il relève son visage masqué vers ce ciel enragé. Les gouttes glissent le long de son visage ; se mêlant aux perles qui ne veulent pas s’échapper. Il a l’impression d’étouffer ;  de sentir ses poumons se remplir d’eau jusqu’à en crever. Un sourire amer — amusé ourle ses lèvres à cette pensée. Ses dents se dé-serrent ; bouffée exaltée ; l’oxygène vient peu à peu à manquer. Tourbillon insensé ; tourbillon exalté.

Silence.
Il peut enfin penser.
Alors que sa vision se perle de blanc ; de noir ; de couleurs explosées ; sa tête se recouvre d’une neige immaculée. Le rideau qui s’abat sur lui n’est plus qu’un grésillement lointain ; le bruit d’un grillon sur le point de décéder.
— « Hernando ? »
Coup de foudre.
Ce nom à peine prononcé ; quelques syllabes perdues dans le torrent qui les entoure. Cette réalité ; cette nature déchainée ; cette construction gothique abimée. Retour d’un fantôme passé — pas celui qu’il aurait pensé croisé. Cette voix est trop jeune, trop peu assurée. Cette hésitation au creux de la gorge ne le laisse pas douter. Hernando offre un sourire fatigué au ciel, lui demande si c’est encore une de ses illusions qui le laisse brisé. Si c’est un nouveau sosie qu’il va croisé pour finir le coeur écharpé.

Il se retourne doucement ; presque délicatement. Ses bottes tournent alors que son manteau claque au vent — écho d’un tonnerre fulgurant. Le vent hurle dans ses oreilles ; la pluie résonne sur le pavé en un capharnaüm assourdissant. Ses yeux se posent sur cette silhouette à peine dessinée ; voilée par ces torrents de larmes que le ciel de déverser. Il n’ose n’y croire un instant ; la vie est une chienne et il est son obligé. Il est le jouet préféré des Moires. Cela ne l’étonnerait pas que ce soit une beast déguisée ; un dué amusé ou que sait-il. Mais, après tout, il ne sait rien. Malgré son coeur délavé ; sa gorge serré ; ses yeux plissés, une étincelle gagne sa poitrine ; né d’un espoir insensé. Sans qu’il ne puisse s’en empêcher ses lèvres s’ourlent autour d’un prénom qu’il a tant murmuré dans le confort de sa chambre privée.
— « Camel ? » répond-il en écho.
Au loin résonne le ricanement d’un anima délicieusement amusé en accord avec le tonnerre grondant. Son rire se fait plus menaçant alors que la foudre n’arrête pas de tomber. Pourtant aucun des deux ne bouge ; figés. Statues de sel ; leurs larmes les ont érodés. Ils ne sont plus qu’angle et arrêtes acérées. Ils ne sont que deux plaies à vif. Trop de temps — pas assez. Qui sait. Ils s’observent ; anges échoués ; ailes écorchées ; yeux brûlants et gorges serrées. Finalement le plus grand se met à bouger ; déployant ses ailes sombres pour abriter un instant le plus jeune. Il hésite un instant et fini par annoncer, âpreté dans sa voix, non dissimuée.
— « Rentrons. »
FT.  CAMEL
A. Hernando de la Cruz
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Camel
Lost
Camel
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Lost
Mer 5 Juil 2017 - 0:57
ft. hernando

Goutte à goutte, la pluie se répand.
Douceur d’été ; les rêves se croisent et les regards s’oublient. Tu attends, doucement, qu’il se retourne, Camel.
Silence.
Tes mains se serrent ; ton âme s’étreint. Ce nom qui résonne ; écho à tant de désirs inavoués, à tant de rêves mis de côté ; désirs futiles ; chairs maudites. Tu ne sais pas encore ce que tout cela fait là, tu ne sais pas ce que les larmes des cieux répandent sur vos deux âmes, perdues dans les méandres d’un monde encore bien trop brisé pour tes yeux, Camel.
Perdition ; douce perdition.
Ce sont de simples mots qui sont là, qui rêvent, sourient et promettent un avenir qui ne peut qu’être meilleur.
Deux êtres ; deux âmes voilées face au destin, qui attendent que les jours de pluie s’en aillent, doucement.
Deux êtres ; deux âmes qui résonnent et se creusent, rêvent et créent, attendent et patientent, puis se meurent.
Tout n’est que changement, Camel. Peut-être que tu aimerais t’y accrocher, t’accrocher et ne plus jamais te perdre, tenir cette main, ne pas l’abandonner ; ne pas te sentir oublié, encore une fois ; ne pas te sentir ailleurs, partout, là, perdu.

Et peut-être devrais-tu te laisser aller à ces choses que tu n’es pas capable de comprendre ; peut-être devrais-tu te laisser porter par la nuit, bercer par la pluie. Peut-être devrais-tu céder à ces rêves que tu ne peux plus garder ; douce volupté de la nuit. Et il y a tes doigts, incertains, pantois, qui restent là. Tu ne sais plus quoi faire, Camel.
Il ne voit pas ; personne ne voit ce combat intérieur, cette détresse qui se lit dans tes yeux. Déchirement, tiraillement. Tu as passé ta vie à repousser, Camel. A repousser la souffrance, à repousser ces gens, ces choses, ces émotions et sentiments que tu ne peux pas contrôler ; tu as passer ta vie à rejeter, trop incertain de pouvoir vivre une vie sans douleur. Et il y a là les douces ailes sombres d’un oiseau bien trop chargé par la vie.
Oisillon ; enfant.
Perdu parmi la tempête.

Rentrons. Le tonnerre gronde.

Et tu sais bien que c’est stupide, tu sais bien que tout est stupide. Que plus rien n’a de sens, que rien n’a jamais eu de sens. Ta gorge se serre ; ton choix est fait, Camel. Tu es prêt à te brûler les ailes, sans doute. Tu es prêt à te jeter au feu, s’il le faut ; tu es encore jeune et tu sais que la vie ne se résume qu’à quelques secondes, que les rêves s’oublient en une éternité et que ton âme s’éteindra. Tu sais que tout ça n’a aucun sens, aucune raison, et tu es prêt à te jeter dans les flammes Camel.
Ton coeur s’emballe, tes songes s’évanouissent.
Et ta main vient avec tendresse se glisser dans celle d’Hernando ; instinct ; simple désir.

Tu avances, le tirant avec toi, en direction de la cathédrale, lieu divin ; théâtre de votre rencontre. Et tu la sens, encore une fois, qui pose son regard carnassier sur vous ; elle sait. Elle sait les choses qui se trament, elle se souvient de ces regards échangés, de ces étincelles naissantes, flammes incontrôlables. Elle se souvient de ces brasiers en devenir, qui s’allument, doucement au creux du ventre.
Désespoir d’un condamné ; oubli d’un abandonné.
Et bientôt tu es là, face à l’immense porte qui t’a toujours effrayé ; le regard absent. Peut-être devrais-tu laisser les portes, fermées ; peut-être devrais-tu ne jamais les ouvrir, ne pas laisser les larmes de ton coeur s’y engouffrer. Peut-être devrais-tu laisser là, au seuil de l’existence, le poids bien trop chargé de ce passé oublié. Et tout cela tourne, encore et encore dans ton esprit. Et il y a cette main, calleuse, rugueuse. Cette main qui a traversé les temps, qui a connu plus de choses que les tiennes ne connaîtront jamais. Elle étreint, elle noie la tienne, te ramène là, enfant perdu que tu es.

Un instant, tu te retournes et tu le fixes, les yeux perdus dans les siens, profonds abîmes de noirceur. Tu attends, là, la pluie continue de battre l’air et tes yeux miel viennent s’accrocher aux siens. Silence dans ton âme. Tu n’as rien à dire Camel.
Sourire angélique ; tes yeux se plissent quelques instants. Ta tête se baisse ; tes boucles suivent le mouvement les voilà qui collent de nouveau à ton front.
Puis, tu pousses lentement la porte ; grincement ; tes portes s’ouvrent et le brasier s’allume.  

Et tu lâches la main pour t’avancer à travers le hall de la cathédrale. Tout est identique. Et l’étrange froideur du bâtiment semble t’inquiéter. Le silence, bercé par les cris de la pluie.
Et ces yeux, posés sur toi, ce regard bien trop profond.

Frisson.



Camel
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A. Hernando de la Cruz
Horny Maxwell
A. Hernando de la Cruz
Métier : chef des gardes royaux
Mutation : nécromancien
Horny Maxwell
Sam 5 Aoû 2017 - 22:51




IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES
E LUCEVAN LE STELLE
Hernando est un écorché ; écorché vif sur la place de ses pensées. Il n’est qu’un infidèle ; un démon auquel on ne devrait pas se confier. Il n’est qu’un tentateur alors que cette paume juvénile se referme contre le cuir marqué de sa main abimée. Ses yeux se posent sur la forme de cet enfant — cet être à peine sorti de l’adolescence ; ce papillon à peine libéré ; cette fleur à peine dévoilée. Ses pétales sont encore délicates ; délicatement rosées ; elles s’ourlent en un demi-sourire fatigué. Écho sur ses lèvres décharnées ; automatisme incontrôlé.

Quelques pas. Trois enjambées avant d’être confronté à cette porte arquée. Il se laisse entraîné ; pantin désarticulé. Il se laisse mener ; il n’est plus qu’un rat grouillant aux pieds de cet être doré. Ses yeux ambrés s’accrochent à ses abîmes impénétrables ; lacs glacés. Cette lueur filtre à travers les fentes de son masque immaculé. Il a l’impression que cet être peut lire au plus profond de ses pensées. Il sent son âme frissonner à ce simple contact ; ce simple échange. Perdu dans les yeux de l’autre les gouttes glacées se font douces caresses à peine entamées. Plongés au creux du fleuve Léthé, ses souvenirs s’emmêlent et s’entre-mêlent alors que quelques mots murmurés reviennent hanter le creux de ses oreilles fatiguées.

Ils se jugent ; ils s’observent comme deux inconnu qui viendrait de se rencontrer. N’y aurait-il pas un fond de vérité ? Ils ne sont que deux étrangers ; deux naufragés perdu dans cette tempête qui dure depuis des années. Deux êtres égarés qui se sont accrochés au premier acte de tendresse ; à la première vision d’un eldorado ; d’une rive qui pourrait les sauver. Ce phare ; ces douces lueurs vacillent avant de disparaître derrière un ombrage de cils délavés. Les cieux déversent leur colère sur ces deux corps immobiles ; figés. Les yeux d’Hernando ne peuvent pas quitter cette forme ; cette silhouette que la pluie rend si fine ; si fragile. Il resserrent ses doigts gantés contre ceux du jeune homme ; un instant seulement de peur de les briser. Ses prunelles abysses observent ces boucles démêlées ; collées ; qui collent à son front dans un dernier soupir avant de s’éparpiller au grès des bourrasques glacées.

Simple avancée ; quelques pas bousculés ; ces portes s’ouvrent comme les flots face à Moïse ; prophète destiné. Ses doigts se décollent des siens en une douce caresse ; doucereuse agonie qu’il laisse glisser ; tomber ; s’échouer sur les éclats de marbre qui bordent leurs pieds. Il suit du regard Camel qui continue avant de s’arrêter. Statue glacée. Yeux posés sur le damier qu’ils sont en train de fouler. Gorge serrée ; yeux embrumés. Il ne saurait dire si ce sont les gouttes glacées des cieux qui s’y sont déposés ou les zestes de perles salées. Sa main s’accroche au masque qu’il porte en permanence ; protection contre ce monde ; cette société en train de tourner ; face à cette vérité qu’il ne veut pas affronter. Il se met à nu face à cet être qui n’ose le regarder.
— « Camel » répète-t’il
Ce prénom roule sur ses lèvres ; entre ses dents ; sur sa langue embourbée. Il a l’impression que cela fait des années que ces quelques syllabes sont murmurées ; chuchotées au creux d’un silence angoissé. Quelques jours à peine — des semaines au plus qu’ils se sont rencontrés. Ils ne sont que deux étrangers qui viennent de se retrouver. Il enlève distraitement son gant et vient poser sa paume contre la joue glacée de cet être pourtant si familier.

Son pouce caresse doucement ces pommettes rosées ; par le froid ; le vent ; la pluie et le tonnerre qui n’arrête pas de gronder. Par le sang ; par ses pensées qui n’arrêtent pas de s’échapper de ses yeux ambrés. Ses vêtements détrempés gouttent sur le sol en un rythme exalté. Ploc. Ploc. Ploc. Leurs mèches humides collent sur leurs fronts agités tandis que leurs yeux se rencontrent une nouvelle fois pour une danse endiablée. Sa voix rauque et abimée brise le silence de ce lieu sacré.
— « J’ai cru que .. j’ai cru que tu n’avais pas survécu à l’attaque de la bête ailée. » souffle-t’il, tremblant.
Ses doigts tremblent légèrement contre cette peau perlée. À l’idée de ce corps si vivant impuissant. Décharné ; découpé ; sous les crocs d’un bête affamée. Souffle coupé ; soupir exalté. Leurs mèches s’emmêlent ; noir contre ambre passé alors qu’il presse leurs fronts sans vraiment y penser.
FT.  CAMEL
A. Hernando de la Cruz
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Camel
Lost
Camel
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Lost
Lun 25 Juin 2018 - 21:45

   
ft. hernando


« il est grand temps de rallumer les étoiles »



Echos de vie ; étrangeté.
Tout te semble si étrange, Camel. Tu sembles ailleurs. Ton coeur s’emballe ; sentiment d’irréel. Tu sais bien, qu’au fond de toi, rien de tout ça n’est possible.
Illusion, douce illusion qui embrume ton coeur, qui s’enroule autour de tes pensées. Tu es perdu Camel. Tu sais bien ; ça ne peut pas. Rêverie ; fantasme, les pensées s’entrechoquent, tes yeux s’éclairent de perles cristallisées ; tes yeux mielleux s’assombrissent et ton visage se ferme.
Illusion ; tu es toi-même une illusion à travers ce monde, tu n’as aucun sens, aucune raison d’avancer. Néant. Abîmes ; abysses.
Tu es toujours ainsi, cette perpétuelle sensation au creu du ventre ; tu tombes, tu t’écroules en continu ; les morceaux de ton âme qui se craquellent chaque seconde davantage.

Et il y a ce regard, insistant ; ces yeux, insistants, qui sondent ton âme et ton coeur. Et, peut-être. Peut-être oui, es-tu bien plus fragile que tu ne le penses, bien moins fort que tu n’espères l’être.
Tes boucles rebondissent, à chaque mouvement que tu fais, aussi minime qu’il soit.
Tu ne sais plus ce que tu fais là ; les bras ballants. Au dehors, le tonnerre gronde, encore et encore. le silence te paraît alors si lointain ; et pourtant tu le cherches, le silence. Il t’aide, Camel. Il t’aide, à te retrouver, le Silence. Rien n’a de sens ici-bas, rien n’a de sens. Tu ne sais plus ce que tu fais ici, Camel. Tu es perdu, comme toujours, comme à chaque fois.  me en perdition, naufragée ; tu es le capitaine de ton navire qui s’apprête à couler et ne jamais se redresser ; tu sais bien que tu n’y arriveras jamais seul.
Ton coeur est serré ; tu sens cette douce main qui, tu le sais, a traversé bien plus que tu n’en verras jamais dans ta vie, car tu es jeune ; tu n’es qu’un oiseau, les ailes cassées, qui tente de se relever.

Les fleurs gouttent peu à peu, laissant une traînée derrière toi. Que dois-tu en faire ? Tu sais bien qu’elles n’ont plus de sens, ainsi condamnées à mourir ; des morts pour la mort.
Ton regard troublé s’égare continuellement, se pose sur chaque partie de ce corps qui te semble si familier et pourtant si inconnu ; ces mains rugueuses qui n’attendent que d’avoir des rêves à bâtir, des convictions à défendre. Ces lèvres qui murmurent ton prénom ; vestige d’une vie passée.
Solennel ;
Rêves oubliés ;
Frissons ; tu le sens, ils te parcourent le corps, te laissant pantelant, les lèvres closes.
Et bientôt, sa main se pose sur ta joue ; douce réalité. Son visage t’est dévoilé depuis quelques instants déjà, et pourtant tu n’arrives pas à accrocher ses yeux ; intenses ; effrayants de beauté. Tu es si fragile Camel ; doigts tremblants contre ta pommette.
Ton corps te paraît inconnu, glacé.
Tu recules, comme brûlé par ce contact ; désir, tendresse ; plaisir.

Que fais-tu là, Camel ? Te laisserais-tu tenter par le démon du désir ? Te laisserais-tu charmer par la silhouette de la Mort.
Tu le sais bien pourtant, il n’est pas aussi réel que tu le penses.
Ces flammes qui naissent au creux de ton âme ne sont que rêveries d’un autre monde. Douce illusion à laquelle tu te laisses bercé. Les cris des âmes en perdition ne s’arrêtent plus au dehors ; incessants.
Tu sembles effrayé, Camel. Ton regard miel vire au brun. La pénombre de la cathédrale en ces temps ne semble que peu accueillante.
Êtes-vous, corps étrangers, les bienvenus dans cette antre de Dieu ? Il y a cependant bien longtemps que cette croyance n’est qu’une croyance à tes yeux. Camel, tu es un être de la rébellion même si tu le caches. Tu es un être d’insurrection qui ne se connaît pas encore, je le sais. Tu es un être qui veut s’échapper d’une condition qui ne lui conviendrait pas. Comment pourrais-tu te soumettre à une entité qui ne t’a souri que dans le néant de son absence ? Comment pourrais-tu te soumettre à une entité qui semblait te laisser paître dans la pire des conditions possibles ?
Philia.
Tourbillons de pensées ; syphon de valeurs.
Il y a la colère ; celle d’une société qui ne te convient plus, Camel.
Il y a la colère ; celle d’un être cher qui t’a manqué, Camel.
Il y a la colère ; celle de cet inconnu qui fait frissonner ce corps fragile.
Il y a là le désir ; celui qui te broie le ventre, qui t’empourpre les joues et qui fait briller les yeux d’une lueur que personne ici n’a encore vu.

Sa Majesté la cathédrale ne pourrait pas même regarder ces prunelles déterminées que sont les tiennes. Elle ne pourrait affronter le désespoir de la personne qui doit renoncer à un deuil ; elle ne pourrait affronter ces étincelles naissantes.

Le silence règne dans la cathédrale, tandis que la colère des cieux semble s’abattre là, dehors. Personne ne viendra jamais vous interrompre, Camel.
Tu es innocent, les cieux ne s’abattront pas sur toi.
Tu es bien trop pur, Camel ; être naïf. Tu es la douceur ; tu es l’amour éternel. Tu es l’oubli, l’oubli de toi-même; aux travers les autres. Tu es humain ; soumis aux mêmes lois que les coeurs.

Il est là, devant toi Camel. Aussi réel que tu l’es. Tes yeux glissent sur ce corps musclé qui te fait face ; envie. Tu vois ce regard sombre, profond, qui t’aspire et ne te laissera plus partir. Peut-être n’en as-tu pas envie ?

Il y a ce corps humide, désireux de l’autre. Il y a ces muscles qui roulent sous les larmes du ciel ; ces vêtements collants. Peut-être le regretteras-tu Camel ? En es-tu sûr ?
Les démons tapis au fond de ton âme s’échappent, Camel. Faiblesse.
Ton corps se rapproche lentement, avec douceur. Tes mains viennent se glisser sur ce corps qui te surplombe, te hissent.

Et bientôt, Camel, sous le grondement du monde, il y a ces deux corps qui se rencontrent, tes lèvres qui viennent rencontrer les siennes.





Camel
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A. Hernando de la Cruz
Horny Maxwell
A. Hernando de la Cruz
Métier : chef des gardes royaux
Mutation : nécromancien
Horny Maxwell
Mar 6 Nov 2018 - 22:56




IL EST GRAND TEMPS DE RALLUMER LES ÉTOILES
E LUCEVAN LE STELLE
Hernando se sent brûler ; brûler sur un bûcher qui lui est dédié ; brûler sous la flamme du désir qui le dévore tout entier ; brûler sous la froideur glacée que ce recul ; ce geste vient de causer. Hernando n’est qu’un sorcier ; un hérétique qu’il faut châtier. Châtier pour ces sombres pensées ; châtier pour ce corps qui n’est plus qu’un pantin désarticulé. Peut-être qu’il pourrait enfin se libérer ; se libérer de ces entraves terrestres qui ne font que l’enterrer ; le forcer à rester sur ce plan d’existence qu’il ne peut que détester.

Il pensait — bêtement — trouver de quoi le sauver au creux de ces prunelles ambrées. Il croyait — ah — à quoi bon croire désormais ? Il souhaitait que cet être fragile ; si fragile ; qu’il pourrait briser en un claquement ; en un instant, pourrait l’accepter. Accepter sa monstruosité ; accepter cet être sombre ; démoniaque qui grouille sous sa peau comme des centaines d’asticots. Pourriture sacrée ; une pomme croquée à pleine dents ; acérées. Un goût âcre qui reste sur la langue lorsqu’il renait ; un goût âcre qui résonne alors que le grand oiseau ne fait que ricaner.

Hernando sent ; ressent cette tension en train de l’étrangler ; il sent ces yeux clairs s’embrumé. Doutes ; pensées ; rejets passés. Il n’est plus l’homme qu’il a été. Il n’est plus cet être fait d’argile ; prêt à être modelé selon les désirs d’un être aimé. Il n’est plus qu’une statue de sel ; prêt à s’éroder avant de disparaître au fond de flots déchaînés. Ses sourcils se froncent tandis que ses prunelles explosées parcourent ce corps en train de frissonner.
Froid ; peur ;
Doutes ; chaleur.

Il ne sait plus ; il n’a jamais su.
L’orage gronde hors de ses murs de pierres ; échos d’une divinité. Un rire mesquin résonne au loin ; traces d’un anima amusé. Amusé par ce triste tableau qu’ils doivent former. Un homme ; bien trop âgé ; bien trop usé par cette vie qu’il souhaiterait terminée. Un autre ; à peine âgé ; qui a oublié tout ce la vie a pu lui apporter. Deux opposés qui ; inévitablement se retrouvent attirés ; comme deux forces surnaturelles contre lesquelles on ne peut lutter ; contre lesquelles on ne peut qu’accepter sa destinée. Deux forces qui n’auraient peut-être jamais dû se rencontrer ; deux forces qui s’attirent et se repoussent sans jamais — au grand jamais — se toucher.

Peut-être est-ce pour ça que les cieux semblent déchaînés ; tentant vainement de stopper cette rencontre destinée ; dépréciée ; annonciatrice d’une nouvelle catastrophe ; d’un nouveau cataclysme déclenché. Cette tempête qui hurle dehors fait écho à celle qui déchaîne leurs pensées ; qui les empêcher de bouger, coincé dans cette cathédrale, incapable d’avancer ou de reculer, à jamais figés.

Status quo.
Status quo que Camel vient briser ; ses pas résonnent comme des centaines de glas ; trompettes d’archanges qui annoncent une fin des temps tant convoitée ; attendue ; souhaitée. Quelques pas ; soupires ; caresses sur ces pierres abimées. Le bruit de la pluie ne fait que tomber ; même protégé par ces murs ancestraux, elle goutte à chaque foulée. Plic. Ploc. Incessant ; perturbant ; fascinant.

Ses mains constellées viennent s’accrocher ; ancrage à cette réalité.
Hernando n’est qu’un homme. Un homme brisé au destin qu’il ne peut refuser. Il n’a pas le temps d’hésiter que leurs lèvres se rencontrent ; frisson engendré ; péché consommé. Un premier toujours ; un bonjour ; une salutation à peine engagée. Ses doigts arqués ; abimés viennent s’attacher à ces hanches mouillées ; écrasant de leur force ce corps de papier.

Il se perd un instant dans cette sensation ; dans ces odeurs musquées ; mouillées ; dans ces bruits étouffés ; yeux écarquillés. Impossibilité de les fermer ; surprise ; envie ; il ne saurait décider. Surprise face à cette action inopinée. Envie de graver cet instant volé ; envolé. Cet instant éphémère qui ne saurait durer ; éclaté une fois que leur cocon se sera brisé. Disparu entre les volutes de fumées que la pluie aura laissées ; trainées de cendres mouillées.

Simple pression de lèvres ; lèvres abimées ; lèvres usées ; lèvres qui s’ourlent autour de leurs compères avant même qu’il n’ait pu réaliser. Pétales rosés ; à moitié séchées qui tentent de s’apprivoiser alors qu’elles viennent à peine de se rencontrer.

Claquement sec.
L’éclair vient de tomber.
Retour à la réalité.

Hernando se détache ; dernier effort désespéré, ses mains glisse sur ces épaules qui semblent si frêles et si pleines d’humanité ; d’une force qu’il ne pourrait rêver posséder. Dernier instant volé avant que la séparation ne soit effectuée ; comme un pansement qu’il faut arracher. Ses iris belladona se fixent dans leurs comparses dorées ; dernières rescapées de cet acte désespéré. Ses lèvres fourmillent alors qu’elles s’arquent pour prononcer quelques mots balbutiés ;
— « Camel. Je. Tu. »
Impossible de parler ; éberlué. Les excuses se bousculent contre sa langue empâtée alors que ses lippes désirent y retourner. Son cœur se bat ; se débat ; dans tous ses états ; alors que son esprit se débat pour penser ; pour trouver des justifications à prononcer.
— « Tu es si jeune » murmure-t-il, exalté ; sans même y penser, ses yeux glissant sur ces cheveux doucement bouclés ; sur ce visage constellé ; finissant par ce perdre au creux de ces puits d’ambre doré.
« Tu ne sais pas ce que tu fais. »

Glas final.
Finalité murmurée.

FT.  CAMEL
A. Hernando de la Cruz
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Camel
Lost
Camel
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Lost
Mar 4 Déc 2018 - 0:26
bloc

il est grand temps de rallumer les étoiles
hrp ▵ lapin pas content.


La douceur de ces soirées d’été perdues. Le monde qui s’ouvre à toi est si immense, Camel. Tu sais que tu as ouvert une brèche ; délicatesse de ces lèvres perlées de froid. Tu aimerais hurler. Hurler à la mort du néant ; aux rêves d’amour cristallisant.
Connais-tu déjà la souffrance des nuits passées, des rires étouffés ? Vois-tu les lumières éteintes, les plaisirs envolés ? Camel, les couleurs ambrés de tes yeux ; mielleux, douloureux. Les mains, abîmées par les temps ; parfum d’antan.
Pensais-tu un jour voir ton coeur s’écrouler, tomber, étouffer, crier, pour cet homme ? Pensais-tu un jour sentir les passions, les terreurs, les peurs de l’abandon. Amère solitude à laquelle ton esprit n’échappe plus. Camel, pensais-tu un jour pouvoir avoir la gorge serrée, les mains tremblantes, accrochées dans un désespoir d’espoirs.

Ton corps est tremblant d’un souffle nouveau ; tu ne sais pas comment tu en es arrivé là, Camel. Il y a ce désir, des envies, ce corps qui semble être fait au détail prêt pour accueillir le tien. Tu sens et ressens chaque pensée, chaque once de vulnérabilité qui hante ton inconnu.
Tu cherches l’oubli, la douceur de la chaleur. Vos corps trempés, collés l’un à l’autre, dans une danse endiablée, interdite, celle de deux êtres destinés à se haïr, deux êtres destinés à ne jamais se rencontrer. La pluie n’a de cesse de vous frapper à nouveau, de vous couvrir de ses larmes ensanglantées.
Elle résonne, te rend fou et te transporte dans un univers qui n’est pas le tien, Camel. Tu n’entends plus rien que le silence du brouhaha, que la douceur des cieux qui grondent, mécontents des destins que sont les vôtres.
Le doux parfum de la Mort ; cette sensation d’un vide, d’un manque ; d’un désir de néant. Les rêveries d’une mort trop prochaine ; l’agonie d’une âme du supplice ; la mélodie d’un homme qui ne connaît plus que la tristesse au fond des yeux abyssaux.

Tu le regardes, Camel. Il n’est que délicatesse. Tu le connais à peine, et pourtant, tu as le doux souvenir d’une rencontre lointaine, éloignée, bien trop ancienne pour être de cette vie. Tu as le coeur en folie ; l’âme créatrice. Tu espères, secrètement, dans un chuchotement, un murmure trop pur. Tu espères que les âmes sont faites pour se perdre et se retrouver dans un lieu et un temps imprécis, inexistant, insignifiant.
Tu retiens les cris d’un désir étouffé ; tu retiens les larmes d’une rose naissante, qui s’ouvre aux matins des soirées aiguisées.

Au creux de ses bras, tu te laisses oublier, à nouveau.
fragilité.
Tu es tremblant, pris par le froid de la cathédrale. Pris pas le froid qui t’enveloppe, te prend aux tripes et ne te laissera partir sous aucun prétexte. Tu es tremblant, pris par l’angoisse de l’oubli, oppressé par les peurs et les pleurs de ce monde qui n’attend que la fin pour s’éteindre.
Au loin, tu entends les cris et hurlements des cieux qui se déchaînent, qui tourbillonnent et ne laisseront que le désastre derrière eux. Tu entends la colère de l’éther qui n’attend que de vous atteindre et de vous emporter et vous malmener, au gré des vents d’été.

Le ciel se déchire.
douceur envolée.
lointain souvenir.

Ses mains sur tes épaules, il t’éloigne. Tu sens cette pression si douloureuse contre laquelle tu as envie de résister, qui appuie, te rejette et te déteste. Tu sens ses mains qui te tiennent ; ses mains que tu espères un jour, un soir, une nuit, ne plus voir. Ses mains que tu espères un jour voir glisser, te faire comprendre, vivre, ressentir toutes les délicatesses impromptues ; jamais connues, à jamais vécues.
Tu sens les larmes te monter doucement aux yeux, Camel. Tu es l’enfant, l’enfant oublié, l’enfant perdu au milieu des champs de blés. Tu es l’oisillon tombé trop tôt du haut de l’arbre, blessé, abîmé, brisé.

Tu as franchi la limite, encore une fois. La limite ; la beauté des choses, celle de ton monde qui s’écroule.

Tu es si jeune.

Tu es jeune, Camel. Tu es jeune, tu n’es même pas fort d’expériences, ton esprit est vide, vidé, réduit à néant. Tu ne sais pas qui tu es, tu ne sais pas qui il est. Et pourtant tu vois en lui la vie, le temps qui passe, tu vois au fond de ces yeux ces choses que l’on ne dit pas, que l’on vit et auxquelles on survit. Tu vois la douleur, la souffrance, tu vois le coeur qui se brise, le deuil et la peur. Tu vois l’angoisse, la solitude et la distance. Tu vois le reflet de ta jeunesse dans ses yeux, et lui le reflet de son âge dans les tiens ; prunelles ambrées aux pleurs cendrés.

Je suis jeune. Ca ne veut pas pour autant dire que je ne sais pas ce que je fais.

Il y a la colère dans tes yeux. La colère, la tristesse, les pleurs retenus, ceux de ceux qui sont rejetés, mis de côté. Tu aurais aimé qu’il comprenne que tu es sérieux, Camel. Tu n’as que faire de l’âge, ce n’est que convention à laquelle tu refuses de prendre part. Tu t’éloignes encore, de sorte à ce que ses mains retombent le long de son corps. Tu n’arrives pas à le regarder dans les yeux, de peur d’être à nouveau happé dans un tourbillon d’incompréhension, d’émotions.

Osez me dire que tout ça n’est que de ma faute, qu’il n’y a que ma jeunesse, ma fougue qui est en jeu. Que ce n’est que moi, que je me fais des idées, que j’espère l’inespérable. Osez le dire.

Rancoeur de ton coeur ;
Un dernier coup de tonnerre ;
Le silence d’étend entre ces âmes qui errent.


Camel
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