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From Dawn 'till Dusk... ♦ Dusk
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Mar 7 Mar 2017 - 0:33

Lylaï plongea sa main dans la poche de son perfecto en cuir, y dénichant un briquet. Elle alluma la cigarette coincée entre ses lèvres, inspirant la fumée sans même réfléchir. Ses pas feutrés s'entendaient à peine sur le bitume humide. Les quelques flaques sur la chaussées reflétaient le ciel dans leur surface abyssales, elles reflétaient la lumière jaune des lampadaires, les fenêtres illuminées des immeubles mal famés du Bronx. Les rues étaient silencieuses à cette heure ci, tout du moins dans cette partie du quartier. La jeune femme savait qu'en fouinant au bon endroit, elle pourrait trouver un peu d'agitation. L'agitation qu'elle cherchait, justement, ou plus précisément le dernier contrat en date, celui qu'elle avait reçu quelques heures plus tôt. Elle devait retrouver un Dué à la tête d'un groupe organisant de nombreux matchs de Beast, dans les bas fonds et au cœur des arènes. Ce genre d'individu savait se montrer discret cependant, si bien que le signalement qu'on lui avait transmit allait s'avérer plus ou moins exact.

La fumée de sa cigarette se mêlait avec la condensation de son souffle en contact avec l'air particulièrement frais de la nuit. La blonde resserra sa veste autour de son buste, serrant avec insistance les pans de cuir contre son ventre légèrement rond. Bientôt, elle ne pourrait plus accomplir ses devoirs d'Eros. A la réflexion, elle n'aurait pas du accepter ce job mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle ne pouvait pas rester en place ces derniers temps, être seule avec ses propres pensées était bien trop lui demander. De toute façon, ce soir, elle ne ferait probablement que repérer. Elle devait établir qui était sa cible, comment la coincer et où. Il n'était pas question de tuer qui que ce soit, par ailleurs. Lylaï ne tuait pas. Elle faisait son travail, était violente si elle en avait besoin, mais elle ne tuait jamais. Du moins, elle n'avait jamais eu besoin de recourir à ce genre d'extrême et espérait n'avoir jamais à y recourir.

Lylaï jeta sa cigarette dans le caniveau au moment même où elle s'engageait dans une ruelle particulièrement sombre. Les sens en alerte et aussi silencieuse qu'un chat, la jeune femme demeura quelques secondes dans la pénombre pour habituer ses sens à cette nouvelle configuration. Des voix feutrées résonnaient un peu plus loin, dans l'allée sous un lampadaire se tenaient trois hommes. L'œil affuté, la blonde repéra deux bruns et un rouquin. Sa cible avait le crâne rasé, impossible de confondre. La jeune femme se rapprocha suffisamment pour entendre la conversation du petit groupe, s'adossant  contre le mur de briques derrière elle.

-Il devrait pas tarder pour récupérer les gains de ce soir.
- Ce mec est toujours en retard, c'est pas croyable.
- En même temps il a d'autres chats à fouetter. Puis avoir des horaires fixes dans sa situation c'est la garantie de se faire pincer à un moment ou à un autre...

Lylaï eut un petit sourire en coin. Voilà qui était intéressant, si les trois lascars parlaient du type qu'elle recherchait, c'était banco. La conversation s'orienta sur une toute autre direction  à mesure que les minutes s'égrenaient. Le corps de la jeune femme fut bientôt transit de froid mais elle se força à demeurer immobile. Elle ne voulait pas se faire choper maintenant.

Surtout qu'il arrivait enfin. C'était bien lui. Un grand type, costaud, le crâne rasé et le visage à demi dissimulé dans le col d'un énorme sweat. Ils parlèrent à voix basse mais Lylaï n'avait pas besoin d'en apprendre davantage. Elle le prendrait en filature dès que l'occasion se présenterait. Des mains du rouquin fut transmit simple sac en kraft, fermé avec du scotch, puis le groupe se dispersa en silence. Les deux bruns d'un côté, le roux en direction de Lylaï et le chauve repartit d'où il était venu. La jeune femme se tapit contre le mur, dissimulée dans l'encadrure de la porte à sa droite. L'homme passa sans même la voir et, lorsqu'il fut à quelques mètres, la jeune femme s'élança à la poursuite de celui qu'elle devait interpeler. Si elle arrivait à le rattraper maintenant, il serait seul. C'était parfait, elle pourrait le maîtriser sans craindre l'intervention d'une tierce personne.

La jeune femme parcourut à grande enjambée le reste de la ruelle, débouchant sur une plus grande avenue. Il n'y avait pas grand monde, tout du moins pas grand monde de fréquentable. Sa capuche renversée sur son crâne, la blonde avança sur le trottoir sans se déconcentrer. Il tourna au carrefour, échangea quelques mots avec un homme posté à la devanture d'un fastfood, puis bifurqua sans prévenir dans une allée plutôt lugubre. Lylaï, au lieu de le suivre, continua sa route sur quelques mètres. Ce genre de petites allées étaient toujours communicantes et plutôt que de le suivre directement, elle préféra faire un petit détour. Le pas prudent et furtif, la jeune femme navigua dans le labyrinthe des venelles du Bronx avant de le retrouver. Il n'était plus seul.

Tu as des infos pour moi D. ?

La jeune femme se pétrifia. Son corps entier se mit à trembler face au choc qui venait de la souffler. Son cœur sembla tout à coup enfler, il prit trop de place dans sa poitrine froide. Ses tempes battaient furieusement, sa peau toute entière s'hérissa de chair de poule. Sans se méfier, sans penser plus avant, la jeune femme quitta l'ombre pour la lumière du lampadaire. Son visage blême fut tout à coup parfaitement visible, peu lui importait en réalité. De ses doigts tremblants, Lylaï couvrit sa bouche, incapable de prononcer un mot. C'était elle ? Juste là, à quelques mètres, c'était elle ? Elle avait tellement souhaité vivre ce moment qu'elle n'y croyait plus. C'était inespéré, complètement irréel. Elle était là. Simplement là.

Dawn... ?
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Mar 7 Mar 2017 - 15:57
Y a de l’agitation sur ton territoire, ce soir, D. Des gens vont et viennent. Transactions. Achat. Vente. Complots. Infiltration. Tu le sais. Car c’est ton boulot de tout savoir, ou presque. T’es connue pour être le fantôme du quartier, la petite souris, l’informatrice. On te respecte pour ça. Et on te respecte également car on sait que tu ne seras jamais la dernière pour te mouiller. Tu es protectrice et délatrice, pour peu que l’argent soit au rendez-vous. Tu peux être l’aube comme le crépuscule.

Capuche enfoncée sur la tête, tu déambules dans les rues, les ruelles. Tu te fonds dans la pénombre, discrète comme une petite souris. Agile comme un félin. Tu serpentes entre les poubelles, entre les gens quand il y en a. Et ce, sans jamais perdre ta proie. Tu files quelqu’un qui semble vouloir filer quelqu’un d’autre. Filatureception. Une silhouette fine, gracieuse, démarche souple… tu la reconnaitrais entre mille. Tu sais de qui il s’agit. Mais tu t’en moques. Le passé est passé. Tu as tout laissé derrière toi. Aujourd’hui, elle n’est qu’une personne qui n’a pas sa place dans ton quartier et qui semble avoir pris en chasse un des tiens. La question est « lequel ? » et « pourquoi ? ». La première, tu auras bien ta réponse. La seconde… il faudra que tu creuses.

Elle s’arrête. Elle observe, elle espionne. Tout comme toi. Vous ne partagez pas le même sang pour rien. Cette pensée t’effleure, tu la repousses. Elle n’est plus rien pour toi. Tu as enfermé ton cœur, et cette femme n’y changera rien. Tu es seule au monde. Voilà ta réalité.

Remise en mouvement. Tu suis le pas. C’est lui qui l’intéresse, semble-t-il. Alors tu changes de chemin, tu accélères l’allure. Tu as rendez-vous avec lui. Et il n’aime pas les retardataires. Toi-même, tu détestes arriver après tes clients. Alors tu accélères encore l’allure pour atterrir à votre lieu de rencontre habituel. Première arrivée. Tu te hisses sur une des bennes et t’y assoies. Tu bats des jambes, presque gaiement. Les choses s’annoncent amusantes ce soir. Amusantes. Car tu préfères taire cette peur sourde qui gronde au plus profond de toi. Tu te convaincs que tu n’as peur de rien ni personne. Qu’elle n’est plus rien. Que cela ne te fera rien de parler avec elle. Que tu resteras insensible, comme à tout le reste. Oui. Tu tentes de t’en convaincre. Et tu arrives même à te convaincre que tu t’en es réellement convaincue. Cela fait décidément trop de fois le mot convaincre… tu es tordue, D.

« Tu as des infos pour moi D. ? »

Tu lui souris, avant de taper tes talons contre la benne, doucement. Tu ressembles à une enfant, lorsque tu es d’humeur joueuse. Et lui qui te tends une sucette. L., il te dit qu’il se sent un peu comme ton grand frère. Mais toi, tu sais qu’c’est pas l’cas pour toi. Cela dit, t’aimes bien les sucettes. Et l’argent. Parce qu’il paye, bien évidement. Alors tu hoches doucement la tête, ricanes doucement. Étrangement, si tout en toi rappelle un bambin, ton rire, lui, fait froid dans le dos…

« T’es une cible ambulante. T’as un contrat sur la gueule. Et t’es suivi depuis bien dix minutes, L. Félicitations pour ta discrétion. »

Il te fixe, surpris, avant de froncer les sourcils et serrer les poings. Il pense que tu te fous de sa gueule. Tu lui offres un coup de menton vers la femme qui te fixe, qui vient de sortir de la pénombre.

« Dawn… ? »

Tu pousses Law pour qu’il se casse. Il ne l’intéresse plus. C’est toi qu’elle « veut », là, tout de suite. Enfin. Toi. Non. C’est sa petite sœur qu’elle appelle. Cette gamine pleurnicharde, bonne qu’à être victimisée. Cette gamine que tu as été et que tu méprises plus que tout. Une gamine faible. Loin de ce que tu es devenue. Tu secoues doucement la tête, de droite à gauche, faisant ainsi remuer tes couettes. Tu sautes au bas de la poubelle, te réceptionne souplement sur tes pieds. Tu sens le souffle d’Ouroboros contre ta joue, prêt à t’aider si besoin est. Vous êtes acides l’un envers l’autre, mais vous vous aimez bien plus que vous ne l’avouez, tous deux…

« Désolée m’dame. Y a plus de Dawn d’puis un p’tit moment. »

Tu lâches, avant de rire doucement. Tu enfonces ta main restante dans la poche de ton sweat minable, crasseux, troué de toutes parts… Et tu restes plantée là, droite, fière, devant cette femme qui fut, un jour, ta sœur tant aimée… Et puis, tes yeux descendent lentement, viennent se poser sur un arrondi qui n’était pas là, il y a quelques années. Léger. Peu marqué. Mais tu la connais par cœur, cette femme. Ou l’as-tu connue par cœur. Et ça… tu secoues la tête, convaincue d’imaginer des choses. Et quand bien même, cela ne te regarde pas.

« Ça fait une paye, hein… ? Avoue que tu ne pensais pas me retrouver en de telles conditions… Voire même ne plus me retrouver du tout. »

Tu susurres, lentement, avant de saisir le bâtonnet dans ta poche, déballer ta sucette et la glisser entre tes lèvres.

« Surprise. J’suis en vie. »

Tu lâches froidement, un sourire étrange fiché sur tes traits. Tu es froide. Tu es distante. Tu es… tu n’es pas Dawn. Tu es Dusk.

« 'Fin pas exactement. Ta sœur n’est plus. J’suis pas Dawn. »

Tu relèves les yeux vers elle, vient figer ton regard dans le sien.

« Dusk. Enchantée. »

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Jeu 9 Mar 2017 - 1:11


« Désolée m’dame. Y a plus de Dawn d’puis un p’tit moment. »

Si le premier choc avait été énorme, le second, lui, fut cataclysmique. Dans un premier temps, elle ne reconnu pas la jeune femme devant elle. L'air sur son visage ne ressemblait en rien à celui qui régnait sur le minois de sa petite sœur quelques années plus tôt. Elle riait. Elle riait vraiment, ses traits étaient détendus, épargnés de l'ébranlement qu'éprouvait Lylaï en cet instant. Elle se montrait flagorneuse, détendue, comme si cette situation était la plus naturelle du monde, comme si elle s'y était préparée. Elle était devenue maigre, ses vêtements portaient les marques de l'usure, de la saleté, de la pauvreté. L'inquiétude monta, violente en son sein, lorsqu'elle discerna le tissus flottant à la place de son bras. Lylaï n'osa pas déduire ce que cela voulait dire, elle ne savait pas si elle avait envie de le savoir. Leurs regards se croisèrent, elles s'observèrent l'une l'autre avec attention. Qui était cette fille ? Elle ne la connaissait pas.

« Ça fait une paye, hein… ? Avoue que tu ne pensais pas me retrouver en de telles conditions… Voire même ne plus me retrouver du tout. »

Elle mangeait sa sucette, comme une sale gosse. C'était comme si elle voulait narguer le monde entier, elle ressemblait à une fillette contente de sa mauvaise blague. Se moquait-elle ? Comment pouvait-elle seulement avoir l'idée de se moquer de cette situation ? C'était beaucoup trop gros. Ce devait être une erreur.

« Surprise. J’suis en vie. »

Lylaï serra les dents, son corps réagissant instinctivement à la froideur du ton qu'avait employé cette personne en face d'elle. Elle se sentait tournée en ridicule, moquée, prise au cœur d'une farce qui avait trop duré pour être drôle. La blonde n'osait plus bouger, son regard de glace vrillé dans celui de celle qu'elle avait autrefois appelé sa sœur. C'était tellement douloureux. Elle avait de nombreuses fois espéré retrouver Dawn, elle avait rêvé de leurs retrouvailles, imaginé ce qu'elle pourrait lui dire, les raisons de sa disparition, la façon dont elle s'occuperait d'elle de nouveau. Rien ne se déroulait dans l'ordre, rien n'était normal. Elle était plantée là, incapable de dire un mot, indisposée à lui répondre, stupide et muette. Cimentée sur place, engluée dans sa désillusion.

« 'Fin pas exactement. Ta sœur n’est plus. J’suis pas Dawn. Dusk. Enchantée. »

Et le silence. Vibrant, épais dans la nuit noire. Leurs yeux ne se quittent pas durant plusieurs secondes, le visage de Lylaï s'est durcit. Elle essaye de comprendre pourquoi, comment tout cela a pu se dérouler de cette façon.

« Tu... te moques de moi ?»

Sa voix n'était qu'un murmure. Mais elle ne trembla pas, ne cilla pas. Elle avait toujours eu cette fierté, celle d'étouffer, de ne pas montrer.

« Dis moi que tu te moques de moi, Dawn. Peu m'importe qui tu es maintenant, qui tu es devenue. Tu restes Dawn. Dis moi que c'est une mauvaise plaisanterie. »

Elle marqua un temps, faisant un pas vers la jeune femme pour l'observer de plus près. Il lui était impossible de se séparer de cet intense soulagement, de cette joie brulante mais corrosive de voir cette idiote en vie. Un bonheur bien amer, cependant. Un bonheur non partagé qui fit monter en elle une colère acide. Le bonheur n'était pas fait pour elle, de toute façon.

« T'approches pas de Dusk. »

Lylaï darda son regard sur le crane rasé, un rictus dédaigneux s'emparant de ses lèvres.

« Toi, ta gueule. Je t'ai pas sonné, tu sais pas qui je suis et inversement. Te permets pas de me parler ou de me dire ce que je dois faire. Quant à toi, Dawn... ne crois pas t'en tirer si facilement.»

Elle s'avança de plus belle, ignorant le mouvement menaçant du type. En réflexe, ses bras vinrent se croiser sur son ventre.

« « Tu ne te rappelles pas de qui tu es ? Très bien. Je vais te rafraichir la mémoire. Tu es la soeur de Tobias, ma soeur, la fille d'Hailley et Martin Murphy. Tu te souviens ? Ca ne te dit rien ? Dusk ne doit pas s'en souvenir, elle. Parce que c'est beaucoup plus facile de ne pas se rappeler, n'est-ce pas, Dusk ?»

Elle retint la violente impulsion qui parcourut ses membres lorsqu'elle vit l'autre se rapprocher davantage. Son corps se tendit à la manière d'un chat, prêt à la détente. Mais l'homme se stoppa, le geste tout à coup prudent. Elle n'était pas bien épaisse, pas impressionnante en soi, mais elle dégagea tout à coup un tel relent de menace qu'il dut le sentir de là où il était. Lorsqu'il s'immobilisa, elle plongea son regard dans celui de sa soeur.

« Tu te souviens de ton grand frère, Dawn ? Ton grand frère, celui qui est mort, celui que tu sembles avoir occulté de ta mémoire ? Tu te souviens de Tobias ? Celui qui mérite qu'on se souvienne de lui, celui qui est parti en faisant quelque chose de juste, mais au moins, le sais tu Dawn ? As tu seulement cherché à savoir ce qui est arrivé à ta famille, à ton sang ? Ou bien est-ce que tu t'en fous ? Ca ne te fait rien, même pas un petit quelque chose ? »

Sa voix montait en intensité, résonnait avec froideur et implacabilité dans la ruelle. Elle était incapable de maitriser la colère violente qui jaillissait d'elle, elle se forçait à retenir les larmes au coin de ses yeux. Elle avait tant espéré, tant voulu la retrouver... Tout cela était bien trop dur pour qu'elle puisse le supporter sans ciller. Une larme dévala sa joue, rapide et furtive. Foutue grossesse et ses émotions exacerbées...

« Et de ta soeur ? Je ne t'évoque plus rien visiblement. Tu sais quoi... Je t'ai cherchée pendant deux ans. Je t'ai vraiment cherchée Dawn. T'as... Et toi tu... Tu te marres ? Vraiment, c'est ce que ça te fait ?»
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Jeu 9 Mar 2017 - 2:27
Et le silence. Vibrant, épais dans la nuit noire. Tu la fixes, un sourire étrange sur les lèvres, de ceux que l’on pourrait qualifier de malsain. Ta sucette en bouche, ta main dans ta poche, tu es là, plantée devant elle. Et tu ne bouges plus. Tu es calme. Étrangement calme. Beaucoup trop calme. Et tu l’observes, encore et encore, sans te lasser. Tu te déçois, cela dit, un peu, tout de même. Tu espérais sincèrement être capable de la traiter comme une inconnue. Mais, tout comme tu as été incapable de ne pas faire de recherches sur elles, de ne pas grappiller d’informations sur elle, durant ces dernières années, tu es incapable de faire comme si tu ne la connaissais pas. Malgré tout ce que tu peux dire, tout ce que tu veux prétendre, vous partagez le même sang. Dawn ou Dusk, ce fait ne change pas. Et au fond de toi, il y a cette petite voix que tu veux absolument faire taire. Celle qui te hurle tout bas ta culpabilité de l’avoir abandonné au moment où elle avait le plus besoin de toi. La culpabilité de ne pas lui avoir donné signe de vie, ces dernières années. Cette même culpabilité qui te ronges silencieusement, actuellement, alors que tu la traites comme la dernière des merdes.

Tu évites de baisser les yeux sur ce ventre suspect. Tu continues de jouer ton rôle ; ce rôle que tu as endossé lorsque tu as causé la mort de ton frère, ainsi que celle de tes amis philias. Ce rôle de jeune femme et non plus de gamine. Ce rôle de fille implacable, plus forte qu’elle n’y paraît. Cette petite souris qui se sort de toutes situations, qui ne peut être blessée par quoi que ce soit, qui est même inateignable. Mais pourtant, ses mots t’atteignent. Tu tends le bras vers L. lorsqu’il fait mine de vouloir s’interposer. Et d’un geste de tête, tu lui ordonnes -et non pas demandes- de se casser. Maintenant. Ton regard lui indique que tu es implacable. Pourtant il ne bouge pas. Et cela te tire un soupire. T’es assez grande pour t’en sortir seule, putain…

« Tu ne te rappelles pas de qui tu es ? Très bien. Je vais te rafraichir la mémoire. Tu es la soeur de Tobias, ma soeur, la fille d'Hailley et Martin Murphy. Tu te souviens ? Ca ne te dit rien ? Dusk ne doit pas s'en souvenir, elle. Parce que c'est beaucoup plus facile de ne pas se rappeler, n'est-ce pas, Dusk ?»

Tes doigts viennent se refermer sur le bâton de ta sucette. Tu tentes de garder contenance. Pourtant, tes dents se referment sur le bonbon, l’éclatent d’une pression de mâchoire. L. te connais. Lylaï aussi, peut-être. Un peu, non ? Tu ne croques jamais tes sucettes. Quand tu le fais, c’est que quelque chose ne va pas. En l’occurrence, c’est que Lylaï s’amuse à vouloir toucher une corde sensible. Ton regard se fait d’acier. Bien plus acéré que les serres de l’anima de ta sœur.

« Tu te souviens de ton grand frère, Dawn ? Ton grand frère, celui qui est mort, celui que tu sembles avoir occulté de ta mémoire ? Tu te souviens de Tobias ? Celui qui mérite qu'on se souvienne de lui, celui qui est parti en faisant quelque chose de juste, mais au moins, le sais tu Dawn ? As tu seulement cherché à savoir ce qui est arrivé à ta famille, à ton sang ? Ou bien est-ce que tu t'en fous ? Ca ne te fait rien, même pas un petit quelque chose ? »

Nouveau coup de dents dans ce qu’il reste de morceaux de ta sucette. Trop, c’est trop.

« Ta gueule. »

Tu lâches, alors qu’elle semble pourtant arriver à la fin de sa tirade. Ton être entier s’est raidi. Tu n’es plus paisible, tu n’es plus décontractée. Tu sembles, au contraire, prête à bondir. Prête à t’enfuir en courant, comme tu sais si bien le faire. Mais L. est toujours là. Et tu ne comptes pas l’abandonner alors qu’il est visiblement le contrat de ton Eros de sœur. Tu finis ton bonbon, avant de déglutir. Tu as envie de cracher par terre, aux pieds de Lylaï. Et tu ne sais même pas ce qui te retiens.

« De quel droit tu parles de choses dont t’ignores tout, toi, hein ? Tu te prends pour qui, au juste ? Franchement, tu me dégoûtes à te la jouer victime de l’histoire, là, maintenant tout de suite. Oh. Pauvre Lylaï. Ses parents sont morts. Son frère est mort. Et voilà qu’il semblerait que sa frangine ait décidé de la renier. J’suis désolée Lylaï. Ta vie a p’t’être pas été facile, j’le concède. Ca a p’t’être pas été évident de perdre le p’tit bijou qu’t’adorais protéger. Mais j’suis une plus une gosse. Plus maintenant. J’ai fait mes choix. Et mes choix, ça a été d’me casser. Et pourquoi ? Pour pas t’pourrir plus que j’ai pu l’faire pendant des années. J’suis plus un boulet. Tu t’rends compte ? »

Un nouveau rire, amer. L. s’approche de toi. Il se cale derrière toi. Et toi, ça t’agace. Il te voit comme une gosse, lui aussi. Parce que t’es p’tite. Parce que t’es frêle. Parce que t’as la carrure parfaite de la mioche qu’il faut couver. D’un poussin. Mais t’en es pas un, Dusk. T’en es plus un. Et tu comptes pas le redevenir.

« Tu sais rien d’c’qui s’est passé, ce jour là. T’sais pas comment Tobias est mort. Oh. J’suppose qu’on a dû foutre ça sur l’dos des Philias qu’étaient là. Après tout, y avait pas qu’son cadavre qui trainait là… »

La scène te revient en mémoire. Toi qui fais, chaque jour, tout ton possible pour garder tes démons éloignés, les voilà qui t’assaillent d’un coup.

« C’EST MOI QUI L’AI TUÉ, PUTAIN LYLAÏ ! »

Ton ton a légèrement changé. En plus d’être bien plus fort, car tu cris, il semble plus… meurtri. Moins froid. Moins désespéré. Plus proche de la façon dont parlait la jeune Dawn.

« Si j’avais pas été avec eux, si j’avais pas trainé avec mes semblables, Tobias serait jamais intervenu. J’ai tenté de l’en empêcher. J’ai tenté de le faire arrêter, Lylaï ! Mais il est mort. IL EST MORT, TU M’ENTENDS ?! ET C’EST DE MA FAUTE !! »

Tu sens les bras de L. se refermer autour de toi. Et alors, tu lèves les deux bras -ou plutôt, un et ce qu’il te reste de l’autre- pour te dégager de sa prise. Tu lui offres un coup de poing dans l’estomac, suivit d’une balayette.

« ME TOUCHE PAS ! »

Tu exploses. Tu ne supportes pas qu’on te touche. Tu ne le supportes plus… Ton regard se repose sur ta sœur, plus froid que jamais.

« T’sais pourquoi j’me suis cassée ? Parce que j’avais peur de t’regarder en face, Lylaï. Parce que non seulement j’ai tué ton ainé, mais parce qu’en plus, j’suis une putain d’hybride. T’sais, une de ceux que vous adoriez traiter de moins que rien. De fléau de la société. Ceux qui servent de bouc émissaires à Maxwell et son putain de gouvernement. J’me suis cassée parce que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. J’me suis cassée pour plus être un poids. Mais surtout parce que de là où j’suis, j’peux lutter contre ce gouvernement de merde. Et t’sais quoi ? Si t’es pas heureuse avec tout ça, j’m’en contrefous. J’m’excuserais pas. Et j’reviendrais pas. »

Et ton cœur saigne. Ton cœur pleure. Ton cœur meurt. Tu viens de finir de l’achever…
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Ven 10 Mar 2017 - 21:06

La déferlante fut violente. C'était réussi, Lylaï avait suffisamment bousculé sa petite sœur pour qu'elle réagisse de façon plus concrète.  Elle lui cracha presque au visage tant sa verve fut brutale, les mots se pressant dans ses lèvres, incisifs, colériques, douloureux. La jeune Dawn discrète et effacée était bien loin à présent, elle avait tant changé. Elle semblait avoir morflé, vraiment, beaucoup. Lylaï écouta sa première diatribe jusqu'au bout, sans ciller, le corps toujours gonflé de tensions contraires. Oui. Elle était bien loin, Dawn...

« Tu sais rien d’c’qui s’est passé, ce jour là. T’sais pas comment Tobias est mort. Oh. J’suppose qu’on a dû foutre ça sur l’dos des Philias qu’étaient là. Après tout, y avait pas qu’son cadavre qui trainait là… »

La jeune femme redressa vivement la tête vers Dawn, plongeant son regard dans le sien. Son cœur s'emballa dans sa poitrine, si fort que le sang lui monta aux tempes. Alors, comme ça, Dawn avait bien été présente lors de la mort de son grand frère ?

« C’EST MOI QUI L’AI TUÉ, PUTAIN LYLAÏ ! »

Uppercut. Un pas en arrière. Deux pas en arrière. Et elle titube, ne sait plus où mettre ses pieds, ne sait plus quoi faire de son corps ou de ses pensées. C'est trop dur tout à coup, trop lourd. L'incompréhension déferla dans son être tout entier, elle ne sut pas démêler l'afflux de questions qui traversa son esprit à une vitesse inimaginable.

« Si j’avais pas été avec eux, si j’avais pas trainé avec mes semblables, Tobias serait jamais intervenu. J’ai tenté de l’en empêcher. J’ai tenté de le faire arrêter, Lylaï ! Mais il est mort. IL EST MORT, TU M’ENTENDS ?! ET C’EST DE MA FAUTE !! »

Si elle avait voulu parler, elle n'aurait pas pu. Elle ne put exactement nommer la sensation qui naquit en elle à cet instant. Etait-ce du soulagement ? Celui de savoir enfin ce qu'il était arrivé à Tobias, celui de comprendre. Etait-ce du dégout ? Dawn n'avait pas pu tuer Tobias. Ce n'était pas possible. Etait-ce de la tristesse, était-ce la douleur de ces blessures jamais vraiment refermées, béantes à présent ? Et l'autre type toucha sa sœur, enlaça sa sœur, comme s'il en avait le droit, comme s'il était légitime. Les poings de la blonde se serrèrent impulsivement, elle n'aimait pas ce type au premier abord. Mais Dusk, contrairement à Dawn, savait se défendre. L'homme fut par terre en un clin d'œil, soufflé par une balayette bien placée.  Elle avait hurlé dans la ruelle, explosant, son visage se déformant sous le coup des émotions qui la malmenaient. Mais ce fut le regard qu'elle lui lança qui glaça son sang. Hostile, inamical, sauvage même. Et elle parla, douloureusement, longuement. Une torture aux oreilles de Lylaï, une épreuve à laquelle elle ne s'était pas préparée.
Elle n'avait jamais pu mesurer la souffrance de Dawn, elle n'avait jamais vu. Etait-elle si malheureuse, à l'époque ? Comment avait-elle fait pour ne pas le voir, pour ne pas le sentir ? Elle qui s'était toujours promit d'être présente, d'être là et... Elle n'avait rien vu. Qu'est-ce qu'elle s'était imaginé ?

« ... Dawn...»

Lylaï se reprit, raclant sa gorge nouée, inspirant profondément pour contenir le flot d'émotions qui se bousculait à l'intérieur d'elle. Elle fit un pas vers elle, se rapprochant tout en maintenant une bonne distance de sécurité. La brune semblait proche de la crise de nerfs, plus vulnérable que jamais. Mais elle avait demandé à ne pas être traitée comme une enfant, comme quelque chose de fragile. Soit.

« Tu ne peux pas... Comment est-ce que tu as fais, putain, Dawn ! Comment est-ce que tu as pu imaginer tout ça, comment est-ce que tu as pu prendre ces décisions toute seule bon sang ! Tobias est mort, mais moi j'étais là, je te...»

La jeune femme inspira, expira, calma ses nerfs en désordre. Elle ne pouvait pas faire n'importe quoi, dire n'importe quoi. La jeune femme crachait son venin et pouvait disparaître d'une seconde à l'autre si elle ne se calmait pas. Mais Dawn pouvait dire ce qu'elle voulait, c'en était fini de l'absence. Elle l'avait retrouvée et aujourd'hui ces années de silence allaient prendre fin. Elle n'avait pas besoin de s'excuser, elle pouvait vivre comme elle voulait, mais elle ne disparaîtrait pas encore, pas une nouvelle fois.

« Dawn. Tu crois vraiment qu'on t'aurait reniée ? Tu crois vraiment ça ? Hybride ? Quoi, c'est pour ça ? Comme si des poils ou des plumes allaient changer qui tu es. Ça a aucune espèce d'importance, je m'en contre fous ! Je me contre fous de tes excuses d'ailleurs, et de tes explications aussi ! Tu n'avais pas le droit de faire ce que tu as fais, pas comme ça, pas sans rien dire ! T'as été lâche. J'aurais jamais pensé que tu pourrais avoir peur de me regarder en face. Mais tu auras beau dire ce que tu veux, je te lâcherais pas, et t'auras peut-être envie de me frapper, t'auras envie de m'insulter, mais je m'en balance. T'es ma sœur et c'est pas prêt de changer, on est liées jusqu'à la tombe. J'ai jamais rien exigé de toi. J'ai jamais rien fait qui mérite ton comportement, et crois moi que si Tobias pouvait t'entendre il se retournerait dans sa tombe.»

Lylaï écarta les pans de sa veste, toute cette discussion lui avait donné chaud. Son regard fureta un instant, comme fatigué, las d'avoir à parler autant. Elle aurait voulu serrer ce corps contre elle, sentir sa présence, être sûre de l'avoir près d'elle. Mais ce n'était pas possible, plus maintenant.

« Je te forcerais jamais à quoi que ce soit, mais... J'ai besoin que tu me dises, Dawn, ce qu'il s'est passé ce soir là. Parce que si malgré tous mes efforts tu ne veux plus de moi, j'aurais au moins obtenu ça. La vérité. Comme ça je pourrais peut-être enfin avancer... Mais... J'ai tant attendu un signe de toi. Je t'ai tellement cherchée. »
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