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| | Dim 2 Avr 2017 - 21:21
Lylaï jura entre ses dents alors qu'elle dévalait les marches métalliques de l'escalier de service. En temps normal, elle aurait simplement choisi la descente rapide, un saut propre et périlleux d'obstacle en obstacle pour arriver au sol plus rapidement. Mais c'était à présent tout bonnement impossible, elle ne pouvait prendre le risque de tomber, d'autant que ses mouvement étaient diminués par la rondeur de son ventre. Ses pas légers raisonnaient le long de la structure d'acier, agiles et rapides, tandis qu'elle atteignait presque le sol. L'homme qu'elle poursuivait avait sauté depuis longtemps et disparaissait presque dans la ruelle attenante, il lui faudrait accélérer pour espérer le rattraper avant qu'il ne s'évanouisse dans le labyrinthe des rues du Bronx. Les dents serrées, la jeune femme se propulsa vers l'avant pour sauter les dernières marches et, sans attendre, se redressa et fonça droit sur la silhouette. Les pans de son long manteau claquèrent derrière elle alors qu'elle accéléra davantage. Il n'était pas dans ses habitudes de mettre ce genre de vêtement, cependant elle avait récemment prit l'habitude de s'habiller plus large. Elle n'avait pas envie d'être traitée comme une petite chose fragile, et si il y avait bien un effet que produisait son ventre de femme enceinte, c'était l'excès soudain de considération à son égard. Il n'était pas rare qu'une grand mère touche son ventre en pleine rue, un air plein de tendresse dans le regard. Ou que l'on lui tienne la porte, qu'un homme lui cède sa place dans le métro. C'était gentil, mais non merci. Elle se débrouillait toute seule. La seule solution qu'elle avait trouvé était les sweats, les vêtements larges. Il faisait encore frais, c'était supportable et de cette façon on la laissait plus ou moins tranquille. Elle gérait très bien toute seule. Continuer ses missions en tant qu'Eros était une bonne façon de le prouver. Elle ignorait la petite voix dans sa tête qui lui disait que c'était stupide et fonçait sur les contrats, lorsqu'ils ne semblaient pas trop dangereux. Elle avait débusqué l'homme sur le toit de l'immeuble qu'elle venait de dévaler. Cela faisait un moment qu'elle le pistait, c'était un pourri qui organisait des combats d'arène de moindre envergure. Il se faisait nommer B.Kill, Beast Killer. C'était ridicule. Il lui tardait de le mettre au sol pour le livrer aux autorités. Le souffle court, la jeune femme ne faiblit pas malgré la douleur grandissante dans ses jambes. La chance pointa enfin le bout de son nez lorsqu'elle vit l'homme bifurquer vers un cul de sac. Il jura à gorge déployée devant le grand mur devant lui, cherchant pitoyablement à grimper contre le béton. Lylaï, le pas décidé, se rapprocha de lui et attrapa fermement la ceinture de l'homme. Elle tira de toute ses forces, le projetant vers l'arrière. Il atterrit sur ses fesses, surpris par la force de la jeune femme. « Arrête de bouger, ce sera plus simple. » Grogna-t-elle entre ses dents. « Saloperie d'Eros, j'ai pas l'intention de me laisser faire. Pauvre fille ! » Il se redressa d'un coup sec et se prépara à l'attaquer, levant ses poings devant son visage. Le corps de Lylaï se hérissa alors qu'elle fléchissait les genoux, prête à lui rendre ses coups. Il bondit sur elle, ses doigts serrés projetés droit sur sa mâchoire. La jeune femme se baissa, évitant le coup in-extremis puis faucha ses jambes avec agilité. L'homme tituba, se rattrapant bruyamment sur le couvercle de la poubelle à sa droite. Il fonça droit sur elle sans lui laisser aucun répit et, rapide, attrapa le bras de la jeune femme pour la jeter contre le mur. Lylaï se réceptionna difficilement, son dos heurtant violemment la surface dure derrière elle. Il en profita pour lui asséner un violent coup dans la mâchoire. Il vint la surplomber, le souffle court. « Tu fais moins la maligne ? Laisse moi partir, j'voudrais pas tuer une nana. » L'éclair d'agacement qui passa dans les prunelles de Lylaï fut bref, elle eut un claquement de langue exaspéré puis, sans attendre, lui asséna un violent coup de coude en plein dans le plexus solaire. Il recula, le souffle coupé. La jeune femme toucha du bout des doigts le coin de sa bouche, constatant le sang qui marquait sa peau. Elle avait du se mordre lorsqu'il l'avait frappée, d'où le saignement. Son bref instant de répit fut interrompu par un cliquetis métallique. Lylaï releva brusquement la tête, constatant le revolver qu'avait sortit le Dué. Il venait de défaire la sécurité. « T'aurais pas du être là ce soir, franchement... Ça me désole de devoir faire ça. » Lylaï se redressa, un rictus parcourant ses lèvres. Les pans de son manteaux s'écartèrent sans qu'elle s'en rende compte, l'homme eut un mouvement de recul lorsqu'il découvrit son ventre rond. L'arme qu'il brandissait fut agitée d'un tremblement d'hésitation. Elle avança vers lui, la démarche calme. Les deux bras tendus devant lui, l'homme hésita, ses prunelles remplies d'un doute violent qui le fit reculer d'un pas. Lylaï, un peu sonnée, s'arrêta à quelques mètres et prit appui sur la poubelle à côté d'elle. Il fallait qu'elle agisse vite. L'arme à feu ne lui faisait pas peur, elle avait de nombreuses fois eut affaire à ce genre de situation. Son pouvoir était particulièrement pratique dans ce genre de cas, elle n'avait pas grand chose à craindre. Mais elle ne pouvait pas s'accorder le temps de la réflexion. Une balle bien placée la mettrait hors service.
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| | Mer 5 Avr 2017 - 2:26 La nuit était tombée sur la ville depuis plusieurs heures déjà, la Lune Rouge surplombant le territoire et les créatures qui étaient devenues siennes. Dans le quartier du Bronx, le calme était plus ou moins installé hormis aux alentours des bars ayant pour habitude de fermer à l’aube, accueillant chaque nuit les raclures du quartier. C’est dans l’un d’eux que Fuyuki travaillait cette nuit-là comme barman. Petit boulot forcé dans l'antre de ceux qu'il détestait plus que tout. Mais c'est ce travail qui lui permettrait d’arrondir cette fin de mois difficile, comme elles l'étaient bien trop souvent ces temps-ci. Ce bar était le moins miteux du coin, il faut dire. La musique était sympa, les gens pas trop compliqués à gérer, en dehors de quelques altercations entre Eros et Dués, voir même entre simplement entre Dués. Pas vraiment le genre de chose qui allait le pousser à s'interposer en tout cas. Dans un cas comme dans l'autre, les Dués ne volaient pas les raclés dont ils écopaient à l'inverse des Philias pour qui le jeune homme avait l'habitude d'encaisser des bastons plus ou moins victorieuses. jamais il ne pourrait cautionner les agressions et les rejets que subissaient ceux de cette caste dont le seul crime était d’être différent. Différent… Pourtant, toute la population l’était devenu finalement. Certes, les hybrides avaient plus de difficulté à le dissimuler, mais ça n’était pas une raison suffisante pour que le reste de la population s’en prenne à eux. Pas aux yeux de Fuyuki en tout cas.
Mais cette nuit là, ce n’était pas l’une de ces bagarres communes que le jeune homme allait devoir gérer, bien qu’au départ, il ne s’attendait à rien d’autre que cela.
Le bar était à moitié vide et plutôt calme, la musique pas plus forte qu’à l’accoutumer et seul deux ou trois personnes continuaient à passer des commandes au bar. Fuyu’ était resté derrière le zinc ces dernières heures, servant des shoots et des pintes et écoutant les plaintes et les malheurs des piliers habituels qui, malgré la marque de truand que leurs nuques arborés, n'avaient pas l'air d'être véritablement des raclures. C’est d’ailleurs alors qu’il écoutait la palpitante épopée de l’un d’eux que des bruits venant de l’arrière du bar l’interpellèrent. Il n’y prêta pas plus attention que ça à vrai dire. Il était payé pour s’occuper de ceux qui foutaient la merde à l’intérieur et non dehors. Mais ça, c’était sans compter sur son collègue et, accessoirement, patron qui lui demanda d’aller voir ce qui se passait, lui conseillant de prendre la batte de baseball qu’il gardait sous le comptoir.
« Sait-on jamais. » avait-il trouvé bon d’ajouter en lui tendant l’arme de fortune. Fuyuki s’exécuta, pensant qu’après tout, il n’aurait qu’à hausser le ton et user de sa voix grave en menaçant de faire un home run avec leur crâne pour les faire fuir.
Et une première erreur.
Lorsqu’il poussa la porte et mit un pied dehors, ce n’est pas une bagarre d’ivrogne qu’il surprit, mais un homme pointant son arme sur une jeune femme et enceinte de surcroît. Il n’en fallait pas plus que le sang de l’Américain ne fasse qu’un tour et le pousse à courir en direction de l’individu, hurlant un simple « HEY ! » visant à suspendre l’action de l’homme qui pouvait presser la détente à tout moment. Et effectivement, l’homme détourna son attention de la jeune femme. Ce que Fuyuki n’avait pourtant pas prévu, c’était que la distance qui le séparait de l’homme laissait assez de temps à celui-ci pour se tourner et pointer l’arme vers le grand imbécile qu’il était.
Et une deuxième erreur.
Il était presque à porté de batte lorsque la détonation résonna dans la ruelle. Pourtant, Fuyu’ termina son approche et le morceau de bois s’écrasa contre la tempe de l’homme, ne lui laissant pas l’opportunité de presser une nouvelle fois la détente alors qu’il s’écroulait inanimé sur le bitume.
Son coeur tambourinait encore à cent à l’heure dans sa poitrine lorsqu’il vérifiait d’un rapide coup d’oeil que le danger était écarté puis son regard, toujours inquiet, se posa sur Lylaï.
« Est-ce que ça va ? T’as rien ? » C’est à ce moment qu’il remarqua la marque sur la nuque de la jeune femme. Une Eros. Une Eros enceinte. Il ne fallait pas bien longtemps pour qu’il fasse le rapprochement.
« Me dis pas que tu pourchassais ce connard dans ton état ? T’es cinglé ou juste stupide ? » Sa voix rocailleuse précéda une grimace de douleur qu’il ne pouvait retenir. Un tressaillement l’accentuant, laissant échapper la batte des mains de Fuyuki. C’est cette même main qu’il porta à son flanc gauche avant de l’observer. Du sang. Beaucoup de sang.
« Et merde ! Un t-shirt neuf putain… » dit-il avant de ployer un genou, luttant pour ne pas s’effondrer entièrement à son tour. | | | | |
| | Jeu 6 Avr 2017 - 0:56
Tout se passa très vite. La porte à l'arrière du bâtiment au fond de la ruelle s'ouvrit à la volée, dévoilant la silhouette d'un homme armé d'une batte, homme qui était somme toute plutôt gigantesque. Il dépassait de beaucoup la petite stature de Lylaï et mettait une bonne tête au Dué en face d'elle. C'était un brun dont les traits restaient dissimulés dans la pénombre, vêtu simplement. En le voyant apparaître ainsi, la blonde eut un mouvement de recul, craignant tout à coup qu'il ne soit un des acolytes de son adversaire. Mais elle eut vite fait de changer d'avis lorsqu'elle le vit prendre une posture d'attaque, sa batte fermement emprisonnée dans son poing aux articulations saillantes. Prise de court, Lylaï ouvrit de grand yeux. Qui était ce gars, au juste ? Sortit de nulle part, il se permettait d'intervenir dans un combat qui n'était pas le sien. Puis il se tenait ainsi, à découvert, devant l'arme du Dué qui avait braqué le canon sur lui. Son revolver était tout droit pointé vers le thorax de l'homme qui ne cessait d'avancer. C'était à la foi extrêmement brave et particulièrement stupide. La détonation qui raisonna dans la ruelle hérissa une violente chair de poule sur les bras de la jeune femme, elle sursauta malgré tout son self control. Le Dué avait tiré sans hésiter. A sa plus grand surprise, le brun ne broncha pas, elle perçut à peine la contraction de sa mâchoire en réaction à l'impact de la balle qui venait de percer son flanc. Il engagea la rotation de sa batte dans son poing et, basculant son corps vers l'arrière pour prendre de l'élan, vint écraser violemment le bois contre la tempe de sa cible. B. Kill s'écroula lamentablement sur le bitume, assommé sur le coup. Et elle restait plantée là, les yeux écarquillés, désarçonnée par ce qu'il venait de se dérouler sous ses yeux. « Est-ce que ça va ? T’as rien ? » Lylaï plissa les yeux lorsqu'elle vit le regard du brun virevolter sur sa silhouette, son ventre, sa marque d'Eros. Elle se sentit examinée et pire, jugée au premier coup d'œil. Un examen fort désagréable pour un homme sortit de nulle part qui venait, en un coup de batte, de ruiner la course poursuite qu'elle avait engagé depuis plusieurs heures. « Me dis pas que tu pourchassais ce connard dans ton état ? T’es cinglé ou juste stupide ? » Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour. Son visage se ferma instantanément et sa mâchoire se contracta violemment alors qu'elle tâchait de réprimer la cinglante répartie qui menaça de traverser ses lèvres. Elle n'aimait pas agir sous le coup des hormones, ce bébé lui jouait des tours et elle ne savait pas à quel degré le type en face d'elle pouvait être dangereux. Mieux valait se maîtriser. Son introspection dura à peine quelques secondes, le temps pour l'homme de s'effondrer à genoux, les mains pressées sur son flanc. « Et merde ! Un t-shirt neuf putain… » La douleur semblait avoir reprit ses droits et le visage du brun affichait une expression de souffrance aigue. Il sembla tout à coup bien moins menaçant, diminué par sa blessure. Ses actions résultaient probablement d'une pensée bienveillante au final, elle ne pouvait décemment pas récupérer le Dué et filer en le laissant dans la ruelle. La jeune femme poussa un grognement revêche puis marcha d'un pas leste et rapide jusqu'à lui. Elle rabattit les pans de son manteau sur son ventre, ne désirant pas s'exposer plus longtemps. Son esprit restait profondément concentré sur tous les gestes de l'inconnu, elle ne souhaitait pas se faire prendre de court. Un coup de poing dans la mâchoire était bien suffisant pour ce soir, pas besoin d'engager une nouvelle altercation. « Putain, j'en reviens pas ! Personne ne t'as demandé de jouer aux héros et de venir me sauver la mise. J'étais parfaitement capable de gérer! » Elle chassa la main de l'homme d'un mouvement sec, lui laissant ainsi le loisir d'observer sa blessure, puis s'accroupit pour arriver à la hauteur de la plaie. Ses gestes, implacables, ne semblaient pas capables d'accepter une quelconque protestation. « Je sais pas qui t'es mais si moi je suis cinglée ou stupide, toi t'es inconscient ou con de t'être foutu devant le canon de l'arme. Tu t'attendais à quoi, à ce qu'il te tape la bise ? Sérieux, putain... » Elle grommela quelques paroles supplémentaires alors que, d'une main délicate, elle soulevait le t-shirt baigné de sang pour examiner son côté. « Garde un œil sur l'autre taré derrière, qu'il se relève pas comme une fleur pour se barrer. T'as fais un truc tellement imprévisible que j'ai même pas eu le temps d'intercepter l'action. » Lylaï poussa un profond soupir. C'était vrai, elle aurait pu stopper la balle, si seulement elle avait eu le temps de rassembler ses esprits pour activer son pouvoir. Elle s'entrainait encore à le rendre instinctif, ce n'était pas chose facile. Son visage se ferma alors qu'elle examinait la blessure sanglante, elle toucha à peine sa peau, ses doigts de pianistes déjà tâchés par l'hémoglobine. C'était superficiel, beaucoup de sang pour pas grand chose.
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| | Jeu 6 Avr 2017 - 14:07 Alors que Fuyuki ne portait plus son attention que sur l’impact de balle qu’il venait d’encaisser quelques secondes plus tôt, les pas de la jeune femme pour qui il était intervenue résonnèrent dans la ruelle lorsqu’elle s’approchait de lui.
« Putain, j'en reviens pas ! Personne ne t'a demandé de jouer aux héros et de venir me sauver la mise. J'étais parfaitement capable de gérer! » Sa seule réponse à la remarque fut un léger ricanement, presque nerveux, entre deux gémissements de douleur. Sa blessure au flanc continuait de lui faire un mal de chien et il n’avait pas encore réussi à encaisser le choc.
« Je sais pas qui t'es, mais si moi je suis cinglée ou stupide, toi t'es inconscient ou con de t'être foutu devant le canon de l'arme. Tu t'attendais à quoi, à ce qu'il te tape la bise ? Sérieux, putain... » Il fallait bien que Fuyuki se rende à l’évidence cette fois. La demoiselle marquait un point. Il ne l'avouera évidemment pas face à elle, essayant malgré tout de garder un semblant de fierté, mais il avait été stupide et là, il le payait douloureusement. Et alors qu’il continuait de réfléchir silencieusement aux remarques qu’elle lui faisait, la jeune femme s’était suffisamment approchée de lui pour venir observer sa blessure. Lorsqu’elle souleva le t-shirt dont le tissu avait quelque peu collé à la blessure, une douleur plus aiguë parcourra son échine, et, alors qu’il serrait les dents, bien incapable de se concentrer une seconde de plus sur les instructions de la demoiselle, Fuyuki sentit son corps réagir étrangement à cette souffrance. L’épiderme de Fuyuki commença à s’épaissir et à se craqueler, d’abord autour de la plaie, la refermant presque entièrement, faisant drastiquement ralentir le saignement, puis la transformation se propagea sur la moitié de son abdomen, remontant ensuite sur son côté gauche, englobant son épaule et son bras, gonflant alors encore un peu plus la carrure de l’Américain pour les parties maintenant transformées en pierre. La mutation avait duré à peine quelques secondes, laissant finalement Fuyuki partiellement métamorphosé.
Un rire, beaucoup plus long, cette fois, échappa à l’homme qui semblait déjà mieux supporter sa blessure.
« C’est con quand même, ça se déclenche jamais quand ça devrait cette merde ! » Fuyu’ se redressa un peu, s’aidant de son bras de roche comme appui au sol, ayant visiblement un peu de difficulté à garder l’équilibre avec la demi-masse qu’il était devenu. Il observa une nouvelle fois le visage de Lylaï, remarquant la marque rougissante qui trahissait le coup qu’elle avait reçu.
« On doit avoir de la glace à l’intérieur pour mettre là-dessus. Y a pas grand monde à l’intérieur, tu risques pas de tomber sur d’autres raclures dans son genre. Mais là, si tu mets rien tout de suite, ça va méchamment enfler et… ‘fin... ça serait dommage quoi. » Fuyuki commença alors à bafouiller, se trouvant une nouvelle fois pris d’une gêne devant la représentante du sexe opposé qui lui faisait face. Il préféra finalement se détourner d’elle pour s'intéresser à son agresseur qui était toujours sonné après le coup reçu au crâne. Fuyuki observa autour d’eux et remarqua de vieux câbles électriques enroulés qui traînaient au milieu d’autre détritus. Sans même chercher à avoir l’approbation de l’Eros dont l’homme était visiblement la nouvelle propriété, il attrapa l’un des pieds de l’individu, l’amena jusqu’aux poubelles de la ruelle et il lui attacha les mains dans le dos, les reliant elles même à la benne à ordures.
« Bien… Maintenant qu’on est certain que celui-là n’ira pas plus loin… à nous deux. » Sur ces derniers mots, Fuyuki ramassa la batte sur le sol et se tourna vers Lylaï. Il la fixa longuement dans les yeux, resserrant ses doigts sur le bois de la batte puis… Il afficha un sourire de gamin fier de sa connerie avant de se diriger vers la porte du bar qui s’était refermé après sa sortie théâtrale. Il l’ouvrait et la maintenait ainsi, jetant un coup d’oeil vers la jeune femme.
« Après toi… euh… C’est quoi ton prénom d’ailleurs ? Moi s’est Fuyuki. »
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| | Ven 7 Avr 2017 - 3:34
Les doigts de la jeune femme se rétractèrent à mesure que le phénomène se produisit. La peau de l'homme se mit à se craqueler, s'épaissir. Elle changea totalement d'apparence, prenant soudainement l'aspect de la pierre. En réaction à ce phénomène, l'écoulement du sang se réduisit drastiquement et la blessure commença même à se refermer. Surprise, la jeune femme resta figée devant la plaie, le visage impassible mais l'esprit en turbine. Un rire grave s'échappa de la gorge du brun, faisant bouger son abdomen librement. Il ne semblait plus paralysé par la douleur. Lylaï lui jeta un coup d'œil suspicieux. « C’est con quand même, ça se déclenche jamais quand ça devrait cette merde ! » La jeune femme eut un haussement de sourcil. C'était sacrément pratique comme pouvoir, elle eut presque envie de toucher sa peau pour prendre connaissance de la matière. Toutes ces mutations dues à la lune rouge étaient une grande source de curiosité pour elle, elle n'avait pas eut l'occasion d'en connaître beaucoup en réalité. Elle se redressa, droite comme un i face au bon mètre quatre vingt dix de l'homme, puis recula d'un pas. La proximité, ce n'était pas trop son truc. Il avait l'air d'aller mieux et c'était tant mieux, pas besoin de rester si proche de lui plus longtemps. « On doit avoir de la glace à l’intérieur pour mettre là-dessus. Y a pas grand monde à l’intérieur, tu risques pas de tomber sur d’autres raclures dans son genre. Mais là, si tu mets rien tout de suite, ça va méchamment enfler et… ‘fin... ça serait dommage quoi. » La blonde porta ses doigts encore couvert du sang du brun jusqu'à sa joue et toucha de son index sa mâchoire douloureuse. Le Dué ne l'avait pas ratée en effet, elle aurait une vilaine marque le lendemain matin. Elle se demanda, pendant un instant, comment ce serait déroulé le reste de l'action si le brun n'était pas intervenu. Etait-elle allée trop loin ce soir ? Un coup de la sorte ne lui faisait pas peur d'ordinaire mais s'il avait été directement dirigé vers son ventre, il aurait pu être dangereux. La jeune femme eut un sourcillement, elle se retint de poser une main sur l'arrondi sous son manteau. Le concept de cette vie grandissant en elle lui était encore particulièrement étranger, bizarre. Elle ne savait pas comment s'y prendre et comment l'assumer. Lylaï reprit ses esprits lorsqu'elle entendit un bruit non loin. B. Kill venait d'être traîné derrière les poubelles, il se vit ligoté par des câbles électriques que venait de récupérer l'autre géant de pierre. Ce dernier semblait légèrement peiner avec l'équilibre de son corps, sans doute ses membres de pierre pesaient plus lourd que sa chair naturelle. Il penchait de guingois. « Bien… Maintenant qu’on est certain que celui-là n’ira pas plus loin… à nous deux. » Lylaï recula sensiblement lorsqu'elle le vit attraper sa batte, échouée sur le sol. Un courant électrique parcourut son échine lorsque les doigts de l'homme se resserrèrent sur le bois, il la fixa dans les yeux sans ciller. Cela dura à peine quelques secondes car l'instant d'après, il affichait un grand sourire mutin, un grand sourire d'abrutit même. « Après toi… euh… C’est quoi ton prénom d’ailleurs ? Moi c’est Fuyuki. » Lylaï fit claquer sa langue contre son palais, provoquant un son qui exprima clairement son agacement. Elle avait cru pendant l'espace d'un instant qu'il allait l'attaquer à son tour. En quoi était-ce amusant ? La blonde lui adressa un regard vaguement exaspéré. Il ne semblait pas lui laisser beaucoup le choix, en réalité. Il voulait qu'elle vienne avec lui et en même temps... Il lui fallait un peu de glace pour son visage, la douleur sourde se réveillait et elle n'avait pas envie d'avoir un hématome trop violent. Une poche de glace et elle repartait. « T'as cas m'appeler Murphy. » Déclara-t-elle en passant sans le regarder. La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine en entrant dans le bar, quelques regards se tournèrent vers eux. Ils débarquèrent directement dans la salle principale, près des toilettes et de l'arrière salle. Le patron, planqué derrière le bar, interrogea Fuyuki du regard mais celui ci sembla le rassurer d'un coup d'œil car il se désintéressa bien vite de la nouvelle arrivante. Il la mena en silence jusqu'à la réserve. C'était une salle remplie de cartons, de caisses de bière et de congélateurs. Lylaï s'assit en silence sur l'une des caisses pendant que l'autre allait se mettre en quête de glace. Le regard de la jeune femme fureta sur les environs. Elle n'était pas très rassurée par l'endroit, en réalité. Un bar dans le Bronx, peut-être rempli de Dués ou d'autres fréquentations peu recommandables. Elle ne savait même pas qui elle avait en face d'elle en vérité, qui pouvait bien être ce Fuyuki et ce qu'il lui voulait. On n'emmenait pas une femme dans l'arrière boutique sans rien demander en retour ? En même temps, son ventre devait probablement le dissuader de toute action. Enfin, il pouvait aussi être complètement tordu, à la réflexion. La blonde inspira lentement, rassemblant ses esprits pour pouvoir réagir au moindre danger. La porte de la réserve était toujours ouverte, elle n'était pas vraiment à l'écart du bar mais elle ne comptait pas se fier à qui que ce soit à l'extérieur. Lylaï fit glisser une main protectrice sur son abdomen, geste devenu habitude pour elle. Elle ne s'en rendit pas vraiment compte, ses doigts furetant sur le sous pull de cachemire noir qui habillait son buste. La poche de glace surgit sous ses yeux tout à coup, tendue par le brun. Lentement, elle s'en saisit puis l'appliqua sur sa joue. « Merci... » Souffla-t-elle en levant les yeux vers lui. Elle se racla la gorge et un court silence s'installa, durant lequel elle le fixa. Il n'avait pas l'air méchant en fait. Peut-être était-il seulement un peu con. Mais elle avait apprit à se méfier, sa confiance n'était pas une chose simple à gagner, il fallait la mériter. « Donc tu te changes en pierre. C'est plutôt avantageux comme pouvoir. Qu'est-ce que tu fous à bosser dans un bar comme celui ci ? Si défendre les gens t'intéresse, t'as cas rejoindre nos rangs... »
A moins... A moins qu'il n'organise des combats d'arènes, comme beaucoup dans le Bronx. L'acuité de Lylaï se fixa davantage sur l'homme, elle détailla ses traits avec attention. Il était bel homme, à la lumière, même s'il semblait s'être prit deux trois beignes récemment. Elle n'était personne pour critiquer ce genre de choses, de toute façon. La glace lui fit un bien fou et commença à engourdir la douleur qui naissait dans sa joue.
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| | Mar 11 Avr 2017 - 19:00 Le regarde que la jeune femme posée sur lui, Fuyuki le connaissait bien. Il savait que son humour avait tendance à dépasser les gens qui ne le connaissaient pas très bien. Pour ce qui est de ses proches, ils avaient bien souvent l’habitude des blagues du genre, toujours simplistes, toujours au mauvais moment et toujours dans le seul but de détendre l’atmosphère à des moments où la tension pourrait devenir insoutenable.
« T'as cas m'appeler Murphy. » Une simple inclination de la caboche du brun indiquait qu’il avait reçu l’information. Fuyuki n’était pas du genre à faire des remarque sur les noms, ayant lui-même eu du mal à accepter le sien pendant son enfance. Non, les gens pouvaient bien se présenter comme ils le voulaient. Après tout, un nom, c’est simplement un moyen d’interpeller une personne, ça ne le définit en rien. Même si Fuyuki s’était appelé Carlos ou Alex, il n’en serait pas moins le grand débile qui est prêt à se battre pour défendre une jeune femme enceinte dans une ruelle du pire quartier de la ville.
Une fois à l’intérieur, le regard de Fuyuki croisa celui de son patron qui semblait se demander qui était l’inconnue et, probablement encore plus, pourquoi son employé était soudainement à moitié changé en pierre. Par chance, l’américain avait déjà eu à expliquer ce “détail” et il se contenta de lui faire signe que tout allait bien avant de se diriger vers l’arrière-boutique.
Une fois dans la remise, il se mit en quête d’une poche de glace, déplaçant quelques caisses sur son passage pour libérer de l’espace. Ses actions étaient assez simples et pourtant, il lui fallait une certaine maîtrise pour ne pas risquer de réduire en miette ce que sa main de pierre touchait. Finalement, il trouva ce qu’il voulait et tendit alors la poche de glace à son invitée.
« Tiens, ça devrait faire l’affaire. » Une fois la glace récupérée par Murphy, Fuyu’ récupéra une bouteille de bière dans l’une des caisses et chercha un soda dans une autre. Il les décapsula l’une comme l’autre sur le rebord d’une caisse dans un geste visiblement habituelle puis déposa le soda au sol, aux pieds de la jeune femme, avant de s'adosser au mur face à elle, mettant de la distance avec celle-ci.
« Donc tu te changes en pierre. C'est plutôt avantageux comme pouvoir. Qu'est-ce que tu fous à bosser dans un bar comme celui-ci ? Si défendre les gens t'intéresse, t'as cas rejoindre nos rangs... » Il souriait en coin alors qu’il terminait d’ingurgiter sa gorgée de bière, ne pouvant pas parler sur l’instant. Son regard se porta une seconde sur le ventre de la demoiselle.
« Et toi, qu’est-ce que tu fous à encore bosser alors que t’as clairement plus important à t’occuper en ce moment ? Merde putain… j’aime pas donner des leçons de moral, mais tu ferais mieux de rester en sécurité plutôt que de traîner dans un quartier aussi merdique que celui-là. »
Un long soupire lui échappa avant qu’il ne réponde finalement à la question.
« Qu’est-ce que je fous dans un bar comme celui ci ? Bah écoute, je prends les taff que je trouve pour pas finir dans une merde noire. Je dét- » Il se racla la gorge, baissant d’un ton tout en observant en direction de la porte, vérifiant que personne n’était assez prêt pour l’entendre, puis il reprit.
« Je déteste ces foutus Dués probablement autant que toi, mais comme t’as pu le voir, les super pouvoirs que la lune m’ont filés me sont pas vraiment d’une grande utilité pour l’instant, alors je me débrouille comme je peux. » Il reprit une longue lampée de bière, lui permettant de se remettre les idées en place. C’est vrai qu’il n’aimait pas cet endroit, mais il n’avait pas le choix. Pas maintenant qu’Isaki était chez lui. Que lui soit dans la galère, passe encore, mais il ne pouvait pas risquer de laisser sa soeur le suivre dans ses plans foireux. Il ne pouvait pas se le permettre.
Alors qu’il discutait, sa peau se remit sans prévenir dans son état naturel, le saignement à son abdomen recommençant alors à lui faire mal, même si la courte période en état rocheuse avait permis un début de cicatrisation.
Fuyuki déposa alors sa bouteille à moitié pleine sur le sol et retira son t-shirt déjà abîmé et ensanglanté et fit une pression sur la plaie à l’aide de celui-ci.
« Sérieusement… tu te rends compte que si j’étais pas sortie, c’est peut-être toi qui aurais pris cette balle ? » Il releva le regard vers elle et pointa vaguement son ventre d’un geste de la tête.
« C’est lui… ou elle, ‘fin, c’est ton enfant là, qui aurait pu l’encaisser. » Les mots prononçaient par la voix grave de Fuyuki ne sonnait pas comme des reproches, mais plus comme de l’incompréhension mêlée à de l'inquiétude.
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| | Mar 11 Avr 2017 - 20:03
Lylaï glissa ses doigts sur la bouteille de soda puis la porta à ses lèvres, frissonnant sous le contact glacé du verre sortant du réfrigérateur. Elle avait écouté d'une oreille agacé les remontrances de cet inconnu, la main pressée sur sa mâchoire où palpitait une douleur sourde. Il ne semblait pas lui faire un sermon à proprement dit, la jeune femme sentait au contraire qu'il ne comprenait pas pourquoi elle avait été là ce soir, pourquoi elle prenait tant de risques. « Qu’est-ce que je fous dans un bar comme celui ci ? Bah écoute, je prends les taff que je trouve pour pas finir dans une merde noire. Je dét- » Lylaï suivit le regard de Fuyuki qui se porta vers la salle. Les hommes et les femmes s'y trouvant ne semblaient pas très cleans, pourtant personne ne leur prêtait attention. La blonde reposa le cul de la bouteille sur l'arrondi de son ventre, adossant son dos contre le mur derrière elle. Fuyuki enchaina. « Je déteste ces foutus Dués probablement autant que toi, mais comme t’as pu le voir, les super pouvoirs que la lune m’ont filés me sont pas vraiment d’une grande utilité pour l’instant, alors je me débrouille comme je peux. » Lylaï ne put réfréner un haussement d'épaule désabusé, une moue placide venant orner ses lèvres pulpeuses. Les pouvoirs ça se maitrisait, elle n'avait pas maîtrisé le sien le premier jour. Mais le brun semblait être assez éparpillé, il n'était pas très étonnant après réflexion qu'il ait une habilité réduite de son aptitude. Peut-être n'avait il jamais eu l'occasion de se former, également. Tobias lui avait apprit à maîtriser son esprit et la concentration des arts martiaux l'avait grandement guidée dans l'appréhension du Bullet Time. Elle avait ses astuces pour se concentrer, pour progresser, et ce n'était pas simple. C'était un travail journalier qui lui happait généralement une grande portion de son énergie, surtout ces derniers temps. Lorsqu'elle releva les yeux, la jeune femme eut la surprise de le trouver torse nu, son t-shirt roulé en boule plaqué sur sa blessure. Son bras de pierre avait disparu, comme tous les autres stigmates de son pouvoir. Il n'avait pas semblé maîtriser un seul instant de sa mutation, son retour à la normale avait du se faire sans son accord. Le sang s'était remit à couler. « Sérieusement… tu te rends compte que si j’étais pas sorti, c’est peut-être toi qui aurais pris cette balle ? » Le regard franchement agacé de Lylaï alla se ficher dans celui du brun, sans chercher cette fois à maîtriser son irritation. « C’est lui… ou elle, ‘fin, c’est ton enfant là, qui aurait pu l’encaisser. » « Ok. C'est bon, j'ai compris, tu cautionnes pas mon attitude mais sache déjà que j'en ai pas grand chose à foutre. On ne se connait pas, Fuyuki. Si tu me connaissais, tu saurais que mon pouvoir me permet de stopper les balles lorsque j'en ai besoin. » La blonde porta sa bouteille jusqu'à sa bouche puis se ravisa en se redressant. Son regard percuta les yeux bleus du trentenaire, elle ne chercha pas à retenir la froideur qui était née au sein d'elle. Elle n'aimait pas qu'on lui tire le portrait avant de la connaître. « Ce n'est pas parce que je vais... Que, enfin que je suis enceinte que je suis en sucre. Etre Eros c'est mon métier et j'ai personne d'autre pour me procurer des thunes, alors arrête de me juger. » Malgré son appartement, sa situation, Lylaï commençait à voir les limites de sa situation de musicienne. Dans cette ville close, fermée, l'art peinait à se renouveler et était réservé à une élite difficilement atteignable. Son piano ne jouait pas pour grand monde ces derniers temps, elle n'avait pas eu beaucoup l'occasion de se consacrer à ses instruments. Et le père de la petite chose en elle n'allait pas se manifester pour l'aider, non, il n'était même pas au courant. Alors son travail d'Eros, c'était tout ce qui lui restait. Il lui fallait acheter tout le nécessaire, payer les frais d'hôpitaux, envisager une vie à deux et... C'était beaucoup. Elle le savait. La blonde poussa un profond soupir, baissant le regard vers la bouteille. Elle laissa planer un silence de plusieurs secondes durant lequel elle rumina ses pensées, le visage inexpressif. « J'ai conscience que c'est risqué, mais je sais ce que je fais. »Finit-elle par murmurer doucement. La jeune femme se leva, les muscles engourdis par sa course poursuite. Elle étira doucement ses jambes, une main toujours en soutient sous son ventre. Elle n'avait pas grossit, seul son ventre s'arrondissait. L'exercice qu'elle effectuait chaque jour bannissait les rondeurs superflues habituellement associées à une grossesse normale. Son régime alimentaire n'avait pas changé, pas plus que son rythme de vie. Elle dormait juste un peu plus mais elle ne voulait pas se laisser aller, car elle n'aurait qu'elle même lorsque l'enfant serait né. La tonicité de son corps lui assurait une rentrée d'argent, ses muscles étaient ses outils de travail autant que ses doigts lorsqu'elle faisait de la musique. « C’est pas si compliqué de maîtriser ses pouvoirs. » Reprit-elle sur une autre intonation. « Faut juste apprendre à maîtriser ta tête. Ta réaction vient sûrement d'un sentiment trop fort, la douleur dans ton cas. Elle a déclenché ton pouvoir. Mais t'as pas l'air capable de le stopper non plus. Un pouvoir comme ça faut le maîtriser, tu pourrais faire des ravages. Dans le bon sens comme dans le mauvais. » Lylaï bu les dernières gorgées de sa bouteille, déplorant le soda qu'elle contenait. Elle aurait tout donné pour un bon rhum ambré au parfum épicé. Le visage du patron passa soudainement par l'entrebâillement de la porte à demi fermée, il chercha Fuyuki du regard et fut surpris de le voir torse nu, blessé. Lylaï croisa les bras sur sa poitrine, un sourcil levé. C'était un petit homme trapu, une large moustache envahissait son visage basané et parsemé de cicatrices d'acné. Son large front était dégarni sur les côté et ses cheveux commençaient légèrement grisonner. « Je sais pas ce qui t'est arrivé Cooper, mais y a un groupe qu'est arrivé et j'ai b'soin de toi. Rhabille toi et répare toi j'sais pas mais bouge ton cul. » Il jeta un regard méfiant à la blonde qui le toisa du même air. Elle s'était orientée de façon à ce qu'il ne puisse pas voir le tatouage qui ornait sa nuque. « Le soda c'est pas gratos. J'espère que t'as de quoi payer p'tite. » Il tourna les talons, reprenant le chemin du bar. Lylaï eut un petit soupir, elle se tourna vers Fuyuki et toisa la blessure à son flanc. Elle laissa planer un temps de latence, pesant le pour et le contre. « T'es pas en état de bosser. Faudrait que t'ailles te faire recoudre. » Elle abreuva la salle d'un coup d’œil circulaire puis haussa les épaules et retira son manteau. Elle le posa sur l'une des caisses, près de la poche de glace, puis entreprit de défaire la longue tresse qui maintenait ses cheveux. « Je sers en salle et tu prépares les boissons. J'ai déjà travaillé dans les bars. Comme ça t'auras pas besoin de bouger, et puis moi ça m'évitera de rentrer chez moi et de tourner en rond comme une abrutie. » Déclara-t-elle alors que ses doigts fins naviguaient entre les gracieuses ondulations de sa chevelure.
Bientôt de douces mèches cristallines vinrent s'échouer jusqu'à sa taille, cachant sans peine le tatouage d'Eros qui l'aurait trahie parmi les clients.
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| | Mer 12 Avr 2017 - 0:00 Il avait été trop loin, il s’en était rendu compte, mais un peu trop tard malheureusement. Murphy s’était mise sur la défensive et commençait à répliquer de manière plus ou moins agressive aux reproches que Fuyuki avait pu lui faire sur ses choix. Il l’écoutait sans ne rien ajouter de plus, se contentant d’engranger les informations qui se disséminer dans ce flot de hargne. Son pouvoir tout d’abord. Arrêter les balles ? Il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ça aurait été sympa de sa part de s’en servir pour lui éviter de s’en prendre une dans le buffet. Mais soit. En tout cas, ce pouvoir pouvait effectivement expliquer le fait qu’elle ne se soit pas plus inquiété que ça de l’arme que l’autre abruti avait pointé sur elle. En revanche, ça ne retirait en rien le côté dangereux de la situation. Arrêter les balles, c’est une chose, mais les coups, s’en est une autre. Après tout, elle avait quand même pris une jolie droite dans la mâchoire malgré ça.
Une autre phrase retint l’attention de Fuyuki. Personne d’autre pour lui procurer des thunes ? Et le père du gosse alors ? Qu’est ce qu’il avait bien pu lui arriver. Peut-être qu’il était mort dans le bordel de la lune rouge ou peut être qu’il était loin d’ici quand c’est arrivé ou… merde… Fuyuki fronça un peu les sourcils en imaginant ce que cet enfoiré avait pu oser faire. Mais il n’était plus question de faire des reproches et encore moins un interrogatoire, alors il devrait se contenter de ses théories pour le moment. En revanche, si elle était seule et sur le point d’avoir un enfant, dans ce qu’était devenu ce monde, alors elle avait raison et elle n’avait pas vraiment le choix de faire ce qu’elle faisait. Fuyuki savait ce qu’on était prêt à faire pour s’en sortir. Aujourd’hui, il avait réussi à trouver ce travail, mais si jamais il n’avait pas d’autre choix, il savait pertinemment qu’il serait capable de faire un sale boulot ou de prendre des risques si c’était le prix à payer pour garder un semblant de sécurité.
Il ramassa sa bière et la termina, toujours attentif aux mots de la jeune femme. Cette dernière semblait s’être calmé légèrement d’ailleurs.
« C’est pas si compliqué de maîtriser ses pouvoirs. Faut juste apprendre à maîtriser ta tête. Ta réaction vient sûrement d'un sentiment trop fort, la douleur dans ton cas. Elle a déclenché ton pouvoir. Mais t'as pas l'air capable de le stopper non plus. Un pouvoir comme ça faut le maîtriser, tu pourrais faire des ravages. Dans le bon sens comme dans le mauvais. » Il n’eut le temps que de sourire une énième fois à la remarque quand son boss arriva dans la pièce. Son regard se posa sur lui et sur Murphy, balayant la pièce d’abord puis s’attardant sur le torse nu du jeune homme puis sa blessure finalement.
« Je sais pas ce qui t'est arrivé Cooper, mais y a un groupe qu'est arrivé et j'ai b'soin de toi. Rhabille toi et répare toi j'sais pas mais bouge ton cul. » Le temps d’un dernier mot pour la boisson de la demoiselle et il repartit aussitôt dans la salle dont le bruit parvenait enfin aux oreilles de Fuyuki. Il se redressa alors et remit son t-shirt que le sang avait souillé à divers endroit. Fuyuki récupéra finalement son perfecto posé sur l’une des caisses et le passa par dessus, couvrant ainsi la majeure partie des tâches. Il ne pouvait pas s’empêcher de grimacer lors de ses mouvements, la douleur étant de nouveau plus forte et chaque geste étaient un supplice pour lui.
« T'es pas en état de bosser. Faudrait que t'ailles te faire recoudre. » Avant même qu’il ne puisse réagir, elle était déjà en train de vérifier la salle et de retirer son manteau.
« Je sers en salle et tu prépares les boissons. J'ai déjà travaillé dans les bars. Comme ça t'auras pas besoin de bouger, et puis moi ça m'évitera de rentrer chez moi et de tourner en rond comme une abrutie. » Il s’approcha d’elle en serrant les dents et la fixa dans les yeux. Le silence se prolongea une poignée de secondes puis Fuyuki soupira longuement.
« Ça marche, mais les pourboires seront pour toi. C’est des crevures ces mecs, mais ils sont généreux quand ils sont torchés. » Il voulait refuser. Il aurait peut être dû d’ailleurs, mais il savait qu’elle prendrait mal une autre remarque ou, du moins, il s’en doutait vu sa réaction précédente. Et puis, elle n’avait pas tort. Si déjà le simple fait de mettre une veste ou de faire quelques pas le faisait souffrir à ce point, il ne voulait pas imaginer comment il parviendrait à faire des aller et retour en salle. Cette fois, c’était elle qui allait probablement lui sauver la peau.
Ils se dirigeaient alors tous les deux dans la salle principale et commençaient à s’occuper du groupe qui était arrivé. Les tournées s’enchaînaient à un rythme soutenu. Fuyuki souffrait, mais parvenait pourtant à ne rien laisser paraître, du moins pour les clients. Son patron voyait sur son visage que l’homme n’était pas dans son état et il ne lui adressa pas une seule parole agréable pour autant. Il fallait s’en douter, pour tenir ce genre d’établissement, l’homme n’était pas spécialement un enfant de coeur. Pour autant, Fuyuki surveillait Murphy durant les deux longues heures de rush qui s’enchaînèrent. Il lui était reconnaissant de son aide et n’aurait rien laissé lui arriver. Blessé ou non, il n’aurait pas hésité à bastonner le premier qui aurait été un peu trop loin avec la demoiselle.
Le bar se vida finalement sur le coup de cinq heures du matin, alors même que le soleil commençait à pointer ses premiers rayons sur la cité. Le patron s’était éclipsé une heure plus tôt, laissant à Fuyuki la charge de gérer la fermeture et il lui avait laissé sa paye - bien mérité - sous le comptoir. Une fois les différents accès verrouillés, Fuyuki s’écroula sur une chaise, à la première table venue. Il souleva son t-shirt pour voir le massacre et remarqua le sang coagulé autour de la plaie. Le saignement s’était presque entièrement arrêté, mais le résultat était plutôt moche à voir. Il lui faudrait probablement des points de suture et un bon désinfectant pour éviter que la blessure ne s'aggrave. Il replaça le tissu par dessus avant que la jeune femme ne puisse y jeter un coup d’oeil de nouveau.
« Je te remercie de ton aide, Murphy. Et… oué… désolé pour ce que j’ai pu dire. C’était pas pour te juger, tu sais. C’était simplement de l’inquiétude, rien de plus. » Fuyuki détourna le regard vers la table et sortit son paquet de cigarettes de la poche intérieure de sa veste, en sortant une clope qu’il glissa entre ses lèvres, venant l’y coincer le temps de ranger la boite et de sortir son briquet pour embraser le tube de tabac. Il ne garda le regard planté vers le bois de la table, glissant le cendrier devant lui alors.
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| | Mer 12 Avr 2017 - 2:03
C'était étrange. Elle se retrouvait immergée dans un monde qui n'était pas le sien, celui du Bronx, des magouilles, celui de ceux qu'elle traquait. Elle slalomait entre les tables, les oreilles tendues, dans un rôle qu'elle n'avait pas endossé depuis longtemps. Celui d'une simple serveuse, qui travaille avec ses pieds, avec sa mémoire... Cela lui rappelait ses débuts à New York, avant la lune rouge. Tobias était encore vivant en ce temps, Dawn était toujours à la maison. Elle travaillait dans un petit bar tranquille les soirs où elle n'avait pas répétitions. C'était un temps heureux, un temps de fraicheur dont les souvenirs lui paraissaient doux, frais et légers. Le soir, elle sortait dans les bars de nuit, petit papillon au maquillage discret et au sourire volage. Le soir, ses robes légères volaient dans la brise de la nuit, sur les terrasses des troquets et au milieu des conversation. Le soir, elle riait, dansait, chantait et vivait toujours à chaque fois comme la dernière fois. Jour après jour, délicieusement insouciante. Elle rencontrait des hommes, parfois des pas bien du tout. Mais jamais elle ne se souvenait de leur prénom, ce n'était pas important, pas nécessaire. C'était surtout amusant et profondément vivant. Incarné, sombre sous les lampadaires à la lumière jaune, avec la chair de poule sur les jambes lorsqu'on l'embrassait contre la rambarde d'un escalier. « Eh, tu m'as entendue ?! Remet moi une pinte ! » Lylaï haussa un sourcil à l'adresse du poivrot à sa droite. Elle ramena son chiffon sur la table, passant un rapide coup du linge humide pour nettoyer le bois imbibé de boisson. « J'suis pas sourde vieux, j't'ai entendue. » La blonde coinça le torchon à la pliure de son coude puis marcha souplement jusqu'au bar, prête à passer la prochaine commande. Oui, c'était étrange d'être une autre personne. Ici, elle pouvait jouer le rôle d'une Philia, ou même d'une Dué. Elle pouvait jouer le rôle d'une pauvre nana sans le sou, ou celui d'une femme un peu perdue. Elle pouvait être imbécile, impertinente, joyeuse. Elle pouvait être ce qu'elle voulait et, surtout, elle pouvait, l'espace de ces quelques heures, faire partie de ce monde. Ils ne la regardaient pas comme si elle était un danger ou une étrangère, non. Ils s'adressaient à elle comme à une semblable, comme à une femme de leur quartier. Alors elle leur parlait, les regardait comme si elle était comme eux. Non pas qu'ils étaient foncièrement dissemblables, seulement eux comme elle s'étaient retrouvés à des endroits différents, dans des positions différentes quand tout était arrivé. Pouvait-elle seulement leur en vouloir en cet instant ? Ils étaient des hommes au bar, en train de boire comme le commun des mortels. Certes, leurs mains baladeuses s'égaraient, certes, les femmes aux yeux cernés vociféraient jurons et insultes. Lylaï n'eut qu'à remettre les mains à leur place, ignorer les jurons, et tout se passa bien. Elle ne parla pas à Fuyuki, excepté lorsqu'elle devait lui transmettre les commandes. L'homme faisait du mieux qu'il pouvait derrière le bar, handicapé par son flanc douloureux. Le temps fila à une vitesse folle et avant qu'elle eut le temps de voir le patron s'éclipser, ils étaient en train de fermer. Avant que le brun ne ferme toutes les issues, Lylaï s'aventura à l'arrière du bar pour vérifier l'état de sa cible. Il n'avait pas bougé, toujours inconscient et surveillé par Sandrel. Du haut de l'immeuble d'en face, l'oiseau au regard perçant abreuvait la rue de son acuité spectaculaire, prêt à prévenir son humaine en cas de problème. La jeune femme resserra sensiblement les liens entravant les membres de B. Kill puis rentra dans la chaleur du bar. La fatigue s'abattit sur elle aussi soudainement que possible, son dos malmené par le poids de son ventre et ses jambes éreintées d'avoir tant marché. Mais cela lui fit du bien, elle se sentit profondément utile. Son pas léger fit craquer les lattes du parquet alors qu'elle se déplaça en silence jusque derrière le bar. Sa main fine attrapa un verre propre, elle ouvrit le bac à glaçon puis les fit cliqueter contre le cristal. Elle dénicha dans le frigo une cannette de coca qu'elle ouvrit et versa de moitié dans le récipient. Elle s'arrêta avant de le remplir complètement puis rajouta une goutte de whisky, davantage pour le goût qu'autre chose. Elle ne buvait plus d'alcool depuis des mois, ses rhums ambrés lui manquaient et elle y voyait une maigre consolation. Le regard de la jeune femme s'attarda sur la pièce qu'elle n'avait pas prit le temps de véritablement analyser durant toute la soirée. Fuyuki s'était déjà affalé sur l'une des chaises, au centre de la table. Il était pâle, sûrement épuisé par la douleur qui lui retournait le flanc. « Je te remercie de ton aide, Murphy. Et… oué… désolé pour ce que j’ai pu dire. C’était pas pour te juger, tu sais. C’était simplement de l’inquiétude, rien de plus. » Dans des gestes mécaniques, la jeune femme sortit un second verre et analysa les alcools qui se présentèrent devant elle. Ses yeux d'opales virevoltèrent sur le visage de Fuyuki, elle tâcha de déterminer ce qu'il pouvait boire. Dans le doute, la blonde se saisit d'une bouteille d'un vieux rhum à l'arôme épicé et soyeux et lui en versa une bonne dose. S'il ne l'aimait pas, elle au moins aurait le sentiment de lui avoir servit un truc plutôt bon. Les deux mains chargées des boissons, la blonde navigua jusqu'à la table puis vint enfin s'asseoir en face de lui, un profond soupir traversant ses lèvres. Sans demander la permission, mais dans des gestes plutôt doux, Lylaï intercepta le paquet de cigarette du brun et lui en subtilisa une. Ses doigts graciles vinrent attraper le briquet et, un œil à demi fermé, elle allume le tube de tabac pour en tirer une longue bouffée. Elle ferma les yeux, la tête rejetée vers l'arrière, et savoura quelques secondes le silence qui les environnait. « Aucun besoin de t'inquiéter là par contre. Si tu me fais culpabiliser pour cette clope je te dépèce. Je l'attends depuis trop longtemps. » Elle souffla sa fumée en redressant la tête, son regard se fichant dans celui de son interlocuteur. La jeune femme coinça sa cigarette entre ses lèvres et attacha ses cheveux en une queue de cheval haute, dégageant enfin ses épaules de ses lourdes mèches opales. « J'étais en colère contre toi tout à l'heure. Je voulais pas te dire mon prénom. M'appelles pas Murphy, mon frère m'appelait Murphy et ça remonte à trop loin. Je m'appelle Lylaï. » La blonde se releva lentement, ses pas hagards lui faisant traverser l'espace. Elle laissait dans son sillage, sinueuse, un long volute de fumée. Elle finit par arriver devant le jukebox, ses doigts pianotant sur les boutons à demi cassés durant presque une minute avant de trouver quelque chose de convenable à écouter. La musique se déversa dans le bar, remplissant le silence déjà tranquille. Elle se retourna et s'accouda contre l'appareil. « J'espère que tu as de quoi te recoudre ou que quelqu'un pourra le faire pour toi. T'as pas l'air d'un type qui peut payer les frais d'hôpitaux... Ca a l'air moche rien qu'en voyant ta tronche. Bois ton rhum, ça anesthésie de l'intérieur. » Dit-elle alors qu'elle retournait s'asseoir. « C'est con quand même d'avoir un pouvoir qui aurait pu te guérir et de pas le maitriser. T'as déjà essayé de t'entrainer pour le faire fonctionner ?»
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| | Ven 21 Avr 2017 - 22:18 Fuyuki écoutait Lylaï tout en fixant le verre qu’elle avait placé devant lui. Il ne parlait alors pas, se contentant de hocher la tête pour simplement signifier qu’il l’écoutait bel et bien, car au vu de son état, on pouvait sincèrement en douter. Ce n’était pas la blessure en elle-même qui posait problème, mais plutôt le fait d’avoir forcé en étant blessé. La douleur l’avait fatigué et il lui faudrait plusieurs longues minutes de repos pour retrouver pleinement ses esprits. Là où son attention vacillait jusqu’alors, la musique lancée par Lylaï lui fit relever le regard vers elle, l’observant alors rejoindre leur table et s’asseoir face à lui une nouvelle fois.
« J'espère que tu as de quoi te recoudre ou que quelqu'un pourra le faire pour toi. T'as pas l'air d'un type qui peut payer les frais d'hôpitaux... ça a l'air moche rien qu'en voyant ta tronche. Bois ton rhum, ça anesthésie de l'intérieur. » Il souriait alors et, après un énième hochement de caboche, il s’enfila une grande lampée du breuvage que lui avait concocté la demoiselle.
« T’as raison, ça va déjà mieux. Et euh… ma soeur devrait savoir manier une aiguille, oué. Enfin, je crois… façon pas le choix. Comme tu l’as dit, j’ai pas les moyens de me payer l’hosto. » Alors que Fuyuki levait le coude une seconde fois pour continuer de vider son verre, un grand fracas résonna dans un placard proche du comptoir. La porte s'ouvrit alors et Napoléon sortit en courant, précédant la chute d’un balai dont le manche le frôla de justesse. Le suricate se retourna à peine pour vérifier que rien d’autre ne risquait de s’écrouler sur lui et sauta de table en table pour rejoindre celle que Fuyu’ et Lylaï occupaient.
Fuyuki, alerté par le bruit, s’était retourné en direction de celui-ci et ne remarqua pas que son anima s’était déjà dirigé vers le rhum qu’il avait encore en main et qu’il commençait à laper deux ou trois fois dans le verre.
« Raaah mais putain Nap’ tu fais chier, t’es obligé de foutre le bordel à chaque fois que tu bouges ?! » Il se replaça finalement et remarqua le stratagème de son camarade.
« Vas-y, te gêne pas surtout ! Fait comme chez-toi… » Finalement, l’américain reposa son verre sur la table et laissa son anima faire comme il l’entendait. Il ricana alors quelque peu en reportant son attention vers la jeune femme.
« Lylaï, je te présente Napoléon. C’est un petit connard de sans-gêne qui passe la moitié de son temps à dormir et le reste du temps à faire des conneries… oué… il me ressemble un peu trop je crois à vrai dire ahah ! » Il recommença alors à rire, un peu plus fort cette fois, un peu trop peut-être. La douleur le crispa une nouvelle fois, l’obligeant à porter une main sur son flanc.
« Mais oué, j’aimerais bien savoir le maîtriser ce pouvoir sinon. Ca me serait bien plus utile, c’est certain. Mais chaque fois que j’ai essayé, ça a foiré. Y a vraiment que quand je tente rien du tout que ça marche. Des fois plus que d’autres. J’arrive pas vraiment à comprendre comment améliorer ça. Si t’as une recette, je suis preneur. » Il récupéra son verre des pattes de Napoléon qui, visiblement déçu d’avoir perdu sa boisson, se mit à se balader dans la salle, se figeant parfois pour observer par une fenêtre. Fuyuki récupéra sa cigarette sur le bord du cendrier et tira une longue bouffée de nicotine avant de recracher la fumée sur le côté, évitant à Lylaï ce désagrément, même si celle-ci était pourtant également en train de s'encrasser les poumons.
« Et toi donc… tu arrêtes les balles, c’est ça ? C’est plutôt cool pour ton métier, j’imagine. Tu le maîtrises bien ton pouvoir ? » | | | | |
| | Lun 8 Mai 2017 - 3:35
La jeune femme sursauta d'un coup lorsqu'elle entendit le fatras derrière elle. Lylaï se retourna vivement pour identifier la source du bruit, elle qui pensait être seulement accompagnée de Fuyuki. Aucune silhouette ne se profila, la porte du placard était ouverte et de nombreux balais s'étaient écroulés sur le sol. Quelle était cette blague. La pianiste lança un coup d'oeil au brun qui semblait visiblement agacé.
« Raaah mais putain Nap’ tu fais chier, t’es obligé de foutre le bordel à chaque fois que tu bouges ?! »
Ce fut à ce moment qu'elle nota la présence du suricate, l'anima de Fuyuki. Le petit animal au corps mince s'était faufilé sur la table, grimpant sur les pieds de la chaise pour se diriger directement vers le verre de rhum de son humain.
« Vas-y, te gêne pas surtout ! Fait comme chez-toi… Lylaï, je te présente Napoléon. C’est un petit connard de sans-gêne qui passe la moitié de son temps à dormir et le reste du temps à faire des conneries… oué… il me ressemble un peu trop je crois à vrai dire ahah ! »
La blonde haussa un sourcil, retenant le petit sourire qui pointa à la commissure de ses lèvres. Napoléon lui lança un regard en biais, davantage intéressé par le verre que venait d'écarter Fuyuki que par la nouvelle venue. Le brun enchaina, une grimace peinte sur ses traits en raison de la douleur qui devait toujours lui tarauder le flanc.
« Mais oué, j’aimerais bien savoir le maîtriser ce pouvoir sinon. Ca me serait bien plus utile, c’est certain. Mais chaque fois que j’ai essayé, ça a foiré. Y a vraiment que quand je tente rien du tout que ça marche. Des fois plus que d’autres. J’arrive pas vraiment à comprendre comment améliorer ça. Si t’as une recette, je suis preneur. »
La jeune femme tira une bouffée de sa cigarette, déposant par la suite dans le cendrier la cendre qui menaçait de s'écraser sur le sol depuis déjà quelques minutes. Elle s'accorda un temps de réflexion qu'il vint perturber par quelques paroles supplémentaires.
« Et toi donc… tu arrêtes les balles, c’est ça ? C’est plutôt cool pour ton métier, j’imagine. Tu le maîtrises bien ton pouvoir ? »
« Ouais, j'arrête les balles, enfin... Disons que c'est plus compliqué que ça. Je ralentis la trajectoire d'objets en mouvement, si tu lances ta cigarette je peux stopper sa trajectoire et l'éviter, la dévier... Je maitrise plutôt bien cette partie de mon pouvoir, je pense que c'est simplement la phase numéro une. » Elle parlait très sérieusement, son pouvoir était une constante source de réflexion pour elle. « Parfois lorsque je suis... un peu chamboulée, je crois, enfin de ce que j'ai pu observer, j'arrête complètement l'environnement autour de moi. Mais ça dure très peu de temps et je suis incapable de le déclencher donc ça n'a aucune espèce d'importance pour le moment. »
De son ongle, la jeune femme vint tapoter le verre en cristal qui reposait entre ses mains. Elle tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, le regard figé sur Fuyuki.
« Je me suis créé ma propre méthode, disons. Ca m'a prit du temps, avant j'étais incapable d'arrêter un objet plus d'une fraction de seconde. Ca a l'air épuisant de te transformer, ce serait pas simple à contrôler je pense. Ma méthode c'est le calme et la concentration. Il n'y a pas encore de manuel pour maitriser nos pouvoirs, la lune rouge est trop récente pour ça. Et puis ce serait trop dangereux. Le meilleur moyen pour toi de le maîtriser c'est d'analyser le mécanisme, il faut être patient et garder son focus sur son esprit. »
Lylaï vit Napoléon, qui avait précédemment quitté la table, se rapprocher d'eux et grimper sur le dossier de sa chaise. Il se propulsa au dessus d'elle pour atterrir entre eux, sur le bois. Lylaï reporta son regard sur lui, l'observant lorgner de nouveau le verre de Fuyuki.
« Ca a été super frustrant pour moi. Je pensais qu'en maitrisant mon corps je maitriserai mon pouvoir mais c'était pas du tout la bonne méthode. Le vide, la respiration et la patience sont les clés de ma maîtrise, enfin. C'est ma manière. Tu penses pouvoir faire ça tout seul ? Si tu avais pu contrôler ton pouvoir t'aurais pas prit cette balle, le simple fait que tu te changes en pierre aurait fait fuir ce type. On se connaît pas mais ça me dérangerait pas de t'aider.»
Lylaï écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur la table.
« T'es pas causant toi, Sandrel devrait s'inspirer de toi. Il me casse la tête avec ses diatribes. » Marmonna-t-elle à Napoléon. Elle regarda Fuyuki. « Il ne parle pas ? J'ai entendu que certains d'entre eux refusent de parler, ou ne peuvent pas parfois. Je sais pas vraiment. »
La jeune femme posa sa main sur son ventre, sentant les coups de pieds contre son abdomen. Un sourit fleurit sur ses lèvres, fugace, lorsqu'elle sentit ces manifestations de vie. Elle se redressa doucement, tachant d'étouffer l'émotion qui grandissait en elle. Elle ne voulait pas en montrer trop, pourtant elle avait déjà sourit, pour la première fois de la soirée.
« Il tape, pardon, c'est la première fois que je le sens. » Murmura-t-elle.
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| | Lun 8 Mai 2017 - 23:26 Le jeune homme écoutait attentivement la demoiselle lui expliquer sa méthode pour contrôler son pouvoir et, même s’il aurait aimé dire qu’il en serait capable seul, il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. La concentration, le calme, la patience… c’était là des mots qui n’avaient jamais fait partie de la définition qui pourrait être collée au nom de Fuyuki. Lui, c’était plutôt l’impulsivité, le vacarme et l’improvisation. Il n’y avait qu’à prendre cette soirée comme exemple pour voir que l’Américain ne prenait le temps de rien, même pas celui de réfléchir une seconde avant de foncer tête la première vers un danger pourtant visible à des kilomètres. La proposition de Lylaï était alors une tentation réelle. Sa réponse tarda pourtant à venir, comme si accepter cela lui demandait un effort surhumain. C’était peut-être le cas après tout, lui qui était habitué à se débrouiller seul la majeure partie du temps. Demander de l’aide revenait à montrer de la faiblesse, et montrer un signe de faiblesse, c’était s’exposer à un danger potentiel. Alors qu’il était encore perdu dans sa réflexion, Lylaï changea elle-même de sujet, s’adressant à Napoléon qui les avait finalement de nouveau rejoint.
« T'es pas causant toi, Sandrel devrait s'inspirer de toi. Il me casse la tête avec ses diatribes. » Ce dernier mot s’accrocha à l’oreille de Fuyuki, comme s’il venait d’entendre une langue étrangère et, naturellement, son regard se tourna vers celui de Nap’ qui, au même moment, tourna également le regard vers Fuyuki. Ce dernier l’interrogea du regard et, comme si cet échange était une forme comme une autre de communication entre eux, le suricate haussa légèrement ses minuscules épaules pour indiquer son incompréhension également. Leur numéro improvisé à peine terminé, Lylaï poursuivait déjà.
« Il ne parle pas ? J'ai entendu que certains d'entre eux refusent de parler, ou ne peuvent pas parfois. Je sais pas vraiment. »
Fuyuki se mit à rire. Napoléon, lui, grommela en croisant les pattes avant.
« Nap’ ? Muet ? Ahah putain, j’aimerais bien ! Non, je t’ai dit, on se ressemble juste un peu trop et au réveil, il est un peu grognon et parle pas beaucoup, mais t'en fais pas, quand il aura commencé à raconter de la merde, tu regrettas ce moment de calme, croit moi. »
Le petit suricate s’approcha alors de Fuyuki et commença à lui donner quelques coups sur l’épaule, sans grande efficacité évidemment.
« Tu veux bien la fermer espèce de grand couillon ! Peut-être que si tu ronflais moins j’aurais pas mauvais caractère en me levant. » Fuyu’ fit mine de saisir son anima qui, rapidement, s’éloigna pour se rapprocher de Lylaï, comme cherchant sa protection.
« Eh c’est faux ! Je ronfle pas ! Enfin… je crois pas… oué bon, peut être un peu… »
« Un peu ? Va demander aux voisins si c’est juste “un peu”. Et je te parle pas des voisins de l’immeuble, mais des autres bâtiments de la rue.»
Le suricate se mit à rire à son tour alors que le jeune homme commençait à être visiblement gêné par la situation, portant son regard vers Lylaï. C’est à ce moment qu’il remarqua le sourire éphémère qui, à peine était-il apparu, avait déjà été effacé du visage de la jeune femme.
« Il tape, pardon, c'est la première fois que je le sens. » Fuyuki sourit alors à son tour, presque sans s’en rendre compte à vrai dire. Il l’observa une seconde, visiblement touché par cet instant qui ne ressemblait pas aux précédents de la soirée. Jusque-là, Lylaï avait semblé détaché de son état, presque inconsciente de ce qu’impliquait le ventre rond qui se profilait sous son nombril. Pourtant, à ce moment précis, il lui avait semblé avoir perçu une lueur de joie dans le regard de Lylaï.
« Si ça te dérange pas, ça me tente bien que tu m’aides à contrôler mon pouvoir. Si t’as la patience de m’apprendre ta technique, même si c’est pas scientifiquement prouvé ou quoi, ça sera déjà mieux que rien. Même si ça me permettait juste de plus me transformer sans le vouloir, ça serait déjà un grand pas, tu vois. » Il attrapa son verre et en bu une grande gorgée, grimaçant légèrement, avant de poursuivre.
« Par contre, j’ai pas forcément beaucoup de moyens niveaux argent et j’aime pas trop qu’on me rende service sans rien en échange… du coup, je sais pas, vu qu’à un moment ou un autre, tu vas plus pouvoir faire certaines choses… pas que ce soit une leçon de moral ou quoi, mais tu te rends bien compte que tu peux plus forcément tout faire seule, ou que ça tardera pas en tout cas… enfin bref, si t’as besoin d’aide pour quelque chose, n’importe quoi, même juste… je sais pas… changer une ampoule, bref oué, tu m’appelles et je te file un coup de main. » Fuyuki baissa le regard, déjà gêné par ce qu’il allait dire ensuite
« Après, je sais que c’est pas mes affaires, mais… je propose ça parce que t’as dit que t’étais seule… enfin, j’ai compris ça, je me suis peut-être foiré, je sais pas… enfin… si t’as une autre idée… oué, si t’as un autre moyen pour qu’on se rende service... » Il se leva alors, tournant les talons malgré la douleur et se dirigea vers le bar, récupérant son verre en partant, vidant le reste de son contenu d’une traite. Décidément, il n’était pas vraiment doué pour les discussions sérieuses.
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| | Lun 15 Mai 2017 - 1:09
« Après, je sais que c’est pas mes affaires, mais… je propose ça parce que t’as dit que t’étais seule… enfin, j’ai compris ça, je me suis peut-être foiré, je sais pas… enfin… si t’as une autre idée… oué, si t’as un autre moyen pour qu’on se rende service... » Lylaï baissa les yeux sur son verre, la pulpe de son doigt traçant des courbes sur la condensation que produisait la boisson fraiche. La jeune femme inspira longuement puis but une longue gorgée, évitant de se retourner vers Fuyuki pour ne pas avoir à le regarder. « Euh... » elle s'éclaircit la voix. « Je, je pense qu'on pourrait s'arranger comme ça ouais. Je suis toute seule en effet et je peux pas bouger les trucs lourds. Je dois débarrasser une chambre chez moi et... Bah je peux pas le faire moi-même. Repeindre, aménager, tout ça. En contrepartie de mes leçons, tu pourrais peut-être m'aider. » Lylaï poussa un soupir, elle glissa sa main sur son front dans un geste las. « Des fois... Je me demande pourquoi j'ai pas fais les démarches quand c'était encore possible... » Sa phrase, volontairement ambiguë, pouvait laisser penser qu'elle parlait de la chambre de l'enfant. « Je suppose que je le désirai malgré tout... » souffla-t-elle plus bas. Elle parlait en réalité de l'enfant en lui même et de l'avortement qu'elle n'avait pas pu se résoudre à faire. Elle avait été incapable d'aller jusqu'au centre médical, elle qui s'était juré de ne jamais avoir d'enfants. Trop de responsabilités, trop contraignant, trop flippant. Cela ne lui avait jamais plu, elle ne s'était pas une fois imaginée accompagné d'un bébé, devoir changer des couches, donner des biberons, faire des lessives à répétitions et se lever à des heures impossibles de la nuit. Elle n'avait jamais pu considérer cela comme quelque chose d'envisageable. Pas pour elle... Et pourtant, face aux résultats de sa prise de sang, face aux quatre tests de grossesse effectués dans la même journée, elle n'avait pas pu se résoudre à aller jusqu'à l'hôpital pour se séparer de cette vie en son sein. Le téléphone dans la main, elle avait cherché le courage d'appeler, cherché le courage de prendre rendez vous. Mais non. Elle n'avait pas pu. Peut-être était-ce parce qu'à l'époque, elle aimait sincèrement Piers. Peut-être avait-elle imaginé voir grandir ce bébé entre un couple aimant. Mais non. Aujourd'hui elle était toute seule. Toute seule pour élever un enfant qu'elle n'avait jamais désiré mais qu'elle aimait d'une curieuse façon, toute seule pour aller à l'hôpital, pour faire ses échographies, pour payer les courses, le loyer, l'école et... La jeune femme eut une bouffée de chaleur, elle se leva, cherchant un peu d'air. C'était foutrement effrayant. Elle changea précipitamment de sujet. « Ouais, ça m'arrangerai beaucoup que tu m'aides en fait. A part une sœur fantôme, j'ai personne ! Bien sûr, je te promets rien, et puis je suis pas toujours très aimable ces derniers temps. Je veux bien t'aider mais je peux pas garantir que ça marchera. Disons lundi et jeudi chaque semaine, à treize heures, chez moi. Si tu veux prendre plus de leçons, ça pourra s'arranger. » Lylaï jeta un coup d'œil à sa montre. « Il se fait tard et j'aurais jamais du m'arrêter ce soir. Mon anima commence à s'impatienter dehors, je vais déposer ce type là où on me l'a demandé et rentrer chez moi. » La blonde posa son verra vide sur le comptoir puis se planta devant le géant. Elle sortit un ticket de caisse de la poche de son manteau puis attrapa un stylo pour noter son adresse. La blonde reposa doucement le stylo à plat sur le bois, laissant planer un silence. Maladroitement, sans trop savoir comment lui dire au revoir, elle avança, recula, piétina sur place puis finit par lui tapoter maladroitement l'épaule et lui fourrer le papier dans les mains. « Essaye de ne pas te faire tirer dessus avant lundi, Fuyuki. » Elle se racla la gorge puis prit la direction de la porte de derrière. Sans un regard en arrière, elle sortit retrouver son contrat du soir qui venait tout juste de reprendre conscience, toujours soigneusement ligoté. Quelle soirée étrange.
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