Austin, c'est le plus gros clown des arènes. Quand il raconte aux gens qui n'ont jamais mis les pieds la-bas qu'il y bosse et qu'il est même plutôt reconnu, tout le monde se moque. Parce qu'on s'imagine mal quelqu'un avec un air si fragile rentrer dans ce genre de cercles fermés.

Parce que vu comme ça, c'est vrai qu'il a pas l'air bien dangereux, et qu'on dirait presque que son tatouage est un faux pour se donner un genre. Il a la tête à faire ça, d'ailleurs. Mais non non, c'est un dué par choix et par conviction, le grand Austin. Parce qu'il considère que l'espèce de putsch mené par Maxwell, c'est pas vraiment ce dont New York avait besoin. Il était ok pour la reconstruction, tout ça, mais il considère qu'un tyran comme lui -après tout, les castes et son traitement des hybrides c'est pas très Charlie- devrait tomber le plus vite possible.

Il a toujours été très showman. Même avant la lune rouge. Déjà fouteur d'ambiance aux matchs de basket de son université et membre reconnu du groupe de théâtre, parler et crier devant les autres n'a jamais été un problème pour lui. Enfin, peut être les premières semaines. Mais dans sa tête, c'est lui le roi des arènes. C'est lui qui présente tout et qui décide de quand ça s'arrête. C'est lui qui décide si tu va finir en cage contre 3 types qui font huit fois ton poids ou si tu va avoir un combat réglo. C'est lui qui se débrouille pour mettre un terme aux types qui se couchent pour faire gagner des paris, aussi.

Parce que si Austin déteste quelque chose, c'est qu'on s'en prenne aux arènes. Il garde la meilleure relation possible avec chaque jouteur, parce qu'il sait que même si il peut les immobiliser, il va pas faire ça toute sa vie non plus. Il se voit bien organiser un vrai truc, légal. Dans des grands stades, avec des milliers de personnes. Avec des feux d'artifices, des concerts, des stars. Un truc génial que tout le monde pourrait admirer et qui brasserait tellement d'argent que tout les petits problèmes du quotidien ne seraient plus que des lointains souvenirs.

Il est aussi optimiste que possible, Austin. Parce que de toute façon, une bonne partie du monde est déjà morte, que ça soit à cause des Beasts, de la faim, des autres hommes. Alors ce qu'il cherche à faire, c'est ramener le soleil dans le coeur des gens, même si c'est dans une cave lugubre du Bronx avant deux types qui vont s'entre-tuer pour un peu d'argent. Ce qu'il veut lui, c'est des gladiateurs qui se battent pour la gloire, pas des types qui se sentent obligés parce que sinon c'est la famine. Il est conscient que c'est pas vraiment ce qu'il a pour le moment, mais c'est ce à quoi il tend.  

Son histoire pré-Lune Rouge est pas des plus intéressantes. Il a grandit à Seattle, état de Washington. Ses parents se sont bien occupés de lui et de sa petite sœur, et il s'est toujours épanoui dans ce qui lui plaisait le plus. On l'a laissé faire quand à sa curiosité naturelle et il s'est très vite tourné vers la prise de parole. Représentant de Classe pendant toute sa scolarité, il était plutôt meh quand il s'agissait des notes et des cours en général. On va dire que c'est passé mais que ça aurait pu être mieux. Ce qui l'intéressait, lui, c'était pas la théorie. Il s'en foutait des tribus indiennes qui vivaient sur nos terres y'a des siècles. Il a quand même réussi a intégrer l'université de New York, dans un programme de Relations Publiques. Il s'est dit que ça collerait bien à ce qu'il fait pour l'instant et que dans un monde hyper-connecté comme le nôtre, tout le monde aurait besoin d'apprendre à gérer ce qu'il raconte.

Il habite donc à New York quand la Lune Rouge a lieu. Il habite dans l'une des résidences de l'université dans Manhattan et vit sa vie à 100 à l'heure. Littéralement. Toujours en train de bouger, en train d'organiser des trucs ou d'être au téléphone avec ses amis / ses parents / sa petite soeur. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, du coup.

Sauf qu'un soir, la lune est rouge. ROUGE. Allô. Rouge. Il le remarque super vite, et fait parti des gens qui partagent ça sur les réseaux sociaux. Parce que quelqu'un doit avoir une explication pour ça, non ? Bon, au final, non. Alors il sort. Dehors. Dans Manhattan. Parce que ça lui semble être une bonne idée à ce moment la. Il peut pas savoir que ça va changer sa vie, et pour lui, c'est comme aller voir les pompiers qui s'occupent d'un chat dans un arbre, c'est un divertissement comme un autre.

Mais il lui faut très peu de temps pour se sentir un peu bizarre. Le genre de ressentiments un peu désagréable, gênant. Comme si il avait trop mangé. Ou quelque chose du genre. Sauf qu'une fois qu'il aperçoit un pigeon qui fait 3 fois sa taille normale, il comprend que la lune rouge, c'est pas juste un problème de colorant. Il rentre très très très très vite à l'intérieur et attrape autant de ses affaires qu'il le peut. Vu les bruits qu'il entend et les trucs qu'il voit à la fenêtre, c'est pas l'endroit le plus joyeux du monde, en ce moment.

Les jours qui suivent sont pas top pour lui. Il passe plusieurs nuits dehors, constatant qu'à priori les gens peuvent balancer du feu par les mains, traverser les murs ou même lire dans les pensées pendant que lui, il a toujours rien. Il a vraiment très envie de faire un caprice de drama queen à ce moment la, mais il s'est retenu. Parce que faire trop de bruit, c'était un peu risqué.

Pas mal de gens ont eu une révélation de pouvoir super cool. Genre ils étaient coincés contre un mur face à une Beast et bam, ils découvrent le pouvoir et ça les sauve. Pas Austin. Lui, il était dans un parc pas loin de son université. Maxwell a commencé son boulot de nettoyage des rues, et Austin pense avoir trouvé un endroit tranquille pour l'instant. Il éternue. Les deux personnes à côté de lui semblent figées dans le temps quelques secondes avant de reprendre le cours de leur vie normale. Merde.

Son anima se pointe quelques minutes plus tard. Une Mouette. UNE MOUETTE. VRAIMENT. Y'a des Pandas, des Ours, des Dinosaures ou il sait pas quoi, et Austin, lui, il a une Mouette. C'est la merde. Il comprend qu'à priori, le monde veut pas vraiment qu'il survive. Entre un pouvoir qui s'active quand il éternue et une volaille avec des yeux globuleux comme Anima, c'est un peu la douille.

Il s'est bougé, Austin. Parce qu'il a bien senti que ça commençait à craindre de trop traîner dans les coins ou Maxwell fait sa loi. Une fois qu'il décide que New York, c'est son royaume, Austin a déjà trouvé refuge dans un coin tout nul de Brooklyn. C'est la qu'il a une super discussion philosophique avec son anima -non, pas philosophique du tout, ça ressemblait à "mais espèce de crétin, ton pouvoir tu l'actives quand tu veux" - et qu'il découvre un peu tout ce qui se passe.

Grosse avancée de quelques mois. L'idée des tatouages a encore plus refroidi Austin, et il a décidé de rester dans le Bronx. Avec les gens qui sont pas trop d'accord avec le nouveau roi. Il s'est fait tatouer comme on lui  a demandé, parce qu'il faut pas trop déconner non plus, et il s'est trouvé un petit boulot qui craint. Encore une avancée dans le temps. Il a quitté son boulot, a découvert les arènes et s'est fait remarquer par l'un des propriétaires d'une d'entre elles. Il lui manquait juste un type pour arrêter les combats, et il s'avère que le don d'Austin est rudement pratique pour stopper des taureaux qui comptent se rentrer dedans.

Un jour, le speaker disparaît. Mort ou arrêté, sûrement. Alors il prend sa place. Et la, c'est la révélation. "Comment est-ce qu'on a pu garder un tel talent de côté aussi longtemps ? ". C'est ce qu'à du se dire le chef quand il a vu la brillance et la magie qu'Austin a pu apporter. En utilisant les cours qu'il avait eu à l'université, le blond fabuleux avait boosté les visites des clients comme un magicien. Il paraîtrait même que certains des visiteurs ne viendraient uniquement que pour voir le speaker à l'oeuvre. Mais c'est peut être Austin qui a lancé cette rumeur, cela dit. Hm.

Depuis, il s'éclate. Il a découvert qu'il ne dormait plus trop et qu'il pouvait en profiter pour être sous les lumières des spotlights encore plus souvent. Il est devenu un nom dans le domaine et il est respecté des siens. Il n'a pas encore publiquement fait par de son mécontentement vis à vis de la politique de Maxwell, mais le tatouage qu'il arbore semble pour lui être une preuve suffisante de ce qu'il en pense.