Les rires résonnent, ils emplissent la pièce. Tu ne le sais pas vraiment, mais c’est bien avant tout ça, Camel ; bien avant que tu perdes la mémoire. C’est là l’histoire oubliée, l’histoire que personne ne connaît réellement, si ce n’est ton anima : Ersal. C’est le silence d’une vie, les restes de ton existence que voilà. Les rires, ils crient, ils sourient, ils sont joyeux. Ils sont bien avant tout cela, et toi, tu es encore bien jeune, ceci est loin, alors que tu n’étais encore qu’un adolescent. Jeune, frais, joyeux, et sans trop de soucis, à rire à la vie et ne jamais réellement te préoccuper de ce qui allait venir demain. Peu sont ceux qui t’ont connu ainsi ; et pourtant.
Il fait encore chaud, à cette époque de l’année, et tu es là, avec ton vieux sac de cours sans doute un peu troué, à force de ne pas réellement en prendre soin. Entouré de tes amis tu ris encore de l’avenir et des choses qui se passent. Tu ris des cours, de tout, et tu t’amuses. Tu es jeune, Camel, seize ans, sans doute. Je ne t’en veux pas de ne jamais avoir réellement pensé à l’avenir. Personne n’aurait jamais réellement pensé à cet avenir. Car personne ne s’y attendait. Les choses changent vite, trop rapidement. En un clin d’œil, elles changent, elles s’envolent, se détruisent et se construisent à nouveau. Jeunesse perdue ; rêves envolés.
Tu es là, avec ton plateau, accompagné de ton groupe d’amis, et tu le vois. Là. Là-bas, seul, comme toujours à vrai dire. Il est toujours là, seul, à vrai dire. Tu aimerais comprendre, comprendre pourquoi il est ainsi, toujours seul. Tu te sers, tranquillement, et tu te diriges à sa table, abandonnant ton groupe. Une fois face à lui, tu poses ton plateau et lui fais un immense sourire, comme tu sais si bien les faire, Camel. Lentement, tu t’assois et le fixes, les yeux brillants, face à ce garçon ; plus jeune que toi, pour sûr, peut-être plus timide, aussi. Oh, tu aimerais savoir, savoir ce qu’il se passe, ici, savoir ce qu’il se passe quand il est là, dans les couloirs, à la recherche d’une quelconque destination où aller.
Et tu songes, tu songes à ces choses que tu ne comprends pas, à ces personnes qui vivent, ainsi, seules, qui se sentent à l’écart, peut-être, qui sont mises à l’écart, peut-être. Tu n’en sais pas grand-chose. Tu n’as jamais vraiment regardé, tu n’as jamais vraiment fait attention au monde qui t’entoure, à ces personnes qui sont seules, qui se sentent seules. Mais, il est seul, lui. Il est seul, et tu le vois bien. Peut-être est-ce pour cela que tu es là, face à lui, à la recherche d’un quelconque regard, de quelque chose que toi-même tu ne comprends pas. Tu es là, le sourire aux lèvres, peut-être à t’imaginer que tu aurais pu, toi aussi, être à sa place. Tu es là, à te dire que tu aurais pu avoir ce regard, sans doute un peu rebelle, sans doute un peu étrange, sans doute un peu différent ; ce regard de quelqu’un qui fuit.
— Salut !
Camel
Thanatos
i'm a zombie
Métier : Terroriste
Mutation : Nécrose
Lun 29 Mai 2017 - 16:39
Let's talk about the past
FEAT Camel et des plateaux repas
C'était il y a longtemps, bien avant la lune rouge, bien avant le lycée et son premier vrai ami, pas tellement longtemps avant le psychologue ceci dit, mais quand c'était encore lui la victime et pas celui qui leur faisait peur. Quoi que c'était peut-être parce qu'il leur faisait peur qu'il en était la victime. Peu importe. De toute façon le résultat avait été le même, dans ces deux périodes : Il avait été seul. Que ce soit chez lui ou au collège, il avait été seul. D'un côté il s'en fichait, mais de l'autre, parler à des gens lui plaisait. Il aimait parler, beaucoup, et aimait aussi qu'on le remarque. Il était déjà suffisamment ignoré chez lui, alors que ses petites sœurs étaient des princesses qu'on traitait avec tout l'amour du monde. Lui ne cherchait pas l'amour, il cherchait l'attention. Pourtant, la seule qu'il avait obtenu était celle de la haine, celle des autres, celle de ceux qui voulaient l'humilier, lui faire du mal. Pour s'amuser ou pour imposer un rapport de force, afin que lui ne cherche pas à leur faire du mal probablement. À cette époque là, il était encore patient. Ça n'allait pas durer, la frustration du jeune garçon n'était pas encore assez grande, mais elle empirerait bien vite, du moins pour ceux qui la subiraient, et peut-être trop lentement pour les autres.
Il était assis seul, à sa table, comme toujours. Il scrutait son plateau repas, dont le contenu aurait pu être plus appétissant s'il ne sortait pas du cantine. Enfin, en soi, c'était le seul repas où il n'avait pas à supporter les deux pestes qui avaient pris sa place auprès de sa famille, alors ça lui plaisait. Il avait bien l'intention de profiter de cette paix, et c'était un des rares moments où il ignorait complètement le monde qui l'entourait. Il n'y avait que les bruits forts qui l'attiraient, lui et sa curiosité malsaine. Les disputes, les plateaux qui tombent. Peut-être un élève en avait-il fait trébucher un autre, peut-être se passerait-il quelque chose de surprenant. Mais c'était rarement le cas, souvent c'était juste un enfant un peu maladroit qui avait décidé qu'aujourd'hui, il se laisserait porter par la gravité. Alors, Isak recommençait à manger, ignorant à nouveau le monde, se demandant s'il tournerait la tête, la prochaine fois, et il le faisait, inévitablement.
Pourtant, aujourd'hui cette scène n'eut pas lieu. Quelque chose changea. Oui, la présence de quelqu'un qui venait d'arriver en face de lui. Le jeune homme souriait, Isak ne réagit pas. Il ne comprenait pas sa présence. Il ne savait pas qui c'était, mais peut-être sa réputation l'avait-elle dépassé et voulait-on le victimiser encore, par des gens qu'il ne connaissait pas. Enfin ce n'était pas vraiment son soucis. Le sourire surtout le perturbait. Ce n'était pas un de ces sourires mauvais, qui disaient « Je vais te faire mal ». Non, c'était un simple sourire, une approche presque amicale.
L'inconnu s'assit et continua de regarder Isak en souriant. Ce dernier s'était arrêté de manger pour faire face à la nouvelle présence. Quelques secondes passèrent ainsi, en silence, à se regarder, Isak se tournant de temps en temps pour voir si personne n'était entrain d'observer de lien. Peut-être était-ce une blague. On ne savait jamais avec eux. Puis finalement la voix retentit.
- Salut !
Isak sourit, de ce sourire qui ne le quitterait jamais, qui serait presque une marque de sa nouvelle identité, celle de Thanatos. Un sourire qu'on appelait carnassier, mais qui lui semblait si naturel. Il ne cherchait pas à effrayer son invité, non, c'était juste une réaction spontané. Il ne comprenait toujours pas ce qui se passait, mais rien qu'entendre ce mot, ce simple mot, l'avait tout de suite calmé sur ses réflexions. Maintenant, la discussion était lancée, il pouvait parler.
- Salut. Tu as perdu un pari ? Parce qu'en général personne ne s'approche de cette table. Peut-être qu'elle est hantée ? Ou c'est juste moi qu'ils fuient ? Les deux me semblent approprié pour des défis. Ou tu n'avais pas envie de manger seul peut-être ?
Au moins, il avait répondu au salut, avant de l'attaquer de questions. Il ne cherchait vraiment pas à lui faire peur, ou à ce qu'il s'en aille. Mais il était curieux, qu'est ce qui pousserait quelqu'un, quelqu'un qu'il ne connaissait pas surtout, à venir s'asseoir à cette table, avec lui et son air si peu aimable. De la gentillesse pure et simple et l'envie de le connaître ? Non, c'était inimaginable. Tout le reste lui paraissait tellement plus plausible. C'était probablement parce qu'il n'avait jamais vraiment connu de gentillesse, mais tant pis, l'idée du pari avait prédominé sur tout le reste, de toute façon.
Thanatos
Camel
Lost
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Mar 4 Juil 2017 - 0:43
ft. thanatos
D’abord, il y a eu le silence, Camel. Le silence qui vous entoure et qui résonne. Et pourtant, il y a ce brouhaha incessant, entêtant. Il vous prend et devient un silence général. Il y a eu ce silence perturbé. Puis tu es là, Camel. Le regard un peu incertain, le sourire un peu vague. Ce genre de sourire amical, qui reste, et marque les esprits, mais pourtant absent. ce genre de sourire un peu différent, ressemblant, énigmatique parfois. Le sourire de ceux qui se perdent dans leurs pensées, quelques instants ; une éternité ; l’instant d’une éternité. Et tu le fixes, de ton regard absent, de tes yeux miel, inquiétants, perçants. Tu n’es pas sûr que tout le monde aime à les regarder, ils repoussent parfois, un peu étrange, un peu trop enfantins et sérieux, un peu trop différents.
Et tu le sais Camel. Tu le sais. Tu sais que les différences créent les fossés, elles créent la violence, les souffrances. Mais tu es innocent. Tu ne comprends pas encore tout ça, bien trop jeune. Tu ne comprends pas encore la souffrance, tu ne comprends pas la solitude, toi, qui est entouré, toi qui a une vie tranquille accompagné de tes parents. Tu ne comprends pas, tu ne comprends pas encore l’immensité de cette petite table où jamais personne ne vient s’asseoir à part lui, plus jeune que toi, le regard d’une bête qu’on aurait bien trop attaquée. Une bête bien trop douce, un animal battu, une douceur de souffrance. Non, tu ne comprends pas, et peut-être -sûr, un jour tu comprendras, comme eux tous, comme tous ceux qui sont là autour de vous. Ils comprendront. Lune Rouge. Loin encore, dans le futur et pourtant qui mène déjà son plan.
Perdu dans les pensées, perdus dans les mots qui défilent. Il a parlé, tu ne l’as pas écouté, ou peut-être que tu n’as pas envie de répondre à ces questions ? Un pari. Ce serait ridicule. Sans doute. Et, tu réalises, Camel, qu’il y a de ces gens qui n’ont pas eu la chance de vivre tranquillement. Soupir. Animal battu, encore. Alors, tu sors ta fourchette. Tu fixes ce sourire carnassier, marqué au fer rouge sur son visage, celui que l’on vend pour repousser les autres, pour qu’ils arrêtent, pour qu’ils s’éloignent, pas pour qu’ils restent. Non. Mais tu sais déjà que tu resteras là. Tu ne lâches pas les choses comme ça, Camel, pas si facilement. Doucement, tu commences à remuer toute cette nourriture peu appétissante. Tu bouges lentement les morceaux, perdu dans tes pensées ; le silence s’installe de nouveau entre vous, tu n’as pas répondu. Tu n’as pas réellement envie de répondre à ces accusations ; ces paroles. Et derrière toi, tu sens les regards de tes amis, questionnements. Qu’est-ce qu’il fait ? Il mange avec lui ? Oui, sans doute, c’est ce que tu fais, Camel.
— Je -...
Pause. Tu ne sais pas réellement ce que tu devrais rajouter. Maladroit. Tu es là, toujours à jouer avec la nourriture de ton plateau, à remuer la purée dans tous les sens, à la torturer, presque. A te torturer l’esprit, te demander ce que tu fais là, ce que tu pourrais répondre. Et peut-être que tu n’aurais pas dû venir t’asseoir ? peut-être aurais-tu dû rester avec ton groupe d’amis, plutôt que de laisser ce regard pesant sur ton dos. Et, l’instant d’après, tu as l’impression que tout le monde vous regarde. Regard des autres. Jugements. Influence. Tu es jeune, Camel. Vous l’êtes tous.
— Comment est-ce que tu t’appelles ?
Et tu fais comme si de rien n’était, parce que tu le sais. Tu le sais que ces regards te pèsent, qu’ils t’ont toujours pesé dessus. Tu sais que tu dois apprendre à passer au dessus. Enfant à la recherche de soi-même.
Là où il cherche la reconnaissance, tu cherches l’oubli.
Camel
Thanatos
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Métier : Terroriste
Mutation : Nécrose
Mer 25 Oct 2017 - 10:55
Let's talk about the past
FEAT Camel et des plateaux repas
Décidément, la personne en face de lui était très bizarre. Certes, Isak avait martelé ce pauvre invité de questions, mais il n'avait répondu à aucune. Ce n'était même pas qu'il ne répondait pas à celles-ci, c'était qu'il ne disait plus rien. Pas un mot. Le Salut était la seule chose qui était venue briser le silence. Le plus jeune fronça les sourcils, son sourire s'était effacé. Il voyait les regards converger dans leur direction. L'intrus venait de s'installer avec le déchet de l'école. Déchet, c'était un mot qui lui irait si bien à l'avenir, mais pas à cet instant, la seule raison pour laquelle il était un déchet, c'était qu'il était complètement détruit, mais au lieu de le réparer, on l'avait laissé simplement pourrir, et on continuait. Il se laissait pourrir lui-même. Tout le monde s'en accommodait. Mais soudain, un type se ramenait à sa table, jouant avec son repas et ne disait pourtant pas un mot. Cela perturbait fortement le plus jeune. Il n'aimait pas ne pas savoir quelque chose. Il avait besoin de comprendre.
Un « Je... » sortit du néant. Isak attendit la suite, mais la pause durait trop selon lui. Il avait cessé de manger, trop interloqué par son invité, par ce comportement étrange. D'un côté, ça l'amusait. Il aimait bien les mystères, les énigmes, et les actions du plus âgé étaient clairement une énigme pour lui. Ça n'avait tout simplement pas de sens. Isak ne le quittait pas des yeux, d'ailleurs il n'était pas le seul à le fixer comme ça. Il se joignait à tous les regards furtifs que les autres jetaient. Mais le sien n'était pas furtif, il était insistant, pressant. Il attendait la suite et ne faisait rien en attendant. Un peu comme ces professeurs qui vous fixent, les bras croisés, alors que vous cherchez comment répondre à leur question. Il ne réalisait pas qu'il pouvait causer plus de stress qu'autre chose, il était juste curieux.
- Comment est-ce que tu t’appelles ? - Isak, et toi?
Cette fois, il n'avait pas cherché à jouer. Il était allé droit au but. Peut-être était-ce la solution au jeu, il n'avait pas vraiment lu les règles, mais il se calquait sur l'autre joueur. Une chose à la fois semblait être le mot d'ordre, ou bien l'aîné ne comprenait pas lui-même pourquoi il était là. Isak ne savait pas. Il ne comprenait pas ce qui pouvait pousser quelqu'un à venir si ce n'était un pari. Ça en était peut-être un, après tout, il n'avait pas répondu non à cette question et il avait l'air stressé. Pourtant, les regards interrogateurs qu'il avait suscité, de la part de tous, ne portaient pas dans cette direction. Personne n'avait regardé en riant, d'un air de « Tu vas voir ! ». Non, tout le monde semblait surpris par cet acte. Peut-être était-il seul aussi ? Non, il ne l'était pas, Isak n'avait pas besoin de regarder autour pour le savoir. Ça n'avait pas de sens, rien de tout ça n'avait de sens.
- Pourquoi ? Qui es-tu?
Ces questions non plus n'avaient pas vraiment de sens. Il agissait comme un personnage avec une quête dans un quelconque jeu de rôle. Les questions permettant d'en apprendre plus sur le jeu mais ne faisant pas avancer l'histoire. Il n'était pas doué socialement et il ne connaissait pas encore celle qui s'occuperait de ses dialogues quand lui aurait du mal. Il n'avait plus l'habitude de parler aux gens, il ne savait pas les questions à poser. Il était maladroit. Mais qui était le plus maladroit, au fond ? Entre lui et celui qu'il avait en face, qui n'avait pas l'air de savoir ce qu'il faisait là. Ou peut-être ne s'attendait-il pas à cet accueil là ? Peut-être qu'il s'attendait à un bonjour, puis un repas dans un relative silence. Mais c'était lui qui avait relancé la conversation, alors cette théorie non plus n'avait pas de sens.
Isak ne mangeait toujours pas, il attendait. Il attendait que l'invité se décide : était-il un simple intrus ou non ?
- Tes amis n'ont pas l'air ravis que tu sois ici.
Il sourit faiblement, amusé par les réactions que la situation suscitait. Mais pour l'instant, il se contentait de parler sans trop savoir pourquoi. Il n'aimait pas que ça traîne, il aimait savoir les choses rapidement et dans son esprit, enchaîner les questions était le meilleur moyen d'avoir un résultat rapide. Il avait tort, certes. Il était stressant, oui. Mais même plus tard, il ne saurait pas s'arrêter avec les questions. Il avait la curiosité d'un enfant et à cette époque, c'était toujours un enfant. Un enfant maladroit, un enfant seul, un enfant perdu, qu'on ne retrouverait jamais, ayant déjà quitté son innocence.
Thanatos
Camel
Lost
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Sam 24 Nov 2018 - 1:11
bloc
bully
hrp ▵ amour et tendresse
Oh, Camel. Tu as le regard triste. Tu as le regard de ceux qui ont déjà tout dans leur vie. Tu as le regard de la réussite, de ceux qui ne cherchent plus rien que le bonheur au bout du chemin. Oui Camel, tu es la jeunesse égarée, l’enfant gâté. Tu as toujours tout eu, tu as toujours tout voulu ; symbole d’excès, tu es la luxure, la gourmandise. Tu es le péché de ces anges. Ton enfance a toujours été comme ça. Une mère oubliée par ton père occupé au travail, lui-même oublié par ta mère, elle aussi au travail. Ou peut-être était-ce toi, l’oublié, l’être perdu dans ce monde. Car oui, tu as ce regard, tu avais ce regard, et tu l’auras encore ; celui des êtres en quête de quelque chose. Tu es né dans le manque, d’affection, d’amour. Tu as vécu dans l’abondance, d’objets, de superficialité. Mais tu ne t’en souviens plus aujourd’hui.
— Isak, et toi ?
Camel. Ce nom qui plus jeune était moqué. Camel, la couleur les dunes de sable qui s’élève face aux vents du désert. Camel, la tempête de ton coeur.
isak.
— Camel. Comme le chameau.
Tu vois la fêlure dans ses yeux. Tu vois l’âme brisée, craquelée. Tu vois la douceur d’un monde réduit en morceaux. Tu vois tout, Camel. Tu vois à quel point tu as envie de le connaître, de voir qui il est. Tu as toujours été un curieux, de ces enfants qui courent partout dans les musées posant toujours les mauvaises questions, celles auxquelles personne ne pouvait répondre, à part toi-même et ton imagination débordante d’hypothèses.
— J’en ai pas grand chose à faire qu’ils ne soient pas ravis. insistance. Tu manges seul, ça n’est jamais vraiment agréable, n’est-ce pas ? sourire.
Rayon de soleil. Tu joues avec la nourriture dans ton assiette. Tu n’as pas même faim, Camel. Tu es juste là, à fixer les aliments qui se noient dans cette sauce immonde. Ta fourchette qui se bat en duel avec le liquide verdâtre. Tu es légèrement gêné, Camel. Peut-être un peu timide. Peut-être un peu réservé. Tes joues sont rouges. Tu n’as pas trop l’habitude d’agir comme ça. Mais tu es tout jeune, tu n’es qu’un enfant qui découvre l’autre.
Tu fixes le jeune homme devant toi, qui semble t’attendre pour manger. Alors, tu te forces, tu prends une bouchée de cette mixture immonde qui repose dans cette assiette rayée.
— Tu fais quoi de ta vie ? Tu veux en faire quoi ?
Ces questions, envolées. Ces questions qui viennent du fond du coeur, qui sont celles que l’on pose aux amis, aux amants, aux amours. Ces questions qui demandent de vraies réflexions, qui n’ont jamais réellement de réponse. Tu ne pourrais toi-même pas y répondre Camel. Tu ne veux rien faire de ta vie. Ou peut-être veux-tu tout faire. Rien n’a trop de sens pour toi dans ce monde ( et maintenant encore moins ). Camel, tu es l’enfant qui avance au jour le jour, qui voit le monde se dérouler devant ses yeux et qui n’arrive toujours pas à voir ce qu’il y a, là, plus loin que son nez. Camel, tu es l’enfant qui a besoin qu’on le prenne par la main, pour le faire monter les escaliers. Camel, tu es un doux enfant dans un corps qui devient adulte. Camel tu es l’oubli de l’avant.
— Camel tu fous quoi avec ce gars ?
Tes pensées sont interrompues par un de tes amis. Il s’approche doucement, du garçon avec qui tu as décidé de manger.
— Tu comptes sérieusement manger avec ce gros geek là ?
Haussement de sourcil. Tu n’oses pas immédiatement dire quelque chose. Tu n’as pas grand chose à dire. Tu ne fais que le regarder, le fixer dans les yeux. Incompréhension. Tu n’es pas comme lui, tu n’es pas comme eux, ou peut-être l’es-tu trop à tes yeux ?