« Le rideau se lève. »
La naissance d'un jeune enfant. Toi. Qui n'imaginait sûrement pas son futur. Qui pleurait. Dans les bras de ta mère. Comment aurait-tu pu seulement imaginer ce tragique destin ?
Qui est le tien. Et tu ne peux en changer. La pièce de théâtre se met en marche. Tu en est l'actrice principale. Le rideau se lève.
Le temps se met en marche. Ne t'attendant pas. Et toi même, tu continues de vivre. Ne t'attendant à rien. Seulement au présent. Et au lendemain. Tu aimes beaucoup les danseuses. Etoiles. Elles montent jusqu'au firmament. Et ta mère l'as vu. Que tu adorais cela. Ce spectacle. Non, pas celui de ta vie. Celui de la naissance de ton propre ballet.
Tu dansais. Tu aimais cela. Tes chaussons de danse. Rouge. Si beau. Si magnifique. Ton tutu. Rouge. Tes cheveux. Roux. Ta peau, diaphane. Un contraste si saisissant. Si magnifique.
Une rencontre. D'un jeune homme. Maxim. Dixit черника, myrtille. Une rencontre en Russie. Ton pays natal. Un homme. Un garçon. Si souriant. Toi de même. Mais le futur est tel l'épée de Damoclès. Elle finit par frapper. Tu ne décides de rien.
Et le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le deuxième acte s'enclenche. »
Âgé de neuf âmes. Neuf hivers. Tu n'eus aucun choix. Tu dus quitter ta patrie. Ton pays. Pour partir. Loin. A New-York. Ville lumière.
Tu continuais ton spectacle. Danser. Encore et encore. Pour que la tristesse de partir ne t'atteigne pas. Tu dus quitter ton seul ami. Ta famille. Ne partant qu'avec ta mère. Et ton père.
Tout était si éblouissant. La-bas. Ce n'était pas chez toi. Ce n'était pas toi. Un monde inconnu. A part. Un monde terrifiant. Les enfants étaient tous méchants. Tu faisais de ton mieux. Pour parler la langue. Anglaise. Alors que tu étais russe.
Des méchancetés. Tu souriais. Tu essayais. Pleurer était synonyme de faiblesse. Tu ne devais pas pleurer. Tu devais être forte. Pourtant, dans ta cage. Dorée. Au fond de toi. Tu pleurais. Tellement. Mais tu souriais devant tes parents. Prétextant que tout allais bien.
Que tout se déroulait bien à l'école. C'était faux. Que tu adorais cette ville. C'était faux. Que tu adorais les cours de ballet. C'était faux, ils étaient trop brutal. Aucune délicatesse. Alors qu'en Russie, tout était si gracieux. Vivants.
Si beau. Si délicat. New-York n'est qu'euphorie. Passagère. Qui ne laisse place qu'à colère et haine. Mais, tu souriais. Pour ne pas laisser entrevoir ta détresse à tes parents. Ils avaient leurs propres problèmes. Tu voulais être une gentille fille.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le troisième acte s'enclenche. »
La tragédie se met en marche. Ne laissant pas la place au bonheur. Non. Seule, une note lugubre. Tic-Tac. Le temps. La pièce se déroule. Comme elle doit se dérouler. Au grand dam d'Ophélia. Le temps passe doucement. Tu avais atteint les dix hivers. Avec bonheur.
A la renaissance du printemps, ta mère se fanas. La fleur qu'elle était s'éteignit. Sa joie de vivre, son pollen qui se répandait dans la maison demeuras absent. Son odeur disparut. Son corps avec.
Ses câlins. Ses paroles. Sa voix. Son sourire. Son rire. Plus rien. Seulement un corps. Blanc. Aussi blanc que ta peau. Et le soleil brillait. Là-haut. Insouciant du drame qui se déroulait sur terre. On te tendit une rose. La seule rose rouge du lot. Tu étais dans un état second. Tu n'y croyais pas. Tu ne voulais pas y croire.
Tu posas délicatement la rose rouge dans les mains entrelacées de ta mère. La signification de ton amour éternel. Pour elle. Tandis que les larmes brouillaient ta vue. Et que tu sombras. Dans l'obscurité. Tu entendais seulement les pleurs de ton père. Ce père si fort.
Une tragédie qui en entraînas une autre. La perte du travail de ton père. Tu étais toujours dans l'obscurité. Ce qui te réveillas fut ses gifles. Il buvait. Un poison. Qui t'empoisonna la vie. Il te tapait. Te hurlait dessus. Sans raison. Tu avais beau essayer de toutes tes forces d'être gentille. D'être une gentille fille. Cela ne changeait rien. Tu recevais des coups. Encore. Et encore. Sans pouvoir rien n'y faire. La tragédie prenait place.
Et elle ne voulait pas s'arrêter.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le quatrième acte s'enclenche. »
Le temps passait. Insouciant. Du drame. Qui continuait. Mais tu n'en pouvait plus. Tu avais atteint les quatorze hivers. Et pourtant, ton père s'enfonçait. De plus en plus. Tu voulais t'enfuir. Tu t’enfuyais. Mais tu passas devant la tombe de ta mère. Délaissé par ton père. Qui mourrait à petit feux. Les herbes avaient pris place. Donnant un air délabré à cette tombe. Qui contenait le corps de ta mère.
Ta mère que tu aimais. Tu avais emporter tes chaussons. Tu les mis. Pour seule compagne la lune, tu commenças à danser. Pour ta mère. Pour les morts. Pour toi même. Pour chasser les larmes qui coulaient. Au rythme de tes pas.
Pourquoi être partis ? Comment survivre dans les rues endiablé de New-York ? Tu ne savais pas. Tu dormais à même le sol. En compagnie des personnes. Des SDF. Ils étaient gentils. Ils partageaient avec toi leurs maigres ressources.
Tu essayais tant bien que mal de survivre. De ne pas penser. A cette enfance si bien. Si merveilleuse. Pour éviter de pleurer. Pour garder l'eau dans ton corps. Tu en as besoin. Pour survivre. Car la vie est injuste. Car les gens passent devant vous en vous ignorant.
Toi. Les personnes âgées. Vous arrivez rarement à manger. Vous vous serrez pour vous réchauffer et ne pas mourir de froid.
On vous prend pour des minables. On ne sait pas vos histoires. Votre passé. Qui vous as poussé dans ses rues nauséabondes. Mais les gens n'ont que faire. Vous n'êtes que des « déchets ». Les hommes sont vils. Et odieux. Et tu t'en rendais compte. Seulement maintenant. Car la joie de l'enfance laissa place à l’adolescence. Une adolescence dans le froid.
Dans la vérité. Ou dans le mensonge.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le cinquième acte s'enclenche. »
Dans les rues, tu ne pouvais plus franchir les portes des études. Cela devenait impossible. Quand tu voyais l'air outré et dégoûté des personnes de ton âge. Qui te regardaient. Avec tes habits. Tes habits que tu n'avais pas le loisir de laver. Ton odeur. Il n'y avait pas de douche là où tu vivais. La rue.
Tu étais partie. Sans te retourner. Ses êtres, qui ne t'aidaient pas, ne méritaient pas de vivre. Ne méritaient pas ton attention. Tu t'en fichais d'eux.
Mais tu dus te démener. Pour trouver un travail. Sans avoir de diplômes. Mais tu réussis. Avec difficulté mais tu réussis. Tu étais fière. De toi même. Et tu espérais que ta mère l'était tout autant.
Tu étais devenu serveuse. Tu avais de l'argent. Tu te pris un petit espace. Un chez toi. Sombre. Délabré. Mais tu pouvais te laver. Tu avais de l'argent. Tu t'achetas le strict minimum. Tu appris à te faire à manger. A t'occuper du loyer. Difficilement. Mais tu réussis. Et le temps passait.
Tu étais fière de toi. Oui, si fière. Tu étais devenue douée en tant que serveuse. Tu pus prendre un poste qui payait mieux.
Puis tu avais rencontré Lamia. Un océan de feu.
Il t'emportait partout. Tu avait atteint tes dix neuvième hivers. Tu avais même habitait chez lui. Tu l'aimais. Tu pensais l'aimer. Tu ne sais pas. Ne sais plus.
Puis tu avais découvert. Que ton père était mort. Depuis 1 ans. Déjà. Alors, tu pris tes nouveaux chaussons. Tu partis sur sa tombe.
Il avait été violent. Mais il était ton père. Et tu honoras sa mémoire. Comme tu le fis avec ta mère. En espérant qu'ils soient heureux. Là où ils sont.
Puis, tu t'étais enfermé. Sur toi même. Tu étais seule. Plus personne à tes côtés. Tu avais même perdu Lamia. Il t'avait fait si peur. Il avait failli te frapper. Tu t'étais enfui. Parti. Loin de lui. Loin de ton passé. Loin de toutes ses souffrances. Tu voulais simplement dormir. Et ne plus jamais te réveiller.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le sixième acte s'enclenche. »
Tu étais âgée de vingt-quatre hivers. Le temps ne t'attendait pas. La tragédie avait frappé. Tout le monde, sans distinction. Le monde et rien que cela. Une révolte. La mort. De nombreuses personnes.
Tu étais sorti à ce moment-là. Pour aller au cimetière. Pour danser. Une dernière fois, en compagnie de tes parents. C'était la nuit. Tu n'avais pas peur. Tu n'avais pas la force de combattre. Si tu devais mourir, alors soit. Que la mort t'emportes.
Mais rien. Au contraire. Elle t'attendait. Dans une ruelle. Pourquoi être passé par là ? Car tu voulais l'affronter. Essayer tout du moins. Mais tu n'avais rien pu faire. Soumise aux hommes. Qui rigolaient en te triturant. De partout. Tu avais eu beau crier, ils t'avaient mis du scotch. Tu avais eu beau pleurer, ta vue enregistrait tout.
Ils t'avaient violée. Et tu n'avais rien pu faire. Et ses porcs en étaient heureux. Tu étais en colère. Enragée. Tellement enragée que la température descendit. Ils étaient étonnés. Ses porcs. Tu avais regarder ce renard. Il te rendait ton regard. Une femelle. Tu le savais. Tempête.
Et tu regardas ses hommes. Morts. Et ton pouvoir. Un pouvoir. Glacial. Aussi froid que ton coeur était devenu. Pourri par ce monde.
Tu voulais sourire. Dans ton appartement. Au chaud. Au froid. Mais tu n'y arrivais pas. Même les larmes ne passaient pas le mur des yeux. La neige était rouge. Aussi rouge que le sang de tes mains.
C'était la première fois que tu ôtais la vie. Mais ils le méritaient. Non ? Oui.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Le septième acte s'enclenche. »
Tu n'en pouvais plus de ta faiblesse. Du nouveau gouvernement. Qu'importe. Tu te soumissais. Non pas par plaisir. Mais pour l'argent. Dans ce nouveau monde, tu en avais besoin. Encore et toujours. Qu’importe le monde où on est.
Tu es devenu Eros. Un nouveau tatouage. Plus discret. Tu es devenu jouteuse. Tu as appris la boxe. Tu as appris à te défendre. A pouvoir te battre. Contre autrui. Femmes ou hommes. A laver ton sang. Par le sang. La sueur.
C'est ainsi que tu rencontras. Ton ami d'enfance. Maxim. En plein combat. Face à lui. Le destin. Ou pas. Tu ne savais pas. Mais tu murmuras son surnom. Il fit de même. Mais tu ne lui laissas aucune chance. Tu réussis à le battre. En ayant reçu des coups. Assez sérieux. Seulement des bleus. Rien de cassé. Pour une fois.
Mais tu demeurais méfiante. Il était un homme. Un porc. Une race inférieure. Et tu en appris des choses. Sur lui. Mais tu n'aimais pas cela. Alors tu le confrontas. Espérant qu'il dirait "non".
Il acquiesça. Et tu repartis. Dans tes rêves d'enfances. Là où tu étais heureuse. Tu préféras couper les liens. Tu espéras qu'il ferait de même mais il ne te lâchait pas. Malgré les coups que tu lui donnais il se relevait. Alors tu abandonnas. Tu le laissas prendre une place. Une toute petite place. Près de toi. Dans ta vie. En tant qu'ami d'enfance.
Recruté dans les rangs d'Eros par ton ex. Retrouvé un ami d'enfance sur le ring. Le destin rigole de toi. La lune et le soleil gravite. En rigolant. De toi. Et de ta vie.
Le rideau s'abaisse.
« Le rideau se lève. Une dernière fois. Le dernier acte. »
Le dernier acte. De la tragédie. De la mort. Et de la renaissance. D'une femme. Forte. Faible. Qui combat. Par pure vengeance pour son passé, elle n'arrête que les due masculins. Oui, nous parlons de toi. Ophélia.
Tu gagnes bien maintenant. Assez pour vivre. Mais tu demeures seule. Dans ta cage dorée. Et tu danses. Ton propre spectacle. Pour raconter ta vie. Ta vie si injuste. Si moche. Si tragique. Si odieuse.
Et tu regardais. Cette jeune fille. Lucrezia. Qui vendait des fleurs. Des fleurs. Des roses rouges. Et tu te rappelas. De tout. De ta naissance jusqu'à maintenant. De la mort de ta mère. De celle de ton père. Alors tu lui achetas. Un bouquet. Elle te remercias. Elle était souriante. Malgré ce monde pourri, elle réussissait à sourire. C'était si beau.
Tu ne voulais pas perdre cela. Qu'elle perde cette joie de vivre. Qu'elle soit feinte. Ou non.
Tu déposas le bouquet sur la tombe. De tes parents. Cela faisait longtemps que tu n'étais plus venu. Mais aujourd'hui, tu ne dansas pas. Tu t’asseyais. Et tu leurs parlas. De tout et de rien. De ta vie. De ton enfance. De ce que tu leurs avait caché. Et tu révélas tout. En ne cachant rien.
Tu aurais du le faire depuis si longtemps. Cela te calmas. Cela t'enlevas un poids. Tu te sentais un peu mieux. Et tu regardas les roses. Rouges. Comme tes mains. Avec du sang. D'humains. Et d'animaux. Mais même en grattant. Même en tapant autrui, cette couleur demeurait là. A sa place.
Tu étais une meurtrière. Ce monde t'avait poussé à l'être. Mais cela était la vérité. Tu souriais. D'un sourire triste et amère. Amère de cette vie.
Tu repartis. Acheter quelques fois des bouquets. Pour tes parents. Ou pour toi-même.
En espérant que cette fille ne devienne pas comme toi. Qu'elle ne soit pas ton miroir. Mais que pouvais-tu donc bien faire pour elle ? Lui éviter de devenir Eros. Éradiquer soit le gouvernement, soit les Beast. Une noble cause. Mais tu ne pouvais pas voir aussi loin.
Alors, tu te permis juste de te promettre une chose : Gagner. Encore et encore. En tant que jouteuse. Pour éviter que d'autres personnes soient impliqués dans ce genre de jeux. Dangereux. Mortel.
Et c'est ainsi que tu danses. Avec ton tutu rouge. Avec tes chaussons rouges. Avec tes cheveux roux. Ta peau diaphane. Mais maintenant, le spectateur le sait. Que le rouge est dégoulinant. Et montre les visages des gens que tu as tué. Des chaussons qui ne sont que des armes.
Et tu finis ta pirouette tandis que les visages crient. Tandis que tu regardes chacun. Et chacune. Et qu'un sourire. Froid. S'étire sur ton visage. Tandis que le rideau se baisse. Et que le sang forme une flaque autour de toi. Le tien ou ceux de tes victimes ?
La pièce est terminée.