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Numquam risum felis credere
Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Lun 12 Fév 2018 - 23:26
Contrat
Cloud ft Erial






Enfin un nouveau contrat, Cloud ! Que de réjouissances ! Tu sais bien à quel point ces contrats peuvent te faire gagner plus gros. Oh oui, plus la cible est grosse, plus tu gagnes. Plus les gens vont pleurer aussi, sûrement. Plus tu répandras de sang. Plus tu seras heureuse. Tu es ce genre de personne, Cloud. Égoïste, qui vit par le malheur des autres. Le rouge de tes victimes te va si bien !
Sans m'en rendre compte, j'avais ricané à voix haute. Tu me lances un regard noir, devinant déjà ce qui se passe dans ma drôle de tête. Je ne comprends pas, tu devrais être plutôt charmée que je pense encore à toi, ma très chère mutante, non ? A moins que je me sois mal renseignée sur les femmes ? Mea culpa !
Feignant de m'ignorer avec ton air dédaigneux -parce que je sais qu'on ne peut pas ignorer véritablement un sourire aussi charmant que le mien - tu t'engages vers ta destination : Queens.

Tu te sens terriblement mal à l'aise ici. Comment une assassin comme toi pourrait l'être ? Voyons Cloud, j'aurais presque honte d'être ton anima.
Est ce parce que c'est ici que tu vivais avec ta famille, avant ? Ta très chère famille, que tu aimais à les tuer. Et si nous leur rendions une petite visite ? J'aimerais tant déposer des fleurs desséchées sur leur tombe. Ou après l'assassinat alors. Comme ça, tu pourras donner un œil à ton borgne de demi-frère. Ce que je suis attentionné !
Enfin, même si tu connais vaguement quelques quartiers, tu ne connais pas exactement l'endroit où tu dois trouver celui qui t'a employé -oups, je voulais dire, celui que tu dois tuer ! C'est fâcheux tout de même, alors que tu as réussi à revenir jusqu'ici. Tu as même du te déguiser un peu : un chapeau qui masque un peu tes longs cheveux noirs, et une tenue plutôt masculine, ce qui ne te ressemble pas du tout.
Quand à moi, j'ai opté pour le déguisement sac à patate. Tu m'as négligemment jeté dans ton sac à dos, pour ne pas qu'on me reconnaisse non plus. Je sais que je suis une mascotte, je suis particulièrement populaire auprès des enfants. Si bien que, quand tu as le dos tourné, je laisse ma tête dépasser de ton sac. Ca ferait un porte clef très charmant comme ça. Et puis, si je reste dans le sac et que je ne peux pas voir, comment est ce que je suis censé faire la narration ? Tu serais trop maladroite pour le faire correctement.

Et puis, c'est parfois drôle de te voir embarrassée comme tu l'es en ce moment. Perdue, tu es obligée de demander à quelqu'un. Et le contact et toi, ça fait la paire. Les contacts, tu as l'habitude de les casser. C'est ce que tu t'apprêtes à faire, d'ailleurs. Ne soit pas pressée, veux tu ?
Alors, pour être moins mal à l'aise, tu te dirigés vers une petite fille. C'est juste une gamine, elle ne se doutera pas de ta mission, non ? Au pire, tu n'auras qu'à lui crever l'œil. Ca te rappelle quelque chose ?

-Eh petite... Est ce que tu sais ou est Arthur McFly ?

Tu n'y vas pas par quatre chemins : même pas une salutation. Que dirait ta mère en voyant de telles manières ?
Oh, je suis bête... elle ne peut plus rien dire de toute façon !



Cloud Mandrake
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Erial de Fleury
Mnémosyne
Erial de Fleury
Métier : Gardienne du savoir des anciens
Mnémosyne
Jeu 22 Fév 2018 - 22:18


Numquam risum felis credere



“Il y a une chose plus terrible que la calomnie, c'est la vérité.”



Talleyrand

 Parmi toutes les vertus de la littérature, l'une des plus impressionnantes était son universalité : elle pouvait graver une information quelle que soit sa nature, de la science aux émotions, et le tout avec beauté envoûtante… quand son usage était adroit et sage, tout du moins. De fait, sa plus grande faiblesse, c'était bien son universalité ! N'importe quel idiot ayant eu apprentissage de quelques fondamentaux pouvait prendre la plume et déverser ses inepties par écrit, transformer son fiel en encre, répandre avec plus de brio encore son ignorance dans les esprits des lecteurs peu avisés.

C'était le cas avec cet ouvrage, "le Roi qui transformait tout ce qu'il touchait en sang". Ce titre tout d'abord, piètre référence au mythe du roi Midas et qui donnait à la critique des airs de contes pour enfants. Cependant, ce manque cruel d'imagination contrastait avec celle dont l'infâme faisait preuve par la suite. Le contenu était outrageant, mensonger, teinté de félonie. L'auteur décrivait des actes monstrueux prétendument commis par des serviteurs du Roi et sous ses ordres directs, affirmant que ce dernier n'était que tyran destructeur et dénué de toute morale qu'il fallait renverser sans plus tarder. Il faisait preuve d'une hargne rare et la plus douce de ses insultes lui vaudrait à coup sûr une sanction exemplaire : le Roi devait être respecté par tous, et l'usage de calomnies pour ternir son honneur n'arrangeait guère le cas de l'auteur.

Pourtant, en parcourant – péniblement – les lignes perfides, je compris que lui faire subir juste châtiment ne serait en l'état à l'avantage du gouvernement. Je n'étais point naïve et n'ignorais guère plus les faits pragmatiques auxquels s'obligeaient les représentants de la Couronne. De même, je ne pouvais nier que certains responsables abusaient de leurs prérogatives et de la confiance que nous placions en eux pour leur intérêt propre, échappant pour l'instant à notre vigilance. Pour être honnête, je devais bien admettre qu'une paire des récits narrés me semblaient fort plausibles et évoquaient dans mon esprit des affaires dont j'avais eu vent. C'étaient pourtant là deux exceptions qui ne pouvaient éclipser la fausseté totale ou importante des autres épisodes : un manque de cohérence flagrant, des détails passés sous silence, des réactions improbables… Je n'allais guère tomber dans illusions aussi grossières.

Moi, non. Mais autrui ? Nombreux étaient les détracteurs du Roi qui, semblait-il, considéraient ne pas avoir assez sous son règne et se nourrissait de leur propre ressentiment. Qu'ils seraient enclins à croire ces fables et murmurer sous tous les toits que le Roi était un monstre, qu'un régicide devrait se lever, qu'une révolution devrait enfumer le ciel ! Et qu'ils jubileraient de voir leur modèle être sanctionné par leur ennemi, qu'ils s'empresseraient d'en faire un martyr ! Bien sûr, je doutais fort que ce navet puisse soulever les foules, mais quelques groupuscules étaient déjà problème important. Si je pouvais éviter cela, je me devais d'essayer.

Alors, j'avais été voir ce Mr. McFly en personne, dans le quartier du Queens. Il me fallait discuter avec, tenter de le convaincre de cesser d'user de tels mensonges, de faire amende respectueuse et de dévoiler au grand jour sa malhonnêteté littéraire. Dans le même instant, la conversation se révélera source d'informations utiles sur le personnage, et le dicton "connais ton ennemi" était de mes favoris. D'une manière plus générale, j'étais curieuse de découvrir ce qui avait poussé cet homme à écrire tel roman, aussi amoral que dangereux pour lui-même. Je voyais difficilement les avantages qu'il pourrait tirer de telle publication ; agissait-il alors par conviction ? Que pensait-il pouvoir tirer de la chute du gouvernement ? Avait-il des griefs sincères ?

J'étais arrivée enthousiaste ; je repartais excédée. L'homme n'avait fait que m'invectiver, maudire le Roi, vociférer que mes menaces étaient vaines et que j'étais servante du Diable en personne. Il ne s'agissait guère que d'un vieux fou nostalgique de l'ère que la Lune Rouge avait révolu et qui avait trouvé en le Roi un bouc émissaire parfait : empêtré dans son propre voile aveuglant, il refusait d'écouter autre voix de peur que ses illusions confortables soient mises à mal. Il ne me restait plus qu'une tâche : notifier au Roi l'échec de cette tentative et proposer certaines mesures répressives.

Malheureusement, mes projets furent interrompus par une demande :
 - Eh petite... Est-ce que tu sais où est Arthur McFly ?
Un soupir audible traversa mes lèvres. Telle était la raison pour laquelle m'éloigner de Manhattan m'était supplice… Mains sur les hanches, je me retournai pour faire face à l'impolie : vêtue d'un accoutrement fort sobre – et fort court –, elle me fixait d'un regard cerclé de noir qui me mit légèrement mal à l'aise. Fixant sans ciller ces prunelles vertes, j'admonestai :
 - Il serait moindre courtoisie, "grande", que de m'offrir un mot d'approche plus agréable. "Bonjour" serait un plaisant début.
Néanmoins, elle avait le mérite d'avoir éveillé ma curiosité. Mr. McFly ? Pourquoi donc voulait-elle le rencontrer ? Était-ce lié à son ouvrage ? Désireuse de trouver réponses à ces interrogations, je proposai :
 - Ma foi, je peux vous conduire à son domicile.  Puis-je supposer que son écrit a attiré votre attention ?
Je remarquai qu'elle n'avait nul anima à son côté, mais n'y prêtai grande attention : il n'était pas rare dans certains de ces couples que les deux se séparent un temps, profitent de leur autonomie. Il devait en être ainsi avec cette jeune femme…

©️ Halloween




Erial de Fleury
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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Mar 6 Mar 2018 - 23:40
Agaçante
Cloud ft Erial






Quelle initiative, Cloud. Voila que tu vas directement au contact, avec une enfant qui plus est. Ca tombe bien, tu sais tellement bien y faire avec les enfants. Tu t’es tellement bien occupé de ton demi-frère après tout. Grâce à toi, il a très vite appris à se méfier des Dués. Tes leçons sont terriblement efficaces.
Oh, ne dit on pas que les enfants aiment les animaux ? Est-ce que je peux sortir du sac, Cloud ? Est-ce que tu ne veux pas car j’ai oublié de me brosser les dents ? Voyons, le sang de beast peut facilement se confondre avec du jus de tomate. Ne dit on pas que le sourire donne autant de lumière que l’électricité ? Décidément, je suis bien trop généreux.

En tout cas, il n’a pas réussi à illuminer ta journée. Ca t’apprendra à me laisser moisir dans un sac ! Si seulement je me montrais, je suis sur que cette enfant se montrerait moins désagréable. Et si je dépassais plus que ma tête du sac ? Tu sens que je commence à m’agiter, alors tu donnes négligemment un coup de coude dans le sac. Quelle violence ! Je devrais aller me plaindre à la spa. Enfin, à force de t’occuper des beasts, tu as surement du oublier comment s’occuper d’un animal.

-Il serait moindre courtoisie, "grande", que de m'offrir un mot d'approche plus agréable. "Bonjour" serait un plaisant début.

Et il a fallut que tu choisisses une demoiselle à l’air noble et snob et au regard hautain qui plus est. Je sens que tu te rétractes, je sens que tu as envie de grogner. Oh ce que c’est drôle ! Si les gens ont l’habitude de t’agacer, c’est rarement dès la première parole ! Deux demoiselles au caractère bien trempé, ça va rester dans les annales du RP.

-Oui bon, ça va tu viens de le dire…

Tu grognes plus que tu ne parles, sur la défensive comme toujours. Et bien ma chère ? Qui doit attaquer, ici ? Qui est l’assassin, qui est celle qui se prépare à tuer un homme de sang froid ?
Tu te reprends, cessant de froncer les sourcils et prenant une posture plus assurée. Tu es peut être devant une gamine, mais n’oublie pas que tu es en pleine mission. Et cela ne tolère aucune erreur ! Même si pour ça, tu dois essayer de te montrer plus gentille… Essayons, Cloud ?

-Ma foi, je peux vous conduire à son domicile.
-Merci…
-Puis-je supposer que son écrit a attiré votre attention ?

Tu restes silencieuse pendant une seconde. Le livre, bien sur, le fameux livre. En général, tu t’intéresses rarement aux affaires de tes clients, et tu te contentes de faire ton boulot, celui d’agir dans l’ombre. Mais cette fois, tu es potentiellement sur une grosse affaire. Il n’y a qu’à voir la somme qu’on te propose. Va-t-on devenir de grands méchants ? Encore pires que maintenant ? Oh, ce que j’ai hâte !
Mais c’est tout de même assez gênant de tomber sur une gamine qui est impliquée dans ce livre. Le choix de parler à une gamine, c’était aussi pour t’assurer d’aller droit au but sans devoir exposer quoi que ce soit sur toi. S’aventurer sur le sujet risque d’être dangereux… Mais voyons Cloud, notre mode de vie n’est il pas toujours dangereux ? Dans le pire des cas, il y aura deux victimes. Un fâcheux incident peut rapidement arriver…

-Oui c’est ça… Tu l’as lu ?

Tu as plus ou moins réussi à retourner le sujet de conversation vers elle, et non sur toi –bravo Cloud, toi qui a un sens de la communication sous développé, tu as réussi un exploit. Et puis, ça t’intéresse quand même, de savoir ce que penseront les gens lorsque cet homme, qui a fait tant de bruit, disparaitra… Est-ce que tout se passera comme prévu ? Est-ce que ce sera vraiment le chaos ? Au moins, tu seras bien plus dans ton environnement.
Tout en disant ces mots, tu accélères le pas, incitant l’enfant à faire de même. Tu retiens un soupir et t’efforces de ne pas grogner, agacée de devoir l’attendre, elle et ses petites jambes. Dans le pire des cas, on a besoin que de ses indications, pas qu’elle nous suive, si tu vois ce que je veux dire ~



Cloud Mandrake
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Mnémosyne
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Métier : Gardienne du savoir des anciens
Mnémosyne
Ven 9 Mar 2018 - 18:10


Numquam risum felis credere



“Il n'est pas en matière de littérature une seule opinion qu'on ne combatte aisément par l'opinion contraire.”


Anatole France / Le Jardin d’Epicure
 A ma première réponse, son visage s'assombrit. Je n'avais, bien sûr, aucun remord : si elle espérait un comportement respectueux, qu'elle en fasse de même. J'étais accoutumée à déplaire, tel était le fardeau de ceux qui osaient souligner les erreurs d'autrui et je le portais fièrement.
 - Oui bon, ça va tu viens de le dire…
Je fronçai les sourcils, appréciant de moins en moins son comportement, mais ne récriminai pas. Elle me semblait bien trop obtuse pour qu'un sermon ne mène à quoi que ce soit et je n'avais guère temps à perdre en vain… De plus, malgré mon irritation, ma curiosité me poussa à lui proposer mon assistance : ce n'était point affaire négligeable que ce livre et il était de mon devoir d'en apprendre autant que possible à son propos, celui de l'auteur et de ses proches.

Elle accepta et s'osa enfin à un mot courtois. Il s'agissait de la plus élémentaire des politesses, mais l'effort était appréciable. Galaad me faisait souvent reproche de me braquer trop promptement au sujet d'autrui, sans doute n'avait-il pas tort… La suite nous le dira.

Ma question la laissa pensive, mais je n'y considérai rien de singulier : c'était sujet délicat et qui appelait réponse mûrement réfléchie. Finalement, elle se décida prudemment :
 - Oui c’est ça… Tu l’as lu ?
Une réponse concise, frileuse même. Craignait-elle que je condamne son opinion ? Pour peu qu'elle ait vu mon tatouage, il n'était guère ardu pour elle de deviner la mienne. Devais-je en conclure que son avis me déplairait, explication à ses réserves ? C'était là, cependant, un raisonnement quelque peu hâtif et doté de peu de fondements : si je voulais en savoir plus, il allait me falloir révéler mes propres pensées. Cela n'était point me faire violence, je ne craignais jamais de livrer mon opinion.
 - De fait. Eut-il été moins tissé d'artifices, c'aurait été là une critique dont nous aurions pu nous inspirer pour redresser les points fautifs et parfaire notre gouvernance. Malheureusement, fort nous est de constater que les tromperies évidentes mettent la crédibilité de l'auteur à néant, ne laissant qu'un ouvrage odieux tout juste capable de conforter nos ennemis dans l'idée aveugle qu'ils portent la bannière de la bonne morale.
Nulle colère, nulle amertume dans ma voix. Un peu de lassitude, sans doute, en évoquant à nouveau la stupidité de certains. Ironiquement, c'était grâce à notre Roi et l'ordre qu'il avait apporté que ces parjures avaient le temps de comploter contre lui. Autrement, ni les Beasts ni les criminels ne leur en laisseraient l'occasion…

Ma compagne de marche était-elle de ceux qui avaient vu à travers ces illusions, ou de ceux qui avaient cent fois maudit notre Roi pour des faits imaginaires ? J'espérais une réaction de sa part à mes mots, que ce soit pour m'approuver, rassurée, ou qu'elle m'aheurte. Quelque part, j'espérais qu'elle ne soit pas de ces naïfs et que notre rencontre prenne un tournant plus agréable, mais l'inverse pourrait être intéressant. Avait-elle des arguments pertinents, ou n'était-ce à nouveau qu'un besoin de coupable, de bouc émissaire plus humain que la Lune Rouge ? Qu'il était facile de cracher sur celui qui prenait les décisions dures et nécessaires, tout en profitant de leurs conséquences bienfaisantes !

__________________________________________________________________________

Elle est amusante, cette dame ;
Quelque chose en elle réveille ma flamme.
Celle de tourmenter ma chère amie,
Jouer avec la petite harpie !

Tiens ?
Mais voilà que ça bouge, dans son fardeau!
Un anima montre son museau...
Il me plait bien.

Yeux cruels, sourire méchant ;
Intriguant… intéressant !
Je sens qu'il sera bon complice
Pour redoubler de malice !

J'ai vite compris, par les souvenirs de la fée,
Qui il est, qui est sa liée.
Alors je transmets, rien qu'à lui,
Une proposition qui j'espère le séduit

"Bonjour, cher félin !
Pourrais-je te demander assistance ?
Une idée me vint qui, dans la circonstance,
Animerait cet instant sibyllin.

Attendons un temps, restons sages,
Qu'elles tissent connaissance.
Puis montre, rien qu'à elle, ton visage :
Une situation amusante prendra naissance..."


©️ Halloween




Erial de Fleury
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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
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Mutation : Illusions
Illusionniste
Mar 3 Avr 2018 - 18:16
Oups !
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Je ne te vois pas directement, et pourtant, je le devine aisément. Tu es agacée Cloud, au plus haut point. Tu es énervée aussi. Je sens tes mouvements brusques, ta marche accélérer, ta voix sèche, et j'imagine encore plus ton regard fixé au loin, pour t'empêcher de lancer un regard assassin a la petite fille -qui est ta seule guide, actuellement ! Oh ce que je suis déçu. Oh ce que j'aimerais me promener librement devant toi, avec mon sourire moqueur spécialement adressé à toi, tandis que tu essaierais de m'écraser la queue pour me faire taire. J'ai toujours aimé cette relation entre nous.

-De fait. Eut-il été moins tissé d'artifices, c'aurait été là une critique dont nous aurions pu nous inspirer pour redresser les points fautifs et parfaire notre gouvernance. Malheureusement, fort nous est de constater que les tromperies évidentes mettent la crédibilité de l'auteur à néant, ne laissant qu'un ouvrage odieux tout juste capable de conforter nos ennemis dans l'idée aveugle qu'ils portent la bannière de la bonne morale.

Et elle te répond la petite ! Et quelle réponse, une véritable analyse. En voilà une qui ne fait pas semblant d'avoir lu le livre, contrairement à une certaine personne que je connais, n'est ce pas, ma chère ?

Pourtant, quelque chose te pousse à répondre. Bien sur il y a le fait que tu te sentes obligée pour gagner du temps. Mais c'est aussi parce que cette fille, elle appartient à une autre caste que toi. Elle fait partie des "bons" selon le roi, tandis que toi tu es une raclure de criminelle. Oh, tu ne t'en pleins pas, Cloud. C'est toi qui l'a choisi, en assassinant toute ta famille. Mais en tant que telle, tu ne peux t'empêcher de haïr le roi et ses pantins.
Alors, tu vas répondre à la petite -chose délicate pour une non instruite comme toi.

-Ah... Mais il y a quand même un fond de vérité. Même s'il est amplifié, est ce que c'est une raison pour l'ignorer ?

Tu attaques Cloud, tu t'aventures sur un terrain dangereux, surtout parce que à côté de la demoiselle au langage fleuri, tu as presque l'air d'une illettrée.

Mais que vois je ? On dirait qu'elle n'est pas la seule bavarde ici. Son anima l'est tout autant, et, comme il semble s'ennuyer, il vient me parler. Et quel discours. Non seulement il me parle en un langage d'il y a cinq siècles, mais en plus il me propose un marché. Ainsi il veut que je me dévoile ? Veut il vraiment que je fasse planter toute la mission ? Ma foi... c'est à ses risques à périls.
Alors c'est à mon tour de m'adresser à lui, avec mon langage bien moins poétique.

-En bien mon cher ami, j'aime les conflits, mais j'aime surtout les remporter. Si c'est une petite agitation qui vous plait, je peux vous l'offrir avec plaisir. Mais prenez garde, si le papillon ne vole pas assez haut, il peut facilement se faire happer par le félin avide !

Simple échange de politesses.
Cependant, comme je l'ai dit, j'aime quand c'est agité. Et ici, c'est plat, que diable, trop calme ! De toute façon, j'ai confiance en ma chère Cloud. Une victime de plus ne rendra le trophée qu'encore plus brillant...
Alors je me mets a l'action. Il sera difficile de pousser Cloud à la faute -c'est ça le défaut d'être trop professionnelle ! Alors c'est à moi de le faire. Dans notre duo, le bouffon, ça a toujours été moi.
D'un mouvement de patte, je dézippe le sac à dos. Et, comme un sac à patates, je tombe à terre. Je reste immobile, après tout, avec mon charmant sourire m'arrivant littéralement jusqu'aux oreilles et le sang entre les dents, je peux facilement être pris comme une peluche vendue à Jouet Club.
Cloud s'arrête, entendant le bruit de la chute, et se retourne. En me voyant à terre, elle se précipite vers moi pour me remettre dans son sac à dos. Tout en faisant ca, elle me saisit par la gorge, et serre très fort, dans une colère noire.

-Qu'est ce que tu fais ?

Ce n'est qu'un souffle, un grognement plutôt, mais terriblement menaçant, surtout avec tes yeux dilates. Oh ce que j'ai peur, j'aime beaucoup cet air la chez toi ! Si seulement il était plutôt dirigé vers tes ennemis...

-Désolée...

Pardon, vous pensiez qu'elle s'excusait auprès de moi ? Ne la surestimez pas : c'est une excuse toute adressée à la petite.
Tu me remets dans ton sac, et continues ton chemin, comme si de rien n'était, essayant de reprendre ton air sérieux. Tu n'offres même pas une explication à ta cadette -sans doute parce que tu n'en as même pas toi même.
Finalement, ce papillon avait peut être raison : tout cela s'annonce fort amusant...



Cloud Mandrake
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Mnémosyne
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Mnémosyne
Ven 6 Avr 2018 - 17:28


Numquam risum felis credere



“Quel homme est sans erreur ? Et quel roi sans faiblesse ?”



Voltaire - Brutus
 J'avais pris l'habitude de garder un œil sur Lulu, toujours. Son seul objectif était de s'amuser, généralement à mes dépends, et il avait tout le temps et l'intellect nécessaire pour s'y adonner… Avais-je seulement réussi un jour à désamorcer l'une de ses machinations ? L'eussé-je fait qu'il n'en aurait tiré que plus de plaisir encore, agréablement surpris par l'imprévu. Dans cette lutte dont je n'avais jamais voulu, ma seule véritable victoire serait de la vider de son essence : couler des jours sans risques, ennuyeux à ses yeux… ou y mettre fin. L'univers me privait de la première option et je m'interdisais la seconde, tenu par mon serment à Galaad : ne me restait qu'à résister au mieux à ses fourberies, condamnée mais non totalement impuissante. Je ne désespérais pas non plus de trouver une nouvelle voie, un jour, pour que chacun de ses efforts lui soit justement rétribué…

J'avais cependant parlé d'habitude : il m'était impossible d'inspecter chacun de ses gestes, je restais concentrée sur mon interlocutrice. A ma tirade, cette dernière objecta d'ailleurs plus sobrement :
 - Ah... Mais il y a quand même un fond de vérité. Même s'il est amplifié, est ce que c'est une raison pour l'ignorer ?
J'avais espéré que livrer mon opinion rompit ses réticences, mais j'avais manifestement fait erreur : elle ne m'offrit qu'une question prudente, qui cherchait ou à en savoir plus sur mon opinion, ou à cacher la sienne. Malheureusement, je ne pouvais guère la forcer à s'exprimer plus en avant sur son opinion… Il ne me restait qu'à défendre la mienne.
 - Nul n'est parfait, c'est une évidence. D'ailleurs, dans un monde qui l'est si peu, plongé dans le chaos et tout ce que l'homme renferme de pire… un Roi irréprochable dans sa vertu serait-il le bon Roi ? Des décisions dures s'imposent, contraires à la morale dans son état pur mais sans lesquelles cette dernière ne pourrait jamais retrouver la place qu'elle eut auparavant. Il y aura toujours gens prêts à la brandir pour s'opposer au Gouvernement, un étendard qui cache mal leur véritable objectif : leurs intérêts égoïstes. En conclusion : je ne doute point que certains voient d'un mauvais œil les agissements de notre souverain et de ses représentants. Cependant, eux utilisent la morale comme prétexte à défendre des désirs pragmatiques tandis que le Roi s'oblige à un pragmatisme au service de la morale.
Si je n'avais montré aucune hésitation dans cet argument, il m'était pourtant difficile de le faire entièrement mien. Pourtant, s'il n'avait usé de méthodes controversées, jamais mon Roi n'aurait acquis ce titre. Et jamais il n'aurait pu rétablir un semblant d'ordre… et arracher un groupe d'esclaves à ses bourreaux. Qu'il m'était souffrance cependant de tourner le dos à mon éducation, de rejeter ce en quoi mes parents croyaient plus que tout ! Agir guidée seulement par la morale, sans songer aux conséquences… Si l'humanité entière suivait cette voie, elle mènerait alors au meilleur des mondes. Mais tel n'était pas le cas, et ne le serait sans doute jamais : je ne pouvais m'accrocher désespérément à un principe vide de sens, au détriment des vies et des souffrances d'autrui. Telle était la décision prise par notre Roi, et telle était la mienne, dussé-je me faire violence à chacun de mes actes...

Néanmoins, je n'avais fini de répondre. Je ne comptais guère non plus jeter toute valeur aux orties, nous ferions bien piètres exemples et souverains fort médiocres. Aussi, honnête , j'admis :
 - Je ne doute pas non plus qu'il y ait des abus commis au nom du Roi, des exactions rendues possibles par une autorité mal déléguée. Nul n'est parfait, une fois de plus : non point moralement mais en termes d'efficacité, cette fois. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que souffrances inutiles soient infligées, il va de notre devoir mais surtout de notre désir de servir au mieux nos sujets : quiconque se livrant à des actes répréhensibles pour son plaisir propre se verra durement châtié, plus sévèrement encore s'il s'agit d'un Agapè ! Mais dans un monde qui fut plongé dans le chaos et le mal, où telles ignominies étaient le quotidien de chacun et l'unique moyen de survie… ne peut-on ouvrir les yeux sur l'évolution miraculeuse que le Roi a permis ? Ne peut-on cesser de reprocher au souverain de n'être un Dieu capable de rendre tous heureux sans un compromis, sans un écart ? Ne peut-on comprendre qu'il n'est point responsable des tourments subsistants mais de tous ceux qui ne sont plus ? Et que dire de-
Un bruit frappa le sol, interrompant mon discours. Je me retournai, agacée…
Et mon sang se glaçât dans mes veines.

Une gueule digne des pires œuvres horrifiques. Des yeux brillant d'une malice perverse. Un sourire aussi mauvais que carnassier. Ce chat était son anima…

L'anima d'une tueuse.

La discussion que j'avais ouï dans la bibliothèque m'était revenue immédiatement : un double, triple parricide même, et son félin aussi effrayant qu'elle-même. Sa description ne laissait aucun doute… je l'avais en face de moi.

La peur m'envahit d'une vague : tous mes muscles se tendirent, mes dents se serrèrent à en craquer. J'étais brutalement entrée en panique, incapable de savoir que faire : d'une simple conversation, j'étais passée à une situation de danger mortel dans laquelle chaque acte pouvait me condamner.

Je devais me calmer. Garder mon sang-froid. Réfléchir intelligemment. D'abord, cacher ma réaction, en espérant qu'elle n'ait pas remarqué mon effroi. Respirer profondément, relâcher ma tension, garder faciès impassible. Que devais-je faire, à présent ? Fuir ? Ou… tenter de la capturer ?

Je n'avais aucune chance de victoire en face à face, mais ne pouvais-je pas l'attirer dans un guet-apens ? Contacter les Agapè d'une manière ou d'une autre, pour qu'ils tendent une embuscade et attrapent cette criminelle… Pour cela, je devais gagner du temps. Prendre des détours ? Faire semblant de me perdre ? Jusqu'où allait sa patience, et… jusqu'où menait son impatience ? Un coup de lame, et la bibliothèque royale se voyait privée d'une de ses responsables…

Un autre point prenait un sens tout à fait différent. Pourquoi voulait-elle voir cet homme ? Il se disait que la tueuse en avait fait son métier, l'assassinat. L'écrivain serait un client ? Ou… une cible ? Ne connaîtrait-elle pas son adresse, dans le premier cas ?  Ne-
 - Désolée…
Je mis une seconde entière à comprendre, à me souvenir qu'elle ne savait rien du choc qui avait été le mien. Essayant de garder une voix neutre et épurée de tout trouble, je répondis :
 - N'ayez crainte, il arrive à tout un chacun d'omettre de fermer son bagage.
Nous arrivions à un croisement. Il allait me falloir faire un choix… qui n'en était guère un. J'empruntai la mauvaise voie. Je ne comptais guère laisser passer l'occasion d'enfermer une criminelle aussi dangereuse… et encore moins aider à un meurtre, fût-il celui d'un adversaire.

©️ Halloween




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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Sam 14 Avr 2018 - 20:50
Perdue
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Que c'est amusant ! Que c'est excitant ! Tu crois qu'elle m'a vu ? Tu crois qu'elle a eu peur ? Je n'en sais rien, tu m'as tout de suite rangé dans ton sac à dos. En tout cas, une chose est sûre, c'est que toi tu étais en colère. Tu as faillit m'étrangler, que de violence ! On voit bien que c'est ta spécialité. Néanmoins, ça en valait la peine pour voir ton magnifique regard assassin qui aurait cloué n'importe qui sur place. Mais je ne suis pas n'importe qui, je suis ton heureux anima.
Tu reprends la marche, cachant ta gêne. Heureusement que tu es une assassin professionnelle, penser à ton objectif réussit à garder ton sang froid. En est il de même pour la fillette ? Il semblerait bien, même si cela a suffit à l'arrêter d'étaler sa culture.

Et heureusement d'ailleurs. Tu n'as jamais été à l'aise avec ce type d'individu, bien plus cultivé et éduqué que toi. Toi aussi tu aurais bien voulu, faire des études. Et non, quel dommage ! Quand on a plongé dans la criminalité, on ne peut plus jamais faire semblant de revivre normalement.
Je te sens crispée, et, pour moi qui te connais bien, je sais que tu es énervée, et surtout gênée. La fillette, sans doute plus jeune que toi, te ferait passer pour une illettrée ! Tu as envie de te taire, de lui dire de bouffer ses livres dans son coin et de lécher les pieds de son roi. Mais c'est pour l'instant la seule personne de disponible. Et puis, ses mots te mettent en colère. Si seulement tu savais parler aussi bien qu'elle, tu t’expliquerais avec plaisir. Néanmoins, tu te jettes à l eau. De l'audace, tu n'en manques pas.

-Ah... Oui, d'accord... Mais... Les sacrifices du roi, et l’ordre qu’il a mis en place, ça en avantage certains, et beaucoup y perdent. Un roi… c'est censé agir dans l’intérêt de tous. Mais seuls les Agape en profitent. C'est de l'égoïsme, aussi.

Ta voix est sûre et froide, un peu trop. Tu ne l’as jamais porté dans ton cœur, le roi. Les Àgape, c'est ceux qui t’ont retenue pendant des mois et t’ont fait subir des traitements inhumains. Tu auras toujours une dent contre eux, alors tu ne regrettes pas d'être devenue une Due.
Mais moi, je les apprécie un peu plus. Après tout, s’ils n’avaient pas fait ça, tu ne serais pas devenue ce que tu es, aujourd’hui. Oh oui, tu serais bien moins drôle. Et une vie qui n’est pas amusante ne vaut pas la peine d’être vécue.

Même si pour l’instant, tu aurais plutôt du cacher ta rancœur. Enfin, on ne peut pas dire que je t’ai aidé !
Tout en parlant, nous marchons, enfin plutôt, tu marches en me portant. Et je m'ennuie, je baille, j'ai envie de sortir et de m'amuser moi aussi ! Le papillon avait raison, j'avais vraiment besoin d'une bouffée d’air. Je recommence à être étouffé. N'étions nous pas censé être proches de la destination ?

-Hé... On est où la ? On s'éloigne de la destination.

Oh, oh ! Je vois. Perspicace, Cloud ! Quand tu parles, c'est toujours pour faire des reproches.
Tu jettes un regard sévère à la jeune fille. Tu te rapproches d'elle. Tu la domines de toute ta hauteur.

-Tu m’emmènes où, la ?

Oh oh ! Tu crois qu'elle m'a reconnu, Cloud ? ~



Cloud Mandrake
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Mnémosyne
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Mar 24 Avr 2018 - 18:58


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“Le succès du courageux est probable, le succès de la stratégie souple est sûr.”




Mohamed Al Mokhtar Zadni
 J'avançais d'un pas serein… mais ce n'était qu'apparence. En mon esprit, la tempête faisait rage : j'analysais chacun de ses gestes et mots passés comme futurs, j'imaginais mille théories sur ses intentions et autant de plans pour régler la situation, j'évaluais et sa dangerosité et sa patience… Et je luttais contre la peur qui me tordait l'estomac. Je n'allais y céder, cependant : je m'étais promis que ma dignité ne souffrirait jamais plus, et me soumettre à la terreur serait inacceptable. Si mon corps était faible, mon esprit pouvait l'emporter sur ses talents d'assassine, fuir serait un échec…

Bien que je fusse aussi égarée qu'elle, en l'instant. Que devais-je faire ? J'avais déjà pris une décision : il me fallait contacter Galaad. Il était le seul capable de décrypter un de mes codes, et surtout de deviner son existence. Cependant, quel message devais-je lui transmettre ? Il me fallait sauver ma vie et celle de l'écrivain, aussi odieux m'était-il, mais aussi mettre la tueuse aux fers : cela m'était possible, il me fallait juste un peu de chance. Je devais néanmoins exécuter les premières étapes de ma stratégie sans tarder, car le temps m'était compté. Sans que mon empressement ne soit suspect, néanmoins… ni que ma crainte ne transpire.

Il me fallait continuer à l'éloigner, autant que possible : chaque seconde comptera, la bataille ne jouait point en ma faveur. Cependant, je ne pouvais guère non plus trop nous égarer : si l'assassine perçait mes manœuvres à jour, non seulement elle nous échappera, mais surtout…

Je préférais ne point imaginer la nature de ses représailles. Par chance, elle continua la conversation : voilà un sage moyen de détourner son attention.
 - Ah... Oui, d'accord... Mais... Les sacrifices du roi, et l’ordre qu’il a mis en place, ça en avantage certains, et beaucoup y perdent. Un roi… c'est censé agir dans l’intérêt de tous. Mais seuls les Agape en profitent. C'est de l'égoïsme, aussi.
Bien entendu, l'intérêt de cet échange de points de vue avait disparu à mes yeux : je ne doutais guère qu'elle avait de sérieuses raisons de s'opposer au Roi, dès lors que ce dernier condamnait et corsait l'exécution de ses méfaits. Elle y avait perdu, voilà bien l'unique point que je lui accordais ! Mais si le fond de nos échanges s'était vidé de son sens, il m'était pourtant devenu plus important par sa forme : pour peu qu'elle se concentrât un minimum sur la conversation, sa vigilance en sera amoindrie. De plus, même si l'admettre me coûtait, ce sera moyen efficace d'ignorer ma terreur…
 - A qui profitait ce chaos macabre, si ce n'était quelque criminel ne méritant nul avantage ? Je réfute sans frémir votre allégation selon laquelle notre caste est unique à récolter les fruits du nouvel ordre ! Et si ma parole ne vous est suffisante, demandez-donc aux habitants de ce quartier : regrettent-ils l'époque sans loi ? Souhaitent-ils la disparition de patrouilles royales ? Apprécieraient-ils le retour des Beasts au sein des demeures ? Soupirent-ils après les parodies de milices corrompues qui s'étaient formées pour tirer odieux profits de la situation ? Que dire des avancées scientifiques favorisées par le Roi ? De l'énergie mise à disposition par ses mesures ? Il est vrai que les mieux placés jouissent de certains privilèges, mais n'est-ce pas salaire juste pour les plus utiles ? N'est-ce pas encouragements pour les autres à se dépasser, à gagner leur place au sein de la caste ? N'est-ce pas, enfin, moyen nécessaire pour affirmer leur autorité sur le peuple ? Ce dernier ne reconnaîtrait guère souverain en guenilles ; à l'inverse, une tenue élégante instillera le respect. N'en a-t-il pas toujours été ainsi ? Qui donc embauchait homme se présentant en tenue débraillée, à l'époque de la démocratie ?
Et à propos d'employeur… qui était celui de cette assassine ? Je n'étais guère aveugle, tout portait à croire qu'un Agapè avait trouvé bon de censurer l'auteur… définitivement. Pourtant, c'était non seulement immoral et indigne, mais aussi profondément stupide ! De simple contestataire, il deviendra martyr : ses livres se revêtiront d'une aura sacrée, et ses lignes seront alors clamées comme incontestables. Pourquoi le Roi s'embarrasserait-il à le faire disparaître si ce n'était par crainte de ses mots, et donc leur véracité ? En vérité, cet homme et ces élucubrations ne représentait pas un danger pour nous… tant qu'il ne mourrait pas dans des conditions suspicieuses.

Malheureusement, mes détours ne passèrent guère plus longtemps inaperçus.
 - Hé... On est où la ? On s'éloigne de la destination.
Un frisson atroce me courut sur l'échine : de mon habilité au mensonge dépendait, dès maintenant, mon existence. J'espérais pouvoir nous éloigner plus encore, mais les choses se précipitaient. Il me fallait déjà procéder à l'étape seconde, bien que le manque de temps ne manquât pas d'exacerber mon angoisse. Et si j'échouais ? Et si, à avoir été trop gourmande, je finissais par tout perdre – sa capture, la vie de l'écrivain et la mienne ? Il était trop tard pour changer de voie : le moindre faux pas et sa lame tranchera ma gorge… ou pire. Sans doute me torturera-t-elle pour m'arracher la bonne voie et jamais je ne céderai, promesse alors de souffrances longues et… Je chassai ces pensées. Si la terreur eut pu au moins protéger ma vie quelques minutes plus tôt, dès à présent, il n'en était plus rien : qu'elle la sente, et elle saura mes mensonges. Alors, tout sera perdu…

Aussi, quand elle s'approcha, je ne cillai pas.
-Tu m’emmènes où, la ?
Si je n'étais guère actrice talentueuse, j'étais d'un courage rare et d'un sang-froid exemplaire – quand mes principes n'étaient point attaqués, du moins. Je plongeai mon regard dans le sien, priant pour qu'elle n'y lise pas l'angoisse qui m'habitait, et rétorquai d'un ton offensé :
 - Mes excuses, mademoiselle, je ne suis point guide experte ni même habituée des lieux ! Par repères et vagues indications, il m'a été possible de trouver la demeure, mais non point par le chemin le plus court ! Auriez-vous préféré que je me sois avancée à l'aveugle plutôt que de suivre voie certes plus longue, mais connue ?
Je vis là l'opportunité d'amener naturellement l'acte clé de mes projets. Je forçai un soupir agacé, et sur un ton plus calme, proposai :
 - Mais soit, sans doute êtes-vous pressée. Je vais appeler proche plus savant en la matière, il devrait pouvoir aider.
Sans attendre sa réponse, je saisis mon Steamgram et initié la communication avec Galaad. Comme je m'y attendais, il ne tarda pas à réceptionner l'appel :
 - Erial ?
Sa voix me rassura quelque peu, mais m'inquiéta plus encore : pourrai-je encore l'entendre ce soir ? De plus, je n'aimais guère l'impliquer dans telle affaire. Je connaissais sa peur de voir sa vie bouleversée par quelque sombre affaire, j'eus préféré ne pas l'y confronter. Cependant, sa seule tâche était de transmettre un message tout en restant dans notre quartier, le risque et l'impact étaient fort limités…
 - Galaad ! Je dois guider Thésée dans le Dédale qu'est le Queens. Aideras-tu la fortunée Ariane à assister son destiné dans sa quête ?
Nul sarcasme dans ma voix : l'objectif était bien qu'il comprenne que le message était singulier, tout en amenant le thème mythologique à son esprit. "Son destiné"… s'il ne l'avait oubliée sur une île en récompense de son aide. Pourtant, il me demanda simplement l'adresse, en me taquinant gentiment sur mon génie pas si génial. Avait-il seulement relevé l'erreur ? Je devais mimer l'agacement ; il fut naturel, amplifié par la crainte.
 - Ne m'oblige pas à devenir Cassandr- cassante, fis-je semblant de me corriger, comme si la colère avait fait fourcher ma langue. Il s'agit de la maison juste à côté de notre ami Erginos, et le temps presse pour y arriver.
Cassandre, maudite par les dieux, capable de prophétiser les catastrophes mais que nul ne pouvait croire. Erginos, pris et tué en embuscade par Héraclès. Comprendra-t-il ? Il n'était guère dans mes habitudes de trébucher sur un mot, et nous n'avions guère d'amis nommé Erginos…

Il ne me déçut point : je sentis sa voix trembler quand il me répondit.
 - D'ac-cord. Il me plairait d'ailleurs de prendre un repas commun avec eux pour parler de certains projets. Pas toi ?
La crainte que je lisais dans sa voix m'était souffrance, mais avais-je le choix ? A sa question, référence aux agapes, je répondis :
 - J'en serais ravie, et le plus tôt possible ! Mais je n'ai guère le temps de tenir la conversation…
Je lui donnai le nom de l'adresse à laquelle nous étions, et lui demandai comment rejoindre le plus rapidement le chemin que je connaissais. "La seconde à gauche", inventa-t-il, et je le remerciai.

Il se tut un moment puis ajouta :
 - Reviens vite.
Ce n'était une simple formule de politesse, malgré son apparente légèreté. Et je n'en fis pas non plus :
 - A ce soir.
L'appel fut coupé, et je me retrouvai à nouveau seule avec un trio de bourreaux. Je n'avais pu voir l'expression de la femme, craignant qu'un examen de son faciès sème le doute en elle… et par crainte de ce que j'y lirais. Cependant, il me fallait à présent savoir : je levai le regard vers elle.
 - Veuillez accepter mes excuses pour ce contretemps. A présent, je puis vous mener par le chemin le plus court.
Je ne pouvais qu'espérer qu'elle ne puisse lire mon rythme cardiaque, comme le faisaient certains prédateurs…

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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
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Lun 28 Mai 2018 - 23:18
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C'est qu'elle n'en démord pas, la petite. Petite par sa taille, mais quelle grande langue ! Une vraie pipelette. Et quel discours ! Tu as bien du mal à la suivre, Cloud. Tu n'as plus l'habitude des longs discours, tu n'as même plus l'habitude de discuter. Ta lame parle plus que toi.
Et puis, ça ne te plait pas trop, ce que dit la demoiselle. Elle estime que les privilèges sont justes ? Que cela encouragerait les autres à se rendre utiles ? Utiles en quoi, à servir de boucs émissaires ? De ne pouvoir s'habiller autrement qu'en guenilles, et donc d'être incapables d'être mieux respectés ?
Cela te rend furieuse, Cloud. Toi, tu étais en guenilles aussi, devant cette fausse milice qui te persécutait, qui se moquait de la folle que tu es. Et la encore, comparée à cette jeune fille, tu fais bien pale figure. Est ce que tu vas répondre pour encore te faire ridiculiser, ma chère ?

Oh, non, cette fois c'est toi qui attaque ! Et quel froideur dans ta voix, quelle noirceur dans ton regard ! Tu lui crache le venin que tu avais accumulé en entendant son langage fleuri de petit noble lèche bottes du roi. Crois tu que cela suffira pour la faire sortir de sa superbe ? Pas du tout !

-Mes excuses, mademoiselle, je ne suis point guide experte ni même habituée des lieux ! Par repères et vagues indications, il m'a été possible de trouver la demeure, mais non point par le chemin le plus court ! Auriez-vous préféré que je me sois avancée à l'aveugle plutôt que de suivre voie certes plus longue, mais connue ? Mais soit, sans doute êtes-vous pressée. Je vais appeler proche plus savant en la matière, il devrait pouvoir aider.

Tu grognes un peu, ne pouvant t’empêcher de grimacer devant son air pompeux. Toi qui as des manières de paysanne -ou plutôt, pas de manières du tout- tu n’as jamais supporté de te retrouver face à ces bonnes gens, toi qui ne comprends même pas vraiment leur langage.
Et pour ne rien comprendre, pour le coup, ce n'est vraiment rien du tout ! La petite fille prend son Steamgram, comme pour demander son chemin. Tu tends l'oreille, n'ayant aucun scrupule à écouter leur conversation, mais tu ne comprends rien à rien. Est ce que les riches se parlent toujours comme ça, avec des codes, comme un jeu ? Est ce à cause de leur hypocrisie, qu'ils ne puissent pas se parler franchement et clairement ? Peu t’importe de toute façon : ton langage à toi, c’est celui de ta lame.

Tu observés la petite demoiselle, bras croisés, visage fermé, jusqu'à ce qu'elle finisse sa conversation. Elle lève son regard vers toi, et, tu découvres avec surprise qu'il n'est pas aussi méprisant et assuré que ce à quoi tu t’attendais. Non, il y a une lueur dans son regard que tu reconnais...

-Veuillez accepter mes excuses pour ce contretemps. A présent, je puis vous mener par le chemin le plus court.
-Ok.

Tu ignores ce sentiment et te remets en marche. C'est le cadet de tes soucis de toute façon. Cette fille ne te sert que de guide. Et si elle te gêne trop, tu n’auras qu'à t'en débarrasser. Tu dois bien redorer ta réputation après tout, il ne faudrait pas que ta ville natale t'oublie déjà.
Tu te remets donc à suivre la petite, sans chercher à relancer la conversation cette fois. C'est un peu le calme avant la tempête. La météo a annoncé des intempéries cet après midi.
Mais tu sens encore qu’il y a quelque chose qui cloche. Tu entends du bruit, alors que tout à l'heure c'était le calme plat. Les gardes sont censés être à leur poste, c'est à dire pas ici. Toi qui es habituée à préparer un assassinat, tu sais que c'est mauvais signe.
Mais c'est justement parce que tu es habituée que tu sais que des sacrifices sont nécessaires, en cas d’imprévus. D'un coup, sans prévenir, tu agrippes violemment la gamine par le bras, et tu la tires avec toi, jusqu'à un coin de rue qui semble isolé, à l'ombre. D'une rapidité professionnelle, tu sors un petit scalpel et le presse contre la gorge de ton interlocutrice.

-Fini de jouer. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais conduis moi tout de suite aux appartements de McFly. Et tu as intérêt à savoir où c'est.

Dans tous les cas, tu sais qu’elle n'en sortira pas indemne. Enfin, tu auras l’occasion de lui fermer son clapet ~



Cloud Mandrake
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Ven 29 Juin 2018 - 0:51


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“Trop d’intelligence tourne en folie.”





Proverbe kongo
 Son visage n'exprimait que l'agacement, et j'en fus rassurée. Nulle colère, nulle haine ; je ne pouvais qu'espérer qu'il ne s'agissait point là d'une façade calculatrice, qu'elle était sincèrement aveugle à mes manœuvres. D'un fort concis "ok", elle sembla approuver ma proposition. Cependant, rien encore n'était obtenu… Il me fallait l'éloigner, chaque seconde était vitale. Si ce n'était déjà le cas, le doute ne tarderait à naître : alors, la distance entre assassine et cible devra être  bien plus conséquente...

Le silence m'était pesant. Je ne cessais d'imaginer les développements possibles de cette situation, et peu m'étaient favorables… Pour ne point mentir, à mesure que le temps s'écoulait et que mes idées s'enchaînaient, mon futur ne cessait de se profiler plus sombre en mon esprit. Dès lors qu'elle comprendra que je m'étais jouée d'elle, acceptera-t-elle pareille humiliation ? Ne comprendra-t-elle pas immédiatement la teneur de mon appel ? Ne décidera-t-elle pas de m'occire et d'abandonner sa mission ? Sombre consolation. Ma vie était plus importance pour ce monde que celle de cet auteur anarchique, c'était là fait indéniable. Et m'éteindre en brisant une promesse à Galaad… L'idée m'était difficilement supportable, mais point autant que celle de sa douleur. Pourtant, que pouvais-je faire à présent ? A ceux qui vantaient mon calme et mon esprit rationnel, Galaad répondait par un léger rire. Tête brûlée, voilà appellation qui me convenait mieux… Galaad. Je décidai de me concentrer sur cette pensée, prenant conscience que cela apaisait mon angoisse. Tout ira bien, je n'allais point me laisser occire si aisément… J'avais traversé pire, bien pire. Que gagnerait cette assassine en ajoutant une Agapè à sa liste de méfaits ? Un zèle plus farouche à l'attraper, voilà la seule conséquence possible, elle ne pouvait qu'en être consciente. Nulle raison que mon cœur batte à tel rythme… J'avais des ressources, plus qu'elle ne l'imaginait. S'il m'était impossible d'observer son expression, ses pas dans mon dos sonnaient réguliers à mon ouïe. Je devais rester calme, paisible, sereine, réfléch-

Mon cœur rata un battement, alors qu'elle me saisit brutalement le bras. Emportée par sa force, je ne pus que suivre, luttant pour ne point fermer les yeux de peur. Un tourbillon terrifié engourdissait mes pensées et mes vains efforts pour garder esprit clair étaient balayés à l'instant. Tout juste arrivais-je à ne point agir sous la panique : résister serait dangereux… et humiliant. Si cet instant devait sceller ma mort, ma dignité, elle, me survivrait. J'en avais fait le serment. C'état ce qui comptait, oui...

Je me raccrochai à cette pensée, à ce principe, pour ne céder à la tempête d'émotions.

Elle s'arrêta. Son visage se tourna vers moi et nos regards se croisèrent, pendant un instant fugace… et pourtant éternel. Mes yeux étaient humides de ne s'être fermés sous ses sentiments puissants. Mes dents étaient serrées, par haine, par fierté mes surtout pour contrôler ses tremblements. Honneur et terreur se mêlaient, alors qu'une question se gravait dans mon esprit, chassant toute autre pensée…

A quoi ressemblait la Mort ?

Pourtant, son arme s'immobilisa sans trancher. Soulagement naïf et colère absurde ; ne pouvait-elle en finir ? Devait-elle jouer de mes tourments, jusqu'à me voir céder ? Ou peut-être, mais je n'osais l'espérer… Jouait-elle dans mon plan ?
 - Fini de jouer. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais conduis-moi tout de suite aux appartements de McFly. Et tu as intérêt à savoir où c'est.
J'hochai la tête, sans un mot. J'eus aimé n'y voir que l'exécution d'une étape de plus de mes projets… Et pourtant, je ne pouvais me cacher d'y avoir mis une volonté sincère. J'étais soulagée, je me sentais plus légère, une gratitude sans destinataire naissait en moi, indépendamment de ma volonté.

Heureuse d'être encore en vie.
Et, dans le chaos qui ballottait mon esprit, une pensée sarcastique se démarqua cependant : de cela, Galaad serait enchanté…

A peine me libéra-t-elle que je me tournai vers notre destination. Pour ne point tenter le Diable en montrant une mauvaise volonté provocatrice, mais aussi pour lui cacher mon visage. Je ne voulais qu'elle y lise mon soulagement inconscient, l'humidité qui baignait encore mes yeux, ma poitrine qui se soulevait au rythme de ma respiration saccadée. Vains efforts, je le savais pourtant : je ne pouvais lui cacher les tremblements qui me secouaient encore et mon mutisme s'éternisant, par le choc et la peur d'entendre ma voix tremblante, n'était qu'une preuve de plus de la faiblesse qui m'habitait à présent…

Pour fuir ces pensées tourmenteuses et la satisfaction de Lucifer, je me concentrai sur mes prochaines actions, tentant d'oublier mon âme honteuse pour user de mon cerveau infaillible. Me donner un faux air de génie contrôlant la situation, alors même que mon cœur battait douloureusement et que des vagues d'angoisses me secouaient encore.

Les miens avaient-ils bénéficié d'assez de temps pour tendre l'embuscade ? Qu'allait-elle faire de ma personne, une fois sur les lieux ? N'avais-je gagné qu'un répit ? Allais-je enco- Je serrai les dents, me mordis les lèvres. Peste ! Une colère sourde tentait de se faire une place en mon âme, dans le tourbillon d'émotions qui l'habitait déjà. Ne pouvais-je faire abstraction de mes émotions pour n'user que de mon intellect ? Au final, je n'étais qu'une mutante comme les autres, soumises à ses émotions. Une enfant.

Avec appréhension, j'arrivai enfin à la rue fatale. Face à nous, un écriteau prouvait enfin ma bonne foi : "Mr McFly, écrivain libre". La honte me submergeait : j'avais amené assassine à la porte même de sa victime, tête basse et gorge nouée. Et si mes manœuvres échouaient… je serai complice d'un meurtre. Diable, avais-je réellement le droit de décider de mettre la vie de cet homme en danger pour attraper cette misérable ? Non, me hurlaient mes valeurs. Oui, me soufflaient mon allégeance et ma raison. Cependant, il était trop tard pour tenir procès : jugement déjà avait été rendu.

Mais l'heure n'était guère à la réflexion. A peine les yeux de l'assassine se furent-ils posés sur l'identité de l'habitant que je m'éloignai rapidement, malgré une célérité handicapée par mes habits et mes jambes d'enfants. Allait-elle me poursuivre aux prix de minutes qu'elle ignorait peut-être vitales ? Ou considérer que je n'en valais guère la peine ? La réponse ne tarderait assurément point…

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Cloud Mandrake
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Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
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Jeu 19 Juil 2018 - 22:46
Contrat
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Je la sens, sa peur. Je la sens, sa volonté de vivre. Je les vois, ses tremblements. Je sais ce qu’elle est, petite fille mortifiée devant son bourreau.
C’est MAGNIFIQUE ! Ses yeux humides, qui parlent bien mieux que son langage fleuri ! Sa peur de mourir qui rabaisserait n’importe quelle Agapé à l’instinct primaire de survie de n’importe quel animal ! Plus de subterfuges, plus de grandes tirades, voilà ce que nous sommes tous, des animaux qui fuient la mort… Ou qui la donnent.
Oh, dis moi ma chère, je t’en prie, tu ne vas pas déjà la lâcher, n’est ce pas ? Tu ne vas pas gâcher ta position parfaite de domination, sa peur délicieuse ? Et si on lui montrait la véritable peur, ce que ça fait de voir ses membres découpés un à un ?

Quoi ? Pardon, tu la lâches ? Non, vraiment ? Voyons, Cloud, tu me déçois, grandement ! Tu aurais pu faire un meurtre tellement beau, tu aurais pu donner un si beau spectacle à ces Agapés ! Ce meurtre aurait pu être tellement beau… Comparé à celui de notre contrat, il n’y aura aucun amusement.
Tu suis la fillette qui prend les devants, tête baissée, ayant perdu de sa prestance d’il y a à peine quelques minutes. Et bien petite, tu ne te tiens plus aussi droite qu’avant, du haut de ton petit mètre trente ? Tu ne nous regardes plus de haut ? Tu as raison : une lame pourrait bien te traverser d’encore plus haut !
Et bien, Cloud, tu peux peut être continuer de faire la rabat joie, mais cela ne me sied définitivement pas. Alors je m’avance vers la petite, marchant à ses côtés, de sorte à ce qu’elle ne puisse pas me louper. Arborant mon plus charmant sourire, je lui fais la conversation.

-Eh bien, mademoiselle, vous ne faites plus la conversation ? Vous ne voudriez tout de même pas que la dernière image que l’on garde de vous soit d’une enfant apeurée qui s’est laissée tuer, paralysée par la peur ?

Un léger rire grave m’échappe. Oh oui, vas y, énerve toi, rebelle toi, peut être cela fera t-il changer d’avis ma chère Cloud ~
Mais que vois-je ? Quelle déception ! Nous sommes déjà arrivés ! Tourmenter une gamine est tellement plus amusant que de devoir exécuter un simple contrat, même pas pimenté qui plus est.
Tu t’avances vers la porte que la fillette t’a indiqué, une précieuse minute d’inattention… qui te couta la libération de ta prisonnière. Fourbe, la petite blonde en a profité pour s’échapper ! Croit-elle pouvoir s’en sortir, avec ses petites jambes ?
Cela ne dépendra que de toi. Et bien, ma chère, que comptes-tu faire ? Je te vois fulminer sur place, maudissant ta propre inattention. Tu comptais bien la tuer, après tout. Oh, j’en serai presque ému, si tu ne l’avais pas laissée filer stupidement. Mais, c’est le retour du bâton : c’est bien fait pour toi, maintenant, que vas-tu faire ? Tu as un contrat, certes ennuyant mais avec un butin à la clef, mais aussi une petite souris qui va te mettre directement les gardes à dos…
Mordant ta lèvre, tu finis par prendre une décision, et c’est avec surprise d’abord que je vois se matérialiser devant nous nos doubles parfaits, avant de comprendre qu’il s’agit encore de tes illusions. Tu fais un mouvement de tête dans la direction vers laquelle la jeune fille est partie, et nos deux illusions courent à la poursuite de la petite blonde. Ingénieux, Cloud, quitte à être repérés par les gardes, autant qu’ils s’affairent à capturer des illusions, ce qui nous laissera largement le temps de nous occuper de notre contrat. Tout le monde saura l’identité de l’assassin, ta réputation, qui commençait à être enterrée dans le Queens, n’en sera que redorée.
Plus de gens à tes trousses. Mais plus de contrats pour toi.

Tu frappes cinq fois à la porte. Un silence te répond, avant que la porte ne s’ouvre. Nul besoin de la défoncer ou d’entrer par un autre moyen. Tu savais que ce serait facile.
Un homme t’attend de l’autre côté. Petit, âgé, richement vêtu, il rajuste ses lunettes et te fixe. Il n’a pas peur. Pourtant, il sait pourquoi tu es venue.

-Alors c’est l’heure…

Tu hoches la tête, et, sans plus de manière ni de paroles, tu sors ton long poignard, d’un mouvement très professionnel.
Je déteste déjà ce McFly, Cloud. Il n’est pas marrant, il n’a pas peur et ne réagit même pas. Est-ce que tu peux en finir rapidement avec lui ?
Tuer un homme qui a organisé son propre meurtre n’a rien de marrant.



Cloud Mandrake
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Mnémosyne
Mar 28 Aoû 2018 - 14:38


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“La plus vraie des sagesses est une détermination ferme.”





Napoléon Bonaparte
 Mon cœur battait à en rompre ma poitrine, tandis que mes jambes tapaient le pavé d'une force qui eut été douloureuse si l'adrénaline n'atrophiait la souffrance. A son instar, ma raison peinait à rester éveillée malgré la terreur qui embrumait mon génie… Fuir, je devais fuir, vite, ma vie en dépendait, sa dague allait me trancher d'une seconde à l'autre ! Je n'allais pas mourir ici, je le refusais !

Il me semblait entendre ses pas, tels une horloge trop célère. Son souffle, avant-goût du râle de la Faucheuse. Sa lame, dont la simple idée serrait et chatouillait ma gorge, qui me semblait soudainement bien trop exposée… Et la force de tourner mon regard afin de différencier illusions de réalités, je ne l'avais plus. Un fragment lucide de mon esprit bouillonnait de rage face à ma faiblesse ; une fois de plus je me heurtais aux limites de mon courage, terrassée par des instincts primaires. Qu'étaient ces tourments physiques face à la torture de ma conscience ? A quoi bon la survie quand le prix en était ce qui lui donnait sens ? Je m'étais fait une promesse, et je n'étais femme à les briser !

Je ne pouvais la semer. Qu'elle ait abandonné la poursuite, et interrompre ma course était exempt de dangers. Qu'elle s'entête à me retirer la mienne, de tête, et mes jambes ne seraient d'aucune utilité. Si j'espérais la conserver, il était temps d'en user… et de ce don maudit. L'heure n'était plus aux considérations de principe ni à la crainte de voir mes souvenirs m'échapper. Elle n'était guère d'avantage aux réflexions complexes, car le choix n'était plus, une voie seule portait l'espoir d'un futur. J'affermis ma résolution dans un essai relativement fructueux d'étouffer ma peur, et quand un élan de courage – ou de folie – me saisit, je rejetai toute hésitation…

Je me retournai pour lui faire face.
Une froide raison, ou le désespoir, désarmait ma terreur. Elle n'avait plus place en mon sein, cachée dans un coin, inoffensive. Tel l'être qui se jetait dans le vide et ne ressentait qu'une sensation de légèreté et de fatalité, tout mon être en était conscient : je ne pouvais que suivre la voie tracée par la logique et prier pour toucher l'onde, et non les roches...

Elle courrait vers moi. Ma main amena ma pipe à mes lèvres. Mes yeux plongèrent dans les siens, évitant de fixer la lame menaçante. Elle était proche, mais moins célère que mon esprit. Ses souvenirs seraient livre ouvert sous mon pouvoir, armurerie de son encéphale que je retournerai contre son cœur. Et si j'y échouais… ce sera son fer qui percera le mien.

Et j'échouai. Je ne me heurtai pas à une forteresse mentale. Je ne me perdis pas dans un labyrinthe abscons de souvenirs épars. Je ne sentis guère plus mon pouvoir m'échapper, m'arracher mes propres réminiscences, devenir incendie brûlant son et mon âme d'une même flamme. Non, ce fut… pire. Un feu lancé en plein océan, qui se perdit sans lécher la moindre brindille. Une flèche traversant la cible comme si elle n'avait jamais été. Un profond désespoir me saisit, me vida de mes dernières forces, de celle même d'avoir encore peur. J'avais échoué… J'avais placé ma vie en ce pouvoir haï, inconnu, et j'en payais le prix. Celui de ma folie…
Ma main se porta à ma cheville, saisissant le couteau qui y était caché, mais seul mon corps avait pris cette décision. Ma conscience se préparait déjà, ne cherchant plus même à comprendre la raison de cet échec. Pardonne-moi, Galaad…

Rapide, elle esquiva un coup sans espoir… et sa lame me trancha la gorge.

Nul sang ne tâcha ma robe. Nulle douleur ne tordit mes traits. A l'instar de mon pouvoir, son acte se trouvait vide de conséquences. Je clignai des yeux, surprise, perdue. J'étais encore en vie ? Pourquoi…

La fatigue s'abattit sur moi telle une pierre alors que l'adrénaline refluait, et je tombai sur mon séant. L'assassine avait disparue comme neige au soleil, ne restait qu'une ruelle silencieuse. Comme j'aurais aimé pouvoir rester assise, remettre de l'ordre dans mes émotions, dormir… Ne plus foncer au cœur du danger, de la peur, en ces situations par lesquelles mes valeurs et promesses se voyaient mises à l'épreuve à chaque acte. Pourtant, ma tâche n'était terminée. Je ne voyais nul Agapè, et je devinais que j'avais été le jouet d'une illusion. La véritable assassine ne raterait pas sa cible, elle…

Je me relevai, péniblement, refusant d'écouter l'épuisement physique et mental qui me sommait d'en rester là. Je courrai jusqu'à la demeure, priant pour qu'il ne fut point trop tard. Etais-je folle, à m'accrocher à ces principes jusqu'à l'absurde ? Ou… était-ce un moyen de ne plus le devenir ?

 - Alors c’est l’heure…
Je soupirai de soulagement, cachée dans l'embrasure de la porte. Alors, il vivait encore. Peut-être pouvais-je encore empêcher cet acte atroce… Cependant, le sang-froid de la proie m'impressionnait. Avait-il donc présagé qu'il serait assassiné pour ses propos ? Était-il prêt à donner sa vie pour ses idéaux ? Un certain respect naquit en moi pour cet homme. Je regrettais qu'il fut de nos détracteurs, sans doute nous serions-nous appréciés en d'autres circonstances. C'était un être intelligent et fort versé dans la littérature…

Et ce génie ne serait perdu. Je ne pouvais permettre cet assassinat.
Parce que mon allégeance au Roi l'ordonnait, par simple logique politique : un martyr opposé au régime et l'implication supposée des nôtres dans un assassinat aussi bas ne ferait que nous desservir.
Parce que la morale était sans équivoque : le meurtre d'un innocent désarmé était mal.
Alors que l'un s'opposait régulièrement à l'autre dans mes décisions, aujourd'hui, il n'en était rien ; et la peur ne pouvant être un obstacle, rien ne me retenait plus longtemps… Rien. Et pourtant, il me fallut une demi-dizaine de secondes pour enfin oser agir.
 - Rangez votre dague, assassine !
Jaillissant de l'embrasure, je me plaçai entre la tueuse et sa proie. Pipe en bouche, je la défiais du regard. Mes jambes manquaient de céder sous moi, mélange de fatigue écrasante et de terreur intarissable, mais mes yeux ne cillaient plus. Je savais ce que j'avais à faire et, cette fois, je n'échouerai pas.

Mon Roi, si je m'oppose sans le savoir à votre volonté, puissiez-vous me pardonner…
 - Je ne vous laisserai pas commettre cet acte sous mes yeux, qu'importe vos menaces et petits tours de magie. Portez la main sur lui, et je ferai une affaire personnelle de vous traîner devant la justice. Portez la main sur moi, et ce sera la garde entière qui vous traquera activement pour faire de vous un exemple.
Tout en parlant, je pénétrais son esprit, l'explorais, trouvais mes marques et l'architecture intérieure. A présent, il me fallait évoquer son employeur pour faire surgir les souvenirs lui étant lié…

Cependant, une voix cassante, grinçante, me tira de mes pensées.
 - Je ne me souviens pas vous avoir invité, Mlle de Fleury.
Surprise, je me tournai vers l'homme qui venait de prononcer ses mots : McFly. Passé l'étonnement, ce fut la consternation qui la remplaça. Nous détestait-il au point de refuser que l'une des nôtres lui sauve la vie ? Ou… espérait-il devenir martyr ? C'était un être intelligent, il devinait les effets de sa mort. Et, cette révélation en apporta une autre, plus frappante encore…

Non, il ne pouvait être aussi extrême. Et pourtant… pourtant, dans ses yeux, et je n'avais nul besoin de mon don maudit pour le lire… cette lueur brillait. Froide. Déterminée. Dénuée de la moindre surprise ou crainte malgré l'assassine. Pauvre fou…
 - Ainsi, vous êtes le perpétrateur même de cette comédie macabre, Mr McFly. L'épiphanie me vient tardivement, tous les signes étaient présents : mensonge et manipulation, voilà de quoi était fait votre ouvrage. Et voilà de quoi est fait votre combat dangereux et stupide.
Je me tournai à nouveau vers la tueuse.
 - Peu importe, en vérité. Quel que soit le client, cette charge est interdite, et je m'y oppose.
Malgré cette révélation, ma décision n'avait pas changé. J'allais trouver dans ses souvenirs de quoi gagner du temps, pour idéalement la retenir jusqu'à ce que les Agapè arrivent, et sinon, la forcer à fuir…

©️ Halloween




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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Lun 3 Sep 2018 - 22:59
Mission accomplie
Cloud ft Erial






Ta cible, le fameux McFly - qui deviendra encore plus fameux après son assassinat- se tient devant toi. Mais ça m'ennuie, Cloud. Ce McFly n'a absolument pas peur de toi. Il devrait, pourtant, en voyant ton regard noir, en voyant la lame dans ta main, en voyant une inconnue pénétrer dans sa propriété.
Mais non, bien sur que non, après tout, il le savait déjà, et toi aussi tu le savais déjà. Qu'il devrait mourir ici même par ta main.
Quel ennui ! Il n'y a rien de plus ennuyant qu'un meurtre volontaire, sans aucun frisson d'excitation, sans aucun challenge. A quoi bon aider un désespéré à se suicider ? Il est bien mieux de l'aider à reprendre espoir et goût à la vie, puis de l'achever au moment où il croit remonter la pente.
Mais tu ignores mes soupirs désespérés et tu t'avances vers l'homme. Soit, s'il y a une récompense à la clef, on va s'y plier. Après tout, ta réputation n'en sera que redorée pour obtenir par la suite de meilleurs contrats à la hauteur de tes talents.

Nous pensions que tes illusions seraient suffisantes pour détourner l'attention des gardes et te donner plus de temps pour abattre ta cible et t'enfuir.
Quelle erreur ! Au moment où tu t'appretes à baisser la lame vers le coeur de l'Agape, la porte s'ouvre en trombe derrière nous, et te fait sursauter. Tu tournes la tête vivement, prête à jeter ton poignard dans le crâne de quiconque voudra s'approcher de toi.
Mais à la place, un sourcil se lève en voyant qui pénètre dans la pièce pour te menacer : la morveuse de tout à l'heure.

-Rangez votre dague, assassine ! Je ne vous laisserai pas commettre cet acte sous mes yeux, qu'importe vos menaces et petits tours de magie. Portez la main sur lui, et je ferai une affaire personnelle de vous traîner devant la justice. Portez la main sur moi, et ce sera la garde entière qui vous traquera activement pour faire de vous un exemple.

Cette fois, je ne peux me retenir, et j'éclate de rire. Même toi tu ne peux empêcher un rictus moqueur. Ooouuuuh, ce que j'ai peur !

-Oooh, pardonnez moi, vous êtes tellement menaçante que je vais me retirer tout de suite !
-D'où te vient une telle assurance d'un coup, tu es partie jeter la culotte où tu t'es fait dessus ?

Mon sourire s'élargit. Un moment de complicité entre anima et Dué pour ridiculiser quelqu'un, c'est tellement beau.

Mais la gamine semble se désintéresser de nous pour se tourner vers McFly. Et son changement d'expression en découvrant toute la supercherie est magnifique. Celui qu'elle essayait de protéger quelques secondes plus tôt est en vérité celui qui a tout planifié.

-Peu importe, en vérité. Quel que soit le client, cette charge est interdite, et je m'y oppose.
-Dégage de la, à moins que tu ne veuilles y passer la première.

Malgré ton ton menaçant, la fillette n'a pas l'air de vouloir obtempérer.
Dommage, elle aurait pu gagner quelques minutes de survie. À la place, McFly aura l'occasion d'assister en direct à sa fin. Finalement, c'est tant mieux, au moins il y a une vraie chasse dans cette mission ennuyante !
Mais alors que tu te tourner vers ta nouvelle cible, quelque chose cloche. Tu te masses la temps et essaie de dissimuler une grimace de douleur. Ce n'est pas le moment d'avoir une migraine, Cloud !
Oh mais oui, je comprends mieux en voyant le regard si sérieux et déterminé de la petite blonde, la manière dont elle te fixe. Alors elle avait un tour dans sa manche, finalement...

J'imagine que c'est à mon tour de t'aider, cette fois. Si je la griffe assez fort, ça devrait suffire pour l'empêcher de maintenir sa concentration.
Mais on dirait que McFly m'a devancé. Celui ci, devinant que quelque chose ne tournait pas rond, se précipite vers toi, poussant légèrement la gamine Agape, pour s'empaler sur la lame que tu tenais toujours à la main. Cela suffit à te faire reprendre tes esprits, et tu fixes la lame fichée dans le ventre de McFly, d'où sort une quantité affolante de sang. Ce dernier lance un dernier regard à l'Agape, le fantôme d'un sourire sur ses lèvres, avant de s'effondrer au sol, inondant le tapis de son sang.

Mission... accomplie ?



Cloud Mandrake
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Erial de Fleury
Mnémosyne
Erial de Fleury
Métier : Gardienne du savoir des anciens
Mnémosyne
Dim 30 Sep 2018 - 17:35


Numquam risum felis credere



“Ce sont les martyrs qui font la foi plutôt que la foi ne fait les martyrs.”



De Miguel de Unamuno / Pages choisies
 Si mes avertissements n'eurent, en apparence, qu'impact dérisoire, leurs sarcasmes ne furent guère plus fructueux. En cet instant, quelques fêlures frappant mon blason n'étaient point embarras majeur, pour user de litote… car l'échec en serait sa destruction. Mes sentiments il me fallait garder cois, et des siens tirer flèches ! De fait et comme en témoignait sa – vaine – menace, la logique ne semblait atteindre la bouchère : seul me restait l'espoir de frapper au cœur. Si tant était qu'elle en fut pourvue… et si le temps m'en était accordé.

J'avais été triste témoin et victime des pires horreurs dont humain ou mutant était capable ; et néanmoins, ce périple au sein d'un esprit ensanglanté m'était souffrance, dégoût, stupéfaction. Ce sombre don qui était mien avait limites, en cela que les souvenirs étaient dénués de l'émotion : ne restaient comme spectacle que massacres froids, survie infâme et solitude. Nulle pitié ne m'étreignait le cœur, toutefois : quelles que furent les raisons, elle n'était plus que tueuse volontaire désormais, et en subirait le juste châtiment. Pour m'en assurer, il me fallait chercher encore… jusqu'à trouver une faille.

Et cela, au moins, fut couronné de succès : Zephyr… Que de souvenirs avec cet enfant, qui n'étaient ornés de dagues et de crimes ; et, sans que je puisse déceler l'événement clef, son absence devenait soudain constance. Si je ne pouvais que saisir fragments de son histoire, le temps me faisant défaut, mon intellect liait ces indices et déduisait le fil principal de son existence. Bien des aspects et détails me restaient obscurs cependant, et pour cause : il m'était ardu de distinguer illusions de réalité, en son propre esprit confus. Nonobstant, était venu le moment de retourner mes découvertes contre elle : toute lame assassine qu'elle se pensait, elle allait bientôt comprendre qu'il n'en était rien. Elle n'était que mutante faible, dénuée du courage de vivre par la morale et non la facilité, saboteuse de son propre futur dans le sang ses siens. Si sa cruauté autant que la rareté de ses scrupules n'étaient plus à prouver, elle n'était toutefois point Philia : il devait y avoir en elle une once d'humanité, une conscience enfouie et fragile qu'il me fallait atteindre.

Cependant, alors que ma langue s'apprêtait à lui servir son verbe tranchant, une image surgit sous mon esprit : sa lame perçant la chaire de sa propre mère. C'était là souvenir primordial, plus puissant encore ! Il me fal- Mouvement soudain, sur mon flanc. Une demi-seconde me fut suffisante pour comprendre son origine… mais mon corps n'était guère aussi célère. Et, sous mon regard interdit, le corps de l'écrivain s'unit à la lame, dans un dernier rictus moqueur.

La colère cherchait à prendre place, mais ce ne fut qu'un accablant désespoir qui me frappa. Toute cette peur… Tous ces risques… Toutes ces humiliations… Toutes ces réflexions… Pour cela. Dans la même pièce que moi, à une paire de mètres seulement, un crime avait pris place. Et, au regard de l'assassine, je le devinais… un second ne saurait tarder.

Non ! Je le refusais ! L'heure de baisser les bras n'était point venue : l'homme respirait encore, et moi de même ! Quant aux renforts, leur arrivée était imminente, à n'en point douter. Il me restait mon atout, et il ne me fallait tarder plus : l'idée d'achever sa cible pourrait traverser son esprit. Cependant, je ne pouvais l'user imprudemment : il me fallait gagner du temps, et pour cela, lui faire croire qu'elle ne devait me tuer immédiatement. Je ne voyais qu'une manière, cependant… Qu'elle prenne le temps de m'arracher des informations qu'elle pensera indispensable. Si tel était le prix de sa capture, si ma souffrance pouvait acheter la vie d'innocents… et bien, soit. Cette fois au moins, la douleur aura un sens. Ce fut d'un air de défi dans lequel perçait néanmoins mon désespoir feint face à l'échec, que je lançai :
 - Ainsi, votre pouvoir est l'illusion. Un don… riche. Dont chacun ne comprend la portée que bien plus tard, si cette vérité leur est réellement offerte un jour, je n'en doute point. Après le décès de l'auteur du sortilège même, dans certaines situations. Tant d'êtres possèdent ces capacités si dangereuses, mystérieuses… ou en sont victimes inconscientes.
Elle n'était point stupide, elle comprendra ce que je suggérais. Alors, prise d'angoisse et ignorant que le temps jouait contre elle, elle pensera pouvoir m'ôter aisément la vérité. Une dernière erreur… et quand ce fait lui apparaîtra, il sera trop tard. Quant à ma survie… je ne pouvais qu'espérer qu'elle comprenne alors que m'ôter la vie ne lui sera d'aucun secours, au contraire. Le problème étant ici que son casier ne pouvait être plus compromettant…  A dire vrai, mon espoir majeur résidait dans sa raison ; autrement dit, qu'elle me prenne en otage. Alors, sa perte sera signée, car les nôtres avaient pouvoir prévu en cette situation : une protection puissante à distance. Et, aussi désireux de me voir survivre que souffrir, ce cher Lucifer ajouta :

Enfant née dans la soie, naïve comme altière
Elle provoque, méprise et se croit intouchable
Assassine, aujourd'hui, voici la nouvelle ère
Fais-lui sentir douleur à la tienne semblable !




©️ Halloween




Erial de Fleury
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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Ven 30 Nov 2018 - 23:58
Menace
Cloud ft Erial






Ça alors, c'est une sacrée surprise ! Le contrat ne faisait il pas mention d'un assassinat ? Pourquoi dans ce cas est ce la victime qui s'empale presque toute seule ?
Non non et non ! C'est moins drôle comme ça ! Aucune chasse, aucune lutte, aucun amusement ! Cet homme ne devrait avoir aucun mérite de devenir martyr !
Tout ça, c'est à cause de cette petite peste, n'est ce pas, Cloud ? Dis moi ma chère, elle t'exaspère aussi n'est ce pas ? Tu voudrais t'en débarrasser n'est ce pas ? Tu m'en voudrais si je l'abîme un peu ? Si je me venge sur elle en lui arrachant un œil ? Ne t'inquiète pas, je te laisserai l'autre...

Mais que vois je ? La demoiselle en question ose nous regarder de haut ! Ou en tout cas elle essaie, car avec sa petite taille, ce n'est littéralement pas possible. C'est un comble tout de même, pour quelqu'un de si hautain, de devoir toujours lever la tête pour essayer de prendre les gens de haut. Dis moi petite, voudrais tu que je t'arrache les yeux pour les suspendre au plafond ? Peut être auras tu enfin le sentiment d'être au dessus de nous, et même au dessus de ton propre cadavre ?

-Ainsi, votre pouvoir est l'illusion. Un don… riche. Dont chacun ne comprend la portée que bien plus tard, si cette vérité leur est réellement offerte un jour, je n'en doute point. Après le décès de l'auteur du sortilège même, dans certaines situations. Tant d'êtres possèdent ces capacités si dangereuses, mystérieuses… ou en sont victimes inconscientes

Tiens donc ? Une illusion, vraiment ? L’illusionniste se serait fait illusionnée ? Voyons ma chère Cloud, ne te désillusionne pas de l'illusion de t'être fait illusionnée par des illusions d'illusions !
Mais après tout, c'est toi l’illusionniste, n'est ce pas ? Tu devrais savoir si ce qu'elle dit est vrai, n'est ce pas ? Oh mais non, suis je bête. Ton esprit torturé est lui même piégé dans des illusions plus morbides les unes que les autres. Dis moi Cloud, est ce que ce sont ces illusions qui te rendent aussi folle ? Ou ce sont ces illusions qui te rendent un peu plus stable ? Très bonne question, à laquelle tu n'as toi même sans doute pas la réponse ~

Tu regardes le cadavre de l'écrivain, et, d'un geste presque nonchalant, tu écrases sa gorge. Un gargouillement se fait entendre, mélange de sang, de salive et de vomi.

-Oh vraiment ?

En bien ma chère, qu'en penses tu ? Après tout c'est toi la spécialiste, tu devais savoir si cette fillette ment , n'est ce pas ?

Mais que vous je dans tes yeux ? Serait ce de l'hésitation ? Ainsi, toi même tu doutes des paroles de la gamine. Oh je serais presque déçu de tes capacités... mais au moins ça rend le tout beaucoup plus excitent. Eh bien ma très chère, que vas tu faire ? Va t'on devoir slalomer entre les gardes à a la recherche du vrai McFly ? Oh, j'en meurs déjà d'impatience !
Mais cette fois ci, c'est à l'anima de se manifester. Tiens donc, depuis tout à l'heure celui ci semble s'amuser, comme moi. Peut être aurions pu mieux nous entendre dans une autre vie ?

-Enfant née dans la soie, naïve comme altière
Elle provoque, méprise et se croit intouchable
Assassine, aujourd'hui, voici la nouvelle ère
Fais-lui sentir douleur à la tienne semblable !


Tu fixes le papillon doré, qui étrangement semble presque de notre côté. Pourtant, je peux le comprendre. Qui a t il de mieux que de voir son humain lutter, faire face à l'adversité, détruire, et utiliser ses merveilleux pouvoirs pour faire couler encore plus de sang ? Il n'y a que dans l'affrontement que l'on se sent vraiment vivant !
Pourtant, tu ignores complètement l'anima. Après tout, tu n'as jamais aimé te faire commander par les autres -sauf s'il y a histoire d'argent- et tu donnes un coup de couteau vers le papillon, manquant de peu ses ailes. Tu lances ensuite un regard noir à la petite effrontée. Oh oui tirons lui les vers du nez !
D'un geste brusque, tu attrapes la fillette par le cou et serre, la faisant suffoquer, et la plaque violemment contre le mur. Sa petite taille et ta silhouette presque trop forte pour être féminine fait qu'elle ne touche même plus le sol. Pour améliorer l'effet, tu utilises ton pouvoir, et devant les yeux de la fillette, tu apparais comme un énorme loup garou, même ta voix en est déformée.  Oh quelle merveilleuse illusion, oh que c'est drôle ! Oh que j'aime te voir comme ça Cloud ! On dirait que tu joues avec une poupée de chiffon ! Et sais tu ce qui arrive aux poupées ? Elles finissent toujours enfermées au placard, démembrées, vidées de leur peluche !

-Finis de jouer. Raconte moi tout ce que tu sais. Et si tu essaies encore une fois de me piéger ou de t'enfuir, mon chat te bouffe les yeux. Tu n'as besoin que de ta langue pour répondre, et de rien d'autre. Tu comprends ce que je te dis ?

Mon cher Lulu, j'espère que cela vous convient ?



Cloud Mandrake
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Erial de Fleury
Mnémosyne
Erial de Fleury
Métier : Gardienne du savoir des anciens
Mnémosyne
Jeu 13 Déc 2018 - 21:39


Numquam risum felis credere



“La violence est une forme de faiblesse.”


Dominique Rocheteau
 Sotte, elle l'était indubitablement. Perdre temps à frapper par pure rage n'était qu'un début : tenter ensuite d'occire l'immatériel par arme physique témoignait d'un manque de lucidité évident. Enfin, eut-elle atteint son objectif, elle n'aurait plus eu qu'un corps frappé de folie à interroger. Pour ne sombrer que plus profondément elle-même dans sa démence propre, assaillie par mon pouvoir…

Des réflexions que mon intellect continuait de fournir, coutume quelque peu stérile présentement : même semblable habitude familière, en cet instant, ne m'apportait le moindre réconfort... Elle s'approchait, ses yeux pleins de néant me fixant, dénués de pitié. Mon corps se tendit, et ma raison peinait à faire barrages aux instincts me hurlant de prendre la fuite ou – plus insensé encore – de l'attaquer de front. Mon regard ne se détournait point, comme s'il pouvait faire barrage à la marche macabre par sa force, comme s'il craignait par trop de ne plus surveiller la menace. Et s'ils peinaient à se teindre de détermination, mes dents et poings serrés n'arrivaient le moins du monde, eux, à se convaincre que c'était signe de rage… Mon sang glacé hurlait son effroi.

Mes jambes tremblantes furent soulagées de leur fardeau quand ma gorge fut écrasée, plaquée contre le pan de briques. Le réel choc pourtant fut intérieur…

Une madeleine de Proust, au goût de sang et de larmes.

Impuissante sous une main brutale. Humiliée. Promise à des tortures incessantes, vides de sens. Marionnette sans fierté, misérable, souffrant chaque jour sans plus un espoir. Esclave…

Les souvenirs surgissaient, se tassaient férocement derrière un barrage mental faiblissant. Non, je ne devais pas penser à ces miroirs, ces… Me concentrer sur elle, la tueuse, je devais faire cela, me projeter vers l'extérieur, détourner mon attention. Ecouter ses mots, les décortiquer, observer les mouvements de ses lèvres, son regard. Ne point user de mon don, j'étais trop fragile, il me trahirait. Evoquer Galaad en mon esprit, seul souvenir encore pur. Respirer, malgré la poigne étouffante. Non, le rapport était par trop ténu. Je ne retombais pas dans cette situation, tout était différent ! J'étais en habits dignes ; les miens surgiraient d'un instant à l'autre ; elle n'avait qu'emprise physique sur moi. Se métamorphoser en loup ne fit que me rassurer, je craignais moins animal qu'humain… Bien que la crainte des potentialités de son don m'étouffât d'angoisse.
 - … Tu comprends ce que je te dis ?
Ce que j'avais de plus pitoyable me suppliait de hocher docilement la tête, d'avouer que j'ignorais tout et supplier de m'épargner. Cette créature méprisable née sous leur joug, seule capable de supporter leur quotidien, reine pour un temps d'un corps esclave. Pitié, implorait-elle, abandonne, épargne-toi… Et mon âme peu à peu écoutait, envisageait…

Non. Je n'étais plus elle, celle qu'ils appelaient par divers surnoms méprisables. J'étais Erial, en ce jour. Erial de Fleury. Agapè, fille d'une noble lignée, investie de la confiance du Roi ! Je n'allais céder à ces fantômes, je n'allais courber la tête. Jamais plus la crainte n'étoufferait mon honneur ! C'était plus qu'une promesse : c'était une condition à vivre.

Alors, malgré ma gorge nouée, malgré les contractions saccadées de mes muscles, malgré les larmes brouillant ma vue… D'une voix telle la soie d'araignée, aussi ténue que solide, je répliquai :
 - Cela me serait tâche plus aisée si vous n'usiez d'un vocabulaire aussi impropre, mais je saisis le fond de la menace.
Il me fallait gagner du temps. L'homme toujours vivait, bien que faiblement, je le voyais. et les miens ne tarderaient guère plus longtemps. Il me fallait m'opposer pour que ma survie présentât un intérêt en son sens, ne serait-ce que celui d'une vengeance longue et douloureuse, mais ne point la pousser à m'occire derechef. Un équilibre subtil, entre impertinence et soumission. En apparence, toujours…
  - Néanmoins, il ne me semble guère avoir entendu d'interrogations… En quoi puis-je éclairer votre lanterne ?
Je craignais qu'elle ne s'impatientât et ne préférât la fuite, si trop longtemps je louvoyais. Alors, pour attiser son attention, je terminai doucement :
  - ... avant que Zephyr ne finisse de la souffler.
L'étau était scellé: ne me restait qu'à espérer que sa prise soit sa curiosité, et non ma gorge...

©️ Halloween




Erial de Fleury
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Rick N. Montgomery
Coup d'Jus
Rick N. Montgomery
Métier : Garde Royal
Mutation : Contrôle de l'électricité
Coup d'Jus
Sam 2 Fév 2019 - 19:27


Numquam risum felis credere
Rick courait à en perdre haleine, si bien qu'il avait dû ouvrir son casque pour pouvoir reprendre son souffle et continuer sa course. On l'avait prévenu, il y a presque 30 minutes maintenant et il semblait toujours si loin du lieu indiqué. Il était en pause avec sa femme lorsqu'il avait reçu l'appel et bien qu'elle est protesté pour qu'il ignore l'urgence, il l'avait alors renvoyé à la maison plutôt sèchement avant de partir sans se retourner. Même Zigz' se montrait silencieuse jusqu'à maintenant. Ce raton-laveur se montrait souvent très cruel et méfiant, mais tout comme son lié, il possédait un besoin de protéger ses proches sans faille. Et bien qu'il ne puisse pas dire qu'Erial était l'une de ses proches, il savait que Rick, cet idiot, qui s'attache beaucoup trop facilement aux gens, voyait cette gamine comme tel. Après tout, il aurait fait exactement la même chose pour un ami soûlard d'un soir et ici, il s'agissait d'une enfant. Il ne pouvait pas simplement rester là. Impossible.

Voilà pourquoi il courait en fixant sa montre, regardant le point qu'il devait rejoindre pour pouvoir la sortir des problèmes dans lesquels elle venait de se fourrer. Zigzag pouvait sentir l'électricité parcourir le corps de son lié, il ne pouvait pas contenir son inquiétude ni même son pouvoir qui dressait ses cheveux sur sa tête sans qu'il ne puisse le contrôler.

On y est Rick.

Il n'hésita pas un instant, refermant son casque, parce que oui, il était prêt à utiliser son pouvoir avec toute la puissance dont il disposait, il fonça droit dans la porte de la maison qui s'écrasa contre le mur à son coup d'épaule. L'Agapè releva alors son arme en direction d'abord du corps sur le sol puis sur les silhouettes des deux jeunes femmes. Il lui fallut un instant pour analyser la situation qui semblait ne pas être en l'avantage de celle qu'il était venu sauver. L'électricité suintait de son corps et claquait tout autour de lui tant, il était incapable de contrôler ses propres sentiments. Malheureusement, il ne pouvait pas intervenir pour le moment, tant que cette brune continuait à toucher Erial, il ne pouvait pas l'électrocuter sans prendre le risque de la blesser.

Zigzag sauta à terre juste à ses côtés, grognant, ses griffes s'enfonçant dans le sol pour bien montrer qu'ils n'étaient pas ici pour rigoler.

Relâche-la tout de suite !

Son arme pouvait sembler menaçante, mais en réalité elle ne servait strictement à rien sans son pouvoir puisqu'elle lui permettait seulement de le canaliser plus facilement, et puisqu'il ne pouvait pas s'en servir, il espérait seulement qu'il effrayerait la Dué afin qu'elle relâche Erial.

Ca va aller Erial, Galaad nous a prévenu, les autres ne vont pas tarder.

Les autres, il ne savait même pas où ils étaient, après tout, il était assez idiot pour ne pas avoir demandé de renfort sur ce coup-là, alors pour le moment, il essayait de trouver un plan où sa seule présence suffirait à tout arranger.
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Rick N. Montgomery
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Cloud Mandrake
Illusionniste
Cloud Mandrake
Métier : Jouteuse et assassin
Mutation : Illusions
Illusionniste
Mer 13 Fév 2019 - 18:08
Menace
Cloud ft Erial & Rick






Et bien petite, tu ne ripostes plus ? Tu ne nous regardes plus de haut ? Tu ne fais plus la fière ? La vois tu enfin, la Mort ? N'est elle pas magnifique, ne te prosternes tu pas devant elle, ne la crains tu pas ? Oh bien sur que tu la crains, cela se reflète dans tes yeux, autrefois si daideigneux, désormais remplis de peur et de cauchemars !
La Mort, c'est si beau, la Mort, n'est ce pas ? Seulement devant la Mort, nous devenons tous égaux, princes et rois, ouvriers et paysans, tous ont eu le même regard devant leur bourreau. Car la Mort prend tout le monde, impitoyablement, sans distinction de genre ou de classe. N'est ce pas la la plus belle chose qui soit ? Dis moi petite demoiselle qui de prend pour une aristocrate, veux tu connaître la douleur des martyrs ?

-Cela me serait tâche plus aisée si vous n'usiez d'un vocabulaire aussi impropre, mais je saisis le fond de la menace.

Visiblement, oui.

-Alors tu veux que je te coupe une oreille pour ne pas trop souffrir de mon langage ?

Néanmoins, tu ne la punis pas tout de suite. Après tout, cela serait fâcheux d'en finir avec elle avant qu'elle ne nous donne toutes les informations. Soyons patients, voyons.

La petite prétentieuse n'a toutefois pas d'autre choix que de te répondre. La main sur sa gorge, et l'autre sur ton arme, il te serait très aisé de la torturer pour avoir des renseignements plus rapidement -ou simplement pour s'amuser, aussi. Il n'y a rien de plus amusant que de traîner dans la boue ceux qui croient s'approcher des hauteurs les plus brillantes. Oh oui, j'en ai tellement envie maintenant ! Dis, Cloud, est ce que je peux lui arracher un doigt ? Est ce que je peux lui crever un oeil ? Dis, Clou...

-Néanmoins, il ne me semble guère avoir entendu d'interrogations… En quoi puis-je éclairer votre lanterne ?

Oh, elle se décide finalement à parler ? Voilà une coopération bien gênante : moi qui espérais enfin un peu de résistance, enfin quelque chose d'excitant dans cette mission... Sans lutte ni torture, je n'appelle pas ça un assassinat, juste un délit de routine !

-C'est moi qui ne sais pas parler ou toi qui es sourde ? Je t'ai dit que je veux savoir tout ce que tu sais à propos des illusions et de Mc..
- ... avant que Zephyr ne finisse de la souffler.

Je vois immédiatement tes muscles se contracter, ton regard se noircir, tes traits se tirer. Après tout, ça c'est une surprise ! Cela faisait tellement longtemps que tu n'avais plus entendu parler du morveux, tu ignorais même s'il était en vie ! Mais visiblement, lui ne t'a pas oublié. Comme c'est touchant.

Brutalement, tu lui assenes un coup de poing dans le ventre de ton autre main. Si la petite blonde voulait enclencher une réaction chez toi, c'est réussi : tu es curieuse, Cloud, très curieuse.

-Zephyr... cela fait tellement longtemps. Vous vous connaissez ? Ça tombe bien, j'ai un cadeau à lui faire...

Tu lèves ton couteau au niveau de l'oeil de la jeune fille, et un sourire sadique étire tes lèvres. La situation prend une tournure bien plus intéressante ~

-Je suis venue lui rendre l'oeil que je lui ai volé il y a longtemps...

Et la lame file vers cet oeil vert, empli de terreur...

-Relâche-la tout de suite !

...pour s'arrêter juste devant. Quequequoi ? Où est l'erreur ? Pourquoi la lame n'a pas atteint sa cible ? POURQUOI CLOUD ?
D'un même mouvement, nous nous retournons vers le perturbateur. Je ne peux pas bien le distinguer à cause de son casque, mais j'entends très bien qu'il sagir d'un homme. S'agit il de son ami ? De son chevalier servant ? Oh, comme c'est touchant...

Et bien, Cloud ? Les choses deviennent plus compliquées. Cet homme est seul, peut être pourra tu essayer de lutter avec lui s'il est seul ? Mais il a dit que les renforts vont arriver d'une minute à l'autre , et ça ce n'est pas bon.
Un rapide coup d'oeil en direction de McFly : la mission est accomplie. Tu n'as plus d'autre raison de rester. Tu as déjà été payée de toute façon.
Tu maintiens toujours ton illusion de loup, te donnant un air féroce qui pourrait faire hésiter l'homme à venir vers toi. Tu ranges ta lame, et, doucement, tu te rapproches de l'oreille de la gamine, et lui souffles à l'oreille d'une voix presque trop douce, comme un secret, comme une promesse.

-Noubloe pas : je reviendrai chercher cet oeil.

Et, la saisissant toujours pas la gorge, tu la jettes par terre, et tu lui donnes un coup de pied dans le ventre, vers son chevalier servent.

-Voilà, relâchée.

Avec un dernier regard pour le chevalier servent de la demoiselle, tu te precipites vers la fenêtre, et tu sautes. Te sachant désormais à découvert, tu cours, ne laissant rien t'arreter.
Mission accomplie, Cloud ~



Cloud Mandrake
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Erial de Fleury
Mnémosyne
Erial de Fleury
Métier : Gardienne du savoir des anciens
Mnémosyne
Jeu 11 Avr 2019 - 16:15


Numquam risum felis credere



“Croire ne plus avoir d'illusion est la plus naïve des illusions.”

Albert Brie / Le Devoir
 La rage de Zéphyr s'évoqua à son titre et l'assassine se voyait devenir son incarnation, tempête sombre et avide de destruction : en son regard brillait rage terne, et sa chaire s'oignait d'une haine viscérale, promesse qu'au verbe affiné sera rendu l'acte brut. Le trait avait porté au-delà de mes espoirs et mon cœur se voyait terrain d'une joute entre satisfaction et crainte : espoir que trois êtres à l'issue de ce jour connaissent leur dû jugement, terreur que l'une accordât sa propre sentence aux deux suivants. Puisse les miens se hâter, car de leur vivacité dépendra le sort de chacun en cette pièce…

Son poing soudain me cueillit à l'estomac, et j'étouffai un cri de douleur. La lame n'avait tranché ma peau cependant : elle n'allait m'occire derechef. Un soulagement… qui peina à subsister quand sa griffe, sa lame supposai-je, approcha mon œil.
 - Zephyr... cela fait tellement longtemps. Vous vous connaissez ? Ça tombe bien, j'ai un cadeau à lui faire...
Feu mes bourreaux jamais n'avaient posé d'atteintes physiques irréparables : que l'un s'osât à endommager la poupée de chiffon, et l'ire de ses congénères n'aurait failli à lui infliger pareil supplice. Celle qui me tenait entre ses griffes illusoires ne partageait guère ces considérations… Et pourtant, l'œil ne me cillera pas. Mes tâches ne souffriront point de ce handicap, c'était là ce qui importait : si l'appréhension primitive de la douleur n'accordait nul repos à mes instincts, il me serait plus doux de perdre chacun de mes membres que de céder mon honneur. Je ne… ploierai point face à la peur, je le savais. Et cependant… il m'était possible de la raisonner ! Vite, parler, empêcher que-
 - Je suis venue lui rendre l'oeil que je lui ai volé il y a longtemps...
Non, c'était trop stupide ! Cela pouvait être évité ! Mes yeux se fermèrent instinctivement, alors qu'une voix trop aigüe tenta vainement de dévier le cours de sa lame :
 - Attend-
 - Relâche-la tout de suite !
Je crus que mon esprit m'abusait, tant la coïncidence tenait du miracle ; le familier de la voix était-il tentative désespérée de mon intellect de m'apporter illusoire confort ? Pourtant, il n'y eut de douleur, il n'y eut de fer tranchant mon globe. Ne trouvant la force de déposséder le cristallin menacé de son frêle bouclier, ce ne fut qu'une paupière qui s'osa à découvrir son protégé.

Rick se tenait dans l'embrasure de ce qui fut la porte. Je ne laissai cependant le soulagement attiédir mes défenses : la tueuse ne m'avait guère moins à sa merci, et je ne pouvais exclure que tel sauvetage soit le fruit d'une nouvelle illusion. Pourtant, l'ennemie semblait partager mon incertitude. Sa gueule s'approcha de la mienne et, en un souffle rauque :
 - N'oublie pas : je reviendrai chercher cet œil.
Réflexe étrangement inadapté au caractère extrême de la situation, je fronçai les sourcils, partagée entre surprise et méfiance. Allait-elle réellement s'en tenir à une promesse ? N'avait-elle saisi qu'au dehors se tenaient d'autres gardes, que ce supposé délai évoqué par le soldat n'était que pur mensonge, qu'elle ne connaîtrait nulle échappatoire ? C'était coup de génie des miens que d'avoir laissé tel doute planer, et je ne manquerai point de féliciter leur stratège ! Il ne me resterait alors qu'un unique regret : que Rick ait tenu ce rôle précis. J'eus préféré qu'il ne soit point le témoin de mes affres…

Telle une réponse à cette pensée, la criminelle me jeta brutalement à terre et me gratifia d'un nouveau coup au ventre. Souffrance qui n'en était guère une, car le triomphe s'osait enfin à prendre place : victoire était mienne, justice sera faite. J'avais renversé la situation, atteint chacun de mes objectifs par mon intellect, ma bravoure et ma ténacité… et ma confiance en Galaad et les miens. Chacune de mes peurs, chacun de mes tourments prenait sens, se voyait devenir pierre d'un autel à mon Roi et son peuple ; et j'étais son orgueilleuse architecte !

Et pourtant… un simple mot vint saper cette exultation. Unique terme venu du prétendu sauveur, alors que la cible usait de la fenêtre comme d'une sortie improvisée.
 - Merde !
L'ensemble de mes certitudes fut brutalement remis en doute. Quel sens aurait tel juron si les siens encerclaient la demeure, si sa fuite ne connaissait nul espoir ? Bon sang… Cet imbécile…

Il avait réellement devancé sa troupe.

Emplie d'un désespoir nouveau mêlé d'une colère sans limite, je vociférai à ce crétin :
 - RATTRAPE-LA, ABRUTI !
Je savais la tâche vaine, au fond. Ses illusions auront tôt fait d'abuser l'esprit limité du soldat, et son temps d'avance lui donnait toutes les chances de le semer au cœur des ruelles intriquées. Il eut été plus sage de lui ordonner de stabiliser le mourant…

Mais le bon sens m'avait quitté, débordé par la plus cruelle illusion de cette journée – ou plutôt sa fin… celle dont le second inconscient était la cause.

©️ Halloween




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Rick N. Montgomery
Coup d'Jus
Rick N. Montgomery
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Coup d'Jus
Dim 14 Avr 2019 - 18:07


Numquam risum felis credere
Le soldat restait méfiant, incapable d'intervenir mais prêt à le faire à la moindre occasion. Il ne laissera pas cette gamine mourir. Et puis c'est qui celui-là ? Il ne pouvait pas distinguer l'agresseur d'Erial derrière son pouvoir. Il aurait voulu retenir ses traits pour peut-être se venger plus tard, mais tout ce qui l'inquiétait pour le moment était que celle qu'il était venu chercher soit saine et sauve. Lorsque le corps de la blonde s'écrasa au sol et que le coup parti tout droit sur elle, Rick ne put empêcher son pouvoir de s'exciter, celui-ci créa une aura électrique tout autour de lui, dressant ses cheveux et faisant briller le canon de son arme. Oh si seulement il pouvait tirer, il aimerait tant entendre cette pourriture gémir de douleur. Il attendit alors le moment où le loup s'éloigne enfin avant de tirer, espérant ne serait-ce que le toucher pour qu'il souffre un peu. Trop tard. Il s'est enfuit avant même que l'éclair ne traverse la fenêtre à son tour.

Merde !

Rick court alors vers la fenêtre, espérant voir par où il s'est échappé afin de le dire aux autres quand ils arriveront enfin. Un long soupir passa les lèvres de Rick alors qu'il ouvrait de nouveau son casque en se tournant vers la gamine qui lui hurla dessus. Il resta un instant immobile, la regardant elle et ses blessures avant que Zigzag intervienne.

Abruti ? Non, mais tu te prends pour qui, toi ? Si on était pas intervenu tu serais surement morte ou pire à l'heure qu'il est !

Le raton laveur crache alors sur le sol avec hargne.

Comme si Rick avait que ça à faire de sauver ton cul pendant son jour de congé.

Celui-ci s'approche alors du corps sur le sol et il s'assoit finalement sur le sol avec un nouveau soupir, celui-ci plein de soulagement cette fois.

Aaaah ! Je suis désolé, je suis sûr que si j'avais un peu réfléchit avant de venir ici j'aurai pu trouver un moyen de la capturer, mais quand on m'a dit que tu étais en danger, j'ai juste couru sans vraiment pensé à ce qui se passerait une fois sur place.

Il se gratte alors l'arrière du crâne avec un léger sourire, Zigzag continuant de fixer l'ingrate avec rage. Si son lié était bien trop gentil pour l'envoyer chier, lui il s'en chargerait. On pouvait compter sur lui pour ça. Rick approche alors sa montre de son visage afin de passer un message au renfort.

La cible est en fuite, mais les deux otages sont vivants. Il faudrait que l'équipe de soin se grouille avant que le vieux ne le soit plus.

Rick se relève alors afin de s'approcher d'Erial, rangeant son arme afin de lui tendre la main.

Tu n'as rien de grave ? Ils ne devraient plus trop tarder.
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Rick N. Montgomery
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Mnémosyne
Erial de Fleury
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Mnémosyne
Sam 29 Juin 2019 - 17:39


Numquam risum felis credere



“La peur du ridicule obtient de nous les pires lâchetés.”


André Gide / Les nouvelles nourritures
 Face à l'échappée d'une criminelle redoutable, il soupira. Face à mon ire dévorante, il n'offrit que regard bovin. Ho, bien entendu… ce simple d'esprit n'avait la moindre idée l'erreur qu'il avait commise.

De ce qu'il m'avait arraché.

Chacune de mes blessures, chacune de ces humiliations avait été la pierre grossière d'une œuvre qui se promettait prestigieuse : alors, ces fondements disgracieux se seraient vus sublimés par l'autel digne et victorieux, partageraient sa superbe. Les fins anoblissaient les moyens, honte et douleur se pareraient de la gloire dont elles étaient parentes, celle de servir mon Roi ! Et voilà que surgissait, troublant l'architecture géniale, ce singe imbécile. Monument effondré, espoirs disséminés… ne restaient que ses hideuses composantes, pitoyablement prostrées au sol. M'eut-il infligé lui-même ces sévices qu'il n'aurait eu qu'une négligeable différence en mon esprit ; car il leur avait ôté tout sens. Par sa stupidité et son indiscipline, il se révélait coupable de l'horreur de cette journée. De ma terreur. De ma honte. Des griffes de mes démons. Et face à ce que ma douleur désignait comme coupable, s'allumait une rancune furieuse… Vengeresse.

Toutefois, je ne pouvais ignorer l'extrême de ce brasier naissant et aveugle, qui se voulait balayant mon affection pour Rick et les qualités que je lui connaissais : ses réels combustibles n'étaient autres qu'un exténuement insondable, une âme mutilée par un cyclone de sentiments, perdue, tiraillée, en quête d'une voie claire à emprunter. Trop épuisée pour ne point choisir la facilité.

Ainsi que ce besoin essentiel de restaurer, autant qu'il m'en était possible, ce que je nommais dignité. Je me sentais humiliée, risible, et c'était là sentiment insupportable que j'avais pris habitude de conjurer, depuis bien longtemps, en rabaissant autrui par mon génie : que le monde me haïsse, mais qu'il ne se gausse point ! Et, plus que quiconque, le témoin de ma disgrâce se révélait l'objet adapté de cette ire protectrice...

C'était à la bienveillante influence de Galaad que je devais pareille conscience car, fut un temps, nulle pensée n'aurait fait obstacle à cette rage dont la nécessité peinait à égaler l'injustice. Aussi, la raison luttait péniblement contre la fatigue, pour m'apaiser et m'ouvrir les yeux sur ses intentions sincères, sur mes faiblesses. C'était une bataille qui eut pu se voir remportée… si l'exécrable bestiole s'était abstenu d'éructer :
 - Abruti ? Non, mais tu te prends pour qui, toi ? Si on était pas intervenu tu serais surement morte ou pire à l'heure qu'il est.
Et la bête d'expectorer son mépris, ultime affront. Fort bien… qu'il en soit ainsi. Contrairement à son lié, jamais l'outrecuidant anima ne s'était vu subir les foudres que son inadmissible impertinence appelait pourtant sans faillir ; et les limites de ma tolérance étaient à présent outrepassées – ou plutôt, l'occasion était trop belle, la créature s'était désignée cible légitime de mes feux. Et ce fut d'un ton incarnant une rage glacée que j'assénai lentement :
 - À défaut de manières, je vous crus, bien à tort, dotée de l'intellect dont ce soldat manque cruelle-
 - Comme si Rick avait que ça à faire de sauver ton cul pendant son jour de congé.
Face à l'impudence de telle interruption, une injonction péremptoire au silence grondait déjà en ma gorge. Toutefois, ces trois ultimes mots me désarçonnèrent ; plus que je ne l'aurais pourtant cru. En eux résidait une vérité horripilante, dont j'avais connaissance et que je ne pouvais désormais plus ignorer : l'homme était d'une abnégation exemplaire, qui n'avait d'égale que sa trop innocente stupidité. L'un de ces êtres qui, chaque jour, alimentait ce proverbe séculaire : l'Enfer était pavé de bonnes intentions…
 - Aaaah ! Je suis désolé, je suis sûr que si j'avais un peu réfléchi avant de venir ici j'aurai pu trouver un moyen de la capturer, mais quand on m'a dit que tu étais en danger, j'ai juste couru sans vraiment pensé à ce qui se passerait une fois sur place.
Malgré moi, je sentais ma colère de dissiper face à telle candeur, et mes yeux reconnaître enfin l'homme que j'avais commencé à apprécier. Pourtant, la noblesse de ses intentions ne pouvait effacer la puérilité indisciplinée de son comportement : telle inconscience se révélait bien souvent source de problèmes plus grands encore, comme en cet instant. Peut-être serais-je morte, et l'écrivain de même ; et néanmoins, bien de futures victimes auraient alors échappé à la lame de l'assassine. Et toutefois…

Mon regard erra sur la source de cette journée atroce, l’auto-désigné martyr. Il respirait encore : sans doute mes sacrifices ne se révélaient-ils point entièrement vains. Une victoire à la Pyrrhus, et une victoire néanmoins. Eut-elle été plus complète sans l'intervention impromptue de Rick ? Je ne pouvais l'affirmer, car la Garde elle-même se pouvait démunie face aux illusions de leur proie.

En définitive… il se pouvait que je sois seule coupable de mes déboires. Ou, du moins, que l'issue apportée par l'idiot se révélât la plus heureuse imaginable dès l'instant où je fus en compagnie de l'assassine. Aussi, quand il s'avança vers moi et tendit la main, les vestiges de colère peinaient à subsister… dans un désert d'amertume.
 - Tu n'as rien de grave ? Ils ne devraient plus trop tarder.
Je fis l'erreur de croiser son regard. Droit, amical, pur. Et, surtout… dénué de la pitié que je craignais.

Que la sagesse de Galaad eût été mienne en cet instant précis, et deux mains se seraient unies. Mon compagnon m'eut alors relevé et, mutuellement conscient de l'intégrité et la force propre à chacun, la honte n'aurait même l'idée de s'aventurer au sein de la conclusion de cette journée : seul un respect affermi se serait tissé entre nous. Je n'aurais manqué de l'informer de l'importance de la discipline et du respect des stratégies mises en place par plus expérimentés, bien entendu, mais sans la moindre animosité. De même, il n'en aurait point pris ombrage ; à dire vrai, il l'aurait même probablement pris trop à la légère. Sans qu'à mon tour, eussé-je possédé ce discernement, je ne m'en offusque réellement.

Je n'avais point cette sagesse. En mon esprit tourmenté et, par certains aspects, plus enfantin encore que celui de l'idiot qui me faisait face, l'orgueil se faisait bouclier d'une vulnérabilité craintive. Il ne lui fallait guère d'efforts pour prendre déguisement d'Honneur : l'accepter sauveur était être sauvée ; faible, dépendante. J'étais tiraillée, perdue, épuisée, trop que pour accepter mes faiblesses, pour y réfléchir réellement. Je me levai de mes propres forces, priant pour ne point retomber, ignorant sa main.

Ignorant son regard.
 - Je vous souhaite d'être aussi vif à sauver chaque future cible de l'assassine en liberté… soldat.
Âcre. Distante. Les mots me semblaient m'échapper, sans que je n'en éprouve le moindre plaisir.

Je me dirigeai vers la sortie, alors que les regrets croissaient en moi. Il me semblait percevoir le regard déçu de Galaad, bien trop consciente de la cruauté injustifiée de mon comportement. Pourquoi la force de revenir sur ces mots me faisait-elle si terriblement défaut ? Allais-je éternellement rester harpie blonde ? Forte et courageuse, me disais-je... et point assez, néanmoins, pour reconnaître mes propres fautes ? Serrant les poings, je puisai dans mes dernières forces :
 - … merci tout de même… Rick.
Une phrase faible, lâchée du bout des lèvres, au prix d'un effort surhumain. Mais je ne pouvais faire mieux en cet instant.

Si courageuse dans ma lutte contre les démons. Si lâche à combattre les miens propres…

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Rick N. Montgomery
Coup d'Jus
Rick N. Montgomery
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Coup d'Jus
Lun 15 Juil 2019 - 16:01


Numquam risum felis credere
Zigzag bouillonnait de l'intérieur, si il possédait le don de son lié, son pelage serait parcouru d'éclair et ses yeux brilleraient de cette énergie destructrice, mais il se contentait de montrer les dents en grognant, les griffes de ses pattes arrière s'enfonçant de frustration dans le sol. Oh il aurait tellement voulu lui sauter à la gorge, lui arracher quelques mèches de cheveux et peut-être même lui uriner sur les pieds, redevenir l'animal sauvage que son apparence montrait déjà. Il ouvrit la bouche prête à répliquer une fois de plus, il ne s'était jamais retenu, que ce soit devant la femme ou la mère de Rick alors ce n'est pas pour cette gamine qu'il le ferait, pourtant il referma la bouche, ses oreilles s'abaissèrent lorsqu'il croisa le regard de son lié.

Cet idiot venait de froncer les sourcils en le regardant, chose qu'il ne faisait que très rarement malgré l'habitude tenace de son anima pour les crises de colère non maîtrisées. Il ne le faisait quasiment jamais parce que bien que cela lui apporte souvent des ennuis, il a toujours su que si Zigz' s'énerve, c'est seulement pour le protéger d'une manière ou d'une autre. Le raton-laveur détourne alors les yeux, refusant d'accepter les raisons de ce geste. Cet abruti est bien conscient du manque de reconnaissance d'Erial, mais contrairement à l'anima, il préfère ne pas s'en offusquer, bien trop inquiet par ce qu'elle vient de subir pour lui faire la moindre remontrance.

À lui aussi Zigzag lui aurait bien arracher des cheveux, pour lui remettre les idées en place à cette andouille. Seulement, bien qu'il hurlerait sa haine à quiconque oserait le défier, il est pourtant incapable de s'en prendre à son lié, bien trop consciente que sa bêtise n'est dû qu'à une trop grande gentillesse.

Les remerciements de la jeune blonde calmèrent légèrement la colère de l'anima qui avait croisé les bras tout en grinçant des dents en les entendant. Rick lui s'était contenter de sourire comme toujours, s'approchant de la cible de l'assassin afin de vérifier son rythme cardiaque. Il pourrait toujours tenter de le sauver avec son don s'il venait à s'arrêter, comme il l'avait fait pour essayer de sauver Dylan. Il espérait seulement ne pas avoir à le faire, de peur de raviver des souvenirs encore trop douloureux.

Il attendit alors quelques minutes avant que les renforts ne le rejoignent et prennent le relais. Il expliqua la situation au plus haut gradés présent avant de quitter la rue, reprenant la route de chez lui, Zigzag marchant derrière lui en silence. Il savait qu'en rentrant, il aurait le droit à un discours enflammée de sa femme qui l'engueulerait de l'avoir une fois de plus abandonnée pour son travail. Rick soupira avant de regarder sa montre.

Ça serait pas l'happy hour dans ton bar préféré ?

Le visage de Rick s'illumina soudain, regardant son anima qui venait de lui donner la meilleure idée de la journée.

Est-ce que c'est pas toujours l'happy hour dans mon bar préféré ?

Les oreilles de Zigzag se relevèrent alors que son visage aussi s'illuminait, il grimpa sur l'épaule du soldat avant de s'y asseoir. Avec Rick tout était toujours plus simple quand ils n'étaient que tous les deux.
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Rick N. Montgomery
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