Elis avala son verre d'une traite sans même une once d'hésitation. Il avait promis à Ryu d'arrêter de boire, il lui avait promis qu'il ne se laisserait plus aller ainsi et pourtant le voilà aujourd'hui dans un bar lugubre au fin fond du Bronx. Il avait craqué, il avait échoué et sa culpabilité face à cet échec le poussait à boire toujours plus. À combien de verre en était-il ? Il ne le savait même pas, il avait cessé de compter après le quatrième. Il voulait s'enivrer en espérant que tout cela lui ferait oublier ce faux espoir qui lui ronge encore la poitrine. Ce jour là, pour Halloween, il avait cru que son fils lui avait pardonné, que cette invitation au Shea Stadium était pour lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas pour ce qu'il s'était passé lors de l'affrontement avec les Beasts. Il s'était finalement avéré que ce message n'était qu'un piège de cette Miss Thère qui avait voulu les piéger. Ca n'avait été qu'une blague et pourtant cela le remuait bien plus que ça ne le devrait.
Il était déjà saoul quand il commanda un nouveau verre, voilà pourquoi tout avait dégénéré. Il avait levé son bras, ce bras monstrueux avec lequel il tentait de s'entendre et il les avait entendu, ces voix dans son dos qui parle et murmure sur le monstre assis au bar. Peut-être n'était-ce là que son imagination, mais cela suffit à le mettre particulièrement en colère.
❝ Qu'ess vous avez ? ❞
Il était bien plus saoul qu'il n'en avait conscience en réalité, si bien que Banjo qui jusque là c'était simplement allongé à ses pieds pour le laisser gérer sa déception comme il le souhaitait, se releva pour se placer entre lui et les autres clients du bar.
❝ J'sais bien qu'il est laid … Franchement très laid … Mais je pourrais tous, vous tous là, vous tuer juste avec lui. ❞
Il pointa alors son doigt squelettique en direction de chacun des saoulards présents dans la pièce avant de se rassoir sur le tabouret de bar et de commander un autre verre qu'il avale une fois de plus en une gorgée.
❝ Il parait que tu es un ancien soldat de la garde. ❞
Un inconnu venait de se lever dans la salle, un Dué de ce qu'Elis pouvait voir dans son cou. Banjo poussa un soupir sachant pertinemment qu'Elis venait de trouver exactement ce qu'il voulait. Un moyen de se battre, d'exprimer sa colère et de souffrir physiquement pour tenter d'oublier sa détresse émotionnelle.
❝ Ouai et ? ❞
L'homme s'approcha de l'ancien Agapè, suivi par quelques courageux qui se laissèrent tenter par le leader improvisé.
❝ Tu crois vraiment qu'on va accepté qu'un ennemi partage notre bar ? Pour une fois que c'est quelqu'un de ta caste qui est en sous-nombre, on va pas te laisser t'en tirer comme ça. ❞
Elis se mit alors à rire, un rire provocateur et bruyant pour bien montrer qu'il n'avait en aucun peur de ces dégénérés qui pensaient pouvoir l'avoir seulement parce qu'ils étaient plus nombreux que lui. Il vit alors les yeux du leader s'illuminer avant que le barman n'intervienne.
❝ Ca suffit. Si vous voulez vous battre faites ça dehors. ❞
Les doigts squelettiques d'Elis se refermèrent en un poing alors qu'il fixait son regard dans celui de son adversaire.
❝ Très bien. Je vais vous prendre ceci du coup. ❞
Il déposa un billet sur le bar avant d'attraper la bouteille à demi-pleine de whisky qui trainait derrière le bar avant de se diriger vers l'extérieur en lançant un regard de défi à la petite bande de Dué qui le suivit assez rapidement à l'extérieur. Il prit pourtant le temps de déposer la bouteille au sol avant de se retourner vers eux. Il ne fallut pas plus longtemps avant que le leader ne se rue sur lui pour le faire tomber au sol. Il lui fallut un instant avant de comprendre ce qu'il venait de se passer et d'attraper le cou son attaquant avec son bras monstrueux, resserrant ses griffes de prêt de 10cm contre la chair de cet emmerdeur. Il rejeta alors l'idiot dans un mur un peu plus loin comme s'il n'était pas plus lourd qu'une cannette.
❝ Vous l'avez vu, le monstre qui est apparu contre les Beasts ? Et bien cette bête, c'était moi. ❞
Et doucement il laissa la bête prendre possession de son corps, brisant une de ses omoplates, puis son cou, tentant de reprendre sa forme originelle, alors qu'Elis tentait de rester conscient pour ne pas la laisser prendre totalement le contrôle, son petit manège fut arrêter par une vive douleur dans son épaule et le bruit d'un coup de feu. Un de ses adversaires venaient de lui tirer dessus. Un hurlement bestial parcouru ses lèvres, faisant fuir les idiots face à lui et il reprit alors totalement le contrôle de son corps avant de tomber parterre, près de sa bouteille, se tenant l'épaule avec sa main droite.
❝ Putain … — Tu es un abruti Elis. — Merci Banjo … Comme si je le savais pas déjà. ❞
Il avala alors une autre gorgée d'alcool en espérant que cela ferait taire sa douleur. Mais laquelle ?
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Elissanne D'Ilgar Fon
E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Sam 16 Mar 2019 - 2:24
Qu'est-ce que tu prendras...
Quand un hurlement résonna dans les ruelles, Lenny et moi échangeâmes un regard surpris. Une Beast ? Dans ce quartier ? Une seule explication : un animal domestique n'ayant plus eu son vaccin. Ça n'était pas si rare, il suffisait d'un propriétaire mort ou n'ayant plus l'argent de payer… ni la volonté de tuer. Bref, chacun lut la même lueur dans le regard de l'autre : fonçons ! Après tout, les relations faisaient beaucoup dans mon job et le Bronx en général, et c'était là l'occasion de sauver quelques gens ; et me faire un nouveau trophée. Hop hop hop, on préparait ses scalpels et roulez jeunesse ! Mes exploits lors de la précédente grande attaque de Beast se chantaient dans les tavernes, il fallait dire : la Doc, tranchant et découpant un monstre à elle seule ! Vive, rapide, insaisissable, mortelle ! J'avais gardé le cœur en collection, ça oui, et Lenny ne se lassait pas de répéter cette histoire à tout le monde. En éludant la partie où je m'écroulais toute seule et me faisait sauver par un Eros, bien sûr… Mais quelle légende racontait les heures après l'acte héroïque ? Aucune, voyons, cela n'intéressait personne. Bref, l'heure était venue de renouveler cet exploit ! J'entendais déjà un coup de feu, et je n'avais pas envie que l'on me vole cette occasion !
Je déboulai dans la rue, armes en main, sourire carnassier sur le visage, avec un mélange d'excitation et de crainte – qui étaient ses victimes ? Et là… plus de Beast. Mais il y avait un mec contre le mur, bien amoché. Rapidement, mes yeux enregistraient toutes les informations : un impact sur un mur, du sang, et… pas grand-chose, en fait. Je fonçai sur le pauvre type, meilleure piste actuelle.
Il... buvait encore ? Bha, on se réconfortait comme on le pouvait, hein… Mais Lenny n'était pas de cet avis :
- Eh, c'est l'extérieur qu'il faut désinfecter, idiot ! Il est parti où, le monstre ?
Peu inquiète par le poivrot blessé, je n'accordai qu'un très bref coup d'œil à son visage pour constater son absence d'hostilité, et m'approchai pour regarder directement sa blessure. A soigner immédiatement ou d'abord la bête ? Griffe ? Serre ? Impact contondant ? Des informations utiles sur l'ennemi ? Ou…
Je freezai un temps quand mon regard tomba sur son membre. Ce bras… Ho, fuck !
- RECULE ZOE ! C'EST LE MONSTRE !!!
Un œil à la tronche de l'épave le confirma : ouais, c'était Elis. En sale état, et je ne parlais pas que de l'impact de balle – pas difficile de comprendre ce qu'il s'était passé, d'ailleurs. Je reculai vivement, mes armes prêtes : connaissance ou pas, je me méfiais ! Surtout qu'il risquait de ne pas me reconnaître… Mais il ne me sauta pas dessus, rien. Du coup, je restais stupidement postée devant lui, avec Lenny qui enchaînait les injures :
- Enfoiré ! T'as voulu tuer ton gosse, et surtout Zoé, sale Beast ! On va te faire payer, te découper, te couper tous les poils et yeux ! Et même que... que... heu, Zoé... ?
Il s'était tourné vers moi, intrigué par mon absence de réaction. Argh... Je devais faire quoi, moi ? Heureusement, mon requin adoré ne connaissait pas mes souvenirs d'avant : si notre lien d'affection était le plus top of the pop du monde, celui entre anima et mutante était plutôt faible, chez nous. Sinon, la réponse serait simple, pour lui : laisser le mec cuver et se remettre tout seul, et se casser fissa. Le passé, c'était derrière, je l'avais promis, point ! Seulement, il ne savait pas que je le connaissais. Et moi…
Moi, j'étais devant un Agapè, un ennemi naturel. Qui avait manqué de me tuer en mode berserk, aussi. Et qui puait le mauvais alcool. Et enfin, qui était le patient et ami d'Emilie, pas Zoé. Bref, aucune raison d'aider ce sac à vin… Ouais, aucune. Mais tourner les talons et partir ? Je me connaissais trop bien pour croire que c'était une option : je me demanderai toujours ce qu'il se serait passé, et s'il était mort à caue de moi. Mieux vaut des remords que des regrets, eh. Alors, entre deux solutions pourries… Je m'accroupis devant lui, et lançai d'un ton ferme :
- Un seul faux mouvement, et je te finis, capiche ? Tu vas gentiment me suivre et on va te rafistoler… On trouvera après comment tu pourras me "remercier". - HEIN ? Mais, Zoé ! C'est une bête enragée, ce type. Il va tout casser !
Je mis un doigt sur ma bouche et fit un clin d'œil à mon compagnon, comme si j'avais un plan derrière la tête. Je n'aimais pas mentir à mon anima d'amour, mais… il ne comprendrait pas.
Que cette connerie, je devais la faire, j'avais pas d'autre solutions en fait. Et puis... j'étais curieuse de voir où cela nous mènerait. Me reconnaîtra-t-il seulement... ?
Elis n'avait plus les yeux en face des trous, même celui qu'on lui avait déjà remplacé ne voyait plus clairement devant lui, alors qu'il entendit une voix autour de lui, il ne comprit pas tout de suite qu'il était la personne à qui elle s'adressait. Ce n'est que lorsqu'elle se pencha sur lui que les lumières s'allumèrent dans son esprit. Cette personne était là pour l'aider, il était étrangement surpris par ce geste, puis il compris qu'elle aussi s'était trompé sur ce qu'il venait d'arriver. Comme ça ils étaient deux. Il se releva doucement, s'asseyant un peu mieux alors qu'il entendait les insultes de l'anima alors que le sien se mettait à grogner pour défendre son lié.
❝ Du calme Banjo. ❞
Celle-ci posa alors sa tête sur la cuisse du Cowboy blessé. Il méritait très certainement chacune de ses insultes et il n'y en avait pas une seule qu'il ne s'était pas dites à lui-même. Il soupira, se relevant de lui-même avant de grimacer, se tenant l'épaule qui continuait de saigner, il sentait son propre pouvoir tenter de guérir, incapable de le faire à cause de la balle toujours ficher à l'intérieur. C'était encore plus douloureux, mais ce n'est pas comme si ce n'était pas mériter.
❝ Je ne deviens une bête que lorsque je m'énerve ou que l'on essaye de me tuer. Si ces idiots n'avaient pas fuit quand je les ai menacé, je le serais sûrement au moment où nous parlons, alors à moins que vous ne souhaitiez vous en prendre à moi à cause de mon ancienne caste ou autre, ça devrait aller pour vous. ❞
Et puis il n'avait aucune envie de se transformer, vraiment pas, pas après tout ça, tout ce qu'il avait déjà subit à cause de son pouvoir. Il avait déjà un peu trop joué avec celui-ci ce soir. Beaucoup trop selon Banjo. Ramassant sa bouteille il suit gentiment la jeune femme et son anima un peu trop bavard, avalant une gorgée de temps à autre.
❝ Pour ma blessure, suffira de retirer la balle et la plaie se refermera toute seule, un autre avantage d'être une sale Beast qui tente de tuer son fils. ❞
Cette fois ce n'est pas qu'une gorgée qu'il avale, mais bien l'intégralité de la bouteille ou du moins ce qu'il en restait avant de la lancer au loin. Il attrape finalement son paquet de clope toujours bien rangé dans la poche intérieur de sa veste, en glisse une entre ses lèvres et tente maladroitement de l'allumer, glissant son pouce plusieurs fois sur la roulette sans pour autant réussir à former la moindre flamme, il finit par le faire tomber sur le sol en grognant. Il tend alors son bras blessé en direction de l'objet avant de pousser un gémissement et grogner de nouveau. Il l'aurait presque oublié cette balle de malheur.
❝ Fais chier. ❞
Les oreilles de Banjo s'aplatissent alors qu'elle s'affaissent sur elle-même, elle détestait le voir dans cet état, cela lui rappelait des jours bien moins faciles, des jours qui n'étaient pas si vieux après tout. Le lien entre eux n'était toujours pas tout à fait rétabli et cela lui rappelait douloureusement l'état dans lequel il s'était plongé après l'incident avec Xiél. Elle avait peur qu'il ne replonge. Banjo attrape alors le briquet entre ses dents et lui tend dans la main, il caresse alors doucement sa tête avec un faible sourire. Il prend un instant, essayant de nouveau d'allumer cette foutue clope, ce qu'il réussit du premier coup cette fois-ci. Il prend alors un instant, appréciant sa première taffe et plonge son regard sur la demoiselle face à lui. Ses sourcils se froncent et il semble réfléchir.
❝ Zoé, c'est ça ? On se s'rait pas d'jà rencontré ? Tu m'dis un truc. ❞
Et il se permet alors de la reluquer de haut en bas puis de bas en haut. Non vraiment. Ses cheveux, son visage, ses yeux, il y a quelque chose en elle qui résonne familièrement dans son esprit, mais il n'arrive pas à la remettre dans son esprit embué par l'alcool et le désespoir.
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Elissanne D'Ilgar Fon
E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Jeu 18 Avr 2019 - 15:14
Qu'est-ce que tu prendras...
Je m'attendais à devoir le porter ou, au moins, lui filer les premiers secours ; mais non. Il se leva spontanément, tout juste grimaçant. J'aurais bien été admirative, mais l'alcool devait juste lui avoir bousillé le cerveau… Par contre, sa plaie était bizarre, elle semblait vouloir se refermer – en vain. C'était une partie de son pouvoir, ça ? J'allais devoir rester prudente, en tout cas… mais pour faire quoi ? S'il se transformait, je devais prendre son cœur en otage – au sens littéral – ou la bête était trop stupide pour comprendre une menace ? Lui découper ce qu'il fallait dans les jambes pour l'immobiliser ? Le tuer ?
- Je ne deviens une bête que lorsque je m'énerve ou que l'on essaye de me tuer. Si ces idiots n'avaient pas fui quand je les ai menacés, je le serais sûrement au moment où nous parlons, alors à moins que vous ne souhaitiez vous en prendre à moi à cause de mon ancienne caste ou autre, ça devrait aller pour vous. - Bien sûr, on va te croire sur parole, sale Agapè ! Heu… sale… Philia ?
Eeeh bhe oui ! C'était devenu un Philia ! En même temps, avec un pouvoir pareil, la Garde Royale pouvait difficilement le garder… Et ça expliquait son état de déchet actuel, il ne devait pas bien le vivre. Surtout que le lavage de cerveau lui avait sans doute fait mépriser la caste avant. Et pour le reste, je connaissais Elis, il était trop honnête… ou trop bête… pour mentir. Mais bon, je ne pouvais pas le dire à Lenny, alors je répliquai :
- C'est si tu te transformes que tu devras t'inquiéter pour ta santé. J'ai pas grand-chose à gagner à t'assaillir… du moins, pas avec mes armes ♪
D'une part, il ne devait même pas avoir compris le sous-entendu. De l'autre, c'était un mec marié, je ne touchais pas à ça. Mais bon, ça m'amusait toujours, de le taquiner. Comme au bon vieux temps…
- Pour ma blessure, suffira de retirer la balle et la plaie se refermera toute seule, un autre avantage d'être une sale Beast qui tente de tuer son fils. - Dommage, j'aurais aimé m'attarder sur ce joli corps…
Lenny me jeta un regard bizarre, entre incompréhension et dégoût. «Heu… Zoé… C'est un monstre ! En plus il pue l'alcool – et il pue tout court. Et il fume, maintenant !» «Du calme, mon petit requin, du calme ♪ Je m'amuse juste à le titiller.» Ce qui était vrai ; d'une part, parce qu'il était marié. Bon, il n'avait pas son alliance, mais il devait l'avoir cachée. Trop de risques de se la faire voler, ici. Et d'autre part… Je le regardai lutter avec son briquet, à coup de grognements et de gestes foireux. C'était… pitoyable. En fait, même célibataire et pas mon ancien patient, je n'étais vraiment pas sûre qu'il m'intéresse en ce moment précis…
J'avais connu Elis dans un sale moment, quand je l'avais soigné au Canada. Un casse-gonades de première, toujours à se plaindre et emmerder son monde ! Et quelques fois, des crises, la nuit ; un tristement classique pour un soldat. En fait, j'avais carrément dû le materner, parfois toute la nuit ! Mais bon, il était attachant, et c'était pas totalement de sa faute à l'époque, surtout ses crises. Il avait ses bons côtés, on avait aussi de chouettes conversations. Mais là…
C'était encore pire. C'était plus un grand mec tellement mal qu'il régressait à l'état de gamin, nan. C'était une épave dégeux qui enchaînait cigarette et alcool, alors que son bras était déjà foutu. Son amour-propre avait connu des jours meilleurs, et même son anima avait l'air désespéré pour lui. Vu sa barbe et se cernes, ça devait durer un moment…
Et je n'étais plus Emilie. Je n'avais plus sa patience, sa capacité à se forcer à faire un truc. Maintenant, je faisais ce qui me plaisait, ce qui m'amusait ; et si une tâche me faisait chier, je payais quelqu'un pour la faire à ma place. En plus, si m'occuper de lui au Canada avait déjà sérieusement usé mes nerfs à l'époque, il y avait eu du positif, des bons moments avec lui. Là… j'espérais pas grand-chose.
- Zoé, c'est ça ? On se s'rait pas d'jà rencontré ? Tu m'dis un truc.
Conclusion : j'avais pas envie qu'il me reconnaisse, comme le prouva le frisson d'appréhension qui me traversa spontanément le dos à cette phrase. Après, il voudra inconsciemment que je m'occupe de lui comme je l'avais fait, je le savais bien ; et j'avais aucune envie de prendre le rôle de nounou. Et puis… je me demandais parfois si moi aussi, je n'avais pas régressé. Je le savais, si mon père me voyait en ce moment, il serait profondément déçu et triste. Alors je n'avais pas besoin du jugement d'Elis à ce sujet… Bref, avec un regard moqueur, je tranchai :
- Désolé, beau brun agonisant, mais ça ne va pas le faire. La réplique de drague pourrie, passe encore, mais t'as le regard d'un chien qui a plus bouffé depuis deux mois, l'odeur des chiottes du bar le plus crade du Bronx et la vitalité d'une algue pourrie.
Lenny éclata de rire, jubilant. En fait, Elis était passé pendant un moment de menace à rival, ce qui était encore pire ; mais cela, je l'ignorais. Et ce n'était plus le cas.
En réalité, voir mon Elis se foutre en l'air comme ça, ça me retournait le cœur ; peut-être un reste d'amitié, peut-être une conscience médicale qui resurgissait. Alors si je pouvais faire d'une pierre deux coups, détourner le sujet et le secouer au passage… Mais bon, j'étais chirurgienne, pas psy. Je le soignerai, et puis… on verra. D'ailleurs, nous étions arrivés chez moi.
- Bienvenue chez la Doc, Zoé, Reine du Bronx ! - Tu peux déjà retirer ton haut et t'allonger sur la table d'op', El… le se trouve à l'entrée.
Je ne savais plus trop si j'étais censée connaître son prénom, et rattrapai la gaffe de justesse. L'outre à bière ne s'en serait même pas rendue compte, mais Lenny était parfois particulièrement vif. Haaa, que je détestais mentir à mon compagnon… Mais pour éviter de récidiver, tout en ouvrant la porte, je demandai :
- Faute de garantie, j'ai pas vraiment besoin de ton nom, mais ce sera plus pratique. On s'est déjà croisé lors de l'attaque de Beasts et ce truc de fou à Halloween d'ailleurs, même si tu sembles avoir oublié ma superbe silhouette… Alors, ça fait quoi, de tomber d'Agapè à Philia ?
Une question mordante, perverse. Au fond, je me demandais aussi ce qu'était devenu l'insupportable mais intègre Elis, avec la Lune Rouge. La Garde Royale l'avait-elle corrompu ? Titiller les cordes sensibles était parfois le meilleur moyen de voir le fond du cœur de quelqu'un, et j'étais assez douée à ce jeu…
Elis était trop saoul pour être mal à l'aise face aux sous-entendus qui pourtant le faisait habituellement rougir comme un lycéen timide. Il était aussi bien trop concentré sur le visage des son interlocutrice pour écouter sa remarque cinglante concernant son état, surtout qu'il savait exactement de quoi il avait l'air, d'un gars désespéré qui oscille entre l'envie de se mettre une balle et celle de se prostré au sol en espérant que tout s'arrange tout seul. Il le savait, car il avait cette dégaine depuis bien trop longtemps à présent, bien avant même la Lune Rouge.
❝ Non, je suis sûr qu'on s'est déjà vu … ❞
C'était un souvenir lointain, plus que cette foutue nuit où tout avait dérapé peut-être. Il n'arrivait pas à se rappeler et cela l'agaçait, alors il continuait de scruter le visage de cette fille espérant y déceler quelque chose, n'importe quoi même s'il n'avait jamais été un très bon physionomiste. Son analyse fut pourtant interrompu lorsqu'elle se tourna pour entrer chez elle. Banjo qui juste là n'était pas intervenu, se rapprocha de son lié, plus méfiante puisqu'il entra sans la moindre hésitation, grimaçant alors qu'il essayait déjà de retirer sa veste.
❝ Tu es sûr que c'est une bonne idée ? ❞
Elis baissa les yeux sur son anima, qu'il savait être souvent bien plus sage que lui.
❝ Si elle avait voulu me faire du mal, elle ne m'aurait pas ramener chez elle. ❞
Banjo était loin d'être convaincue, mais elle se retint de lui répondre un "Sauf si elle sait que tu ne ressortiras jamais d'ici." Après tout son lié ne l'écouterait pas de toute façon. Celui-ci jeta négligemment sa veste sur le sol après avoir enfin réussi à la retirer puis il s'assit sur la table d'opération essayant maladroitement de retirer son tee-shirt noir délavé où s'étendrait déjà une large tâche plus sombre que le reste.
❝ Elis … Et tu pourrais pas … Juste le découper ? ❞
Tout en prononçant cette phrase, il relâcha son tee-shirt se sachant incapable de le retirer tant que cette balle serait logée dans son épaule. Quelle idée il avait eu d'enfiler un tee-shirt à Ryu ce matin, il étaient toujours trop serré pour lui.
L'ancien soldat s'allongea finalement sur la tale en poussant un soupir dans lequel on pouvait entendre toute la lassitude qui vivant en lui face à cet enchainement de problèmes merdique qui ne cessait de lui tomber sur la gueule.
❝ C'était pas ça le plus dur. ❞
Sa main vient alors se poser dans son cou, à l'endroit où trônait aujourd'hui deux tatouages, l'ancien, celui qui lui valait tant de privilèges dans son ancienne vie et le nouveau qui l'avait conduit ici ce soir.
❝ J'étais certainement le pire soldat de la garde toute entière. ❞
Et il n'exagérait pas en disant cela, après tout ses supérieurs lui avait tous dit avant de le rétrograder encore et encore. Il n'avait pas eu le temps d'entendre Crystal lui dire, mais il sait que celui-ci aurait fini par le faire. Il faut dire qu'il n'avait jamais montrer la moindre motivation à faire son travail et que par de nombreuses fois il avait démontré son incompétence dans la chasse des Dués et même lorsqu'il avait été interdit de terrain et placer derrière un bureau à l'administration.
❝ Chasser des innocents et martyriser des gosses. Ce n'est très certainement pas pour ça que je me suis engagé à il y a 16ans. ❞
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Elissanne D'Ilgar Fon
E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Sam 29 Juin 2019 - 21:18
Qu'est-ce que tu prendras...
En tout cas, il n'en démordait pas : il me connaissait, et ne lâcherait pas l'affaire. Rhâ, flûte, quel enquiquineur, encore et toujours ! Enfin, au moins, il me suivait docilement. Pas qu'il ait vraiment le choix, s'il voulait pas crever d'hémorragie dans un coin du Bronx…
Une fois arrivés, je l'observai batailler un temps avec son vêtement, faiblement. Il était mou, las, et ça me donnait sérieusement envie de le secouer. Pire qu'avant la Lune Rouge, et c'était pas rien ! Heureusement, son anima semblait plus éveillée. La pauvre… je ne savais pas ce que je ferais si Lenny en arrivait là. Bon, c'était peu probable surtout…
- Elis … Et tu pourrais pas … Juste le découper ? - T'es dans ce genre de fantasmes ? Je peux te l'arracher avec les dents, aussi…
Son absence de réactions me décevait aussi. J'étais plus sage à l'époque mais, femme dans l'armée, évidemment, j'avais pris l'habitude de faire ce genre de blagues bien beaufs ; et il y réagissait alors de façon assez mignonne. Là… Eh.
Je commençai à découper son T-shirt, et il répondit à ma question :
- C'était pas ça le plus dur.
Être Philia ? Eh… il fallait dire que si les Philias étaient injustement considérés comme des animaux, lui n'avait actuellement pas besoin du tatouage pour ça. Ce foutu tatouage… Heureusement, j'avais une bonne adresse pour les effacer. Quant à l'argent pour se le payer, si Elis me donnait de bonnes informations, ce ne serait plus un problème pour lui ! Mais bon… je n'avais pas encore assez confiance en lui, je n'allais pas vendre mon Saeri'i a un ancien Agapè si facilement.
- J'étais certainement le pire soldat de la garde toute entière.
Dieu, que je détestais ce genre de phrases ! J'avais de plus en plus envie d'en finir rapidement et le mettre à la porte. Depuis la Lune, j'étais devenue bien plus égoïste… et les dépressifs, ceux qui jouaient à s'auto-déprécier n'étaient ni amusants, ni intéressants. Le temps passé avant lui m'était resté comme un bon souvenir après coup, mais maintenant que je l'avais à nouveau sur les bras, je me rappelais à quel point c'était parfois lourd, difficile de le materner…
Au fond, je m'en voulais pour ces pensées cruelles, mordantes. Mais j'étais devenue assez bonne dans ce petit jeu de faire taire ma conscience quand la suivre était trop difficile, sous l'influence de Lenny notamment. Peut-être qu'Elis avait été un pote, ou quelque chose comme ça ; mais c'était il y a longtemps, et il ne ressemblait plus à celui que j'avais connu… et inversement. Enfin, tant qu'à le soigner, je pouvais bien lui répondre en même temps :
- Mais t'en es plus un. Donc on s'en fout, tu peux devenir le meilleur mec du Bronx. - Ouais bha il y a du boulot, alors ! Grosse épave.
Je jetai un regard contrarié à Lenny. Bha quoi ? Pourquoi tu veux consoler ce gros crétin ? Franchement, t'aurais pu négocier les soins contre des informations ! Laisse-moi faire, andouille. Un Agapè, ça s'utilise, et pour ça, il faut qu'il serve à quelque chose. C'est pas le cas s'il se laisse aller. Mouais… Au final, je me retrouvais à mentir à mon compagnon préféré, à mentir à une ancienne connaissance, et à mentir à ma conscience. Moi qui ne mentait presque jamais, quelle histoire ! Ce que je ne ferais pas pour un beau mec... Si la situation était plus légère, j'aurais trouvé ça amusant, mais Elis ruinait l'ambiance.
- Chasser des innocents et martyriser des gosses. Ce n'est très certainement pas pour ça que je me suis engagé il y a 16 ans.
Bon… je me sentais encore plus mal d'être aussi dure. Yep, c'était un bon gars, aussi invivable était-il. Je rétorquai :
- Ni pour finir en épave. Au moins, ici, tu feras ce que tu veux, dont le bien ! Enfin, il faut survivre…
Faire le bien, hein… peu le faisaient, au final. Comme moi, à part quelques rares fois. Pour dévier cette pensée troublante, je lâchai :
- Puis t'as un gosse, non ? La dernière fois, il y a eu la surprise mais sinon, s'il se barre dès que tu commences à te transformer, vous risquez rien. J'crois qu'il préfère encore ça que voir son père se foutre en l'air.
Tout en lui balançant ça, je me tâtais à l'attacher. Franchement, je n'étais pas super sereine à l'idée de faire une op' douloureuse sur cette armoire à glace ! Et si sa bête se sentait menacé, eh ? Du coup, je prévins :
- Ok, je vais t'attacher ; parce que je suis dans ce genre de fantasmes. Et comme j'aime aussi les piqûres, j'ai quelques calmants sous la main ; de quoi endormir un éléphant. Ou plutôt, un étalon… Alors essaie de garder le monstre et dans ton pantalon, et au fond de… toi-même. Deal ?
Quand on soignait dans le Bronx, on avait ce genre de matos…
Le regard d'Elis déjà si abattu se voila d'une tristesse sans fin lorsque la jeune médecin fit référence à Xiél. Ce qu'il préfèrerait, Elis n'en avait aucune idée puisqu'il n'avait pas reparlé à son fils depuis l'incident. Et puis il n'était qu'un gosse et ce qu'il voulait n'était certainement pas la décision la plus réfléchie. Il aurait certainement pu en parler avec Ayame afin de savoir ce qu'elle en pensait, mais il était tout autant incapable de lui parler. Il lui avait promis quand il était né, qu'il prendrait soin d'eux et plus particulièrement de lui, que jamais il ne leur ferait du mal. Il savait qu'il avait déjà rompu cette promesse lorsqu'il les avait quitté, mais ici c'était bien pire. Il avait faillit tuer son propre fils, il l'avait ressenti au plus profond de lui, si jamais Ryu n'était pas intervenu, il sait que le monstre l'aurait fait.
Zoé ne devait pas imaginer tout ce qui le traversait à cet instant, il fixait le vide, l'air absent, ne réagissant seulement lorsqu'elle se mit à parler. Il écouta attentivement, attendant une minute avant de répondre encore trop perturbé par ses pensées concernant sa famille.
❝ Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. ❞
Il était persuadé malgré son manque d'information concernant la bête en lui que les liens ne le retiendrait pas et il n'avait pas la moindre idée de l'effet qu'aurait les calmants sur lui et son don. Il n'avait encore jamais essayé et il préférait ne pas le faire entre les mains d'une personne cherchant à l'aider.
❝ Si je suis inconscient, il n'y aura plus rien qui vous protégera si jamais elle se réveille pendant que tu essayes de m'opérer. ❞
Elis serra alors le poing, grimaçant lorsque la douleur dans son épaule se réveilla à son geste.
❝ Ma blessure va se soigner toute seule, il suffit que tu retires la balle, moi je me charge de rester calme. ❞
Il était sûrement encore moins serein à l'idée que la bête se réveille que son hôte, mais il devait tenir, parce que s'il n'était pas capable de le faire aujourd'hui, il ne le serait certainement jamais. Banjo s'approcha alors, plaçant ses pattes avant sur la table et fixant son lié pour lui montrer qu'elle était là et qu'elle tenterait elle aussi de l'aider à garder son calme.
❝ Et puis tu essayes de m'aider, lorsque je souffre, elle souffre aussi, pourquoi est-ce qu'elle essayerait de te tuer ? ❞
L'ancien soldat n'était pas vraiment sûr de ce qu'il disait, mais il avait appris certaine chose concernant cette bête et elle avait besoin de lui en vie pour vivre, elle ne le laisserait certainement pas mourir. Il espérait seulement qu'elle soit assez intelligente pour comprendre que la douleur qu'elle allait ressentir était pour son bien et non une nouvelle attaque. Un rire résonna dans sa tête comme pour lui assurer qu'elle n'était pas si idiote qu'il pouvait le penser. Elis retira alors sa ceinture avant de la plier en deux.
❝ Allez vas y je suis prêt. ❞
Il coinça alors le cuir entre ses dents, il pourra la mordre à sa guise, s'empêchant ainsi de hurler et ça pourrait même l'aider à canaliser sa douleur. C'est ce qu'il disait et il espérait réellement que ça marcherait.
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Elissanne D'Ilgar Fon
E. Zoé Lacroix
Doc
Métier : Vendeuse d'organes
Mutation : Transplanteuse~
Lun 12 Aoû 2019 - 13:34
Qu'est-ce que tu prendras...
Lenny semblait me bouder, ou en tout cas se méfier et donc observer, mais sa voix dans ma tête était remplacée par une autre, plus interne encore. Une série de questions par un cerveau consterné, en fait, peu habitué à ce genre de jeux. Qu'est-ce que je foutais ? Depuis quand je me mettais dans des situations aussi tordues, moi, à mentir à tout le monde ? Et après l'avoir soigné, j'en faisais quoi ? Je le jetais dehors ? Je renouais une amitié, après avoir caché l'ancienne ? Je tentais de coucher avec ? Il n'était pas si mal, malgré ce que j'avais dit… mais tôt ou tard, il me reconnaîtra. Ou je l'utilisais, comme je l'avais dit à Lenny ? Si les bonnes infos pouvaient m'ouvrir des portes, je n'allais pas passer à côté ! Et quel appât, détesté par ses anciens et nouveaux ennemis… Je le payerai en échange, c'était aussi lui rendre service, après tout. C'était comme cela que fonctionnait le Bronx, et moi-même, non ?
Enfin, tout ça, ça ne valait que s'il ne se transformait pas en monstre ! J'avais beau être la Reine du Bronx, alliant sensualité et efficacité tant au lit qu'au combat, un mauvais coup de ce truc et j'étais au tapis – et pas comme je le souhaitais. Sans parler de ma pauvre maison… Les organes à côté étaient bien protégés, mais j'avais plein de souvenirs brisables ici. Sacré étalon de Troy…
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Si je suis inconscient, il n'y aura plus rien qui vous protégera si jamais elle se réveille pendant que tu essayes de m'opérer.
Ha oui, évidemment. Je commençais à m'y faire, mais les pouvoirs incarnaient le cauchemar de tout scientifique, médecins compris : les règles naturelles s'effaçaient pour de nouvelles, toujours plus folles. C'était quoi cette théorie à la mords-moi le nœud sur l'inconscience ? Ils ne partageaient pas le même cerveau ? Enfin, si Elis en avait déjà un, eh eh eh.
- Tu arrives à l'influencer ? Si tu meurs, je serai ravie de faire l'autopsie, pour essayer de comprendre…
S'ensuivit une autre tentative de théorie, tout aussi tirée par les cheveux et aussi peu assurée, comme quoi le monstre comprendrait que je cherchais à aider. Encore plus perdue, je soupirai :
- Il réfléchit, en plus ? C'est pas un pouvoir que tu as, c'est un parasite ! Je suis pas sûr que le petit Xiél ait été une menace, pourtant…
J'hésitai, clairement mal à l'aise. D'un côté, je n'étais pas une lâche, et j'avais promis mon aide – j'étais déjà rarement menteuse, je ne serai pas parjure ! Mais de l'autre, j'avais toutes les chances de me retrouver avec une patte d'ours dans la gueule et ma maison détruite en quelques secondes. Tout ça pour un mec chiant, qui allait quand même se détruire tout seul…
Finalement, je me décidai :
- Très bien. Si je vois le moindre poil en trop qui apparaît, je te cisèle les pattes, tu es prévenu… Voire pire.
J'avais déjà tué, plus d'une fois, même si je préférais éviter ; ce n'était pas une promesse en l'air. Mais si je pouvais éviter de trucider mon ancien patient devenu fou, père d'un gosse… Eh. Enfin, il mit sa ceinture entre ses dents, et je ne résistai pas à la tentation :
- J'espère qu'elle finira dans la mienne…
Enfin, lui qui rougissait aux blagues explicites, je doutais qu'il saisisse une aussi tordue. Même Lenny me jeta un regard intrigué, mais sans rien dire – ok, il boudait ! Bon, et bien, finissons-en…
Tchic, tchac. En deux temps, trois mouvements, j'avais retiré le pauvre projectile coincé dans l'outre à vin, sans transformation soudaine. Pfioooou… Je m'apprêtais à désinfecter, mais la plaie n'en avait pas trop envie, apparemment : elle se referma d'elle-même, comme une huître vexée. Bon, je doutais que l'infection soit un risque…
- Voilà qui est fait, Elis. Et maintenant, un petit verre pour t'en remettre ?
C'était une offre que je faisais par réflexe, comme après chaque opération qui le permettait. Sauf que là, je me demandai à l'instant si c'était réellement une bonne idée. Enfin… je l'avais amené ici ; autant aller au bout de cette histoire tordue. Au pire, il me reconnaissait… Je n'étais plus celle qu'il avait connu, il le comprendra vite. Et si Lenny le prenait mal, et bien, je me ferai pardonner d'une manière ou d'une autre ! Il ne pouvait jamais m'en vouloir très longtemps, le pauvre ♪
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