Ryû arrive en claudiquant doucement, sa jambe droite abimée peine à le supporter. Chacun de ses pas provoque un grincement de dents et un sifflement à peine camouflé. Ses doigts caressent nerveusement la fourrure de Tsubaki qui n'a pas quitté le creux de son cou depuis les évènements d'Harlem. Même en dormant, il peut sentir son petit museau humide contre sa clavicule, se rassurant de sa présence. Sa gorge est marquée par de longs bleus violets que les mains du monstre ont laissées. Il ne peut même pas porter une écharpe pour camoufler sa honte — stupide loi, stupide décret.
Alors Ryû traine sa patte folle, les sourcils froncés et les lèvres pincés. Il ressemble à un vieil homme aigri ; il ne peut pas s'empêcher de penser au prix que les réparations vont lui coûter. Il n'est pas riche, loin de là. Même si ses occupations d'éros sont très prolifiques, il en est toujours à rembourser la pose des deux bijoux de technologie accrochés à ses pieds. Difficilement, il arrive à destination, sa respiration hachée, son flanc le lançant terriblement. Sa plaie est à peine soignée et les points sont récents. Mais il ne peut pas attendre plus longtemps pour faire réparer sa prothèse droite ; à moins qu'il veuille continuer à se trainer dans les rues de NYC. C'est certains que les dués vont être terrifiés en voyant un éros comme ça les chasser.
Il entre sans tarder, poussant la porte vitrée. Il voit déjà la jeune femme occupée sur un de ses projets, totalement absorbée. Un fin sourire peint ses lèvres amères alors qu'il toque bruyamment sur une pièce de métal non-loin.
— « Eh tête en l'air, pas trop occupée ? » demande-t'il, amusé.
Il traine son derrière de vieil homme usé sur un des tabourets de l'atelier. Ce n'est pas bien grand, mais il s'y sent en sécurité. Le métal autour de lui résonne dans ses pensées — tel un immense ronronnement de contentement. Il sent son anima se détendre le long de sa nuque, ses griffes acérées se détachant de ses vêtements. Il passe une main fatiguée dans son chignon à moitié défait avant de continuer ;
— « J'ai encore bousillé une de mes prothèses. » annonce-t-il, contrit.
Ryûnosuke Kazuya
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Mer 22 Fév 2017 - 11:38
Son siège à roulettes grinça quand elle se retourna pour abandonner la perle qu'elle essayait de confectionner depuis plusieurs semaines. Il avait suffit à Ellen d'entendre sa voix pour le reconnaître. Habillée de son bleu de travail, déjà bien taché d'huile et de cambouis, elle jeta un rapide coup d'oeil des pieds jusqu'au bout du nez du quarantenaire. Des bleus violets à en faire pâlir la plus belle des violettes et l'air sacrément mal en point, le vieux Ryûnosuke. Masque d'indifférence, la jeune femme laissa échapper un sifflement d'admiration et un sourire très léger sur le bout des lèvres :
-Massacrée plus que bousillée, oui. Tu t'es pas raté pour le coup. Mais j'vais pas me plaindre, ça me donne du boulot. Allez, prends tes aises, j'arrive pour faire ce que je peux avec cette misère !
Ellen donna un léger coup de pied pour se propulser à l'autre bout de l'atelier, histoire de récupérer un tournevis, mais surtout ses lunettes et le poste à souder qu'elle avait réussi à récupérer dans un garage en ruines. D'un geste rapide, elle s'attacha les cheveux et revint vers le japonais en poussant un nouveau coup de pieds. Parcourir son atelier de cette manière était son quotidien lorsqu'elle ne partait pas en campagne de chasses avec d'autres mercenaires, quand on leur proposait une nouvelle cible. Tout ce manège à roulettes rythmait ses journées et ses nuits, et cela l'apaisait énormément en un sens. Elle attrapa la jambe qui traînait la patte, faute de prothèse en état et la posa sur ses genoux. La jeune femme grimaça en fronçant le nez. Le côté droit était salement tordu, et il manquait plusieurs vis. Posant le poste à souder sur le côté - et la jambe de son ami par terre par la même occasion, elle redonna un coup de pied au siège pour aller chercher quelques vis et une plaque d'acier récupéré sur des broutilles, surtout.
-Essaie de redresser le côté un peu mort, si jamais c'est possible, le plus près de sa forme originale. Mais, plus sérieusement Ryûnosuke...
Elle se retourna avec un regard sévère et un ton sec, les sourcils légèrement froncés :
-C'est QUOI, concrètement, qui t'a fait ça ? Je ne crois pas que tu m'étais revenu dans un état pareil depuis un bon moment. Pas vrai, Maximus ? "Il ne veut peut-être pas te l'avouer, mais peut-être qu'il est tombé dans les escaliers" -... Haha. Non, sérieusement, ça va me prendre plusieurs heures de travail pour faire en sorte que ça ressorte comme neuf. J'me demande même si va pas falloir que je la garde plusieurs jours, histoire d'être sûre qu'y'ait rien d'autre qui parte en vrille...
Comme à son habitude, elle se frottait le menton d'un air contrarié, quand un de ses petits bijoux était fracassé. Mais les marques de l'affrontement violent sur le cou de Ryûnosuke l'inquiétaient tout autant. Il avait dû avoir sacrément mal. Le genre de douleur à arracher les tripes à un homme.
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Ryûnosuke Kazuya
dragon
Métier : mercenaire + coursier
Mutation : contrôle du métal
Mer 22 Fév 2017 - 17:33
WISH WE COULD FLY FAR AWAY
FEAT ELLEN aka 職人
Ryû se gratte distraitement le coin de sa mâchoire, essayant d'éviter le regard de sa mécano. Ce n'est pas sa faute si la situation a totalement dégénéré et que le pouvoir d'Elis s'est manifesté. Bon, il aurait peut-être pu faire plus attention avec les chiens de l'Enfers ; mais il avait demandé à son ami et son anima de couvrir ses arrières. Enfin, toujours est-il qu'il s'est retrouvé avec cette prothèse en bien piètre état et en urgent besoin de se faire réparer. La remarque de sa collègue lui rappelle douloureusement que toutes ses réparations ne seront pas gratuites et qu'il va devoir y mettre la main à la poche.
Il soupire bruyamment et entend son hermine ricaner doucement. Il lui tire légèrement l'oreille tout en observant le manège de la jeune fille. Ses allers-retours sur son tabouret à roulettes lui donnent le tournis. Elle sait toujours où aller ; où rebondir pour arriver à destination. Elle revint vers lui et lui attrapa la jambe sans sommation.
— « Tsch', fait attention. »
Remarque sans importance ; au final elle sait bien ce qu'elle fait et il n'a pas besoin de lui rappeler. C'est une sale habitude dont il devrait se débarrasser. Il a du mal à déléguer, à faire confiance à autrui, notamment lorsque cela concerne sa santé. Cependant, il est bien conscient que Ellen est plus douée que lui dans les arts de la mécanique. Il peut certes entendre le métal chanter, murmurer, ronronner lorsqu'il se trouve à proximité. Mais ce n'est pas pour autant qu'il saura quelle vis employer.
Son ton sec le sort de sa rêverie, le faisant grimacer. Il n'a vraiment pas envie d'en parler, mais son état est difficilement explicable. Il n'est pas habitué à abimer autant sa prothèse. De plus les marques sur son cou et sa nuque ne peuvent pas être oublié. Il se gratte légèrement la barbe, réfléchissant à une réponse à donner.
— « J'ai été trainer là où il fallait pas et je me suis fait attaquer par une horde de hellshounds. Des sales bêtes. » finit-il pas concéder. — « J'ai été distraite et c'est ma faute que Ryû a fini dans cet état. »
Ryû pousse un soupir exaspéré avant de prendre son anima au creux de sa main. Il lui embrasse le museau délicatement tout en lui murmurant ;
— « Tu sais bien que tu n'y es pour rien. » dit-il avant de relever son regard vers la mécano. « Je ne pensais pas que cette plaque était aussi tordue. »
Ryû lance un coup d'oeil rapide vers le métal malmené. Malgré le contentement qu'il ressent du métal ambiant, il ne peut pas totalement occulter les gémissements de sa prothèse. N'importe qui serait indisposé de voir sa jambe dans un tel état ; pour Ryûnosuke ce malaise est multiplié. Ce n'est qu'une vague impression ; rien de précis, après tout, le métal n'est pas vivant. Mais il ressent dans son être comme un écho ; un ersatz de sensation. Tout ceci lui rappelle les hurlements qui le hante depuis cette fameuse journée. Il ne peut pas les oublier ; ceux-ci sont ancrés dans son psyché.
— « J'ai déjà essayé de la remodeler, mais j'ai l'impression qu'il y a un autre élément qui bloque le tout. » soupire-t-il, défait.
Ryûnosuke Kazuya
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Mer 22 Fév 2017 - 23:26
Ellen ne répond rien et reste silencieuse quand il parle, son tournevis à la main, en plus des vis. Ecouter, c'est ce qu'elle sait faire de mieux en général, plus que parler aux autres. Ou plutôt parler d'elle aux autres. Le regard dans le vide, elle finit par pousser un soupir en se grattant la tête. Des hellshounds, hein. Ses yeux bleus sans expression refixent à nouveau le cou de Ryûnosuke. Suspicieux, vu les marques. Des hellshounds qui avaient une sacrée poigne dans ce cas, pour réussir à faire des bleus pareils sur son cou bien visible. Mais le vieux gaillard devait avoir une bonne raison pour ne pas lui en parler. C'était ses affaires et ça ne la regardait pas, d'une certaine manière. Elle ne releva pas le détail, et poussa simplement un grognement :
-Saletés de bestiole.Tant pis, on va tout désosser pour tout remonter entièrement.
Nouveau coup de pied pour propulser doucement le siège à roulettes, clac, elle met ses lunettes en place et commence à regarder d'un peu plus près le cafouillis mystique de la prothèse. Grimace, grognement, soupir. La jeune femme commence silencieusement à enlever les vis d'une main experte. Le tournevis tourne entre ses mains avec précision et efficacité. Une prothèse, c'n'est pas bien compliqué, surtout quand ça marche avec des systèmes de vis et d'acier pour faire coulisser tout ça et faire marcher les articulations. Pour Ryûnosuke, c'était plus complexe, puisque tout cela devait soutenir ses jambes en entier et lui permettre de se déplacer et de se battre sans que rien ne l'entrave. Les mouvements étaient encore un peu raides, mais avec une armature aussi endommagée, il était étonnant qu'il ait réussi à se traîner jusqu'à l'atelier de la jeune femme. La dernière vis qui tenait tout ce petit bijou de conception enlevé, Ellen tira sur les deux parties constituantes de la prothèse métallique afin de les séparer. Froncement de nez, haussement d'un sourcil. Elle s'arrêta un instant pour demander au quarantenaire qui se faisait des chignons avec la même classe et délicatesse qu'une étudiante en médecine :
-Hmm. Si je mets l'efficacité et la rapidité, ça peut-être pour ce soir. Si tu as besoin d'aller quelque part, dis-moi, j'ai une béquille qui t'attend au cas où dans un coin, vieillard. Sinon, si tu es motivé et si tu as des histoires à me raconter, tu peux toujours rester. Il doit me rester un peu de café dans la cuisine.
"Vieillard". Ces légères pointes d'ironie et d'humour qui lui reviennent par moments. Des tâches résiduelles d'un côté sacrément taquin. La brune avait un ton légèrement amusé, mais pas un sourire n'avait déridé son visage si calme et paisible. Signe de tête vers le fond de la boutique, derrière le rideau crasseux.
-C'est un petit peu en bazar, par contre. "Un "petit" peu" -Tout dépend du point de vue duquel on se place. Enfin, t'es comme chez toi, Ryû.
Comme depuis toujours au final, ou presque. Plutôt, comme depuis leur rencontre, un an plutôt.
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Ryûnosuke Kazuya
dragon
Métier : mercenaire + coursier
Mutation : contrôle du métal
Jeu 23 Fév 2017 - 21:11
WISH WE COULD FLY FAR AWAY
FEAT ELLEN aka 職人
Ryû observe avec attention les mouvements de la jeune Ellen. Ses yeux suivent scrupuleusement la moindre vis qu'elle défait. Il lui fait confiance — ça a déjà établit depuis bien longtemps. Non, c'est plutôt une question d'inquiétude vis-à-vis de l'état de sa jambe. Les parties tordues et le choc de la chute ont déjà bien abimé sa jambe malmenée. Il ne manquerait plus qu'un bout de métal se soit enfoncé dans ses chairs sans qu'il ne puisse rien y faire. Alors que la mécano dévisse patiemment un à un les composants de sa prothèse, il caresse distraitement tsubaki qui a décidé de se promener le long de sa manche pour finalement poser sa tête sur le dos de sa main. Elle ferme les yeux, enfin paisible après ces derniers jours tourmentés.
Il retient sa respiration alors que sa jambe devient enfin visible sous le métal — la chair est aussi abimée que celle de son cou. Des tâches colorées s'étendent sur sa peau, mais il ne voit aucune plaie infectée. Il pousse un petit sourire de soulagement et offre un sourire à Ellen, grattant le haut de la tête de son anima. Il hoche la tête, écoutant ce que lui raconte la jeune femme. Il avait prévu le coup et libéré sa journée. Il avait prévenu Ayame qu'il ne pourrait certainement pas la retrouver pour manger. Et puis, ce n'était pas comme si ce n'était pas habituel pour lui de disparaitre ; parfois des jours durants, lorsqu'il traquait un dué récalcitrant.
— « Qui tu traites de vieillard, fillette. Je n'ai rien prévu de la journée, alors j'accepte ton offre de café — tu as toujours le sirop caramel que j'ai amené y'a deux mois ? »
Ryûnsosuke sait se montrer difficile ; notamment lorsqu'il est question de goûts. Sans son sirop de caramel préféré, il lui est impossible d'avaler une seule gorgée de café. À force de trainer dans la boutique-atelier d'Ellen, il avait apporté son propre sirop pour toutes ces soirées passées à discuter autour de sa prothèse. Ou simplement parce qu'il avait envie de passer. Parfois il se cale juste dans un coin pour méditer. Il n'y a pas meilleur endroit pour s'entrainer à différencier les différents types de métal qu'il peut percevoir. Le fer et l'acier n'ont pas la même sonorité — ne laissent pas la même impression sur ses pensées. Et cette boutique-atelier devient alors la caverne d'Ali Baba pour sa sensibilité.
— « Je commence à être habitué à ton bordel, à croire que tu as oublié comment savoir ranger. »
Ryû attire doucement la béquille que la jeune femme lui a proposé. Au bout de quelques seconde, la voilà au creux de sa main. Doucement, il se lève, essayant de s'appuyer le moins possible sur sa jambe à découvert. Il claudique lentement vers le rideau qu'elle lui a montré.
— « Je te prépare une tasse aussi ? » demande-t'il en commençant à fouiller dans l'arrière-boutique, essayant de trouver tous les éléments pour réaliser leur breuvage. « Ça ferait presque longtemps que je ne t'ai plus vu, quoi de neuf sous le soleil ? »
Ryû s'attèle à préparer leur café, tsubaki ayant quitté sa place pour aller fouiner dans les placards de la demoiselle à la recherche d'un douceur sucrée. Le japonais s'appuie sans vraiment y penser sur uns des meubles, sa jambe gauche fatiguée par l'effort de soutenir une bonne partie de son poids.
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Ryûnosuke Kazuya
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Ven 24 Fév 2017 - 15:17
Sourire un peu rouillé sur les lèvres, Ellen lui tourne le dos, penchée sur la ferraille. Du sirop au caramel, ha. Elle n'aurait pas passé des nuits blanches sur ses inventions ces derniers temps, la jeune femme aurait eu sûrement le coeur à éclater de rire devant Ryûnosuke. Non, si elle avait été celle d'avant la Lune Rouge, peut-être qu'elle s'en serait donné à coeur de joie. Elle sourit légèrement, mais elle ne le regarde pas. Parce qu'il lui rappellerait peut-être trop son père, laissé au Kansas à cette veille de Noël et qu'elle se mettrait à pleurer probablement. Et elle n'avait pas envie de pleurer, ses yeux étaient assez secs du manque de sommeil, elle n'avait pas besoin de sel pour ses pupilles. Un mouvement au fond de la boutique, un carton qui s'écrase sblom et la voix de Maximus qui résonne :
"Elle l'a toujours, peut-être en train de croupir derrière une tonne d'autres trucs dans un coin de la cuisine." -Hmf. J'suis pas fan des sucreries, tu l'sais bien. Et mon bordel est plutôt bien rangé, je trouve. J'ai connu des semaines pires ! Fais-moi une tasse, ouais. Sans sirop, hein. Et pas de sucre non plus !
Elle préférait le café fort, brut, celui qui claque sur la langue et qui te réveille des pieds jusqu'à la tête. Celui qui la maintenait éveillée la nuit et qui avait un arôme assez puissant pour t'embaumer la gorge et les narines pour des semaines. Le produit qui débouche la tête comme débouche les chiottes, si on veut faire dans la métaphore poétique et gracieuse. Elle attrape son poste à souder, met ses lunettes et commence à faire chauffer l'aiguille en acier pour ramollir le métal des prothèses du japonais. Derrière elle, sa pièce de vie résonne de bruits qu'elle n'entend pas en général tous les jours. Normalement, c'est plus les gros tollés de Maximus essayant de choper une souris ou un rat farfouillant dans un coin qui vient percer le silence ou le bruit des outils sur l'acier et le fer.
Là, il y a quelqu'un qui habite sa pièce. Ce n'est plus elle qui fait du bruit toute seule. Et il y a un côté plutôt apaisant et calmant. Elle se rappelle ces journées d'été au Kansas, avec sa mère s'affairant en cuisine. Son frère qui gueule qu'il est rentré, claque la porte et vient lui ébouriffer violemment les cheveux. Il y a quelque chose de vivant et d'ancien qui revient chez elle, à chaque fois que le vieil homme se trouve chez elle. Quelque chose de brisé qui se referme doucement peu à peu. L'habitude vient caresser doucement les jours amèrement regrettés du passé, pour les habituer à ne plus être là. Ryûnosuke caresse en quelque sorte un gros chat solitaire ne faisant que feuler et l'habitue peu à peu à ces caresses et cette présence différente de ce qu'il avait connu. La jeune femme pousse un soupir, s'étire un peu et répond en poussant un bâillement significatif du manque de sommeil :
-Quoi de neuf ? J'm'occupe de cette broutille un p'tit moment et j'reviens à toi, attends deux minutes.
Avec un grognement, Ellen pose le poste à souder sur sa table de travail. A un moment, il faut bien se mettre au boulot. Et sous ses mains, elle redresse peu à peu ce qui constitue le pilier des jambes. L'acier rougit et se ramollit sous l'aiguille brûlante. Il devient malléable, et la jeune femme en fait ce qu'elle veut. Elle remet en place les petits engrenages et les plaques qui s'étaient tordues et déchiquetées et que son collègue n'arrivait pas à remettre en place, même avec son pouvoir. Elle recolle les morceaux à la même manière d'un chirurgien avec un patient. Et puis, quand la chaleur devient trop lourde à supporter, elle éteint le poste à souder, enlève ses lunettes et essuie la sueur qui coule sur ses tempes.
La cafetière commence à bouillir dans l'arrière-boutique. L'odeur douce, chaude et entêtée du café commence à se répandre doucement dans toute la bicoque. Elle fixe de ses yeux bleus la prothèse qui gît encore légèrement fumante sur la table. Le temps que ça se refroidisse, elle a bien le temps de prendre un coup d'eau dans la figure. "Peut-être même une douche, vu l'odeur que je répands" se dit-elle en reniflant avec une grimace le mélange de cambouis, d'huile et de transpiration qu'elle devait traîner depuis hier.
La brune s'avance d'un pas lourd et pousse le drap d'une main. Ryûnosuke a déjà sorti les tasses, il n'y a plus qu'à attendre que la cafetière d'Ellen soit moins capricieuse. Elle pousse un soupir en étirant ses muscles engourdis et douloureux, jette un regard à la petite hermine du japonais qui farfouille ses placards.
-Les biscuits doivent traîner dans le carton à côté de l'évier, grogna-t-elle en s'adossant contre le mur.Pas grand-chose de neuf à vrai dire. Sauf mes projets, mais c'des histoires d'mécanicien, ça.
Elle prend un verre pour boire un verre d'eau, puis reprend avec un peu d'hésitation perceptible dans sa voix, malgré son air apathique et calme :
-Toujours pas de... Enfin... Personne n'a vu Mitch ?
Mitch, le petit blond maigrelet, qui aurait paru inoffensif et mignon. Mais qui avait l'air beaucoup moins mignon lorsqu'on savait le massacre qu'il avait causé à la Lune Rouge, lors de l'éveil de son pouvoir. Mitch, le gars avec qui Ellen s'entendait bien, mais dont personne n'avait vu la frimousse depuis trois ans. Disparu, mort ? Bonne question, même si la jeune femme savait au fond d'elle-même qu'il était toujours vivant. Et qu'elle ferait tout pour essayer de le ramener sur le droit chemin. Coûte que coûte. Maximus vint les rejoindre en traversant les murs, de sa démarche féline et royal, en silence. Elle fait couler l'eau, remplit le verre et rajoute avec un regard un peu triste vers le japonais :
-Enfin, non, c'pas le plus important... Pour le moment j'ai réussi un peu à rabibocher tout ça. C'est moins pire que ce que je pensais, même si c'pas joli-joli. C'moins complexe que sur quoi j'travaille donc j'vais pas me plaindre. Les mécanismes un peu petits s'étaient emmêlés, ça explique pourquoi tu n'as pas pu les remettre en place, et aussi pourquoi ça coinçait pas mal au niveau du genou. Tant que t'y es, t'as envie de quelques améliorations ?
Et elle boit. L'eau vient lui rafraîchir sa gorge sèche. Le café viendrait lui faire battre les veines, comme l'énergie qui parcoure son corps.
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Ryûnosuke Kazuya
dragon
Métier : mercenaire + coursier
Mutation : contrôle du métal
Lun 27 Fév 2017 - 18:00
WISH WE COULD FLY FAR AWAY
FEAT ELLEN aka 職人
Ryû écoute distraitement le bruit du fer à souder dans la pièce à côté. Ce son bourdonnant, presque imperceptible possède un effet hypnotisant ; ou peut-être est-ce le métal qu'il entend. Celui qui font et se reforme, se transforme. Depuis la Lune Rouge il a du mal à le déterminer ; il entend constamment le métal autour de lui chanter, au point où il peine à entendre ses propres pensées. Toute cette ville n'est que verre pillé et acier malmené. Tout ceci résonne en lui tel un gong sacré ; chacun des battements de son coeur se fait en harmonie avec le métal ambiant. Chaque coup de marteau que la mécano pourrait donner résonne comme des centaines de respirations.
Ryû sourit un instant en entendant Ellen et son anima. Ces deux là sont vraiment des cas. Elle avec son côté presque glacé, ses yeux mornes et abimés, son sourire timide qui apparait entre deux sourcils froncés. Elle n'est plus une enfant — plus vraiment, pourtant il a envie de la sauver, de la protéger. Mais il est arrivé trop tard, alors il fait ce qu'il peut pour la soulager. Ça lui fait plaisir d'entre sa voix moqueuse ; ses insultes à peine voilées. Et ça le fait rire de se faire traiter de vieillard décérébré, c'est un peu ce qu'il est après tout. Et tout ceci est la preuve qu'Ellen n'a pas si désespérées ; elle ne s'est pas enfoncée si loin qu'elle ne peut plus rigoler. Même si le premier venu pourrait se vexer en entendant ces mots tranchants. Le japonais sait mieux que quiconque comment elle fait pour fonctionner.
— « Hmhm. »
Il attend qu'elle finisse de travailler sur ses prothèses ; après tout c'est pour cela qu'il s'est déplacé. Sa jambe dénudée le fait frissonner, il n'a plus l'habitude d'enlever les bouts de métal accrochés à ses pieds. Il en est devenu tellement dépendant que ce serait stupide de s'en délester une fois se croyant en sécurité. Dans ce genre de société ; on ne sait jamais quand le danger pourrait frapper.
Il met en route le percolateur, ayant trouvé tout ce qu'il fallait pour préparer leurs deux cafés. Il s'assied sur le coin d'un meuble, relevant ainsi son poids de ses jambes abimées. Il se sent vieux et vulnérable en cet instant. On pourrait l'attaquer à tout moment, et il ne pourrait pas éviter. Ces deux jambes handicapées sont une véritable malédiction ; mais c'est la destiné à laquelle il s'est résigné ce jour là. Il se dit qu'il le regrette parfois, jusqu'à ce qu'il rentre pour voir yong-sun endormi sur le canapé, ses livres de physique éparpillés autour de lui.
Tsubaki relève la tête en entendant la mécano entrer, soupirer, et lui indiquer où se trouvent les sucreries tant recherchées. Son hermine plonge la tête la première dans le carton sus-nommé avant d'en ressortir, un éclat de joie au bout de ses babines, un sachet de biscuits entre ses petites pattes griffues.
— « Regarde ce que j'ai trouvé Ryu. »
Avant qu'il ne puisse répondre à son anima, un tendre sourire sur le bout des lèvres, la mécanicienne finit sa gorgée et demande des nouvelles de son ancien ami devenu Dué. Ryûnosuke s'apprête à lui dire qu'il n'a pas de nouvelle de lui et qu'il se fait discret pour le moment, mais Ellen reprend de plus belle. Un sourire amer répond à son regard de cocker. Il a envie de la prendre dans ses bras, de la rassurer, de lui dire que ça va aller. Mais elle n'est pas aussi naïve que ça. Elle fini par se refermer comme une huître pour embrayer sur les réparations de sa prothèse qu'elle vient d'effectuer.
— « Quand tu dis amélioration, on ne parle pas de jets à propulsions hein ? Je me fais trop vieux pour ce genre d'excentricités. »
Le café fini de couler dans la cafetière, Ryû tend le bras pour le servir dans les deux tasses qu'il a placé à proximité. Elles n'ont plus la blancheur qu'elles pouvaient y avoir il y a deux ans, mais elles ont été nettoyé il n'y a pas trop longtemps ; du moins il espère. Tout ceci disparait alors que le liquide noir est délicatement versé. Il rajoute rapidement un petit sucre et une cuillère avant de tendre la boisson à la mécanicienne. Il dévisse son sirop au caramel pour napper le breuvage amer et essayer de le rendre plus sucré. Trois carrés blancs plus tard ; le tout est prêt à être dégusté. Absolument écoeurant pour toute personne normalement constituée, exception d'Ananké.
— « Mais je dis pas non, si tu as des idées intéressantes. » dit-il en sirotant « Tant que tu ne me fais pas voler comme Iron Man et que ça ne me coûte pas mes deux membres restant pour te payer, ça me va. »
Il caresse du bout des doigts tsubaki qui est remonté sur le comptoir, tenant précieusement le paquet de biscuits.
Ryûnosuke Kazuya
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Mar 4 Juil 2017 - 22:41
Ellen eut un grand éclat de rire, pendant quelques instants. Quelques secondes qui ont illuminé son visage, déridé son masque de cernes, d'indifférence, et de vieillesse trop avancée pour une jeune femme aussi frêle et encore attirante. Quelque chose qui rendit pendant un instant son regard bleu moins terne, et sa peau moins grise ou maladive, qui fit résonner en profondeur sa cage thoracique, ses poumons et ses cordes vocales.
Elle se mit la main sur la bouche, un peu gênée. Ce n'était pas dans ses habitudes de rire d'aussi bon coeur. Des jets à propulsion. Ha. Elle aurait bien voulu le voir, à essayer de ressembler à Iron Man et à s'envoler dans les airs, pour d'autres cieux, pour un autre monde. Presque comme Icare. La brune se passa une main dans ses cheveux bruns, se frotta un œil, comme pour s'enlever une poussière - en réalité inexistante -, toussota et reprit de sa voix flegmatique :
-Non, ça, c'est pas encore dans mes compétences. Et puis tu risquerais de me ramener tes prothèses dans un état pire que maintenant ! T'es pas encore un oiseau, mon vieux, même si on aimerait tous parfois que des ailes nous pousse dans le dos, pour partir d'ici...
Elle attrapa la tasse que Ryûnosuke lui avait remplie, en essuyant au préalable ses mains pleines de cambouis, afin qu'elle ne soit pas plus grise qu'elle ne l'était déjà. Elle inspira l'arôme du café à pleins poumons, poussa un soupir commode en sentant l'odeur entêtée et corsée de la boisson plus noire que la nuit même. La jeune femme réfléchit quelques secondes, les sourcils froncés, le visage entièrement tendu sur une expression sérieuse et figée. Qu'est-ce qu'elle pouvait lui proposer ?...
-Hmmm. Est-ce que la prothèse te gêne toujours au niveau du bassin, pour tes mouvements ? Je peux essayer de rendre ça plus fluide, par rapport à la dernière fois. Mais ça voudrait dire aussi que ça gagnerait en poids et que ce serait plus dur à porter. Sinon, je peux aussi la rendre plus pratique ou multi-fonctions pour le boulot. Du genre, pour que tu puisses y cacher ou y ranger des lames. Ce genre de trucs. Tu aurais déjà un gain de poids de l'armature moins important.
Slurrp, une gorgée de café rapide. La brune fronça son nez un instant. Peut-être un peu trop corsé, celui-là. Elle renifla la tasse pour s'en assurer, rapidement. Ouais, un peu trop corsé.
"Comme tes aisselles, Ellen"
La jeune femme tourna la tête vers le lynx boréal, qui la fixait dans un coin de la cuisine, les sourcils arqués et l'air sceptique.
-Eh. Je t'ai rien demandé, toi. Et puis tu sais très bien qu'il y a un problème avec les canalisations en ce moment., grogna-t-elle.
Elle se retourna vers le japonais, et rajouta avec une grimace.
- Plus de douche depuis une semaine. Je le sens passer salement. Enfin, pour revenir à nos moutons... Qu'est-ce qui te ferait envie ? De quoi t'aurais besoin pour ces petits bijoux ?
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Ryûnosuke Kazuya
dragon
Métier : mercenaire + coursier
Mutation : contrôle du métal
Jeu 3 Aoû 2017 - 20:46
WISH WE COULD FLY FAR AWAY
FT. RYUNOSUKE + ELLEN
Éclat de rire — éclat de joie. Ses prunelles pétillent doucement ; observant la jeune fille ainsi dévoilée ; la nuque arquée, dents perlées et lippes étirées. Elle semble si jeune — si pleine de vitalité. Elle semble enfin pouvoir respirer ; oublier un instant les horreurs passées. Ryū sent un sourire ourler ses lèvres fatiguées ; comment rester de marbre face à une telle félicité ? Depuis bien trop longtemps maintenant, il se sent exister. Il a l’impression de pouvoir servir à quelque chose ; ne serait-ce qu’à faire rire une jeune fille esseulée. Son hermine vient se lover contre sa clavicule ; ravie de la tournure de la journée. Elle baigne doucement dans ces éclats dorés ; soleil ou rires exaltés, elle ne saurait pas faire la différence. Yeux fermés ; ses babines s’ourlent dans un petit sourire serin.
Une main timide fait son apparition ; faisant disparaître bien trop tôt ce rayon de soleil inespéré. Ce rire résonne encore à ses oreilles comme le cri d’un oiseau enroué. Ce n’était pas quelque chose de discret ; ce n’était pas comme des clochettes teintant au vent. Loin de là ; il y avait là quelque chose de profondément brut ; pur ; non-édulcoré. Tout comme la jeune fille qui venait de produire ce son. Ryū laisse son regard affectueux se poser sur sa silhouette abimée ; sur ces doigts plein de cambouis et ses cheveux emmêlés. Il ne voudrait pas la voir autrement ; elle ne serait plus vraiment Ellen à ses yeux si un jour il la retrouvait bien coiffée, pomponnée, enserrées dans une jolie robe azurée.
Sa remarque le fait pouffer — son ignoble qu’il niera jusqu’à la fin de sa vie, mais néanmoins prononcé. Il s’imagine déjà, tentant vaillamment de rester dans les airs sans trop tituber. Il s’imagine déjà, ses prothèses fondues ; le métal hurlant tandis qu’il plonge vers le sol ; ailes brûlées. Comme Icare, ayant échoué d’atteindre cet astre insolant ; tout comme la lune les dirigeant. Quel beau couple que celui-là ; ils cohabitent ces jours-ci, la lune étant toujours présentes même lorsque le soleil d’élève haut dans le ciel. Elle baigne perpétuellement NY de cette lueur glacée ; glaçante ; sanglante.
Sourcils froncés ; Ryū écoute les propositions de la jeune fille. Il sirote distraitement son café bien trop sucré, caressant du bout du doigt le museau de son anima fatigué. Sa bouche se pince à la remarque du lynx et l’explication qui suit sans tarder. Il hésite un instant ; peut-être serait-ce mal venu de proposer ? Il reprend une gorgée avant de se décider ;
« Dis, si tu veux, tu peux passer prendre une douche chez moi. » dit-il, doucement. Puis se rendant compte du sous-entendu latent, il s’empresse de rajouter. « Je peux te passer les clés et faire un tour pendant ce temps. »
Il laisse un silence s’installer pendant quelques instant avant de reprendre, répondant à ses propositions.
« Hm, au niveau des améliorations, le poids ne devrait pas poser trop de problème tant qu’on reste dans des métaux comme de l’acier ou de l’aluminium.» dit-il, hésitant à détailler sa mauvais maîtrise du plomb. Il reprend une gorgée brûlante avant de continuer. « Au niveau du bassin, ça va mieux, mais depuis quelques temps j’ai une gêne au niveau de la jonction » finit-il, hésitant, désignant vaguement sa jambe dévoilée, notamment son genou abimé, cicatrices croisées.
HRP:
J'ai mis un temps fou à répondre désolé, et en plus je suis pas trop certaine si ça convient vu que ça fait une éternité que j'ai pas rp