Les bruits de vos pas résonnent contre le béton abimé fissuré et les briques abimées des immeubles du Bronx. Vos souffles vous échappent. Ta gorge te brûle, tes cuisses sont douloureuses. Ton corps entier se remet en route alors que tu ne lui as rien demandé depuis quelques jours -trop longtemps pour lui, sans action. Ton souffle t’échappe, rapide, rauque. Bruyant. Tu te sens vivante en cet instant, à courir ainsi avec trois autres camarades Dués. Programme de la journée ? Aller vous amuser dans le Queens. Semer la pagaille, cramer des poubelles, renverser des petites vieilles au nez et à la barbe des gardes royaux.
Votre but est purement récréatif, aujourd’hui. Vous voulez simplement vous amuser. Enfin, c’est ce que tu prétends. Parce que si tu peux réussir à laisser trainer tes oreilles quelque part et récolter quelques informations juteuses, bonnes à revendre derrière, tu ne te feras pas prier. C’est donc comme une dératée que tu parcours chaque centimètre, chaque mètre séparant ton quartier d’adoption à ce quartier que tu détestes. Des gens… trop « normaux ». Les gens parfaits. Les gens qui sont acceptés, eux. Parce qu’ils ont eu la chance de pas tirer le mauvais numéro à la loterie du destin. Et rien que pour ça, tu les hais. Tout simplement. Parce qu’ils font partie des privilégiés de ce foutu système que tu hais tant. Alors clairement, si tu peux les faire ne serait-ce qu’un peu chier, tu vas pas t’en priver.
Voilà pourquoi vos pieds foulent le sol de ce quartier qui n’est pas le vôtre. Vous êtes mu par la même motivation. Faire du bruit, faire flipper. Emmerder. Bien remuer la tranquillité de ces gens-là.
Tu finis dans un coin, assise, recroquevillée sur toi-même. Tu te fais la plus petite possible. La plus discrète aussi. Les bruits des poubelles qu’on renverse te parviennent et tu souris, légèrement. Un simple étirement des commissures. Les gens s’affolent, alors que tes camarades s’amusent un peu plus bruyamment. Et toi, tu ne bouges pas. Seulement, très rapidement, les gardes sont là, prêts à venir les chasser. Les ? Vous. Tu pensais passer inaperçue. Mais tu as été repérée. Tu ne sais pas comment. Sûrement ne t’es-tu pas faite assez discrète, petite souris.
Tu te relèves, bondis sur tes pieds dans un mouvement souple, avant de te mettre à détaler comme un lapin. Et tu entends Ouroboros ricaner à ton oreille. Tu sens son poids sur tes épaules, sa langue t’effleurer le lobe alors qu’il te susurre ses sempiternels mots d’amour.
« T’es pas aussi invisible que ce que tu le voudrais, petite… regarde toi, à détaler de la sorte… tu es pitoyable. Tu le sais que si tu te fais rattraper, tu ne pourras rien faire, hein ? Tu es faibles, Daaawn ~. »
Tu l’ignores, comme bien souvent. Tu bouillones déjà. T’étais pas forcément d’excellente humeur aujourd’hui. Et voilà qu’on te rajoute de l’huile sur le feu. Tu grognes doucement, continuant de courir, esquivant les passants. Tu essayes de prendre le plus d’avance possible, tourne à droite, à gauche. Et puis finalement, tu t’autorises un rapide coup d’œil en arrière. Le coup d’œil de trop. Te voilà qui heurte un mur. Mais un mur drôlement confortable.
Légèrement sonnée, confuse, tu te retournes vers la chose avec laquelle tu es entrée en colision. Clairement, c’est pas un mur. C’est un mec. Et tu entends les pas résonner derrière toi. Et par réflexe, tu attrapes le type par le bras avant de l’entrainer dans ta course. Tu t’en rends pas vraiment compte sur le coup. T’as agis à l’instinct. Comme tu le fais quasiment toujours. Et tu cavales, sans lâcher ta prise. Tu tournes, tournes, tournes, jusqu’à trouver une ruelle un peu discrète, étroite, avec rien d’autres que des poubelles. Et tu te planques là, derrière ces fameuses bennes. Tu entends les pas te passer devant, avant de s’éloigner. Et tu t’autorises alors à respirer… jusqu’à te rendre compte qu’y a un inconnu à tes côtés. Et ça, c’est le pompom sur la Garonne. Et tu exploses, Dusk. Tout simplement..
« … Putain mais j’y crois pas ! Qu’est-ce tu branles ici, toi ? Qu’est-ce tu foutais sur mon chemin, bordel ? C’était quoi le projet, de rester en plein milieu du trottoire, comme ça, Zébulon ?! »
Tu lâches, sans trop réfléchir et avant même de lever les yeux vers. Et lorsque tu le fais, tu sens quelque chose battre en toi. Un truc que tu croyais brisé. En morceaux. En lambeaux. En miettes. Un… un cœur ? Pourquoi il s’réveille maintenant, c’lui là ? Y a un truc qui déraille. Tu dois être malade. Pas possible autrement que ce palpitant s’agite, sinon. Ouais. Ça doit être la meilleure explication… Ou alors, c’est juste que t’as couru trop vite et trop tout court. Ouais. C’est encore plus crédible, en fait. Voilà. C’est ça. C’est forcément ça. Ça n’peut qu’être ça.
Tu m'touches, j'te bouffe, Zébulon ou pas. Pigé ?
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Yong-sun Park
NoChill.exe
Métier : Etudiant en physique (St-John)
Mutation : Origami - Donne vie à des créations de papier
Sam 4 Mar 2017 - 16:01
run boy runDUSK ♥Le 3e papillon finit par s'effondrer lui aussi, comme si soudainement il avait oublié être capable de voler. Le brun jeta un bref coup d'oeil à sa montre. 45 minutes. Un peu plus que le temps qu'il lui avait fallu pour sortir de cours et se nourrir d'un sandwich plutôt décent acheté à la cafétéria. C'était moins longtemps que la dernière fois, mais il avait réussi à le faire suivre sa volonté plus souvent, peut-être était-ce lié.
" Et si tu arrêtais de jouer avec du papier et allais t'occuper du dernier chapitre ? "
La voix de Kyong eut tôt fait de le ramener sur Terre. Oh, c'est vrai, ils avaient terminé un chapitre plutôt complexe aujourd'hui. Yong-sun se contenta d'un grondement de mauvaise humeur en rangeant le papillon dans la poche avant de son sac. Oui, il pouvait faire ça. Il ferait bien de faire ça. Son anima ne le laisserait pas négocier, et puis ce n'est pas comme s'il avait bien mieux à faire pour le moment. A cette heure-ci, Ryû ne serait sans doute pas là, ça lui laisserait l'appartement vide et silencieux. Rien pour lui venir sur les nerfs.
Il ne dit rien sur le désordre monstre que l'anima mit dans ses cheveux en y glissant ses serres, se posant sur sa tête comme à l'accoutumée. Elle aurait quelque-chose à redire de toutes façons. Elle ricanerait qu'il ferait bien de les occuper, parce que c'était déjà un désastre. Pas une conversation dont il avait spécialement besoin aujourd'hui. Les désaccords avec Kyong étaient frustrants. C'était comme se battre contre cette voix dans un coin de sa tête qui lui disait d'arrêter, de se calmer parce qu'il était ridicule à chaque fois qu'il prenait la mouche trop vite. Et puis elle gardait toujours ce ton doux, mesuré. Ces réponses insupportablement apaisantes.
Rien ne semblait l'affecter.
Alors la plupart du temps, il abandonnait l'idée de s'opposer à elle avant même de commencer.
Ses pensées l'avaient détaché de l'environnement, aussi n'entendit-il pas venir ces pas empressés. Il ne remarqua pas cette silhouette qui fonçait dans sa direction avant de ne plus pouvoir l'éviter. Avant l'impact. Dans sa surprise il faillit perdre l'équilibre, reculant d'un ou deux pas au lieu de cela en baissant les yeux sur ce qui l'avait percuté.
Celle qui l'avait percuté, plutôt.
Une grimace entre l'agacement et la confusion apparut sur son visage. Il aurait sans doute lâché un commentaire si elle ne s'était pas remise à courir presque immédiatement. Une main autour de son poignet l'entraîna à sa suite, et le brun manqua de trébucher avant que ses jambes ne suivent le mouvement, détalant dans les rues du Queens. A la suite d'une inconnue qui ne savait apparemment pas regarder devant elle. Poursuivie, de ce qu'il entendait dans leur dos. Voilà qui ne sonnait pas comme un plan raisonnable, mais il ne prit pas le risque d'essayer de résister au mouvement, pas plus qu'il en regarda derrière eux pour savoir ce qu'ils fuyaient. Pas le moment.
Il avait toujours fonctionné comme ça de toutes façons: agir en premier, réfléchir après. Et ça le mettait dans la merde 60% du temps, mais passons les détails.
Dans le mouvement, son anima avait décollé de sa tête et volait à côté, indiquant inutilement qu'il avait quitté le chemin du retour. Bien, il n'aurait jamais deviné. Avec tous les virages qu'ils faisaient, ils allaient finir soit ors du quartier, soit dans une partie que Yong-sun ne connaitrait pas du tout.
Ô joie.
Ils finirent planqués derrière une benne à ordures, et un bref regard suffit à l'étudiant pour comprendre que c'était des gardes royaux, qui étaient à leur suite. Un sentiment désagréable lui tordit l'estomac. Génial, pourvu qu'ils n'aient pas vu son visage parce que s'il voulait rejoindre la garde un jour, passer pour un criminel n'était pas vraiment une option. Il reprenait encore son souffle quand la personne à côté de lui explosa soudainement, comme si ce n'était pas elle qui l'avait entraîné ici. Comme si ça l'amusait de se faire balader comme un chien au bout d'une laisse avant que soudainement ça soit de sa faute.
C'était la meilleure.
Un fond de colère commençait à bouillonner, et si Yong-sun avait vaguement conscience que hausser le ton ne serait pas bon pour la discrétion, cette idée s'effaçait lentement mais sûrement. Son coeur s'agitait et il savait bien que ce n'était pas à cause de la course. C'était à cause de l'adrénaline. Du conflit qu'il pressentait. Et en soi ce n'était pas une bonne chose, mais ça n'empêcha pas un sourire en coin d'étirer ses lèvres.
" Qu'est-ce que je fous ici ? Wow excellente question cutie, j'aimerais bien savoir moi aussi ! C'est ton trip d'attirer n'importe-qui dans tes emmerdes avec la garde, tu trouves ça moins drôle toute seule ?! " répliqua-t-il sans la quitter des yeux
Sérieusement, il ne pensait pas l'avoir vue ici avant. Mais ce n'est pas comme s'il portait une attention particulière aux habitants de Queens de toutes façons. Les seuls qu'il situait tenaient des commerces ou étudiaient/enseignaient à l'université. Cela dit, il s'en souviendrait s'il avait un jour croisé une fille avec un bras en moins.
" Yong-sun, pas Zébulon., ajouta-t-il sans réfléchir, Ton sens du surnom est charmant mais je préfère éviter. " signala-t-il
"Zébulon". Ca faisait nom de robot, allez savoir d'où elle sortait ça. Il prit quelques instants pour essayer de comprendre où ils étaient, étudiant les alentours du regards sans vraiment reconnaitre grand-chose. Faut dire, hormis une benne à ordures à l'odeur discutable, des murs on ne voyait pas grand-chose depuis la ruelle qui leur servait de cachette. Bien. Il avait toujours rêvé d'un tête-à-tête derrière une poubelle avec une manchot pénible et vraisemblablement hors-la-loi.
La réponse ne se fait pas attendre. Tu n’as pas le temps de reprendre ton souffle que Zébulon prend la parole pour te donner la réplique. Et là, tu ris jaune. Ah. Parce que c’est de TA faute en plus. Ben voyons. S’il n’avait pas été sur ton chemin, tu n’aurais pas agis instinctivement de la sorte. Tu fronces les sourcils, avant d’ouvrir la bouche, alors qu’il te coupe pour reprendre la parole. Et là, tu sens ton cœur se manifester, encore, dans ta poitrine. Yong-sun. Mais tu te ressaisis bien rapidement, parce que ça ne te ressemble pas de te laisser aller. Tu inspires profondément, expire, avant de venir t’attacher les cheveux, agile de ton unique main, dévoilant ainsi les écailles sur ta nuque.
« Tu vas redescendre d’un cran tout de suite, Zébulon ! »
Tu lâches sèchement, en plantant ton regard d’acier dans le sien, non pas moins dur. Oh, il est en colère. Oh, ça tombe bien. Tu as besoin de lui gueuler dessus, à ce mec. Tu ne sais pas pourquoi. C’est plus fort que toi. C’est… le besoin suprême. De l’enfoncer. Tu ne le connais pas, il ne t’a rien fait de spécial. Mais t’en éprouves le profond besoin.
« Dusk. Pas cutie. Garde ça pour les pouffes que tu dragues, tu veux ? »
Tu n’as jamais été vraiment connu pour ta tendresse, c’est sûr. Mais là, c’est tout de même un peu gratuit, non ? Tu t’en moques, au final. Il ne te donne pas envie d’être gentille. Personne ne te donne cette envie, en réalité. Mais lui encore moins. Tout simplement parce qu’il semble… réveiller quelque chose en toi. Quoi que réveiller n’est pas le bon mot, car tu es certaine de n’avoir jamais connu cela. Faire naître, plutôt. Tu te passes la main sur le visage, avant de te redresser pour aller jeter un coup d’œil hors de la ruelle, voir si les gardes se sont éloignés. Et visiblement, oui. Mais tu ne sais pas s’ils ne risquent pas de revenir…
« Pour ta gouverne, playboy, ce ne sont pas MES emmerdes avec les gars, ok ? Moi j’ai rien fait si ce n’est avoir tiré le mauvais numéro au loto de la vie, pigé ? Maintenant, si t’avais pas été planté au beau milieu du trottoir à pas faire gaffe à qui t’arrivait dedans, tu serais pas là ! Alors cesse de te plaindre et remets toi en question un peu, tu veux ? »
Dixit celle qui ne le fera jamais, de se remettre en question. Parce que tu n’as jamais tort. Parce que tu ne l’admettras jamais, surtout. Trop fière pour ça. Décidément, tu as bien changé depuis la mort de Tobias… Voilà quel genre de demoiselle tu es devenue. Désgréable. Incapable de parler correctement à qui que ce soit. Tout simplement car tu n’aimes pas l’idée que qui que ce soit puisse s’approcher de toi, puisse s’accrocher à toi.
« Oh mais dis… peut-être que tu attendais ta parfaite petite copine et que, par ma faute, elle va te larguer en pensant que tu lui as posé un lapin ? »
Tu souris, mais pas ce genre de sourire qui fasse gentil, aimable. Non. Ce sourire ci n’est pas aussi agréable à regarder. C’est plus le genre de sourire qui se fout clairement de votre gueule. Et tu l’assumes, très clairement.
« Ce serait tellement dommage… »
Ton poing vient se poser sur ta hanche alors que tu l’observes, riant de lui. Riant de ce que cette aventure pourrait provoquer chez lui, après ça. Mais voilà que tu entends des bruits de pas, se rapprochant. Et la seule chose qu’elle trouve à faire, plutôt que de se cacher derrière les poubelles, de détacher ses cheveux et tirer Zébulon contre elle, se retrouvant ainsi bloquée entre le jeune homme et le mur, son bras passé autour de sa taille.
Et y a un truc en toi qui fond. Tandis qu’un autre est sur le point d’exploser. Tu entends les pas passer devant la ruelle. Une paire de jambes s’arrête, sûrement doit elle vous observer pour vous juger… avant d’être appelée et reprendre sa route sans vous déranger plus. Il s’excuse, même. Et lorsqu’il est parti, elle lève les yeux vers Zébulon et le repousse brusquement.
« Ca va, j’te gêne pas, playboy ? Profiteur vas… »
Ha. Ha boui. Quand même. Pas comme si c’était toi qui l’avait tiré, voire même peut-être retenu… Décidément… t’as vraiment un caractère de merde, Dusk.
Tu m'touches, j'te bouffe, Zébulon ou pas. Pigé ?
Invité
Yong-sun Park
NoChill.exe
Métier : Etudiant en physique (St-John)
Mutation : Origami - Donne vie à des créations de papier
Dim 12 Mar 2017 - 13:59
run boy runDUSK ♥Il ne put qu'apprécier à quel point il avait été utile de lui donner son nom. "Zébulon". Ca allait devenir une habitude, pas vrai ? La colère avait une tendance prononcée à lui embrouiller l'esprit, mais il savait reconnaitre l'envie d'emmerder le monde quand il la voyait. Et ça dégoulinait de la fille en face de lui. Pas qu'il s'attende à beaucoup d'efforts venant d'elle: elle avait l'air d'être une belle teigne -un peu comme lui, bien qu'il se refuse à l'admettre-, mais ça l'agaça tout autant.
'Tu bas redescendre d'un cran' n'était pas une phrase safe en sa présence. 'Tu vas redescendre d'un cran' ça sonne comme une déclaration de guerre. Il avait toujours détesté entendre ces mots. Jamais il ne s'était intéressé à la grammaire, mais l'usage de l'impératif faisait partie des éléments qu'il savait repérer. Et qu'il détestait repérer. Parce que non, il n'allait pas redescendre. Ce n'est pas comme s'il laissait qui que ce soit avoir de l'autorité sur lui.
Et ça aussi on lui avait dit.
Répété.
Rabâché.
" Tu as un problème avec l'autorité, Yong-sun "
Mais bien sûr, il n'apprenait jamais.
Alors si elle le cherchait il n'était clairement pas au-dessus de la laisser le trouver. Un goût amer lui vint dans la bouche quand les mots d'Hana reparurent dans son esprit. De ne pas les laisser l'entraîner. Qu'il savait sur qui ça allait retomber. Sa mère avait toujours été une grande partie du contrôle de ses foutues sautes d'humeur.
Et puis le chaos revenait.
Oui, il savait sur qui ça allait retomber. Non, il n'avait aucune envie de l'éviter, et il ne retint pas son rire quand elle lui dit s'appeler Dusk. Ca sonnait un peu princesse de ces contes de fées qu'il savait faux depuis bien longtemps. Charmante, la princesse. Il ne commenta même pas sur ses supposées tentatives de conquêtes, envoyant ce morceau de conversation balader sans y accorder un instant d'intérêt. Ca n'avait jamais été ce qui l'intéressait.
Trop infoutu de communiquer pour ça.
" T'as raison, concéda-t-il sans vraiment donner l'impression d'être d'accord avec elle, cutie sonne trop affectueux pour toi. "
Railla-t-il tandis qu'elle jetait un coup d'oeil à la ruelle comme il l'avait fait quelques secondes auparavant. Et ce n'est que là qu'il remarqua les écailles sur sa nuque. Il faut croire que jusque-là, le brun avait été occupé à la foudroyer du regard pour s'intéresser à autre-chose que ses yeux. Parce que s'il la foudroyait, elle ne se gênait pas pour le poignarder. Chacun son truc.
Yong-sun se força à ne pas laisser sa surprise apparaitre sur son visage, mais les choses avaient soudainement plus de sens. Pourquoi elle courait. Pourquoi il ne l'avait jamais vue dans Queens. Pourquoi elle lui sortait cette tirade emplie de colère sur un mauvais numéro de loterie. Il aurait sans doute laissé cette once de malaise lui tordre l'estomac elle s'en était arrêtée là. Il aurait sans doute eu une once d'empathie -parce qu'il n'était pas complètement un connard, non plus- si elle ne lui avait pas parlé de se remettre en question.
Oh, c'était à lui de se remettre en question ?
Il serra les dents mais ça ne l'empêcha pas de répondre.
" Puisqu'on en est là, pourquoi tu ne t'interroge pas plutôt sur la foutue utilité que ça a de venir ici, en plein jour, là où le premier garde venu peut te repérer et te courir après ? Tu es complètement stupide ou tu fais exprès ?, répliqua-t-il en haussant un sourcil, sachant très bien que son calme lui échappait à grande vitesse, Parce que, Mlle Victime-Du-Destin, y'a une différence entre avoir la poisse et se précipiter tout droit dans les emmerdes. " ajouta-t-il, ignorant volontairement qu'il était le premier à adopter ce genre de comportement.
L'étudiant fut bien incapable de retenir un soupir excédé quand elle mentionna une éventuelle petite amie. C'était une obsession, chez elle ? 'Playboy' ne sonnait pas mieux que 'Zébulon' et s'il était moins sur les nerfs, il aurait sans doute demandé à la brune d'en revenir au surnom de robot. Il ne put que concentrer tout son mépris en un regard quand son sourire dégoulinant de mensonge minauda 'ce serait tellement dommage'.
D'ailleurs il aurait sans doute répondu quelque-chose de désagréable si soudainement des pas n'avaient pas pris leur direction. Et aussi tentant cela soit-il de re-précipiter Dusk dans ses problèmes en s'écartant d'elle pour indiquer que la Philia n'était pas dans le bon quartier, il n'était pas un connard. Pas à ce point là. Alors il la laissa placer une main à sa taille, ignorant son embarras et s'avançant un peu dans sa direction, une main caressant le côté de son cou. Les écailles étaient déjà dissimulées par ses cheveux, mais elle les portait plutôt courts.
Quelqu'un s'arrêta à proximité avant de repartir, certainement avec l'impression d'avoir interrompu quelque-chose qu'il n'était pas censé voir. Elle le repoussa d'un geste brusque en le traitant de profiteur et il écarta sa main comme si elle l'avait brûlé, une expression désapprobatrice sur le visage. Il n'avait honnêtement pas envie de l'insulter, plutôt de sortir de cette situation pénible et rentrer chez lui en finir avec son nouveau chapitre de physique, mais un vague sens des responsabilités lui soufflait d'au moins l'aider à partir.
Ou peut-être que c'était Kyong.
Ou alors il n'avait juste pas envie d'arrêter leur engueulade ici.
" Je vois pas trop de quoi je pourrais profiter. Ta langue de vipère ?, il ne remarqua même pas que ça pourrait sonner comme un pun de bas niveau, Si ma copine inexistante me larguait pour lui avoir posé un lapin avec toi, je pense que je l'aurais mérité. " ajouta-t-il avec un semblant de dédain
Il devenait vite quelque-chose d'affreusement désagréable quand on lui tapait sur les nerfs, transformant ses mots en armes et ramenant à la surface un mépris dont il ne se pensait pas capable. Peut-être que c'était par mécanisme de défense. Yong-sun se hérissait toujours avant de réfléchir. C'était plus facile de chercher à faire mal que d'essayer de calmer le jeu. Et encore, il gardait son envie de la frapper sous contrôle. Kyong détestait quand il se battait, et s'il avait horreur de devoir supporter cette fille, il avait encore moins envie des réprimandes de son anima.
" Sinon, tu comptes rester ici jusqu'à ce que les gardes t'attrapent ou t'as des projets plus judicieux ? , il essaya de ne pas avoir l'air de s'inquiéter de son sort, Parce que je me rappelle pas être ta couverture attitrée, j'ai autre-chose à faire cet après-midi. "
C'était toujours mieux de sembler égoïste que de laisser voir qu'il avait envie d'aider. De laisser son 'bon fond' dont lui parlait son anima apparaitre.
Parce que quand elle disait 'gentillesse' il entendait 'idiotie', et ça ne lui plaisait même pas à moitié.