Il y a là les bruits des cris qui tapent les murs à chaque instant. Ils résonnent contre le sol, ils s’élèvent dans les airs et s’évanouissent, comme des volutes de fumée trop longtemps exposées à l’air libre, à cet extérieur. Ces bruits, qui envahissent les pièces, ces bruits de fond, qui se mêlent aux paroles, aux rires, ces paroles envolées, lancées dans les airs. Il y a ces pas qui claquent contre les tables, ceux-là qui rythment la vie. On entend les gens qui passent, qui se faufilent. Il y a là les chaussures qui glissent contre le parquet, qui crissent contre lui. Il y a là les grincements stridents des chaises qui reculent. Il y a tout ça, et ces gens. Ces gens que tu as appris à voir, du coin de l’œil. Tu n’en connais aucun. Et ils sont là, viennent, rentrent, discutent un peu, et s’en vont avec l’une d’entre elle, pour satisfaire ces besoins si primaires.
Car elles sont juste là, à attendre. Tu ne cherches pas à les connaître, tu ne cherches pas à te mêler avec elles. Non pas car tu as honte de ce qu’elles font, de ce partage qu’elles font de leur corps, pour vivre. Ou peut-être survivre, tu n’en sais trop rien. Non, mais car tu n’aimes pas ça. Tu n’aimes pas ces regards qui se posent sur toi, et qui te pèsent. Tu es fragile Camel. Tu parais fragile. Tu as ce regard de gentillesse, parfois tu sembles perdu. Tu as ce visage d’un adulte, et pourtant encore si enfantin. Peut-être un ange. Et cette idée pourrait te faire rire, si parfois tu ne songeais pas à avoir des traits plus rudes, afin que l’on arrête ces regards, que l’on arrête de te fixer comme une proie, comme un morceau de viande jeté au milieu de loups affamés.
Et toi, tu attends, ce verre face à toi. Tu ne sais pas trop ce qu’il y a dedans, tu l’avoues. Tu n’as pas trop fait attention. Et, au goût, tu sais pourtant que ça brûle avec douceur ta gorge, et peut-être que, plus tard, tes membres se seront engourdis. Mais cela t’importe peu. Tu es juste là, à hésiter à t’avachir sur le comptoir, en attendant qu’elle arrive. Sans doute te rira-t-elle au nez. Parce que, Camel, voyons, tu n’as pas vraiment le « profil » de quelqu’un qui va boire de l’alcool. Non, peut-être que certains te prendraient pour trop jeune, et c’est d’ailleurs une des choses qui doivent les intéresser au fond ? Un frisson pourrait presque te parcourir le dos, à cette idée.
Tu aimerais comprendre. Tu aimerais comprendre, pourquoi certaines personnes sont désespérées, désespérées au point de vendre leur corps, de l’offrir à cet autre, le temps d’un instant, de l’offrir, pour de l’argent. La survie, oui, cette envie de vivre, de ne pas lâcher. Mais, tu te demandes, si elles ne se sentent pas souillées ? Si elles ne se sentent plus maîtresses d’elles-mêmes, propriétaire de leur propre corps ? Oui, tu aimerais comprendre certaines personnes, qui s’offrent cette dernière solution.
Mais ce n’est peut-être pas le moment de penser à tout cela Camel, alors tu attends, les doigts qui tapent, doucement, régulièrement, le comptoir. Ta tête appuyée contre ton poing, tu regardes face à toi, le vide, les bouteilles, la personne qui s’occupe de servir les personnes qui demandent, ces gens qui filent et refilent. Et tu attends, tu ne sais pas où elle est, et, peut-être au fond n’as-tu pas envie de la voir ? Tu sais déjà, qu’elle voudra tout savoir. De quoi ? Toi-même tu n’en sais rien, elle voudra des informations, des choses croustillantes. Et tu pourrais presque en avoir peur, car tu sais qu’elle te les tirera, mais tu ne sais pas encore lesquelles. Peut-être sur toi, peut-être sur tes derniers travaux qu’elle a réussi à te trouver.
Soupir.
Camel
Invité
Invité
Mar 28 Mar 2017 - 22:47
ritual
Les jambes tremblantes, elle restait sans mots dire devant toi, comme intimidée de ta présence, comme si elle craignait que tu lui fasses du mal. Pauvre petite chose, elle était bien trop craintive. Tes mains caressaient sa chevelure de feu, s’entremêlaient avec les mèches rebelles que tu nouais. Son regard se posait parfois sur toi, au travers de ce miroir usé par le temps. Ses orbes d’émeraudes se perdaient dans le décor lorsque tu croisais son regard. Tu te contentais de la rassurer avec des gestes. Chaleureuse, comme à ton habitude. Tu es bien trop bonne Erin. Créature farouche. Instinctivement, elle cachait son tatouage rosé de ses mains commotionnées. « Tu n’as rien à craindre ici. Ceux qui ont fait ça ne risquent pas de trouver ici. » Doucement, vos doigts s’entrelaçaient. Ses mains trémulaient encore, tu caressais le dos de ses petits membres du bout des doigts. Petit à petit, elle se calmait. Un sourire se dessinait sur tes lippes. Les langues se déliaient, doucement, sûrement. « Tu peux rester ici quelques jours si tu le souhaites. » Si jeune et déjà brisée. Ton regard s’échouait sur ses frêles épaules, ses minces jambes couvertes de bleus. Comment pouvait-on oser être cruel à ce point sur une enfant ? Cette question te restait en tête, gravée. Elle ne voulait pas partir. C’était plus fort que toi Erin, il a toujours ce désir de justice malgré tes actes désapprouvés. Tu le savais pourtant, que cela reprendrait sans aucun doute. Que dès qu’elle passerait les portes de ton appartement, tout ce qu’elle avait vécu allait reprendre. Tu te sentais impuissante, mais tu ne pouvais rien y changer, l’aider quelques jours était tant qu’assez pour réchauffer son petit cœur. Lui rendre le sourire, lui redonner espoir. Elle était éblouissante. Tu te contentais de l’amuser, de retrouver cette âme d’enfant l’espace d’un instant sous le regard pétillant de Faithfull.
Comme avant, tu faisais revivre cette âme d’enfant.
Tu lui faisais comprendre que tu devais travailler mais que tu reviendrais le plus tôt possible. Elle opinait sagement, te laissant partir. Les murmures dans les couloirs alors que tu arrivais au Bordel. Tout le temps la même histoire, tout le temps les mêmes mots. Les rires et les cris résonnaient sans fin, tout comme le claquement de tes talons. Tu poussais la porte de ton bureau et tu le voyais, là, assis à ton bureau, buvant un verre d’alcool. Sourire amusé. « Eh bien alors trésor ? Tu prends tes aises dis-moi. Et en plus tu te sers un verre en m’attendant. Camel, tu m’étonnes. » Tu te servais un verre, comme à ton habitude, un whisky avec des glaçons. Tu portais ton verre à tes lèvres pour te délecter de ce doux poison qui te réchauffait. Tu prenais place face à lui, croisant les jambes une fois assise. Il y avait toujours ce sourire esquissé à la commissure de tes lèvres. C’était toujours la même rengaine, tu ne lui parlais jamais du travail que tu lui avais trouvé en premier, parce que tu appréciais parler de tout et de rien. Mais surtout lui tirer les vers du nez pour avoir quelques informations croustillantes à te mettre sous la dent. « Alors trésor, du nouveau ? » Tu en voulais toujours plus, rien n’était jamais assez pour satisfaire la commère que tu es.
HRP:
Je suis partie en cacahuète je pense. Si c'est trop court ou si ça va pas, hésite pas à me le dire.
GASMASK
Invité
Camel
Lost
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Mar 28 Mar 2017 - 23:29
ft. erin
Tu remues doucement ton verre, l’esprit ailleurs, alors que la porte du bureau s’ouvre, et qu’apparaît cette femme que tu as l’habitude de venir voir. Femme, amie, mère, tu n’en sais trop rien. Elle est proche, sans l’être. Elle te protège, sans le faire. Et, c’est le sourire aux lèvres, que tu aimes à venir la voir.
— Alors trésor, du nouveau ?
Commère finie. Tu aurais presque envie de rire et de laisser ta voix résonner à travers la pièce. Tu ne t’en lasserais sans doute jamais, de cette phrase, répétée, à chaque fois. Phrase à travers laquelle tu entends presque ce besoin, ce désir, cette envie profonde de connaître, de savoir, d’apprendre, d’avoir ces informations inintéressantes à tes yeux. Ces commérages, ces histoires banales qui alimentent son imagination, sans doute ?
Alors oui, du nouveau. Evidemment qu’il y en a.
Il y a cette fille, coincée dans ce bar, qui n’a pas une vie facile, qui tente désespérément de survivre, comme vous tous. Et tu la voyais, chacun de ces soirs, tu discutais un peu avec elle, sans jamais trop te lier. Quelques mots, quelques impressions, jamais vos vies. Puis, il y a aussi ce trafic un peu étrange auquel tu as préféré ne pas porter attention, dans les conversations de table. Ca ne te concerne pas, après tout, et c’est peut-être mieux que tu ne saches rien. La connaissance est un danger, parfois, l’ignorance reste le meilleur moyen de se protéger de certains problèmes. Alors, tu te taisais, et tu passais entre les tables, demandant si ces messieurs, dames avaient encore besoin de quelque chose. Evidemment, qu’il y en a, du nouveau. Et elle le sait, Erin. Alors tu souris. Ce petit sourire, en coin, ce petit sourire narquois, que tu ne laisses apparaître que très peu, car il jure avec ton visage, quand bien même tu ne le saurais pas. Il jure avec ces yeux de tristesse, ces yeux perdus qui s’illuminent parfois. Il jure avec cette douceur que l’on retrouve dans ton visage, cette innocence que tu ne comprends toi-même pas. Et tu te tais, ce sourire marqué. Tu as bien conscience, qu’elle aime ça, qu’elle aime ces petites informations, parfois banales, parfois terribles, et tu sais qu’elle aimerait tout savoir, tout connaître, pouvoir agir sur tout.
— Je ne sais pas trop. Il y a bien ce chat perdu au coin de la rue du bar où tu m’as envoyé la dernière fois.
Camel, quel sale enfant tu peux faire, parfois, à taquiner ainsi, à jouer avec la curiosité. Mais tu aimes à être comme ça. Tu laisses un instant le silence se poser, attrapes ton verre et bois une petite gorgée qui vient réchauffer, une fois de plus ta gorge. Et tu la fixes, droit dans les yeux, avec ce regard malicieux, celui qui est prêt à en démordre. Mais, tu en as déjà conscience, elle finira par trouver, chercher, fouiller toutes les informations que tu lâches, jusqu’à tomber sur quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent, et à alimenter.
Rire.
Camel
Invité
Invité
Ven 31 Mar 2017 - 19:52
ritual
Il y avait toujours ce sourire sur son visage lorsqu’il te voyait, ce doux sourire à la commissure de ses lèvres. Presque trop beau. Il y avait toujours ce petit quelque chose qui attendrissait ses traits, qui parfois semblaient bien trop tristes. Mais ce sourire illuminait son visage, il effaçait cet air abattu. C’était ce que tu préférais voir, tu avais toujours ce pincement au cœur lorsque tu le voyais comme ça. Il te semblait si fragile dans ces moments, comme si tu pouvais le briser du bout des doigts. Pourtant, tu le savais que ça n’était qu’une apparence, qu’il n’était pas si faible qu’il en avait l’air. Et c’est ce que tu admirais aussi chez Camel.
Il avait de la hargne le petit dans le fond.
Evidemment, tu le savais qu’il avait toujours des informations. Des banalités à raconter, banalités aux yeux de certains mais récit extraordinaire pour d’autres. Toi c’était ce désir irrépressible, celui de tout savoir. Désir que tu n’arrivais à contrôler, tu avais beau essayer de le chasser, il revenait de plus belle. Il ne voulait pas te laisser. Il était toujours là, derrière toi, à te murmurer au creux de l’oreille Demandes lui pourquoi. Mais au final, ne l’avais tu pas accepté ? La pièce plongée dans le silence, tu attendais en sirotant ton verre. « Je ne sais pas trop. Il y a bien ce chat perdu au coin de la rue du bar où tu m’as envoyé la dernière fois. » Il en faisait exprès, à voir ce rictus s’esquisser sur ses lippes, il s’amusait de te faire languir. Il avait envie de s’amuser un peu avant que tu n’arrives à lui soutirer tout ce que tu souhaites. Vilain garnement. Tu rentrais dans son jeu, ça n’était qu’une question de temps avant que tu n’arrives à tes fins. « Et qu’est-ce qu’il t’a dit ? Que tu avais bien mieux à me dire, non ? »
Tout vient à point à qui sait attendre.
Tu avais simplement eu vent des ouïes dires par quelques filles, ce qui se tramait entre les malades du Bronx, ça n’était pas une nouveauté. Il y en avait toujours et quand bien même, ça n’était pas le genre d’informations qui t’enchantais, bien au contraire. Quelques informations sur le voisinage, rien de bien palpitant. C’était bien trop plat, trop insipide. Tu voulais du croustillant, quelque chose d’excitant. « Je suis certaine que tu as des choses passionnantes pour moi, trésor. » Sans doute aurait-il pu récolter une poignée d’informations qui te tiendrais en haleine, qui sait ? Tu t’enfonçais dans ton siège en cuir tout en buvant un trait de whisky. Un sourire amusé apparaissait sur tes lèvres, il finirait bien par dire quelque chose.
Éternelle insatisfaite que tu es. Il en fallait toujours plus.
HRP:
Soz, je crois que c'est pas terrible. Si c'est trop court ou si ça va pas, hésite pas à me le dire.
GASMASK
Invité
Camel
Lost
Métier : enchaîne les petits boulots
Mutation : humanité - annule les pouvoirs
Sam 1 Avr 2017 - 15:59
ft. erin
Rire. Tu t’affales sur le bureau, et sans doute ne la fixes-tu plus. Peu importe. Tu sens son regard qui pèse sur toi. Tu sens ses pensées, tu sais, tu t’en doutes. Tu sais qu’elle a compris que tu aimes ça, la faire languir, la mener en bateau, quelques instants, le temps d’un rire, d’un sourire, peut-être le temps d’un calme. Elle le sait. C’est ta façon, ta façon de te détendre, ta façon de t’ouvrir, de montrer que tu n’es pas toujours ce Camel si sérieux, celui qui travaille pour vivre, qui espère pour survivre. De montrer que tu n’es pas ce Camel qui ne fait que réfléchir dans son temps libre, qui refait le monde, qui détruit les sociétés pour les refaire de ces petites mains abîmées. C’est ta façon, de t’ouvrir aux gens, oui. Ta façon d’arrêter de penser, de réfléchir, de te détruire. Tout ce temps, passé à sonder ton esprit, à chercher, à gratter. Ton temps passé à parcourir la ville, à la recherche de lieux familiers, évocateurs de quelconques souvenirs. Vanité. Tout ce temps, perdu, à la recherche de quelque chose d’inconnu. Soupire.
Et, elle est là, elle se sert un verre, elle le sirote. Elle attend, patiemment, que tu lâches une quelconque information. De toutes façons, Camel, tu ne tiens jamais bien longtemps, bien trop habitué à parler, à t’exprimer. Les mots et la musique sont tes seuls moyens de partager, de communiquer et d’évacuer. Parfois, tu vois des choses, horribles, parfois, tu aimerais ne pas les voir, ne pas savoir, ne pas connaître. Doux prix du savoir ; culpabilité ; peur ; insécurité ; mal-être. Parfois. Et, qu’est-ce qu’il t’a dit ? Que tu avais bien mieux à me dire, non ? Rire. Effectivement, il a dû dire quelque chose comme ça. Tu ne te souviens plus exactement des termes. Peut-être qu’il avait dit que ça ne la concernait pas, d’ailleurs. A vrai dire, tu ne communiques pas vraiment avec les animaux. Alors, oui, peut-être a-t-il dit quelque chose du genre. Ou peut-être ne t’a-t-il rien dit ? Sourire énigmatique.
— Sans doute. Je sais pas trop tu sais. Je crois qu’il m’a dit de te parler de cette fille qu’il a vue. Elle était toute seule, je crois.
Tu ne tiens jamais bien longtemps, face à son regard. Tu aimes parler. Et sa curiosité, tu ne la comprends que mieux lorsqu’elle arrive aussi bien à te la communiquer, avec ces yeux ardents et cette envie du savoir. Car oui, tu as certainement des choses passionnantes à raconter, des potins qui peuvent l’intéresser, et avec lesquels tu pourrais la mener par le bout du nez. Car oui, il y a des choses qui se passent dans cette grande ville, en dehors des quatre murs de sa maison où, très généralement, les hommes rentrent et sortent comme dans un moulin, au bon plaisir de leur corps.
— Rousse, si je me souviens bien.
Doux sourire.
Camel
Invité
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Jeu 13 Avr 2017 - 23:40
ritual
Une fille qu'il avait vu à ce qu'il disait. Un rire s’échappait de tes lèvres alors qu’il prenait cet air mystérieux. Curieuse, ton expression changeait face à ce qu'il te disait. Que pouvait-elle bien avoir cette pauvre fille ? Peut-être pas grand-chose, sans doute une mauvaise journée pour qu'elle finisse seule ce soir-là. Peut-être avait-elle des problèmes, quelque chose qui lui pesait. Tout le monde avait un lourd bagage depuis l'arrivée de la Lune Rouge, un fardeau dont on se débarrasserait bien. Tu en étais consciente, certains avaient plus de problèmes que d'autres. Tu y songeais, restant murée dans le silence, trempant tes lèvres dans ton spiritueux. Pourtant tu étais curieuse, un peu trop, comme à chaque fois. Tu étais toujours dévorée par ce désir de vouloir tout savoir, dans les moindres détails. Peut-être allait-il tout dévoiler par la suite, qu’il prenait le temps avant de tout te dire. C’en était presque un jeu pour lui, tu le voyais qu’il s’en amusait, dans son sourire, dans son regard, cette petite étincelle. « Seule tu dis ? » Tu buvais une autre gorgée de cet alcool ambré qui réchauffait lentement ton corps.
Tu ne sais faire preuve de patiente, tu te languis de ce qui va suivre.
Une rousse ? Étrangement tu repensais à la fillette au tatouage rosé sur sa nuque. Ça ne pouvait être elle, elle était bien trop jeune pour pouvoir passer la porte d’un bar. Mais elle aussi était seule lorsque tu l’avais trouvée dans cette ruelle sombre. Une ombre passait sur ton visage, ton sourire s’estompait quelques instants, le regard perdu dans le vide. Es-tu troublée Erin ? Tu n’en sais trop rien. Cette femme, lui avait-il parlé régulièrement ? « Pas plus de détails sur la demoiselle ? » La question était sortie toute seule, elle s’était échappée tout naturellement. Peut-être avais-tu envie de la voir cette jeune femme, de parler avec elle et de savoir ce qui n’allait pas. Peut-être veux-tu connaître la source de ce quelque chose qui lui pèse. Une fois de plus, tu bois une gorgée de whisky, un sourire se dessinant à nouveau sur tes lippes. « Si tu me dis tout ce que tu sais, je t’en dit plus à propos de ce fameux travail que j’ai pour toi. Et cette fois trésor, ce n’est pas du service dans un bar. » Tu t’étais donné du mal à trouver un travail qui changeait pour Camel, tu t’étais décarcassée pour lui trouver cette petite perle rare dont tu étais si fière. Tu voulais voir sa tête lorsque tu lui en parlerais, tu ne savais pas vraiment si cela allait lui plaire. « Je vais même te dire un petit truc, c’est un artiste. » Sourire malicieux. Mais le reste des informations, il ne l’aurait pas de suite ce vilain garnement. Toi aussi, tu avais envie de le faire languir un peu.
Et tu y penses. Tu penses à tout ça, Camel. A la finalité, comme d’habitude. Tu ne penses qu’à ça ; comme si tout cela était ta raison de vivre : la fin ; ce qu’il y a après. Tu ne comprends pas. Et, tu y penses, encore, tu penses à tout ce que tu aimerais faire, plutôt que de travailler, chaque soir, dans les bars, à servir, à rester au comptoir, parfois à faire l’accueil. Camel, tu aimerais t’envoler, faire autre chose, te rendre fou de l’inconnu, te faire oublier jusqu’à même ta propre existence, si elle existe ? Si elle existe. Tu ne sais plus Camel. ET, parfois, tu aimerais crier, crier afin que tout s’arrête, afin que tout commence, tu ne t’en rends pas compte, tu aimerais crier pour que les choses changent et qu’elles restent ainsi, car il est si bon de se complaire dans la routine, n’est-il pas ? Car il est si bon de rester là, assis, sur ton fauteuil, à regarder les gens qui passent, à travers ta fenêtre, avec ce livre entre les mains ; car tu n’as rien d’autre à faire : juste attendre. Attendre que les choses se passent, destiné du temps, sombre règle du jeu dans lequel tu t’es engagé en étant en vie. Et maintenant tu ne peux plus qu’attendre que le jeu se termine, que quelqu’un remporte la partie, s’il existe ne serait-ce qu’une partie victoire à obtenir. Doux rire amer.
Et, en attendant, tu survis, tu acceptes les petits boulots qu’il y a. Et parfois, ils sont heureux, florissants, ces boulots, comme là. Sans doute le sera-t-il ? Pour qu’elle ait ce sourire accroché aux lèvres, il doit l’être, c’est un artiste, après tout ; les artistes sont souvent incompris, et peut-être qu’ils peuvent te comprendre, car toi-même tu te sens incompris. Vous l’êtes tous, en réalité, tous autant que vous êtes. Elle aussi, alors que tu poses ton regard dans le sien, tu le sais, tu le sens ; personne ne comprend personne, et c’est sans doute comique pour une espèce qui a besoin de communication pour survivre ; la solitude n’est jamais le bon choix. Et tu songes à cette fille, abandonnée, à la rue, qui traîne et survit comme elle peut. Tu aurais sans doute dû venir plus tôt Camel, mais chacun a ses problèmes non ? Et si elle avait besoin d’aide ? Si elle était déjà morte ? Tu n’en sais déjà plus rien. Sombre imbécile.
— Elle était toute seule, près de mon dernier lieu de travail, le bar, tu sais. Philia, je crois. Hybride. Son corps était recouvert à certains endroits, d’écaille. Comme un reptile, pareil pour ses yeux : ceux d’un serpent. Elle traînait, j’en sais pas grand-chose de plus, je l’ai vue deux ou trois fois peut-être.
Le jeu s’arrête là de ton côté. Ton visage est sans doute un peu plus sérieux, car tu sais que cette fille est peut-être en danger ; qu’elle a sûrement besoin de l’aide d’Erin.
Camel
Invité
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Mer 19 Avr 2017 - 22:56
ritual
La pièce se murait dans le silence alors que Camel rassemblait le peu d’informations qu’il avait sur la jeune femme en question, échanges limités avec la concernée. L’essentiel, son apparence, sa caste. Tu hochais vaguement la tête en portant ton verre à tes lèvres. Tu notais toutes ces informations précieusement dans un coin de ta tête, pour jeter un coup d’œil à l’avenir, l’aborder, lui tendre une main si besoin était. Peut-être aussi pour soulager ta conscience en vérifiant que tout allait bien, parce que tu refusais qu’il y ait une injustice, qu’on la juge à sa mutation, qu’elle subisse tout genre de sévices parce qu’elle était une hybride. « Merci trésor. J’irais voir la rouquine dès que je pourrais. » Ton sourire s’effaçait, les traits durs alors que tu songeais à cette Philia. Mais que ferais-tu si elle n’était plus là quand tu t’y rendrais ? Si elle avait rendu son dernier soupir parce que tu n’avais pu être assez rapide ? Sans doute serrerais tu les dents en regrettant de ne pouvoir être plus disponible pour ces pauvres âmes en peines. Pour celles qui intérieurement criaient à l’aide, qui avaient ce réel besoin d’être secouru, tu aimerais pouvoir leur apporter cette once d’espoir, les protéger. Mais tu n’es pas une héroïne Erin, peut-être pour ceux à qui tu prêtes main forte pour quelques jours, mais aussi une simple dissidente aux yeux du gouvernement.
Tu es simplement toi.
Tu te mordais la lèvre, les yeux posés sur le liquide ambré. Tu sentais le regard de Camel posé sur toi, s’attendait-il à ce que tu allais lui proposer ? Il avait sans doute vu ce sourire qui s’était dessiné au coin de tes lèvres quelques instants plus tôt. « Venons-en au plus important. Ce que je t’ai trouvé pour les jours à venir. » Comme à chaque fois, tu l’avais trouvé en passant par quelques habitués, prit contact par toi-même avec l’artiste en question. « Ce sera chez un souffleur de verre. Très talentueux je dois dire. Il aurait besoin de quelqu’un pour l’aider dans son atelier et parfois pour délivrer ses œuvres à ses clients. » Le souffleur avait gardé le même emploi après l’arrivée de la Lune Rouge, il était passionné de ce qu’il faisait. Les plus sensibles le ressentaient dans ce qu’il concevait. Il y mettait cœur et âme. Il insufflait à chacune de ses créations ce petit quelque chose, il avait cette sensibilité que tu avais l’impression de retrouver dans Camel. Cette expérience lui serait sans doute épanouissant, lui apporterait plus que du service dans un bar miteux. « Ne t’inquiète pas, il ne t’enverra pas dans les quartiers où les Philias sont regardés de travers. Une charmante personne d’ailleurs. » Tu savais que tu ne pourrais t’empêcher de te faire un sang d’encre pour lui. Un peu trop maman poule, tu serais rongée par les remords s’il lui advenait malheur. Tu t’en mordrais les doigts, tu en serais malade.
Oh, tu le vois bien, Camel. Tu le vois bien, dans ces yeux, qu’il y a cette chose, qui la ronge. Tu le vois bien, qu’elle aimerait se précipiter dehors, peut-être, et aller à sa recherche, courir, fuir, chercher, venir, partir. Tu le vois bien. Elle en meurt d’envie, et pourtant elle reste là. Patiente. Tu la respectes, sans doute, Camel. Car elle est toujours là pour les autres, toujours là à songer à eux, eux tous, ceux qui vivent, qui souffrent, ceux qui cherchent à survivre. Et tu te demandes parfois, si elle songe à elle-même, si elle ne se perd pas elle-même dans tout ça, si elle ne se perd pas dans quelque chose qui l’envahit, dans ce trop grand. Dans ces choses qui perdent du sens, qui perdent de la vue, de l’avenir.
Et tu hoches la tête, heureux, sans doute. Heureux de voir qu’elle s’en occupera, s’il est encore possible de s’en occuper, si elle n’a pas déjà disparu dans les méandres d’un monde trop brutal à ton goût. Bien trop brutal et horrible aux yeux de tout le monde ; mais tu es sensible Camel, sans doute trop. Tu te perds, tu te perds dans cet œil étrange qui vous observe tous, chaque nuit, qui sourit et semble se prélasser dans le noir de la nuit ; à vous regarder, sanglante. Immonde ; Effrayante.
Un léger sourire se dessine sur ton visage, quand elle se met à évoquer ton prochain travail. Chez un souffleur de verre. Tu n’as jamais vu de souffleur de verre ; mais tu sembles content. Ta tête tourne, tes pensées virevoltent, encore et encore, elles s’envolent, s’entrechoquent et retombent lourdement contre le sol de ton esprit. Et tu les regardes là, allongées par terre, à te demander ce que tu as fait toutes ces années, pour survivre, à passer ton temps à servir dans des bars, à rester au comptoir, ou parfois même à rester là, pour faire joli et servir d’accueil. Mais quand tout est détruit, et que tu n’as rien, Camel, c’est ta seule solution ; quand bien même tu aurais voulu faire quelque chose d’autre, quelque chose de plus grand peut-être. Alors, tu souris. Tu souris car, c’est différent, car tu ne sais pas exactement ce qu’est un souffleur de verre, ce qu’il fait. Tu souris, car tu découvres, car tu vas apprendre quelque chose de nouveau, parce que tu sais déjà que tes yeux vont s’illuminer face à tout ça, à la découverte d’un art, peut-être. Et le silence sera là, tu n’auras plus à supporter ce brouhaha, incessant, criard, pesant. Celui des salles où ils viennent tous, eux-tous, désespérés, pour oublier qui ils sont et se rendre ivres à mourir, à la recherche de la paix intérieur.
— Dis-moi tout ! Ca m’intéresse. Il s’appelle comment ? Il habite où ? Je devrai juste l’aider et faire des livraisons ?
Et, parfois tu te demandes comment elle fait, pour ainsi toujours te trouver des travaux, de quoi vivre, de quoi survivre dans tout ça.
Camel
Invité
Invité
Mer 17 Mai 2017 - 18:33
ritual
Son regard s’illumine, un léger sourire se dessine sur ses lippes. Voilà une réaction qui te plaisait, elle changeait de toutes les autres qu’il avait eues par le passé lorsqu’il avait les mêmes travaux, lorsqu’il se devait de simplement faire beau dans un coin tout en restant le plus silencieux possible ou servir les ivrognes qui se plaignaient du soir au matin. Peut-être faisait-il semblant d’être content quand tu lui trouvais un travail des plus ennuyeux. Camel ne s’était jamais plaint de ce que tu lui avais trouvé, il se contentait de te remercier à chaque fois. Mais cette fois ci, il avait l’air plus vivant en songeant à ce qu’il pourrait découvrir face à ce métier des plus fascinants. Le bout de tes doigts dansaient sur ton verre de cristal, le faisant tinter du bout de tes griffes qui faisaient office d’ongles. Un large sourire fleurissait à la commissure de tes lèvres à la vue de cette excitation palpable. « Dis-moi tout ! Ça m’intéresse. Il s’appelle comment ? Il habite où ? Je devrai juste l’aider et faire des livraisons ? » C’était l’effet voulu, créer ce désir impétueux, l’envie d’en savoir plus. Comme lorsqu’il te faisait languir à l’annonce de ragots qu’il aurait eu depuis peu.
« Il s’appelle Parson, il habite dans le Queens. Je dois avoir une carte de visite avec l’adresse exacte de son atelier. Qui d’ailleurs est vraiment très beau, tu verras. » Léger sourire aux lèvres, tu buvais une gorgée du liquide ambré. « Il aura sans doute besoin d’aide pour quelques créations relativement imposantes. Pour les livraisons tu n’auras pas de soucis à te faire comme je disais juste avant. » Malgré son apparence pour le moins banale, il avait tout d’un citoyen ordinaire si l’on faisait abstraction à son tatouage rosé. Parson avait su te rassurer en trouvant les justes mots. Brave homme.« Ah et je lui ai bien évidemment parlé de toi. Il avait l’air ravi de pouvoir travailler avec toi. Le rapide portait que j’ai dressé de toi a fait son effet. » Il n’était pas question de flatter son égo, simplement dire ce qui était vrai. Le souffleur avait sans doute un petit quelque chose chez Camel qui avait attisé sa curiosité. Qui sait ?
« Oh j’y pense, puisqu’on parle de cet artiste… » Doucement, tu ouvrais l’un des tiroirs de ton bureau, un son sourd résonnait alors qu’un objet roulait entre tous les papiers. Il scintillait entre tes doigts, ce petit oiseau de verre. Nuancé de teintes vibrantes, il attirait le regard. Silencieux, gracieux. Tu le déposais dans les mains du philia. « J’ai pensé à toi en le voyant dans sa boutique. Je t’en fais cadeau. » Peut-être te rappelais-t-il son anima, ou quelques traits du jeune homme, peut-être même sans réelles raisons valables. Tu avais eu cette envie soudaine en apercevant ce délicat volatile entre toutes ses œuvres. Une de tes mains glissait sur l’épaule du rouquin. Doux sourire au coin des lèvres.
HRP:
Désolée si c'est pas terrible, c'est le temps que je me remette dedans.